Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



lundi 20 avril 2009

Les sommeliers deviennent-ils fous ?

Un vent de folie s’installe sur ce joli métier. Trois évènements auxquels j’ai assisté, consterné. Dans un grand restaurant avec vue de l’avenue Montaigne à Paris, d’abord. Invités par la famille Aubert (Château La Couspaude), nous étions quelques-uns autour d’une belle table bien blanche. Le sommelier sert un beau millésime. Hélas, la bouteille est bouchonnée. Deux d’entre nous attirent l’attention du sommelier pour lui demander de changer la bouteille. Moue ricaneuse du préposé, limite méprisant, qui agrippe brutalement un verre et commence à ergoter. Pas de chance pour lui, les deux qui demandaient de changer la bouteille étaient Olivier Poels (Revue du vin de France) et Thierry Desseauve, deux des cinq meilleurs dégustateurs français.
Une autre fois, il y a quelques semaines, dans la campagne charentaise. Nous y sommes pour tester l’offre oeno-touristique d’une grande maison de Cognac. Le déjeuner est assuré par un traiteur. Là encore, vin bouchonné, un château-brown. Là encore, l’imbécile rigole et déclare que c’est ce vin qui est « comme ça ». J’imagine la tête de Jean-Christophe Mau, propriétaire de ce cru, si je lui racontais ça ! Je m’inscris en faux, gentiment. L’imbécile insiste, mais s’incline, bien obligé (le client est roi). La seconde bouteille est parfaite et je lui propose de goûter pour son édification et qu’il cesse de colporter des informations désobligeantes. Il goûte et persiste. J’abandonne, frappé de lassitude.
Troisième aventure dans un grand hôtel, spa, etc du Bordelais, au milieu des vignes du château dont dépend cet hôtel. D’abord, en plein dans les Graves, pas une bouteille de bordeaux à un prix décent. J’ai une pensée pour le touriste étranger qui doit se poser certaines questions. Surtout quand il voit la production du château facturée plus de trois fois le prix caviste alors qu’elle sort d’un chai qu’on voit très bien depuis la table du restaurant. Mais revenons à nos bouchons. Je choisis un petit vin italien, en provenance de La Spinetta, un beau domaine du Piémont qui appartient à l’excellent Giorgio Rivetti, un authentique passionné. Je sais où je vais. Le sommelier en fait trois tonnes, hume le bouchon et sert avec mille salamalecs un vin… bouchonné. Là, je m’insurge. Vous le saviez, dis-je. Oui, mais ça dépend des clients, me retourne-t-il, tranquille comme Baptiste. Des manières totalement honteuses. Bientôt, on n’osera plus dire qu’un vin est bouchonné. En plus, ces grossiers personnages laissent penser que c’est peu ou prou la faute du vin alors que nous savons tous que ce n’est la faute de personne, sauf, peut-être, celle du marchand de bouchons. Nous, qui avons l’habitude et le savoir-boire en matière de vins, nous nous en sortons encore mais avec de telles pratiques, je n’ose pas penser aux milliers de consommateurs maltraités par ces crétins à la courte vue. Ils accroissent la défiance du public à l’égard du vin, ils augmentent encore ce sentiment largement partagé que le vin est l’affaire des spécialistes, ils découragent leurs clients. Et ils sont très simplement en train de scier la branche sur laquelle ils ont installé leur carrière.

Une autre histoire de sommeliers impossibles, ici