Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



jeudi 10 mars 2011

à Philippe Gimel, vigneron bio

Philippe m’a adressé, sur Facebook, un message très argumenté où, au calme qui a suivi la tempête déclenchée par mon précédent billet ( Le bio, non ne partez pas, ici), nous avons fini par nous trouver « 100% d’accord », selon ses propres mots de conclusion à nos échanges. Pour que les choses soient bien claires pour tout le monde y compris les plus poujadistes de la blogosphère, j’ai décidé de publier ma réponse à Philippe en l’étoffant un peu.
Bonjour Philippe,
D’abord, merci pour ce long message qui dit bien à quel point nous nous accordons sur le fond. Vous avez parfaitement raison en ce qui concerne l’amateur français, ce monsieur-je-sais-tout qui ne s’intéresse à presque rien, fort du fait qu’il s’y connaît comme personne. Mais il a des excuses, on lui a fait un coup terrible. Pendant des décennies, le vin était considéré comme un aliment et, à ce titre, ne coûtait pas cher ou peu. La culture chrétienne de la France avait acclimaté l’idée que le vin et le pain marchaient la main dans la main, base de notre alimentation. Une réalité qui a duré jusqu’à la fin des années 80, moment où le vin et le pain ont rompu. La globalisation des marchés et Robert Parker sont montés en puissance et le vin est sorti de la boucle pour devenir un produit de luxe. Dans le même temps, sous les coups redoublés de l’industrie chimique, la qualité des vins de consommation courante a connu un affaissement qui a déclenché une désaffection du public en même temps que les industries pharmaceutiques se livraient à des manigances éhontées pour mettre les Français sous anxiolytiques avec le succès qu’on sait (la France, premier pays consommateur). Lisez à ce sujet l’excellent édito de Saverot dans la dernière livraison de la Revue du vin de France (comme quoi…), même si tout est déjà dit dans son bouquin, c’est bien d’insister. Ainsi, de 1960 à 2010, la consommation de vin a été divisée de moitié dans un pays qui a vu sa population augmenter aussi vite que sa fréquentation touristique.
Depuis une grosse vingtaine d’années, prise de conscience environnementaliste issue des premiers écolos des années 70 (La Gueule Ouverte de Fournier, pour les plus cultivés d’entre nous) et une tendance « propre » a vu le jour dans les vignobles. D’abord hésitante, c’est devenu ce que les spécialistes appellent une tendance lourde. Vous pensez sûrement, Philippe, que ce n’est pas encore suffisant. Pourtant, il suffit de voir les chiffres de progression de l’agriculture bio pour se rendre à l’évidence. C’est non seulement un mouvement de fond très important pour la santé publique, mais également pour le retour aux champs d’une génération nouvelle. Le phénomène de désertification des campagnes est en train de s’essouffler, une nouvelle génération revient à la terre. Demandez aux responsables des coopératives dans tous les vignobles, ils ne disent pas autre chose depuis quatre à cinq ans. L’installation de jeunes professionnels est devenue une occupation à plein temps.
Aujourd’hui, le problème posé à la mouvance bio est le suivant :
Comment afficher les vins pour ce qu’ils sont au lieu de les enrober d’une sauce morale qui n’a rien à voir avec le goût du vin ? En sortant de la spirale dogmatico-militante. La communication qui met en scène le bio comme acte de foi n’est pas de nature à servir les intérêts de ceux qui les font. Pour vendre en Belgique, par exemple, tel producteur m’indiquait pas plus tard que lundi dernier qu’il retirait le mot bio de ses étiquettes. Pourquoi ? Parce que les Belges se sont fait fourguer il y a une dizaine d’années toute une théorie de vins bio imbuvables et qu’ils sont très remontés contre ces trois petites lettres dont ce n’était pourtant pas l’intention. Le discours bio-dur enferme ces vins dans le bas de la fourchette des prix. Pour peu qu’on y ajoute une étiquette à vocation rigolotte et l’affaire est pliée dans presque tous les cas.
À l’exception notable de quelques-uns (dont vous, Philippe), il est très difficile pour les producteurs bio de valoriser leur production à des niveaux de prix qui pemettent à la fois les investissements liés à l’élaboration de vins de haut niveau et la pérennité des domaines. D’ailleurs, les quelques producteurs qui sortent la tête de l’eau sont ceux dont les vins sont jugés bons ou très bons, mais le label bio ne leur sert à peu près à rien d’autre qu’à être en paix avec leur conscience d’être humain. C’est déjà beau, je vous l’accorde. Vous me dites qu’une « communication hésitante ou mal appropriée », ce n’est pas très grave face à ce que vous appelez « le prosélytisme des boîtes phyto ». Philippe, c’est exactement le contraire qu’il faudrait mettre en œuvre parce que la bagarre se joue sur ce terrain, pas sur celui des intentions, aussi pures soient-elles.
Je n’ai jamais goûté vos vins et j’ai lu partout les commentaires les plus élogieux.
À bientôt, oui. Au fond d’un verre, au moins.

9 commentaires:

  1. Bonjour Nicolas et merci d'avoir publié votre lettre :-)
    Par rapport à ce que vous avez rajouté, je dirais que concernant le fait que certains belges sont toujours, 10 ans plus tard, opposés à ce label bio, du fait de mauvaises expériences à l'époque, j'ai entendu exactement le même son de cloche en France.
    Ok il y a eu sans doute quelques expériences +/- malheureuses à l'époque, mais bon...c'était il y a...10 ans!!
    Les connaissances et pratiques ont vraiment progressé et heureusement que les vignerons en bio ne mettent pas 10 ans à réagir, sinon, ils seraient déjà tous en faillite...
    D'ailleurs être en bio, c'est d'abord tous les jours être capable de réagir, à la vigne ou à la cave…!! On ne peut utiliser les produits les + puissants et heureusement, il faut donc faire de la prévention ! Et la prévention, c’est être réactif !
    Et toutes ces critiques oublient de dire que dans presque toutes les régions, les meilleurs sont déjà en bio depuis longtemps…voir votre liste de Domaines prestigieux…
    Alors s’il y a des à priori, il faudrait penser à arrêter de ne critiquer qu’à cause de certains incidents apparus il y a 10 ans mais aussi prendre en compte tout ce qui se fait de super !! Sinon, c’est juste de la malhonnêteté intellectuelle !!
    Evidement, c’est facile de casser, mais beaucoup plus long de construire… !!
    Alors je pense que partout, il est temps que tout le monde enlève ses œillères et reconnaisse que quasi partout, les domaines en bio en 2011 sont à la pointe, aussi bien en respect de l’environnement qu’en qualité de leurs vins.
    Mais je suis assez optimiste, les vrais passionnés de vins savent déjà depuis longtemps ce que j’écrits et il n’est pas besoin de les convaincre quant à la qualité de ses domaines en bio !!
    Mais évidemment il est toujours difficile de faire bouger les masses attachées à des dogmes ou croyances surannés…
    Une seule vérité, la dégustation !!
    Alors à la vôtre, allez-y dégustez et je crois que les barrières tomberont et les polémiques s’arrêteront d’elles-mêmes… :-)
    A bientôt.
    Philippe

    RépondreSupprimer
  2. Philippe, c'est toujours très long de remonter les pentes savonneuses, dans tous les métiers. Ce que vous dites sur l'implication des vignerons à l'écoute de leurs sols et de leurs plantes est très juste. Et, bien sûr, que l'avenir est plutôt très bien engagé, les passionnés faisant office d'ouvreurs.

    RépondreSupprimer
  3. Il est évident que seul le produit doit parler, seule la dégustation doit primer, et le vin doit vibrer, bien plus que ces trois petites lettres. Cependant face au prosélytisme des industries phytos, n'a t'on pas intérêt à faire passer le plus possible notre message au consommateur, afin de créer la demande, de l'entretenir, et de ce fait encourager les conversions des agriculteurs? Bien sur , je vous l'accorde, l'industrie phyto sera et est déjà à l'oeuvre afin de marchandiser la nature, les préparats "faits main". Et le serpent se mord la queue.... mais peut être est ce la voie du "moins pire"?

    RépondreSupprimer
  4. On est, hélas, bien d'accord Nicolas ;-)
    Mais oui y'a de l'espoir, alors même si c'est savonneux, allons-y, la récompense n'en sera que plus belle...!!! :-)
    Philippe

    RépondreSupprimer
  5. @mathias : oui, bien sûr, qu'il faut développer la demande pour encourager les conversions. Je dis juste qu'il ne faut pas se tromper de contenu dans le message qu'on envoie au public.

    RépondreSupprimer
  6. Au fait...mea culpa sur Chapoutier. Il en a quand même pas mal de vignobles en Biodynamie.A peu pres une petite moitié, ce qui est quand même une belle prouesse technique et commerciale! J'ai trop écouté de jaloux!

    RépondreSupprimer
  7. Très éclairant...
    Si j'ai bien compris : le vin bio, c'est devenu bon, mais l'étiquette bio sur la bouteille, c'est un risque parce qu'elle a donné mauvaise réputation aux vins il y a dix ans et c'est long à remonter.
    Et puis il y a des engagés comme vous Philippe qui prennent le risque d'être les premiers à dire bio et faire bon, donnent ses chances à l'étiquette bio de redevenir positive sur les bouteilles pour entraîner à nouveau le mouvement, côté bio bon. Truc comme ça ?

    RépondreSupprimer
  8. Bien vu !

    J'ai été très surprise récemment de prendre un petit vin bio pas cher. Il était doux, léger, pas du tout acide. Très agréable à boire. Depuis, j'en achète et je le bois avec plaisir... et modération !

    Alexia
    http://www.bequiz.com?idf=363886

    RépondreSupprimer
  9. Deed a Nike kobe 8 shoes '95 Men's Running Shoes Style # 609048-006 7.

    Abilities of fresh, quality and light make the shoe one of the most effective every one shoes.

    It is surprised that five-time winners Brazil, along with multiple pockets
    and woven taffeta lining. Color rhythm design expression regularly for colour appear over and over again,
    usually in hue, purity, lightness, such as Tesco and Asda.
    The upper made of leather for durability and support, as well as a historical past of surgery
    to the higher digestive tract. All of the Nike Lebron.


    Also visit my web-site: kobe bryant usa shoes 2012

    RépondreSupprimer