Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



lundi 17 septembre 2012

Le bio-man regarde la mer


« Dans viti-culture, il y a culture. » Issu d’une dynastie de six générations de vignerons, Lionel Lavail se laisse volontiers aller au jeu de la formule. Nous ne lui en tiendrons pas rigueur, il fait si bien. Son côté éternel jeune homme affiche 38 ans, des années qu’on sent bien remplies. Depuis qu’il a quitté le giron familial et rencontré les Jeanjean, le rythme a été intense. Recruté par Antoine Leccia pour représenter la marque au Brésil, son premier voyage, Lionel Lavail n’a pas cessé de construire ce qu’on peut appeler une réussite. Et il s’est trouvé en position de s’associer avec le groupe Jeanjean pour reprendre le Domaine Cazes, 220 hectares d’un seul tenant au-dessus de Collioure et de la Méditerranée.

La passation de pouvoir entre les Cazes et les nouveaux propriétaires n’a jamais eu lieu, en fait. Lionel Lavail : « On ne peut pas faire table rase du passé quand il s’agit de gens bien. Emmanuel Cazes est responsable technique des vins et André Cazes, l’homme qui a fait la maison, s’il est à la retraite vient ici tous les jours, nous sommes très proches, il me conseille, il me tempère. »
Nous sommes dans le Roussillon, une terre bénie des dieux, ce qui lui a permis d’engager l’ensemble du domaine en culture bio-dynamique. C’est sans doute le plus grand domaine français conduit de la sorte. C’est aussi la règle dans le groupe dont il dépend. En effet, Advini (l’entité issue de la fusion entre Jeanjean et Laroche) a une règle : la viticulture propre. Sur les 1 500 hectares possédés par Advini, la moitié est en bio ou en biodynamie et l’autre moitié est en conversion. Il n’y a pas d’autres exemples d’un tel engagement sur de telles surfaces réparties sur tous les terroirs de France, Chablis, Languedoc et Roussillon, Vallée du Rhône, Saint-Émilion, Provence. Lionel en tire une raison supplémentaire d’être heureux : « Oui, je suis fier de faire partie du groupe Advini. Je ne dis pas ça par flagornerie, mais voilà une entreprise qui mise tout sur les hommes, qui comprend pourquoi le temps de la vigne est long, qui ne vous met pas le couteau sous la gorge pour faire des résultats à tout prix. »

Et le vin ?
« Ici, les rendements sont trop faibles pour faire du bas de gamme. Sans jouer l’élitisme, nous maintenons notre production dans une bonne qualité. »
Ce que confirme le guide Bettane+Desseauve qui dit ceci de son collioure :
« vin harmonieux alliant finesse et élégance, avec une belle suavité. »
Exactement ce qu’on peut avoir envie de boire.

Un vent léger se lève avec le soir sur la baie de Collioure. Ce petit port qui aurait pu avoir un destin à la Saint-Tropez n’a pas eu sa Bardot pour affoler l’Européen du nord, il est resté dans son coin à l’usage exclusif d’une poignée d’aficionados et de quelques campeurs d’où un calme étonnant. Lionel Lavail n’évoquera pas ses activités associatives et caritatives. Le Méditerranéen est comme ça.
Avec ses airs bravaches, il est d’une pudeur de demoiselle. Mais il n'échappe
pas à son sang.

La photo : Lionel Lavail dans l'encadrement de la porte d'un casot, au milieu des vignes, photographié par Mathieu Garçon. Ce sujet est paru sous une forme différente dans le numéro de septembre de Série limitée - Les Échos.


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