Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



lundi 29 août 2011

The Balvenie, le scotch gratuit, mais juste une fois


Le scotch est bien le seul alcool de grain qui soit buvable, qui développe des arômes intéressants, qui présente une complexité remarquable. On n’a pas l’impression de siffler un after-shave des années 70. C’est une eau-de-vie avec de la culture et des traditions dedans, la seule qui puisse parler à armes presque égales avec nos eaux-de-vie de raisin, cognac et armagnac. Quoiqu’en dise les auteurs de romans policiers américains d’après-guerre, le scotch ne sent pas la punaise écrasée. D’ailleurs, on n’imagine pas bien Ed McBain ou le sombre Dashiell Hammett en train d’écraser une punaise pour la renifler en se disant que ça sent le whisky. Moi, j’aime bien les bons malts. Parmi ceux-ci, j’ai une préférence pour la finesse agricole des malts de la vallée de la Spey. Au premier rang desquels, The Balvenie, mon préféré toutes catégories. Et dans la gamme, j’ai un crush marqué pour les 17 ans, le champ d’expérimentation préféré de Dave Stewart ? Non, ce n’est pas le musicien du groupe Eurythmics (Annie Lennox, vous vous souvenez ?), c’est le master-blender, le chef de caves de The Balvenie. Pour des raisons que je n’ai jamais réussi à percer, il a toujours choisi les 17 ans d’âge pour en faire des cuvées spéciales. La dernière en date est l’assemblage de deux séries de finitions. La première concernait des malts finis en barriques ayant contenu des The Balvenie très tourbés ; la seconde, des malts finis en barriques neuves de chêne américain. L’assemblage de ces deux séries donne un single malt épicé avec des notes un peu fumées et d’autres, miellées, qui sont la signature habituelle de The Balvenie. C’est très, très bon (quand on aime ça). Et très atypique dans la production de The Balvenie.
Pour les lecteurs de ce blog, il y a 80 places à gagner pour déguster gratuitement ce 17 ans Peated Cask en accord avec des chocolats de Jacques Génin. Ça se passe les 21 et 22 septembre, de 18 heures à 21 heures. Pour être invité, il suffit d’envoyer un mail à estelle.de.bure@news-pepper.fr et vous recevrez tout, l’adresse exacte, etc. Faites-le, c’est vraiment un grand scotch et un accord choco-scotch qui est certainement une grande idée pour les longs après-dîner d’hiver.

vendredi 26 août 2011

Le Guide Bettane+Desseauve est-il intéressant ?


Autant ne pas faire planer le doute plus longtemps, oui. Mais pourquoi ? Plusieurs raisons. D’abord, les 50 000 vins dégustés l’ont été par dix personnes, dégustateurs de grand talent, aussi indépendants qu’intègres. Toute note exceptionnelle et/ou insolite déclenche une nouvelle dégustation par Michel Bettane et Thierry Desseauve qui corrigent ou maintiennent la note en question. Ce guide est une sorte de photo annuelle (et 100% renouvelée) du vignoble français. Derrière l’appareil, il y a Michel et Thierry, bien sûr, et Denis Hervier, Guillaume Puzo, Alain Chameyrat, Amy Lillard, Thierry Meyer, Hélène Durand, Barbara Schroeder et Guy Charneau. Les dégustations commencent en janvier et s’achèvent en mai. Parmi ces 50 000 vins, un sur six seulement a été sélectionné pour entrer dans le guide. Michel Bettane et Thierry Desseauve : « Nous sommes avant tout des journalistes. Nous ne vendons pas de vin, nous ne sommes ni producteurs ni consultants auprès des vignerons. Contrairement à d’autres guides, celui-ci n’est pas réalisé par la collectivité des vignerons et tous les vins sont dégustés par nous-mêmes et notre petite équipe de huit collaborateurs. »
L’autre raison tient à une préoccupation particulière, voilà ce qu’en disent les auteurs : « Nous avons un juge de paix, nos lecteurs. On peut raconter des sornettes une fois ou deux, mais ça ne dure pas. Si nous avons le bonheur d’être lus à travers nos guides et autres publications depuis plus de vingt ans, c’est que nous n’avons jamais trompé un public exigeant, mais fidèle. » Ils font ici référence aux guides qu'ils ont réalisés dans d’autres structures avant de créer Bettane+Desseauve, il y a cinq ans. C’est comme ça que le Bettane+Desseauve a fait en cinq ans seulement une percée remarquable dans la jungle des guides de toutes origines, se classant chaque année juste après le Guide Hachette qui bénéficie, de manière quasiment mécanique, de sa grande antériorité.
Dans cette édition 2012, en librairie depuis deux jours, le lecteur va découvrir
9 500 vins issus de 2 300 domaines, oui, c'est un gros bouquin. Un bon millier des vins présentés sont bons à boire dès maintenant, puisque c’est une attente de nombreux amateurs. En même temps que les éditos de Michel et Thierry, le guide publie aussi, comme chaque année, le palmarès Bettane+Desseauve.
Levons un coin de voile sur ce palmarès :
- La femme de l’année, Christine Vernay
- L’appellation de l’année, Marsannay
- La découverte de l’année, Château Seguin
- Le vin de l’année, Charles Heidsieck Brut Réserve
- Vive la civilisation du vin, les blogs
Les huit autres palmarès concernent :
Les plus belles progressions de l’année,
Les meilleurs vins de marque,
Les meilleurs vins de l’année,
Le Top 15 des vins à mettre en cave dix ans
Le Top 15 des vins à mettre en cave vingt ans
Le Top 20 des vins qui offrent le bonheur tout de suite
Les meilleurs vins issus de vignobles cultivés en agriculture biologique
Le Top 20 des vins à moins de six euros.
Ajoutons que ce guide est vendu 24, 90 euros. L’été finit bien, en fait.

mercredi 24 août 2011

Mon vin contient du poisson


Et si la fraîcheur était québecoise ? En matière de vin, de discours sur le vin, d’infos sur le vin, veux-je dire, je ne parle pas de poisson. Chaque fois que je m’ennuie sur la blogosphère franco-française, je vais faire un tour au Québec. Un petit tour chez Aurelia Filion, mais je ne m’étends pas sur elle, si j’ose dire, elle est une star mondiale, Augustin-le-blogueur a fait son portrait dans le numéro 2 de Grand Seigneur, vous savez déjà tout. Un petit tour sur Drink Culture Tv, moins déjanté qu’Aurelia, mais pas moins pédago, sympa, tonique. Et pour apprendre des trucs que je ne sais pas, je vais sur VinQuébec, le blog d’un garçon qui n’est pas souvent d’accord. En soi, c’est un bon début. Là, une foule de sujets. Où l’on découvre, par exemple, qu’à compter de 2012, les vins vendus au Québec devront porter la mention « contient du poisson » et/ou « contient du lait » et/ou « contient des œufs », et ça fait très mal, ça. Pourquoi ? Le ministère de la Santé du Québec a décidé que tous les produits pouvant provoquer des allergies devaient être mentionnés sur l’étiquette de tous les produits alimentaires, vin compris. Tous ? Non, une poche de résistance a eu gain de cause, la bière. Formidable, non ? Ils sont forts, ces brasseurs. Et puissants avec ça. Bravo, les gars, belle leçon de lobbying. Pfff.
Alors, pourquoi le poisson, les œufs et le lait ? Un certain nombre de producteurs de vin utilisent des produits dérivés du poisson, du lait et du blanc d’œuf au moment du collage, pour clarifier le vin et le stabiliser. Ces produits ne restent pas dans le vin qu’on met en bouteilles, mais des traces peuvent (éventuellement, peut-être, pas sûr) subsister dans le vin.
Évidemment, comme mon lecteur est un malin, il se dit qu’on s’en fout, on n’est pas au Québec. Mais enfin, triple buse, tu vois pas que ça va nous tomber
dessus ? Les prohibitionnistes vont se brancher sur la question pour faire un nouveau croche-pied aux vignerons français, ça fait pas un pli.
Vous voyez que nous avons bien raison de faire un tour sur VinQuébec. Vous voulez d’autres exemples de beaux sujets à lire sur ce blog-là ? En voilà un : la hausse du taux d’alcool dans le vin n’est pas due au réchauffement climatique. Bon, allez voir vous-même, je ne vais pas vous nourrir à la petite cuillère toute la journée.

Vous trouverez tous ces blogs québecois dans la colonne de droite de cette page, rubrique « Tous ceux que j’aime »
La photo : trouvée sur la Toile, D.R.

samedi 20 août 2011

Trois grâces et une histoire chinoise


Les trois belles ci-dessus ont fait l’objet d’un joli dîner d’été au bord de l’eau. L’ami très cher venu avec les deux bordeaux d’anthologie (talbot 90 et pavie 88 époque Valette, deux grands vins qui ont su exprimer toute leur race et leur belle souplesse après quelques moments d’ouverture) a fait honneur à mon pernand-vergelesses blanc 09 de la bonne maison Aegerter, déjà citée sur ce blog et que je recommande une fois de plus avec enthousiasme.
Assez familier de la Chine pour en parler couramment la langue, mon pote, il s’appelle Nicolas aussi, y passe souvent beaucoup de temps et depuis longtemps, il n’est pas de ces néo-conquistadors fraîchement débarqués et de la Chine, il a compris beaucoup de choses.
Il m’a raconté cette anecdote consternante.
Un jour qu’il était là-bas, il est invité à une dégustation par un grand groupe chinois d’importation et de négoce de vins. Il goûte quelques trucs et finit par en trouver un qui lui plaît, il le dit. À ce moment, on lui propose de lui en vendre quelques caisses et on l’entraîne vers un grand tiroir en lui demandant ce qu’il voulait comme étiquette sur les bouteilles. Dans le tiroir, des centaines d’étiquettes des plus grands châteaux bordelais… Pas de pauvres imitations, château-la-tower, château-lafuite ou château-mouton-blanc, non, de vraies fausses très grandes marques parfaitement contrefaites et collables à la demande, le client est roi.
Nous ne sommes pas au bout de nos peines soupire le lecteur las. Pourtant, cette folie qui touche les grands bordeaux, et demain matin, les autres grands crus français (jetez-vous sur les grands bourgognes maintenant), augure des lendemains qui chantent pour nos vins et leur image si flatteuse. Ces pratiques impossibles ne sont pas durables. Il est à peu près certain qu’une réglementation à la chinoise, c’est-à-dire drastique, va voir le jour et sera appliquée sous peine de mort ou quelque chose comme ça. On peut penser que, rapidement, ces errements assez folkloriques seront rangés sur les étagères des souvenirs rigolos.

mercredi 17 août 2011

L’été en deuil d’Allen Chevalier


L’été est toujours le prétexte à mille et une douleurs, petites ou grandes. C’est pour ennuyer le vacancier, sûrement. Ce matin, dans ce Figaro qui n’est pas le quotidien des jours heureux, j’apprends qu’un vigneron est mort au creux du mois d’août. Allen Chevalier, du château Constantin-Chevalier, à Lourmarin, sur le versant sud du Lubéron. Je l’avais rencontré longuement, il y a longtemps. On se connaissait un peu de notre vie d’avant et, vraiment, son vignoble l’avait changé. J’avais quitté un président world de grand groupe international, stressé, énervé-énervant, qui ne savait plus bien comment il s’appelait, j’avais retrouvé un gaillard bronzé, large d’épaules, drôle et sympa avec son short pourri, ses godasses et son tracteur. Le président avait changé de vie, il éclatait de santé et de bonne humeur, il tirait des bouchons, il était bien. Nous avions brinqueballé entre les vignes pour ne rater aucune parcelle, surtout celles cachées dans la forêt de cèdres. Nous avions beaucoup parlé, bien rigolé, bien bu, fait des photos. Comme avec son précédent métier, il avait pris le sujet à bras le corps et décidé de faire de sa retraite ce qu’il avait fait de sa carrière, un modèle du genre. Il y était parvenu.
Je l’aimais bien, ne l’ai jamais revu. J'ai bu son vin, de loin en loin, il s’améliorait chaque fois et Constantin-Chevalier est devenu un domaine très suivi. Il n’aurait pas accepté qu’il en fût autrement.

La photo : trouvée sur le Net (D.R.). Si vous croisez un constantin-chevalier Cuvée des fondateurs, ne vous posez pas de question, achetez.

vendredi 12 août 2011

Le porno, les voyous, le vin


On le sait, en France, le vin est plus maltraité que l’industrie pornographique ou les repris de justice. Qu’un ancien trafiquant de drogue, repenti dit-il, s’avise de publier ses édifiantes mémoires et voici la cohorte médiatique qui fait toute la place nécessaire à la promotion de son ouvrage avec une complaisance sans mesure ou bémol. Et sans qu’à aucun moment les autorités (morales, administratives, judiciaires, etc.) ne s’en émeuvent. Notre cher ami Jean-Michel Peyronnet, entouré de quelques irréductibles, veut créer une chaîne thématique sur le vin, le vignoble, les vignerons. Comme il en existe pour la mode, la musique, le porno, le foot, la bagnole, etc. Pour le vin, dans ce pays de sauvages, c’est une autre chanson. Peyronnet et sa bande de malfaiteurs subissent de la part du CSA toutes sortes de vexations qui les poussent aujourd’hui à s’en remettre au Conseil d’État. Voici le communiqué qu’il nous a adressé :

« Edonys, la chaîne internationale de la vigne et du vin, représentée par
Media Place Partners, a présenté trois recours devant le Conseil d’État contre
les décisions rendues en sa défaveur par le Conseil Supérieur de
l’Audiovisuel.
Edonys a en effet subi de la part des « sages » de la Haute Autorité un
traitement honteusement discriminatoire. De surcroît, le CSA a commis de
lourdes irrégularités, et notamment le traitement partisan des différentes
demandes de convention qui lui ont été présentées.
Le Conseil d’État devra également se prononcer sur les connivences avérées
du membre du CSA qui a instruit notre dossier et qui s’est exprimé
publiquement contre notre projet, en toute illégalité*. Edonys se réserve
d’ailleurs le droit d’engager une nouvelle procédure à l’encontre de ce
membre à la déontologie sélective ».

Comment est-ce possible d’en arriver là ? Quel secrète perversion emmène tout un pays à piétiner ses acquis exclusifs quand il devrait s’en féliciter, les défendre, les choyer ?
Lundi dernier, dans Le Figaro, je lisais le dernier papier d’une longue série par l’excellent François Hauter qui re-tweetait Pierre de Ronsard. À mon tour de re-tweeter. Ronsard, en 1562, déclamait ces vers :
« Que diront tant de Ducs et tant d’hommes guerriers,
Qui sont morts d’une plaie au combat les premiers,
Et pour France ont souffert tant de labeurs extrêmes,
La voyant aujourd’hui détruire par soi-même ?
Ils se repentiront d’avoir tant travaillé,
Assailli, défendu, guerroyé, bataillé,
Pour un peuple mutin divisé de courage,
Qui perd en se jouant un si bel héritage. »
Bien sûr, Ronsard ne parlait pas du triste sort qui est fait au vin et à son monde. Mais il avait bien compris cette insouciance française qui nous fait nous asseoir sur nos meilleures productions à la grande surprise des concurrents étrangers qui n’en croient pas leurs yeux et nous remercient de l’aubaine.
Qu’on foute la paix à Peyronnet et à son Edonys TV. Qu’on le laisse mener à bien sa louable entreprise d’éducation du public et de promotion du vin et de sa culture. Qu’on lui permette de réconcilier les Français, les téléspectateurs déjà, avec leur géographie, leur histoire, leurs usages, leurs bonheurs. Et que les tenants de ces autorisations, les membres du CSA, se tiennent bien, pour commencer. On respirera plus profondément.

La photo : c'est Françoise Laborde, membre anti-vin du CSA, photo découverte sur le blog d'Edonys TV

jeudi 11 août 2011

Sauvé par un chambolle et deux chassagnes


Rien de pire que de recevoir à dîner un grand dégustateur. D’abord, l’assiette a intérêt à se tenir. Le grand dégustateur est exigeant aussi avec sa fourchette. Il a déjà fréquenté tous les étoilés de la planète et la définition du menu tourne au casse-tête. Comme, le plus souvent, il est accompagné d’une épouse du même calibre, ya pas mèche de s’envoler dans l’approximatif. Deuxième complication, ce qu’on boit avec ce qu’on mange. Ces foutus accords-mets-vins dont la blogosphère semble s’être fait une spécialité et qui ne sont là que pour prolonger la torture. Bon, pas le jour pour des inventions, nous avons collé à la vérité des produits, comme disent les cuistots paresseux.
Je me suis tourné vers ma cave (un résumé pour les vacances) en me disant qu’il fallait le chercher sur un terrain qui n’est pas le sien. Oui, mais. Le grand dégustateur, tous les terrains sont les siens. Aïe. Chez lui, nous avions été mitraillés par une théorie de pomerols (dont un clos-du-clocher magnifique), terroir dont il connaît intimement chaque parcelle, chaque singularité des sous-sols, chaque maître de chai, ce genre d’exégète.
J’opte pour une suite de bourgognes, tous de la même maison, et du même millésime, c’est plus drôle. D’entrée, il repousse ma proposition de champagne et se roule les yeux mi-clos dans un verre de chassagne-montrachet les-baudines, un blanc. Miracle, il apprécie. Mieux, il adore. S’en suit une longue explication sur la modernité nouvelle de la vinif à Chassagne. Tout le monde écoute, on apprend des trucs. L’équilibre, la légèreté, la tension. Le grand dégustateur est souvent un grand pédagogue, mais pas toujours, j’en connais des taiseux, des qui se la gardent pour eux. Le test number one est passé avec succès, la première moitié de la soirée est sauvée, on peut dérouler. Suite avec un chambolle-musigny proprement admirable, d’une exubérance aromatique rare, Parker dirait « une bombe de fruit », moi je dis pas ça, j’aime pas les bombes. L’impitoyable palais affiche une mine d’homme heureux qui a l’air sincère. Mais, là, je m’en fous. Je sais que nous tenons avec cette bouteille quelque chose d’épatant et, même, d’assez incroyable. Le tour de table confirme. La deuxième partie de la soirée, etc. Troisio, un chassagne-montrachet les-morgeots, un rouge, permet de mesurer les différences avec le chambolle. Les avis sont partagés, c’est bien le moins. Chacun s’accorde sur la grande qualité de ces vins, sur l’idée qu’on peut les boire jeunes avec le plus grand plaisir. Nous emballerons la soirée avec un jeune barsac de chez Dubourdieu, son doisy-daëne jamais raté, le recueillement est dans le verre, la volupté s’empare de nos épaules frigorifiées, l’infini est au bout du goulot, c’est eux qui repartent en voiture.
Voilà comment on réussit un dîner avec un grand dégustateur. Les bourgognes venaient de la maison Aegerter, 2009 était le millésime, le grand dégustateur est Denis Hervier (son blog ici), il a fait beau. Chaud ? Non. Nous sommes en Bretagne, climat tempéré tendance gla-gla.

Message personnel : Jean-Luc, si tu nous regardes, ceci est une commande de douze chambolle-musigny, le même que sur la photo.


dimanche 7 août 2011

Sous la velle et sous la pluie


L’odeur des pins trempés sature l’air humide. Les amis se sont envolés ce matin vers les régates de Cascais, ceux qui sont restés se terrent. La mer et le ciel jouent la même partition désolante, ce n’est pas une surprise. En Bretagne, comme dirait le distingué Kersauzon, gros donneur de leçons, il ne pleut que sur les cons. Et un petit peu sur moi, aussi. Le liège n’a pas la même consistance sous la pointe du tire-bouchon. On en vient à craindre quelque effet secondaire, le blanc ne serait-il pas un poil dilué par ces excès de zèle d’une météo qu’on croirait en phase avec le grand krach annoncé par le JDD ce matin ? Tout concourt à vous encombrer le fond des chaussettes. Tout, sauf que. Il y a une poche de résistance. Avec une ou deux belles bouteilles, on peut affronter tout et le JDD. Ce ne sont pas trois gouttes d’une pluie même battante qui vont oxyder cette belle humeur dont on se fait volontiers une spécialité et qui porte notre réputation. Pour lui donner toutes ses chances, j’ai ouvert un bourgogne générique de mon ami François d’Allaines. Chaque millésime, il fait un peu mieux que l’année d’avant, les meilleurs de ses pairs l’affirment en un chœur touchant. Ce vin-là est issu de la toute petite parcelle qu’à force d’économies, et d’amitiés, il a pu acquérir voici deux saisons. Sous-la-velle, elle s’appelle, la parcelle. Et lui, il en fait un délicieux chardonnay, tout en tension et en arômes, un machin qui vous remet les idées en place à toute allure, un petit bonheur pour croire que l’homme est bon, finalement, un vin à géométrie variable, il raconte de nouvelles chansons au gré de l’aération et de la montée en température, les filles, c’est pareil, pour un peu on ferait un tour à Sainte-Anne d’Auray, une procession, un cierge à la main, la capuche, les bottes. Hier soir, c’était un beaune-les-reversées de Jean-Luc Aegerter, un premier-cru limpide, on touchait le ciel du doigt. À force, il a crevé, d’ailleurs. Et aussi, deux millésimes du bordeaux de Ballan-Larquette, la propriété de Régis Chaigne, le vigneron connecté rencontré au VinoCamp, un type enthousiaste. Le 94 était en retard, mais le 95, deux heures de carafe, était parfait, très bavard et pas pour dire des bêtises, c’était bien, le bordeaux comme on l’aime, une joie simple. Ce soir, un bourgogne rouge, Aegerter ou d’Allaines, j’hésite. Ou alors peut-être un vignelaure. Réfléchir. Décider. On se croirait au bureau.

jeudi 4 août 2011

Le Wikio des blogs Vin, l’inexorable glissade


Aaargh. BonVivant, mon blog, passe de la huitième place à la dixième place. Dans le TopTen encore, mais de peu. Au sommet du classement, solidement verrouillé par les BL Boys et Delmas, on applaudit le retour de Miss GlouGlou sur le podium. La place du con pour Berthomeau (je m’en serais contenté). Le blog d’iDealWine, d’une stabilité déconcertante. Celui d’Olif qui progresse d’une place (on ne peut faire confiance à personne). Eva Robineau me passe sous le nez, c’est mon côté galant homme, sûrement.
Pour y comprendre quelque chose, j’ai demandé aux responsables de Wikio de s’exprimer sur la procédure de classement via une interview à publier sur ce blog. Pas encore de réponse. Affaire à suivre.

Voici le classement d’août (calculé sur les perfs de juillet) :
1 Bourgogne Live
2 Sommelier-consultant, Paris
3 Miss GlouGlou
4 Le Blog de Jacques Berthomeau
5 Le blog d'iDealwine
6 Le blog d'Olif
7 Vendredis du Vin
8 La Pipette aux quatre vins
9 Oenos
10 Le blog de Nicolas de Rouyn
11 Lost in Wine
12 Sowine
13 Monomaniaquement Alsace
14 Du Morgon dans les veines
15 Wine Paper
16 Chroniques Vineuses
17 Fromage et bon vin
18 Nectars : Le magazine des alcools remarquables et raffinés
19 Hospices de Beaune
20 WebCaviste.com

Le classement complet des cent premiers blogs Vins sera demain en ligne sur le site de Wikio

Les épisodes précédents ici, ici et .

mercredi 3 août 2011

Les vins chinois, avec des nuances


D’autres vins chinois dans le labo de Bettane+Desseauve pour une seconde dégustation-découverte. Michel et Alain se penchent sur quelques flacons couverts d’idéogrammes illisibles. Un rouge 2008 et un rosé 2010 du domaine Greatwall. Un Silver Heights Family Reserve à Emma Gao (dont le mari dirige Calon-Ségur) qui fait du vin dans un endroit où l’on enterre les vignes l’hiver. Et deux château-bolongbao, un rouge 2010, sans autre mention, un échantillon sans doute préparé pour l’occasion, on apprend vite en Chine, et un rosé 2010. Des blancs.
Pour Michel Bettane, nous voilà en face d’une sélection assez hétéroclite, « certains vins sont très bien faits, avec beaucoup de soin et de propreté, mais pas tous. » Pour lui, « les rosés et les blancs présentent une grande finesse, ils peuvent aller très loin, mais les rouges sont plus irréguliers. » Michel n’hésite pas à douter de la provenance de certains vins qui ne montrent pas ce qu’il appelle « un caractère chinois ». D’où viennent-ils ? De Nouvelle-Zélande, d’Australie, d’Amérique du Sud ? Pour lui, sur la grosse vingtaine de vins goûtés en deux sessions, les grands gagnants sont Silver Heights et Grace Vineyards (dégusté la première fois), en rouge comme en blanc. Ce qui, pour le premier, confirme la dégustation du Grand jury européen. Ce n’est pas une surprise, évidemment. On peut simplement conclure que si les progrès des vins chinois sont réels et rapides, ils ne sont pas au bout du chemin. Il n’y a aucune raison de douter qu’ils y parviennent assez rapidement, ici comme dans d’autres activités. Aucune raison, non plus, de penser qu’ils n’ont pas les terroirs, et ils ont déjà les hommes. Alors…

La photo : la contre-étiquette du château-bolongbao n’est pas super-informative…
La première session de dégustation de vins chinois, ici.

mardi 2 août 2011

Une saison chaude et sèche



Retour en images sur la saison. Entre beaux vins, belles personnes et belles tables (Taillevent, ci-dessus). Quelques moments pas vus sur ce blog, ou pas encore. J’en oublie forcément, qu’on me le pardonne.


Le dîner Vialette

Laurent Vialette est un jeune homme fou de vieux vins, un expert c’est-à-dire un professionnel des millésimes anciens. Nous avions prévu de faire un dîner tous les deux pour goûter quelques vieux machins et pour finir, il y avait six personnes autour de la table. François Mauss, David Cobbold, Anne Le Naour, Alessia Amighetti, Laurent et moi. Beaucoup plus drôle. Un dîner de folie dans un restaurant espagnol sur le quai de Bordeaux. Les vieux millésimes enchaînés en une suite sans fin. Magnifique et difficile de revenir à Pauillac le soir-même. C’est David qui a pris le volant, grâce lui soit rendue.

Ma passion dorée

Je le confesse à qui veut l’entendre, j’adore les liquoreux. Ci-dessus, en deux occasions, deux merveilles absolues. On n’en boira jamais assez.

Les belles rencontres

De gauche à droite, un déjeuner à Épernay avec Benoît Gouez et une surprise, ce moët inconnu, qui n’a pas eu de carrière commerciale. Deux vieux millésimes de vignelaure, le vin qui a tout déclenché en Provence, l’inspiration d’Éloi Dürrbach à Trévallon. Après un passage à vide, Vignelaure a été repris et revient peu à peu sur le devant de la scène. Vous voulez le trouver à Paris ? Oubliez. Pas un caviste n’en vend… Un déjeuner avec Elisabetta Foradori et Laura di Collobiano (Tenuta di Valgiano), des vins magnifiques dans le Haut-Adige pour la première et dans le nord de la Toscane pour l’autre, des pratiques culturales irréprochables et deux filles formidables. Un déjeuner familial et adorable chez Albéric Bichot, on y a goûté beaucoup de belles choses, dont ce corton 78 que je n’oublierai pas.

Trois vieux

Au bout d’un moment, le goût du vin se transforme. Ces trois vieux papys étaient en pleine forme, surtout le porto, il faut bien le dire. Mais chacun d’entre eux distillait une émotion rare. 1928, 82 ans, une paille. 1944 et 45, ces années-là, des hommes avaient l’énergie de bouger les montagnes et de faire du vin.

Du côté de chez Mauss

Toutes ces dégustations du Grand jury européen, dont une, la session Lascombes, qui déclencha les pires violences virtuelles, enflammant la blogosphère comme jamais. On ne s’ennuie jamais avec les filles et les garçons du GJE.

Un dîner au bord du monde

Ce bord-là, c’est le nord du Médoc. Plus loin, il n’y a pas. Un dîner-table ronde organisé à Rollan-de-By avec Ludovic David (Marquis de Terme), Anne Le Naour (Meyney, Grand-Puy-Ducasse, etc.), Stephen Carrier (Fieuzal), Éric Monneret (La Pointe) et notre hôte par procuration, Emmanuel Bonneau (Rollan-de-By, Haut-Condissas, etc.). Beaucoup de mal à cause des fous rires. Mais une belle assemblée de gens sérieux qui ne se prennent pas au sérieux et beaucoup de choses intelligentes dites par les uns et les autres. Bientôt sur ce blog.

Changer de vie

La rencontre qui a tout bousculé dans ma vie. De blogueur, au moins. C’est déjà ça, merci Miss I.

Les photos ont toutes été faites avec mon NiPhone