
Ce Breton du pays des abers est un pur produit de la filière champenoise la plus classique. Avec un gros avantage sur d’autres. Benoît Gouez a été formé par Richard Geoffroy, grand maître des vins dans la maison et surtout connu pour être le sorcier qui élabore dom-pérignon. Avec lui, Benoît a parcouru les 28 kilomètres de galeries souterraines de la maison Moët, où dorment des dizaines de millions de bouteilles, pour y apprendre-comprendre ce qui fait le style Moët. C’est parce qu’il l’a intégré que Geoffroy lui a donné les clés de la cave. Pour autant, ce garçon de 40 ans n’a pas décidé de simplement reproduire sans apporter sa touche personnelle. Avec lui, le style Moët a évolué. En très peu d’années, si l’on considère la longueur de temps nécessaire à l’élaboration des champagnes, Benoît Gouez est parvenu à transformer un champagne banal (pour dire le moins) en un bon champagne. La cuvée d’entrée de gamme, le brut-impérial, est un parfait champagne tout-terrain, l’un des moins dosés des bruts non millésimés du marché, dont le positionnement en termes de prix le rend tout à fait intéressant. Ce n’était pas le cas il y a quelques années, quand personne d’un peu averti n’aurait eu l’idée d’arriver chez des amis avec une bouteille de moët. Ce temps est révolu, il n’y a plus de honte à boire du moët. En soi, et compte tenu des lenteurs de réaction du public, c’est déjà une victoire énorme que Gouez peut porter à la boutonnière avec fierté. Ce qu’il fait, d’ailleurs, avec ce qu’il faut de modestie. En acceptant le poste de chef de caves, il a obtenu aussi une plus grande liberté dans les assemblages comme dans la définition du style. En dégustant les moët millésimés, c’est évident. Gouez a sorti le 2003 avant le 2002. Cette petite provocation médiatique (qui a très bien marché à l’époque) était rendue nécessaire par l’état d’avancement des vins de chacun des millésimes. 2003 était prêt avant 2002, voilà tout. Il ne cherche pas à faire un moët millésimé, mais à livrer une interprétation qu’il revendique personnelle du millésime signée Moët. Ce n’est pas exactement la même chose. Aujourd’hui, le 2002 se déploie dans toute sa beauté de constitution. Ce 2002 a bénéficié de l’exigence de Gouez. Il dit : « avec ce millésime, on retrouve les temps de maturation historiques de Moët. En 1910, les millésimes passaient sept ans en cave. Un siècle après, nous y revoilà ». Du coup, nous aussi, les amateurs, nous revoilà.
La photo : Benoît Gouez, photographié à Épernay par Mathieu Garçon.
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