Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



lundi 22 juin 2020

Les rosés de l'été qui commence (mon Top 5)

Longtemps, je me suis compté dans les rangs de la petite troupe lamentable qui voulait que les rosés ne soient pas des vins. C’est une longue visite au domaine de la Bégude, à Bandol, qui m’a décillé. Là, Guillaume Tari m’a fait goûter des rosés surprenants, dont un qui avait douze ans d’âge. Ce qui distingue un grand vin d’un petit, c’est sa capacité à durer. Nous y étions. Plus tard, j’ai découvert quelques merveilles en côtes-de-provence, à Peyrassol notamment, mais pas seulement. Les rosés bio de Château Gassier ont fait le job aussi. J’ai commencé alors à en conserver en cave et aujourd’hui, pour mon plus grand plaisir, je bois des rosés qui ont entre deux et dix ans d’âge. Parfois, ça ne marche pas, certains vins n’ont pas tenu la distance aussi courte soit-elle. La plupart du temps, je débouche des splendeurs. Voilà mon Top 5 du moment, à ce stade de l’été balbutiant.



Château La Verrerie, cuvée Grand Deffand, lubéron 2017
On ne va pas se tortiller, nuancer, se demander si. Ce rosé est le meilleur que j'ai eu la chance de boire en ce début de saison post-traumatique et c’est tout. D'abord, c'est un 2017. Un rosé bien élaboré gagne à vieillir, même deux ans. L'assemblage syrah-grenache est classique et l'apport du bourboulenc, cépage blanc, lui donne un peu plus d'acidité et de corps. À la fin, une merveille. C'est idiot, je n'en avais qu'une bouteille. Il a fait un tremplin épatant pour le pinot noir d'Alsace qui suivait, un magnum de la cuvée Ophrys comme seuls les Zusslin sont capables d'en produire. On y pense aux accords vin-vin ? Non ? On devrait. Ce grand-deffand est fait par Valentine Tardieu au château La Verrerie, dans le Sud-Lubéron, propriété de la famille Descours (Piper-Heidsieck, Charles Heidsieck, Weston, Bonpoint, etc.). Tardieu ? Vous avez dit Tardieu ? Oui, Valentine est la belle-fille du grand Michel Tardieu et, donc, la femme de son fils qui suit les traces de son père. Une famille qui sait faire du vin.
21 euros sur chateau-la-verrerie.com/fr/e-boutique






Chante Cocotte, la Cocotte rose, IGP Pays d'Oc 2017
C’est le très joli rosé de mon cher Régis Franc, plus connu pour avoir été une star de la bande dessinée, époque Lauzier, Martin Veyron, L’Écho des savanes, Pilote, etc. Depuis une petite dizaine d’années, il produit du vin sur les pentes douces au pied de la montagne d’Alary dans les Corbières, un paysage qui l’a vu naître et grandir. Il se trouve que parmi ses cuvées, le rosé a tapé dans l’œil de quelques grands restaurateurs qui lui trouvent toutes les qualités et, singulièrement, celle de s’accorder à merveille avec un grand foie gras. Je n’y aurai pas pensé, mais Antoine Pétrus y a pensé à ma place et le sert ainsi chez Taillevent. Je fais pareil. Un vin aromatique, délicieusement acidulé, persistant. Toute la fraîcheur requise, même au creux de l’hiver.
15 euros sur chantecocotte.com/boutique



Château Bonnange, Rosé de province, bordeaux 2017
Cette bouteille éclatante m'enchante pour trois raisons. Un, c'est bon, très bon, un bordeaux rosé bien fait par l'équipe du Château Bonnange. Deux, la couleur est adorable dans sa densité plus intéressante que les pâleurs des rosés de plagistes. Trois, le nom me fait mourir de rire. Rosé de province, le jeu de mots est là et il est bien envoyé. Hélas, il est mort, les tenants de l'appellation Rosé de Provence ont eu sa peau. Ça rigole pas. Ils ont mangé du pangolin ou bien ? Un peu d'humour, les gars. Comme si les 1 500 bouteilles de ce rosé de province pouvaient faire de l'ombre aux 180 millions de cols produits par notre chère Provence. Tsss. Je vais donc tirer ce bouchon, c'est ma dernière bouteille. Il n’y en aura plus. Regrets.


Château Sainte-Roseline, La Chapelle, côtes-de-provence rosé 2014
Un rosé de garde. Oui, de garde. Un 2014. Là, par exemple, j'aurai pu lui accorder quatre ou cinq ans de plus, vous savez bien cette irrépressible envie de tirer les bouchons des vins quand ils sont bons, déjà bons, bons tout le temps. C'est La Chapelle, la cuvée ++ du château Sainte-Roseline, vers Lorgues en Provence. Un très bel endroit, cette chapelle qui abrite la momie de Sainte-Roseline, un peu étrange, mais ça se visite. Les vins sont faits par Aurélie Bertin, elle se pose des questions sans cesse sur l'avenir et le développement de sa propriété. Et elle fait très bien dans les trois couleurs. Elle aura du mal à vendre ses 2019 cette année, comme tous les producteurs de Provence et j'ai une pensée très affectueuse pour eux en espérant fort qu’aucun ne reste sur le carreau et que l'été libéré compensera un peu ce terrible début de saison.
22,90 euros sur boutique-sainteroseline.com


Mas Llossanes, côtes catalanes rosé 2016
C’est un vignoble tout juste sorti de l’oubli par un jeune couple de vignerons, engagé, volontaire. Nous avions rencontré Solenn et Dominique Genot en Toscane où ils dirigeaient Caiarossa, de très jolis vins dans un décor à peu près biblique, le genre d'endroit en regardant bien, tu vois passer Jésus entre les vignes et les cyprès. Là-haut, dans leur nouvel endroit en appellation côtes catalanes, dans la montagne, le plus haut vignoble du Roussillon, ils font des vins précis et fins, loin des épaisseurs sudistes. Ce rosé de cinsault est une réussite, tonique, fraîche et fruitée. Allez hop, dans mon Top 5 du moment. Pas étonnant qu’ils aient été distingués par le concours AdVini/SupAgro.
10 euros


Château Mangot, rosé, bordeaux 2018
Une bouteille de rosé de Bordeaux, de Saint-Émilion précisément. Elle nous arrive du château Mangot, les frères Todeschini, des jeunes gens qui s’y collent avec infiniment de travail et de talent. C’est très bon, suave et sympa, c’est le bordeaux nouveau dans sa modernité qui nous enchante, tu regardes la bouteille et tu vois le bleu du ciel. Plus de détails dans le dernier EnMagnum, le numéro 19 enfin en vente chez votre marchand de journaux, un sujet sur le bordeaux nouveau.
13 euros sur châteaumangot.fr

Comme souvent dans les Top 5, voilà six bouteilles. Pas un seul 2019, gardez les vôtres pour l’été prochain. Prix mentionnés à titre indicatif. Souvent ces prix sont assujettis à des quantités minimum (carton de 6 ou de 12, etc.)

jeudi 11 juin 2020

Trévallon, ça se boit
Trévallon, ça se voit

Chacun connaît la grande aventure du domaine de Trévallon, initiée en 1973 par Éloi Dürrbach et sa femme dans ces trois vallons magiques des Alpilles, au sud d’Avignon, un paradis de la bio-diversité qui produit deux grands vins, un rouge et un blanc, acclamés dans le monde entier. Il manquait juste qu’un livre, un beau livre lui soit consacré pour que la boucle soit bouclée. C’est fait par la grâce et le travail de Guy Jacquemont, fin connaisseur du vignoble et de ses valeurs éternelles. Trévallon en est une à tous égards. Je connais Guy depuis des années et j’ai eu l’occasion d’arpenter des vignes, de visiter des domaines avec lui. C’était dans le Beaujolais, il y a quelques siècles. Content de le retrouver aux commandes d’une aussi belle entreprise.

Le livre


Ce livre est très réussi. J’en veux pour preuve l’avis d’un homme qui n’est pas connu pour être un expansif, quelqu’un qui ne manie pas volontiers le superlatif, Aubert de Villaines, l’homme du domaine de la Romanée-Conti. Il dit : « C’est beaucoup plus qu’un beau livre, comme on dit en langage d’édition, c’est un magnifique témoignage que méritait d’ailleurs cette aventure exceptionnelle. » Au-delà de la reconnaissance de ceux qui sont devenus ses pairs, il est incontestable que l’histoire d’Éloi Dürrbach et de son Trévallon est assez unique.

Éloi Dürrbach


Je ne vais pas spoiler le contenu de l’ouvrage ici, procurez-vous cette belle somme de textes et de photos épatantes et jugez par vous-mêmes, vous ne serez pas déçus. Attention, peu d’exemplaires ont été imprimés et il n’existe pas en format poche.

Chaque millésime a une étiquette différente


Le livre Trévallon, une famille d’artistes, un vin rare par Guy Jacquemont est disponible dans certaines librairies spécialisées ou, plus sûrement, sur le site du domaine www.domainedetrevallon.com/livre au prix de 80 euros. Il existe également une version limitée et numérotée, en coffret (300 euros).

mardi 2 juin 2020

Mes magnums (128)
Le retour des grands crémants

Maison Simonnet-Fèbvre, P100, blanc de noir,
crémant-de-bourgogne 




Pourquoi lui
J’adore les crémants de cette maison depuis longtemps. Chaque fois que je tire un bouchon, le plaisir est là avec son cortège de bulles, sa bouche fraîche, ses qualités apéritives. Un vin qui donne faim, oui, ça existe.

On l’aime parce que
La gamme des crémants est particulièrement bien faite. Sous la houlette familiale et raisonnable de la maison beaunoise Louis Latour, tout est là. Le rosé est juste dingue, on en parlera une autre fois.

Combien et combien
1 500 magnums
28,55 euros

Avec qui, avec quoi
Le meilleur monde, celui qui a envie de goûter des choses alternatives et très goûteuses. Ou la pire engeance, celle qui ne fait pas du tout attention à ce qu’elle boit. Ces gens-là, vous ne les recevez pas. Si ?

Il ressemble à quoi
Un crémant n’est pas un champagne. Pas la même pression dans la bouteille, pas la même mousse, pas le même vin. Un plaisir assez voisin, une impression équivalente, la finesse en moins, le prix en plus. On y est ?

La bonne heure du bonheur
Il n’y a sans doute pas grand-chose à attendre d’une garde, même courte. À boire sans attendre des lendemains qui chanteraient plus juste, ils ne sont pas garantis et comme c’est déjà très bon, hop, tendez vos verres. Cela dit, je vais essayer quand même. On en reparle dans trois ans.

Le hashtag
#theotherbubbles

Le bug
Les gens ont oublié les douceurs du crémant. Il est temps de s’en faire l’ambassadeur. Surtout à ce prix-là

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve
Un gourmand fruité cerise qui trahit son pinot noir, la bouche est structurée et presque tannique. 


Cette chronique a été publiée sous une forme différente dans EnMagnum #19 dont la sortie a été retardée pour les raisons que vous savez. Il devait être disponible chez votre marchand de journaux à partir du 15 mars, puis du 7 mai, il l'est depuis le 13, le diffuseur étant dans un léger vrac ces jours-ci. Voilà la Une de ce numéro bien chahuté par les événements :