
La musique classique, c’est comme le poisson. Au début, on déteste. On veut des steacks saignants et du rock itou. Un jour, on commence avec une sole et de grands airs classiques, c’est facile à ingurgiter, on connaît déjà ces saveurs-là, on n’est pas défrisé. Puis, on affine son goût et ce qui vous semblait définitivement impossible s’impose, pour se révéler in fine un ravissement absolu. On mange des huîtres, on écoute un violoniste. Bernard Magrez présentait hier dans les salons d’un hôtel parisien l’une de ses dernières acquisitions, un exemplaire forcément rare d’un violon stradivarius qu’il a rebaptisé Château Fombrauge. Le luthier Antonio Stradivari, dit Stradivarius, qui avait souhaité que chacun de ses violons porte un nom.
Pour donner du sens à cette manifestation, il avait demandé à Matthieu Arama, jeune musicien de l’Opéra de Bordeaux de jouer de l’instrument pour la centaine de convives rassemblés. Il était accompagné au piano par un autre protégé du grand homme, déjà entendu à Pape-Clément pendant Vinexpo.
C’était assez extraordinaire malgré une acoustique éloignée de celle d’une salle de concert. Le petit concert a duré une grosse vingtaine de minutes sans que personne ne se mette à tousser ou à se gratter, on aurait entendu une mouche voler, c’était sublime. Bien sûr, il est difficile, impossible même, de distinguer ce qui ressort de l’instrument d’exception et ce que l’on doit à la virtuosité de l’exécutant. Lui-même, d’ailleurs, le disait après ce concert, invoquant la pauvre acoustique.
Au motif que « la vie m’a beaucoup donné, il est temps pour moi de rendre un peu de ce que j’ai reçu », Bernard Magrez a créé une fondation culturelle dans l’hôtel Labottière à Bordeaux, une merveilleuse maison. Là, le public est invité à admirer ses dernières acquisitions. À Saint-Émilion, il met son château Fombrauge à la disposition de musiciens reçus « en résidence ». Bref, il ne ménage ni sa peine, ni ses moyens. D’autres avant lui, François Pinault par exemple, ont eu des démarches semblables, bien aidés en cela par la loi dite Aillagon qui rend les choses possibles par le biais d’avantages fiscaux, de crédits d’impôts, comme ce fût le cas, en d’autres temps, avec la loi Malraux. Ce qui permit de sauver d’une lente destruction bon nombre de monuments historiques. Dans ce qui nous occupe, la prime va plutôt à l’art contemporain ou moderne et c’est très bien comme ça.
La photo : Matthieu Arama et le stradivarius de Bernard Magrez, photographiés par Armand Borlant
On peut même voir Matthieu Arama jouer sur ce violon exceptionnel dans le cadre de l'inauguration de l'Institut Culturel Bernard Magrez au château Labottière dans cette video : http://youtu.be/Q5R3ssPIXAA
RépondreSupprimerFrançois
J'ai rendu visite cet été à des vignerons du Sud Est ( J.David, Richaud, Romero) et je me dis, quand je lis votre article, qu'on ne conçoit pas le monde du vin de la même façon...
RépondreSupprimerLe monde du vin est très varié, c'est aussi pour ça qu'on l'aime. La démarche d'un Richaud est la même que celle d'un Magrez. Seuls diffèrent les moyens mis en œuvre. L'idée est l'excellence et le monde du vin a ceci de passionnant que mille chemins, parfois contradictoires en tous points, y mènent.
RépondreSupprimer