Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



mardi 25 septembre 2012

Le TupperWine sous les ponts

Le Pont-Marie noyé de pluie, avant le TupperWine
 En cette nuit de tempête, nous avons rendez-vous sur un bateau. Une péniche amarrée sous le Pont-Marie. C’est là que Fabrice Le Glatin reçoit le monde pour un énième TupperWine. Un TupperWine, au-delà du clin d’œil malin, c’est une réunion d’amateurs organisée par Fabrice le blogueur pour initier qui veut aux arcanes de la dégustation. Fabrice y ajoute un goût prononcé pour les vins les moins connus des régions les plus ignorées. Ce qui, forcément, provoque un intérêt accru. Ce soir-là, il affichait complet et nous voilà dans le grand carré d’une péniche doucement secouée par les vagues des bateaux-mouches. Il y a la petite foule habituelle des amateurs, on reconnaît ici et là des amis Facebook, c’est amusant, en moins réseau et plus social, on ne se parle pas trop, timides ? Il y a aussi Philippe Betschart, vigneron bordelais (Graves de Viaud), Bruno Besson, alter-caviste à Ermont venu sans son garde du corps rennais, Théophile fils d’Henri Milan, fameux vigneron provençal, un jeune blogueur vice-champion du monde de dégustation à l’aveugle lors du Concours Pol Roger (bref, une pointure, son blog ici). Pendant que la dégustation se met en place, nous parcourons la péniche. D’un côté, l’autoroute urbaine des voies sur berge, de l’autre les façades altières, historiques et un peu tristes de l’île Saint-Louis. Ce qui m’évoque les ferries du Dodécanèse, les Turcs regardent la côte (turque) et les Grecs regardent le large. Nous ne regardons rien, il pleut des cordes, on n’est pas en Grèce.

Premier vin, un blanc de Loire, un muscadet qui ne ressemble pas trop à un muscadet, un vin que je connais bien et que je ne reconnais pas du tout. La température, peut-être. Ce soir-là, dans ces conditions-là, ce vin-là, cette bouteille ne m’évoquait rien. Le cépage : melon de Bourgogne. C’est l’amphibolite-nature de Jo Landron.
Ce TupperWine est consacré à six vins mono-cépage, trois blancs puis trois rouges. Le deuxième blanc, fort en couleurs, un poil oxydé, pas très bien en place, est un carignan blanc, il s’agit de Lune Blanche, un vin de Daniel Le Conte des Floris. Au troisième blanc, on évoque l’exotisme des cépages-klaxons. C’est un viognier du domaine Monier, un VDP des côtes rhodanésiennes, euh… rhodaniaises, euh… rhodésiennes. On est perdu, tout d’un coup. Avec le léger roulis de la péniche, on affiche perte de repères sur nos GPS internes. Dieu merci, un géographe en provenance d’Ermont, dans le Val d’Oise, remet chacun dans ses marques en lâchant un « rhodaniennes » salvateur.

Aux rouges, maintenant.
Comme Fabrice ne peut pas s’en empêcher, on attaque par un rouge nature (sans sulfites ajoutés à la mise en bouteille). Sans surprise, toutes les déviances aromatiques attendues sont au rendez-vous. Il aurait fallu attendre des heures pour que la réduction et les petites mauvaises odeurs s’atténuent. Ces vins qu’on goûte en se bouchant le nez… En bouche, ça se passe mieux, mais on n’est pas au paradis non plus. C’est une expression bizarre du cabernet-franc, un bourgueil de Laurent Herlin qui s’appelle Fruit du hasard. La bonne blague fuse : « on voit comment il travaille, lui ! » Tout le monde se marre, mais on est bien tombé quand même, il aurait pu être pire même s’il n’est pas très net. Le second rouge est un poil viril, avec des arômes marqués d’épices, tout ce que je n’aime pas dans les vins chiliens qu’il m’évoque irrésistiblement. Justement, c’est un carménère bordelais du Château Le Geai, un bordeaux sup. Le dernier, avec son nez en trompette, tout d’alcool et de chaleur, surprend par une bouche plus fine et plus élégante qu’annoncée. Il annonce 13,5° d’alcool, « il n’a pas voulu changer d’étiquette » rigole l’un de nous. C’est le Château Coupe Roses, un minervois 2010 en magnum, un pur grenache. « Ça, c’est bon » lance un autre. Ce sera l’avis général. Fin du Tupperwine sous les ponts et retour dans un Paris désert et trempé. Sacrée soirée.

Le Pont-Marie noyé de pluie, après le TupperWine


D'autres TupperWines racontés ici, ici et

6 commentaires:

  1. Je dois avouer que c'est bon de lire un TupperWine vu par un œil incisif, extérieur et un poil perfide. Merci pour ta fidélité Nicolas. Et ce joli billet.

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    1. Si je faisais ton éloge sur vingt ligness, t'y croirais pas. Tu penserais que je suis un peu fatigué

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  2. Merci pour ce très beau texte décrivant parfaitement l'atmosphère de cette soirée haute en convivialité ! La richesse des goûts de chacun était également unvitée, merci Fabrice ! Seul regret: n'avoir pas pu échanger avec tous ! Marie-Dominique Bradford

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  3. Venez venez braves gens, parisiens, franciliens, et gens de passage, venez goûter au Tupperwine ! Comme l'a si bien décrit Nicolas, ça ne s'invente pas ça se découvre et surtout ça se partage. Le prochain, le prochain c'est quand me direz-vous? Allez faire un tour sur la page Facebook du sieur Fabrice et vous aurez de fortes chances d'atterrir en Savoie avant même d'avoir décollé. Merci à Nicolas notre transcripteur fidèle d'ambiances infidèles, et merci surtout à Fabrice "our great teacher" !
    Christian Dournel

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  4. Pop pop pop Monsieur Bon Vivant. Les vins présentés ne seront en rien caricaturaux des vins "natures" tels que vous vous les imaginez. "Nature" signifie ici travaillés dans le respect de l'environnement et des consommateurs: point de chimie aux vignes ni aux chais (si ce n'est une parcelle très escarpée chez Belluard, Savoie oblige). Travail en bio et biodynamie. Soufrages légers à la mise, voire pendant les fermentations. Vins (notamment les blancs) d'une finesse remarquable. Point de cul de la vache. Alors, vous viendrez?!

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