Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



dimanche 28 octobre 2018

Mes magnums (79)
Un bourgogne, très bon, pas très connu

Maison Champy, beaune premier cru Aux Cras 2015 



Pourquoi lui 
Parce qu’il est grand temps d’aller se faire voir ailleurs que chez les grands noms du vignoble, largement inabordables quand ils ne sont pas juste introuvables. La maison Champy, fondée en 1720, tient commerce en face des Hospices de Beaune, aucune chance de se perdre. Souvenons-nous que ce millésime 2015 a particulièrement souri aux beaunes premier-cru.

On l’aime parce que 
Ce magnum est élaboré à partir des raisins du domaine Champy, mené en bio comme presque toutes les maisons qui composent Advini, ce rassemblement de vignobles aux intentions vertueuses. Les bâtiments beaunois de la maison partagent avec quelques-uns de leurs grands confrères l’honneur d’être inscrits aux Monuments historiques.

Combien et combien 
Une soixantaine de magnums, 101 euros le magnum à la boutique de Beaune

Avec qui, avec quoi 
Avec les amateurs de pinots noirs délicats, des gens toujours exigeants. C’est un genre en soi qu’il faut cultiver parce qu’on en rencontre pas tant que ça.

Il ressemble à quoi
Un vin de facilité, d’équilibre, de la violette dans du rouge, cette ambiance-là. Forcément, c’est convaincant.

La bonne heure du bonheur 
Pas trop de raisons de jouer les prolongations. En moins de dix ans, ce magnum aura tout dit et c’est très bien comme ça.

Le hashtag 
#burgundyagain

Le bug 
Et à part la boutique des Hospices, on en trouve où ?

Le statut 
Bio certifié depuis 2007, certaines parcelles en biodynamie.

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve 
Floral, assez tendre, dimension souple, équilibre élégant. 15/20

Cette chronique a été publiée dans EnMagnum #12 sous une forme différente.
Le numéro 13 est en vente chez votre marchand de journaux.
Voilà la couverture de ce fameux numéro. On y parle d'argent, pour une fois.


 

lundi 15 octobre 2018

Mes magnums (78)
La Bourgogne en mode normal

Domaine Jean Féry, nuits-saint-georges 1er cru Les Damodes 2016 



Pourquoi lui 
Le double avantage des domaines de Bourgogne moins connus, c’est qu’ils ont du vin à vendre et le pied sur le frein des tarifs. Et puis, ayons de la tendresse pour ceux qui vinifient vingt-deux appellations différentes sur quatorze hectares.

On l’aime parce que 
Un beau pinot noir de la côte de Nuits, nous sommes plutôt pour. Toujours. On en croisera certainement de plus puissants, de plus prometteurs, ce nuits-là est un vin charmant. Le charme n’est pas un gros mot, ok ? Sans compter ceux qui le font. La grand-mère, Marcelle, une femme de tête,  fine experte de ses vins, quand elle n'aime pas, elle n'aime pas et c'est tout. Le fils, Jean-Louis, passionné de beaux bourgognes, très fin connaisseur de son environnement et grand avocat lyonnais. Le petit-fils, Frédéric, serial entrepreneur lyonnais et gérant (et avenir) de la propriété. Des gens merveilleux. Ils valent largement tous les détours, même si Échevronne est un bout de vallée, il est caché derrière la colline de Corton. Pas exactement le bout du monde.

Combien et combien 
30 magnums, 92 euros le magnum.

Avec qui, avec quoi
Avec toutes les merveilles addictives de la Bourgogne. Charcuteries, en particulier. Ce vin est fait pour un jambon persillé d’auteur, pour un pâté en croûte créatif. Et pour les convives, prenez la feuille de tri intitulée « Pas les Je-Sais-Tout, ça va être terrible ».

Il ressemble à quoi  
Les beaux millésimes, c’est comme ça maintenant. Si les vinifications ne sont pas surjouées, ils sont bons tout le temps et vite.

La bonne heure du bonheur 
On le boira avant ses dix ans. Il a cette divine souplesse qui nous ferait craindre un trop long passage en cave. Ce vin élaboré d’une manière très traditionnelle correspond, en fait, à ce qu’on a envie de boire en ce moment. La boucle de l’histoire est bouclée.

Le hashtag 
#somuchtodiscover

Le bug 
30 magnums… Comment dire ? Si vous arrivez à temps, vous aurez de la chance.

Le statut 
Bio certifié depuis 2011

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve 
Déjà ouvert, finale de velours, un réel équilibre. 14,5/20

Cette chronique a été publiée dans EnMagnum #12 sous une forme différente.
Le numéro 13 est en vente chez votre marchand de journaux.
Voilà la couverture de ce fameux numéro. On y parle d'argent, pour une fois.



 

jeudi 11 octobre 2018

Mes magnums (77) le grand vin d'un rebelle

Domaine Gourt de Mautens, IGP vaucluse 2013 



Pourquoi lui 
Aimer gourt-de-mautens pour la vie, c’est facile. Il suffit d’y avoir été une fois (deux, c’est mieux) et d’avoir bavardé avec Jérôme Bressy en regardant la colline, ses considérations sur le style, d’où il vient, tout ça. Ce garçon n’est pas un rebelle, en fait, c’est un chercheur intense (comme ses vins). Il n’a qu’une idée, livrer chaque année le meilleur gourt-de-mautens possible. Il y parvient souvent.

On l’aime parce que 
Simplement, l’assemblage de huit cépages est une performance en soi, un jeu complexe où notre homme excelle. Ce millésime, c’est grenache noir, mourvèdre, carignan, counoise, vaccarèse, syrah, cinsault et terret noir. 2 % pour le terret noir. Ah, une pincée de sel, à peine. Bressy tient à ses cépages oubliés, plantés avec l’accord des autorités, accord invalidé quelques années plus tard. Il a refusé de se plier au diktat absurde, il a quitté l’appellation.

Combien et combien 
700 magnums, 136 euros le magnum.

Avec qui, avec quoi
Attention, ce n’est pas un petit vin de soif, c’est un grand machin complexe qui vous agrippe dans une spirale de finesse et d’intensité. Merci de lui présenter des convives à la hauteur.

Il ressemble à quoi
À partir d’un certain âge, c’est renversant. Comme souvent, la patience accordée aux bienfaits de la paix ombreuse des caves profondes porte ses fruits.

La bonne heure du bonheur 
Avant 2030, ce qui nous laisse un peu de marge. Et à table, bien sûr.

Le hashtag 
#outofrasteau 

Le bug 
Jérôme Bressy est trop discret. Doit mieux faire.

Le statut 
Bio certifié depuis 1989. Biodynamie certifiée depuis 2008.

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve 
D’une trame dense et serrée, il se déploie avec élégance et distinction, tannins soyeux à l’appui. Fruits noirs, havane, cuir fin, réglisse, finale longue et épicée, de garde, épanoui, mâche de velours, équilibre intrinsèque, soyeux, juste et précis. 18/20


Cette chronique a été publiée dans EnMagnum #12 sous une forme différente.
Le numéro 13 est en vente chez votre marchand de journaux.
Voilà la couverture de ce fameux numéro. On y parle d'argent, pour une fois.


 

lundi 8 octobre 2018

Mes magnums (76) En discret hommage
et soutien à Hubert de Boüard

Château Angélus, saint-émilion grand cru 2014 



Pourquoi lui
Hubert de Boüard, l’auteur de ce vin, a pris l’habitude de qualifier chaque millésime d’un mot. Pour 2014, c’est « L’Indien ». Ce n’est pas à cause de quelque arôme épicé, il s’agit de l’été, l’été indien qui s’est installé peu à peu pour donner, in fine, un octobre
« doré, chaud, magnifique. » Peaufinage des maturités, vendanges repoussées,
vin raffiné.

On l’aime parce que 
Mille raisons. Par quoi commencer ? L’opiniâtreté d’Hubert de B. ? L’immense qualité d’Angélus sur une longue période, signe de talent et de terroir ? L’intelligence du processus de transmission à la génération montante ? La grande implication dans le développement de l'appellation ? Les sujets abondent qui, tous, disent la même chose. Reste le vin, épatant, comme toujours. Ici, dans un millésime peut-être un peu plus souple que 2015, le temps le dira.

Combien et combien
Quantité non communiquée,
720 euros le magnum.

Avec qui, avec quoi
Avec le meilleur monde, celui qui ne surfe pas sur les réseaux sociaux, celui qui pense qu’Hubert de Boüard est un grand vigneron (qu’il est assurément), celui qui ne s’intéresse pas ou peu à la vie locale de Saint-Émilion. À table, bien sûr, avec une gastronomie solide et savoureuse.

Il ressemble à quoi
À ces grands bordeaux de premier plan, moderne, épicé, sans lourdeur. Et aussi, un peu, à cette chance de boire, de loin en loin, des vins rares.

La bonne heure du bonheur
Comme tous les angélus, on l’attendra. Comme tous les angélus modernes, on l’attendra moins longtemps.

Le hashtag
#hubertprésident

Le bug
Depuis le classement A en 2012, les prix commencent à la jouer skyrocketing, comme disent nos amis américains, qui s’y connaissent en prix élevés (plus élevés que le prix d’un angélus, déjà).

Le statut 
Vignoble en conversion bio depuis janvier 2018.

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve 
Onctueux et harmonieux, tannin ultra-fin, tendresse délicate, allonge subtile. 16,5/20


Cette chronique a été publiée dans EnMagnum #12 sous une forme différente.
Le numéro 13 est en vente chez votre marchand de journaux.
Voilà la couverture de ce fameux numéro. On y parle d'argent, pour une fois.




 

mardi 2 octobre 2018

Mes magnums (75)
Le vin qui regarde Nice de haut

Clos Saint-Vincent, Vino di Gio, bellet 2015 


Pourquoi lui
Un vin d’exception dont la vigne pousse au-dessus de Nice, forcément, on craint pour son avenir, pression immobilière oblige. La seule chance de survie de ce vignoble est de faire de grands vins vendus le plus cher possible. Sinon, paf, la villa avec vue en cinquante exemplaires, un chapelet de misère aisément repérable depuis le large. Ce que les marins appellent un « amer remarquable ». C’est le cas de le dire.

On l’aime parce que
Le cépage, la folle noire, n’est à peu près plus cultivé nulle part. Le clos Saint-Vincent, dix hectares, des vignes de quarante ans, des galets roulés, 30 000 bouteilles par an, est l’objet de toutes les attentions de Gio Sergi, son propriétaire depuis 1993.

Combien et combien 
60 magnums, 125 euros le magnum

Avec qui, avec quoi 
Essayez à l’aveugle, personne ne trouvera ou même n’approchera l’idée d’un bellet. Déjà, très peu de gens connaissent l’appellation.

Il ressemble à quoi 
À rien de connu ? Si, quand même. Des vins issus de la folle noire, on en connaît d’autres. Des frontons, par exemple. La signature stylistique nous fait passer les Alpes. Rien d’inconnu.

La bonne heure du bonheur
Avec le temps, sa patine, on l’ouvrira à table et avec plaisir. Une gastronomie locale, mais sans ail, cet adjuvant inutile qui tue le goût des vins fins.

Le hashtag
#souslesoleilexactement

Le bug
À ce prix-là, un jour, c’est l’immobilier qui va gagner.

Le statut
Bio et biodynamie certifiés.

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve
Structuré, il joue à la fois sur le tableau de la vinification classique et sur son cépage original, la folle noire. Frais, tendu, épicé, les notes finement florales et fruitées se posent gracieusement. Avec ses allures presque italiennes, il a un style fou. À carafer et, surtout, à mettre en cave. 16,5/20


Cette chronique a été publiée dans EnMagnum #12 sous une forme différente.
Le numéro 13 est en vente chez votre marchand de journaux.
Voilà la couverture de ce fameux numéro. On y parle d'argent, pour une fois.