Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



lundi 28 mars 2011

Grand Puy Ducasse est revenu


Nous voilà sur le quai à Pauillac. Une ambiance d’après la gloire, un peu triste, un peu à l’abandon. Sous le soleil avenant, on sent bien les souvenirs de grandeur, mais ici comme ailleurs dans les villages du Médoc, c’est fané, ça ne respire pas franchement la bonne humeur, l’aisance, le désirable. Et même pas l’argent. On fait tout autour de Pauillac quelques-uns des plus beaux vins de la planète et ça ne se voit pas. Sont-ils cachottiers, ces Médocains. Cette atmosphère un rien has been ne nous trompe pourtant pas quand nous entrons dans la cour de Grand Puy Ducasse, ce bel hôtel particulier à côté de la mairie. Dans sa sobriété et sa façade austère, ses hautes fenêtres, l’endroit n’est pas ostentatoire. Une fine équipe nous attend pour présenter les 2010 des châteaux du Crédit agricole, Meyney à Saint-Estèphe, Rayne-Vigneau à Sauternes et Grand Puy, ici.
Quand la banque verte a acquis ces domaines, on ne peut pas dire qu’ils étaient à leur mieux. Il y avait du boulot. Chacun se souvenait des grands meyneys et des grands rayne-vigneau des années 80. Ces flacons mythiques montraient la voie sur laquelle il fallait s’engager pour retrouver des couleurs. Ce que Thierry Budin, le patron désigné par la banque, avait bien compris. Aujourd’hui, bien calé entre Anne Le Naour, la nouvelle directrice technique (a fait ses classes chez Bernard Magrez aux côtés de l’excellent Ludovic David aujourd'hui à Marquis de Terme) et Alessia Amighetti, la discrète Italienne en charge de la com des propriétés du groupe, nous allons goûter les progrès accomplis. Ils sont réels. On n’avait jamais vu un grand-puy-ducasse à pareille fête. Le 2010 a plus de matière, plus de longueur, plus de fruit qu’aucun des millésimes précédents. Certes, le millésime est grand, mais là, chapeau. Il faut savoir que la quarantaine d’hectares de Grand Puy est réparti sur une soixantaine de parcelles distinctes, un vignoble à la bourguignonne, drôle de propriété bordelaise, compliquée à gérer.
Meyney s’affiche dans sa vérité de grand terroir de Saint-Estèphe (l’un des favoris de Michel Bettane) et les avancées à Rayne-Vigneau sont dans le verre. À table, nous goûterons un rayne 08 absolument fantastique. Qui dira la grandeur des jeunes sauternes, leur vivacité, leur légèreté admirable, cette gourmandise attendue ? Moi ? Bon, c’est dit.
Du coup, avec tous ses jolis vins, tout le monde et son voisin se sent bien. Il est temps de partir à Blaignan, la quatrième propriété du groupe dans le Nord-Médoc, vers Bégadan, pas loin de chez Jean Guyon, son haut-condissas, son rollan-de-by, son petit hôtel d’un luxe délicieux. Même de Pauillac, c’est loin. On traverse des campagnes et des étangs, des forêts. Un désert. Les vignes reprennent le dessus, on est arrivé. De gros travaux ont été conduits à Blaignan, pour donner toutes ses chances à ce petit bordeaux qui finit régulièrement autour de 10 euros chez le marchand. Le vin est bien dans sa gamme, sans grosse surprise, à part la cuvée spéciale qui est vraiment intéressante, mais sans doute pas au même prix.
Je n’étais jamais aller dans ce no-man’s land, entre océan et estuaire, il y a du souffle, j’y retournerai.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire