Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



lundi 27 octobre 2014

Moi, c'est calon-ségur 01 en magnum. Et vous ?

C’est comme une truffe, ça revient chaque année à dates à peu près fixes. Comme pour les truffes, il y en a plus ou moins et les prix varient, mais c’est là, ça arrive bientôt dans un restaurant près de chez vous. Il s’agit de Cartes sur Table, l’opération montée par les Moueix via leur maison de négoce. L’idée est de mettre sur les tables d’une sélection de restaurants parisiens quelques très jolis bordeaux prêts à boire à un prix très retenu. Il se trouvera quelque grincheux pour crier au scandale, mais pour tous ceux qui savent le prix de ces vins, il y a de belles opportunités.

Les 14 vins  
• Château Pape-Clément, blanc 2005, 105 euros
• Château Lafon-Rochet 2005, 80 euros
• Château d’Issan 2008, 85 euros
• Château Smith-Haut-Lafitte 2007, 90 euros
• Château Figeac 2007, 105 euros
• Château Pichon-Longueville Comtesse de Lalande 2005, 125 euros
• Château Léoville-Las-Cases 1999, 160 euros
• Château l’Evangile 1998, 175 euros
• Château Lynch-Bages 2000, 190 euros
• Château Mouton-Rothschild 2003, 450 euros
• Château Cheval-Blanc 2008, 450 euros
• Château Giscours 2003 en magnum, 160 euros
• Château Calon-Ségur 2001 en magnum, 190 euros
• Château d’Yquem 1996 au verre, 35 euros et à la bouteille, 220 euros

Les 21 restaurants  
• Allard
• Benoit
• Il Vino
• L’Arôme
• L’Epicure (Bristol)
• L’oiseau Blanc (Hôtel The Peninsula)
• La Bauhinia (Hôtel Shangri-La)
• La Cuisine (Hôtel Royal Monceau)
• Le 39 V
• Le Bistrot de Paris
• Le Café Marly
• Le Chiberta
• Le Griffonnier
• Le Quinzième
• Le Relais Plaza (Plaza Athénée)
• Le Restaurant Pierre Gagnaire
• Le Trianon Palace
• Le Voltaire
• Monsieur Bleu
• Terroir Parisien (Bourse)
• Thoumieux

Moi, si vous connaissez une longue jeune fille émouvante, plutôt du genre sobre et qui est prête à me regarder boire un magnum de calon-ségur 01 suivi d'un verre ou deux d'yquem pour faire glisser l'après-midi, qu’elle se dénonce, je l’emmène (je lui ferai goûter le vin, promis). On ira au Griffonnier, c’est un endroit parfait. Ou au Trianon Palace à Versailles, mais c'est une autre histoire.

Tout commence le 15 novembre et s'achève le 15 décembre. Réservez, c'est prudent. Et pas seulement la table, mais aussi la bouteille (les bouteilles ?).

Un bel ordonnancement au château Calon-Ségur



lundi 20 octobre 2014

The new frontier

Sauvage ou civilisé. C’est à peu près le choix offert par le mondovino ces temps-ci. Devinez où va la préférence du bobo. Spontanément, il vote
« sauvage », l’imbécile, sans rien savoir des miracles que cette notion encourage, s’agissant de vin. Quand l’idée d’un vin civilisé, cette chance, le révulse absolument, lui fait penser à son ascendance honnie, des bourgeois, pfuit. Pour comprendre ce qui coince dans cette intransigeance de chaisière, mettons des photos.

Photo 1 
Haut-brion est un vin civilisé. Et pas seulement parce que c’est un premier cru de Bordeaux, pas seulement parce que ce vin est un tel monument que tous les dégustateurs à l’aveugle le reconnaissent instantanément. À cause du raffinement, à cause de l’élégance, à cause de la pérennité prodigieuse, des siècles, des émotions aussi fortes qu'elles sont culturelles. Un vin dont on peut se vanter d’en avoir bu.
Photo 2
Un hermitage de Chave est un vin sauvage. Bien sûr, on n’est pas dans la marmite bouillonnante qu’affectionne tant ledit bobo. Pourtant, c’est ça. Une expression de terroir ébouriffée, des épices puissants, un milieu de bouche ample et enthousiasmant, une longueur interminable, un sourcil circonflexe, un paysan courbé sur ses coteaux abrupts, une histoire pas courante, une larme à écraser.



Baissons d’un cran le niveau de saccage de vos finances, ce blog n’est pas l’hôtel des impôts. Pour moins de 30 euros, un château-fieuzal est un vin civilisé et un clos-des-fées est un sauvage.
L’un, au fur et à mesure du temps, se discipline, se coule dans un modèle admirable, rejoint la troupe de ses aïeux couverts de gloire, d’honneurs et prépare des joies infinies à quiconque aura eu la sagesse d’en préserver une paire de caisses.
L’autre, qui n’a pas de parents, sorte de génération spontanée régie par son inventeur, évolue dans le verre à toute vitesse au point qu’on croirait regarder un film moderne, arrive nu sur la scène devant tout le monde et, comme le fieuzal ci-dessus et pour des raisons différentes, emporte l’adhésion des amateurs subjugués, mais moins facilement qu’un grand bordeaux historique. Ce que les talibans du vin appellent une déformation du goût, ah, ah, ah. Rions (la vraie raison tient au nombre de cols en circulation).

De quoi a-t-on envie ?
Des deux, évidemment. De l’un et de l’autre. Pas le même jour et sans doute pas avec les mêmes convives. On peut penser qu’on servira un grand bordeaux à un public sensible au prestige du vin et à sa « facilité » (très relative) quand le clos-des-fées sera servi d’abord aux curieux, aux amateurs (ceux qui ont tout bu, tout lu) et à ceux qui sont flattés par l’idée qu’on se fait de l’éclectisme de leurs goûts. Il faut tout et le contraire de tout. Le bordeaux-bashing dénonce un mental de plouc et ne pas connaître les vins du Roussillon est une faute, pas juste un manquement.

Faut-il prendre parti ?
Bien sûr que non. Tous les vins, sous réserve qu’ils soient loyaux et marchands, bons et bien faits, valent qu’on s’y intéresse. J’ai découvert des tas de choses au fil du temps et je ne brûle jamais ce que j’ai adoré, même si je m’en suis écarté quelque temps. C’est parce qu’on a bu des rosés pâles qu’on aime les rosés denses en couleur. C’est parce qu’on a aimé les bordeaux qu’on y revient sans cesse, ravi de découvrir de nouvelles interprétations ou de confirmer des sensations anciennes, capable enfin de comprendre quelque chose aux milliards de vins aimables qui passent sous nos yeux écarquillés en une danse hypnotique mille fois recommencée. C’est parce qu’on est tombé un jour sur un vin du Clos des fées qu’on se dit que le monde est vaste et qu’on s’en réjouit. Chacun s’adosse à sa culture avec une fière et farouche détermination, mais bon. Les bordeaux et les roussillons sont les deux nouvelles frontières du vin.
Ne sortez pas vos passeports, c'est moins loin que San Francisco.





mercredi 15 octobre 2014

Et soudain, la grosse, grosse grimace



Un court instant, se prendre pour un jongleur, un équilibriste, un fin malin. Très court, l'instant. La bouteille se brise proprement, bien emballée dans sa mousseline de papier blanc qui se floute doucement sous l'effet du nectar répandu. Une photo, un sanglot, un sigalas-rabaud. Un 2010, fier millésime à Sauternes.
Sept ans de malheur, au moins. Moi qui me remettais à peine de l'immense du même, mais dans le millésime 1976. Un très grand vin pour cette année de canicule. Tous les vieux sauternes s'étaient précipités dans ce flacon parfait et je me faisais une joie de renouveler l'expérience enthousiasmante dans quelques dizaines d'années avec ce 2010 brisé.
J'ai horreur de casser une bouteille.





lundi 13 octobre 2014

Les bouteilles des dimanches

Encore un week-end chargé sur le front des vins partagés avec des amis. Après les extrémités folles de la semaine dernière (voir mon mur Facebook), il était question de faire un peu plus léger.


- La Petite Cocotte, IGP Pays d’Oc 2011. Une merveille déjà. Et, déjà, un nez de truffe noire insistant et une bouche de même acabit + fruits noirs, le tout dans la subtilité. Plus, ici et .


- Château de Moulin-à-Vent, Croix des Vérillats 2009 en magnum. Bien trop jeune, mais quel plaisir de se souvenir soudain que les beaujolais d’en-haut, c’est quelque chose. Plus, ici.
Je retournerai voir ces deux vins dans un an.
- Latour-Martillac, pessac-léognan 04, élégant dans le mince, plus dilué que concentré, plaisant sans enthousiasme, mais sans déplaisir.
- La-Lagune, haut-médoc 01, épaulé, nez très aromatique, un peu brouillon en bouche, tout le monde et moi ravis de boire ça, mais on sait bien que ce n’est pas l’épisode le plus glorieux de ce cru où tout (re)commence à partir du millésime 04.
- Vosne-romanée 97 un vin épouvantable qui a filé tout droit à l’évier, je n’ai même pas eu le temps de noter le nom du producteur.
- Château Saint-Roseline, La Chapelle, côtes-de-provence blanc 11. Un très grand moment, des arômes puissants, une bouche ample, mais précise, un vrai bonheur, une fois de plus.
- Piper-Heidsieck, brut cuvée Essentiel, un nouvel assemblage de notre cher Régis Camus chez Piper, un vin de plus de profondeur que la production classique de la maison.
- Et un cognac Merlet bu avec un dessert (tarte aux fruits rouges, je crois), une tuerie et tout le monde ravi, encore une fois.

Ce soir, c’est une belle bouteille de Roc de Cambes qui m’attend. 2004, je crois.
On en reparle.




lundi 6 octobre 2014

La romanée-conti à 11 000 euros



Ah, bien sûr, c’est agaçant pour les spécialistes de la fin du monde.
Un lot de 114 bouteilles de romanée-conti, soit six bouteilles de chacun des 19 millésimes de 1992 à 2010, vendues aux enchères à Hong Kong pour 1,2 million d’euros, 11 000 euros la bouteille, acheteur inconnu.
Bon, voilà qui prouve deux choses.
Un, ce vin français tient le haut de l’affiche.
Deux, il y a un gars – ou une fille – qui vient de mettre un sérieux coup de polish à sa cave perso (cette chance de trouver 114 bouteilles d’un seul coup).

On a lu beaucoup de bêtises sur le « coup d’arrêt » porté aux vins français par la politique anti-extravagance du gouvernement chinois, on en a vu des Cassandre se repaître de l’idée que les exportations de vin français connaissaient un (très) léger tassement en Chine, on en a supporté des exégètes auto-proclamés qui vomissaient leur fiel sur tous les grands vins au seul motif de leur impécuniosité ou, c’est pareil, au nom d’une idéologie dépassée. Où l’on se souvient que parmi les cinquante vins les plus chers du monde, on ne trouve que deux bordeaux, les pomerols pétrus et le-pin, 38 bourgognes et un rhône (nord).

Moi, je suis ravi de voir que nos vins immenses provoquent un tel engouement, je sais que pour un milliardaire qui achète des bouteilles à 11 000 euros, il y a un public dense qui s’intéressera aux vins français, à tous les étages de l’argent. Que c’est une juste reconnaissance des performances de nos terroirs et de nos vignerons et que, derrière cette brillante locomotive, une foule de wagons porteront au reste du monde la bonne nouvelle. Le vin français va très bien.


La photo : une bouteille de romanée-conti avant habillage (sur le site du domaine) 



vendredi 3 octobre 2014

La préhistoire est parmi nous, j'te jure

Le monde enchanté de l'internet ouvre à chacun le droit à l'expression. Très bien. Même si.
Enfin, bon, voilà que certains en profitent pour nous vendre n'importe quoi, ce n'est pas nouveau. J'ai reçu ce communiqué de presse délicieux et je ne résiste pas au plaisir intense de le partager avec mes lecteurs tant aimés. Il s'agit d'une reproduction de l'original, je n'y ai rien changé du tout et surtout pas les fautes d'orthographe, admirables. Le français préhistorique existe, le voici..

"Nous avons développé un objet qui rencontre un grand succès pendant les dégustations de vins. Nous commercialisons se produit que depuis 9 mois il est encore très peu connu se qui garantie un effet de surprise qui manquera pas de détendre l'atmosphère par le rire. 

Il s'agit d'un tire bouchon qui a la particularité de jouer la Marseillaise quand on ouvre la bouteille. Vous commencez à introduire la mèche dans le bouchon la Marseillaise se déclenche pour s'arrêter automatiquement. 

Le tire bouchon la Marseillaise est créer et commercialiser par notre société, vous pouvez visualiser une video de démonstration sur notre site Internet www.idlogia.f"
 
Voilà. C'est beau, c'est grand, c'est magnifique. Tout y est, dont la novlangue pourrie ("visualiser" pour "regarder").
Vive la liberté, vive la démocratie (par le rire), vive la vie.




La photo : c'est le tire-bouchon musical, celui qui joue la Marseillaise, sorte de coussin-péteur en version XXIe siècle.


jeudi 2 octobre 2014

Dom Pérignon, non sans peine

Comme tous les amateurs de champagne, j’ai du goût (et un peu plus, même) pour les dom-pérignon, ce tour de force incroyable. Le rapport volume-qualité, c’est la grande affaire de Dom-Pérignon et de son animateur, chef de caves et grand philosophe du vin, Richard Geoffroy. Personne ne sait très bien combien de bouteilles sont vendues à travers le monde. Trois ou six millions par an ? On s’y perd et cela n'a aucune importance, il restera toujours le goût de dom-pérignon rosé 2003. Et Richard Geoffroy ne manque pas d’idées pour porter toujours plus haut l’idée que nous nous en faisons. Hier, c’était P2, la deuxième plénitude, le deuxième plateau d’évolution. Très bonne idée de dégorger de vieux millésimes, de les doser beaucoup moins et de mettre sur le marché des champagnes immenses et furieusement différents.

Ce matin, j’ai visité la première des Caves particulières de Moët-Hennessy, ouverte à Roissy (un aéroport à côté de Paris). C’est un espace de vente, Wilmotte au crayon, confortable, mais pas trop, sobre, le chic quand il est bien tendu. Cet espace dans la partie duty-free de l’aéroport, est dédié aux productions du groupe, cognacs et champagnes uniquement. Pourquoi pas yquem et cheval ? Je ne sais pas, je ne suis pas membre du marketing board de MH. Donc, là, dans de très belles vitrines, je contemplais les très beaux flacons offerts à la curiosité des uns et des autres, dont des cognacs de grande rareté et aussi, une colonne de dom-pérignon à l’étiquette dorée.
Des étiquettes dorées ? Mais qu’est-ce que c’est ? C’est un nouveau dom-pérignon baptisé P3, c’est-à-dire (je suppose) « Troisième plénitude ». Les deux millésimes proposés sont 1971 (1 850 euros) et 1982 (moitié moins). C’est formidable d’entrer dans un magasin et de découvrir un champagne que je ne connais pas. Merci aux communicants de la marque de nous la jouer aussi mystérieux, surtout que, à ce niveau de prix, les metteurs en marché de Dom-P n’ont besoin de personne pour mettre ces flacons en valeur.


La photo : si je n’ai pas d'infos, je n’ai pas de photo, hein.