Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



jeudi 12 septembre 2013

Riedel, chapitre 11

En juillet dernier, Maximilian Riedel est devenu le onzième du nom à diriger la maison qui a inventé le verre œnologique, il y a un peu plus de cinquante ans. Retour sur une longue saga verrière, cristalline et familiale dont le cœur ne bat que pour le meilleur du vin.

Verres et carafes Riedel, un tout petit résumé
(cliquez sur la photo pour la voir en grand, ça vaut le coup d'œil)


Un verre Riedel n’invente rien. Il ne cache rien, non plus. Cette vérité-là, celle du sol, du vignoble, du ou des cépage, du millésime, du travail effectué au chai et du temps qui a passé dans la cave, c’est celle du vin. La laisser s’exprimer, c’est tout ce que la famille Riedel demande à ses verres. Et tous ceux qui aiment le vin, amateurs ou professionnels, célèbres ou moins, l’en remercient chaque jour. Un homme a fait précéder la conception des « contenants » de travaux de dégustation d’une précision rare. Ce faisant, il a révolutionné l’œnologie. Il s’appelle Georg Riedel. D’un mot drôle, il résume toute l’affaire, il dit que sa maison propose des « hauts-parleurs ».
Pour devenir le premier à mettre en place une approche aussi extrême, presqque chirurgicale, la manufacture Riedel s’appuie sur une longue histoire autrichienne. Tout commence en 1756. Pendant presque deux siècles, elle améliore son art et sa manière, avant que la Seconde Guerre mondiale ne vienne interrompre avec brutalité - réquisition de l’usine par les Russes et dix ans de travaux forcés pour Walter Riedel - la perpétuation de ses savoir-faire. Pour un temps seulement. La renaissance a lieu en 1956 quand Claus Riedel décide de relancer une petite fabrique avec l’aide de la déjà fameuse famille Swarovski. En 1958, il invente les premiers verres en cristal soufflé à la bouche adaptés aux caractéristiques de chaque cépage. Il crée ensuite la gamme Sommelier, dont la modernité est inégalée à ce jour. Le concept est poussé un pas plus loin avec Georg, qui en développe une version mécanique tout aussi précise appelée Vinum, qui sera complétée avec Vinum Extrême, conçue pour les vins plus puissants venus du Nouveau Monde. La dernière génération de ces verres si parfaitement « à vin » a été élaborée par celui qui reprend aujourd’hui les rênes de la maison familiale, Maximilian Riedel.
Pensée pour les jeunes urbains, leurs contraintes de rangement comme l’usage systématique du lave-vaisselle, la gamme O propose les même calices - leur efficacité n’est plus à revoir, mais fait disparaître les pieds. Débarrassé de sa fragilité, l’outil s’adapte encore et toujours à l’art de boire. Le choix du verre joue un rôle déterminant sur la perception du vin. Chaque cépage, chaque région, et même, pour les très grands, chaque vin - un verre Cheval Blanc a été conçu par Georg Riedel et Pierre Lurton - nécessite une approche particulière de ses arômes, de son fruité, son acidité, son gras et ses tanins.
Chez Riedel, la discussion ne porte pas d’abord sur le design ou les arts de la table, même si la dernière carafe Boa ou les verres noirs destinés aux dégustations à l’aveugle sont des objets plus que désirables. La qualité première d’un verre Riedel est de n’obéir qu’à sa fonction. Seule compte la dégustation. Ainsi, lorsque Georg Riedel et Pierre Lurton ont tenté d’identifier, parmi différents modèles, celui qui conviendrait à une opération mondiale consistant à proposer “Yquem au verre”, ce n’est pas le verre “Sauternes” qui s’est imposé. C’est le “Sauvignon” qui a su le mieux exprimer la minéralité particulière et la longue et élégante finale du célèbre liquoreux.

Après avoir effectué durant quarante ans ce travail de pionnier éternellement renouvelé qui consiste à étudier sans cesse chacun des cépages majeurs, dans toutes les grandes régions viticoles du monde, Georg confie aujourd’hui les rênes de son entreprise, dont il reste propriétaire et conseil, à son fils. « Je suis fier de Maximilian, qui a su développer notre marché en Amérique du Nord avec un succès exceptionnel, et dont le talent et la créativité extraordinaires ont largement contribué au développement de la marque. Il sera secondé par ma fille Laetizia Riedel-Röthlisberger, avocate en droit des affaires et ambassadrice de la marque. » Face à cette passation de pouvoirs entre la dixième et la onzième génération de Riedel, le dégustateur reste confiant. Jusqu’à présent, pour reprendre l’expression du Time Magazine, la dynastie Riedel a plus fait pour contribuer au plaisir de l’œnophile que si elle avait possédé une étiquette.
Cela ne devrait pas s’arrêter. Maximilian Riedel a d’ores et déjà annoncé qu’il souhaitait renforcer la présence de Riedel sur le marché européen, développer les filiales en Chine et ouvrir des marchés en Amérique du sud. Certes, l’avenir sera forcément fait de nouveaux amateurs et de nouveaux vins. Mais ce qui ne changera jamais, c’est que le seul moyen de contenter les premiers sera toujours de savoir leur révéler les seconds. Less is more et rien n’est plus visionnaire que la simplicité.
Amélie Couture 
(mon invitée que j’ai)

Riedel, ma part de vérité 
J’ai eu la chance, il y a quelques années, d’être invité à la fête qui célébrait les 250 ans de la maison Riedel. Un souvenir étonnant. Tout s’est passé à Kufstein, village de carte postale dans les Alpes autrichiennes et berceau de la cristallerie Riedel. Pour célébrer 250 ans d’existence, Georg Riedel avait invité 250 personnes à un grand dîner de gala dans une des salles de l’usine. Il a tenu non seulement à saluer chacune d’entre elles, mais à trinquer avec tous, l’un après l’autre. Une scène étonnante. Pour démontrer les qualités de ses productions, Georg Riedel frappait son verre contre celui de son invité avec force. Élasticité du cristal, solidité du verre, en tous cas pas un ne s’est brisé sous ce qu’il faut bien appeler un grand choc. Très impressionnant et je dois dire que je n’ai jamais osé refaire l’expérience moi-même. Sidérant aussi, le discours de l’un des invités, Angelo Gaja, le parrain de la viticulture moderne en Italie. Ce grand vigneron du Piémont s’embarqua dans un speech de vingt minutes, sans notes, en anglais et avec l’accent de Jo Pesci dans Les Affranchis (genre you fuck-a my wife). Costume et cravate noirs et chemise blanche, il était très drôle. Bien sûr, il ne put s’empêcher de faire un peu de pub pour sa production en rappelant que si le cabernet sauvignon, c’était John Wayne, le nebbiolo lui faisait surtout penser à Marcello Mastroianni. Ce soir-là, tout le monde était d’accord dans un grand éclat de rire. Les extraordinaires vingt blancs autrichiens aux noms imprononçables y étaient aussi pour beaucoup.
Les verres Riedel sont nos compagnons de tous les jours, d’excellents supports de dégustation et il faut bien dire que s’il en existe pour tous les cépages, il y en a un qui est considéré par tous les dégustateurs comme LE verre universel, c’est le modèle Chianti Classico. Il a sans doute toutes les qualités dont un prix abordable. Bonne idée.


La photo : est signée Fabrice Leseigneur. L’article d’Amélie a été publié sous une forme différente et avec une autre photo dans Série limitée, le supplément mensuel du quotidien Les Échos.

15 commentaires:

  1. La supériorité de ces verres en dégustation, même (et surtout) pour un néophyte est assez bluffante.

    Haaa un grand Bourgogne dégusté ds un verre Sommelier Grand Cru (..créé en 56 ou 1958 !)

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    1. Je suis amateur de vins. J’affectionne tout particulièrement la gamme Sommeliers de Riedel qui n’a pour moi aucun équivalent en termes de qualité sur le marché. Je pense au Grand Bourgogne et au Bordeaux Grand Cru. Ces deux verres sont simplement incroyables d’équilibre et de finesse. Leurs proportions sont tout bonnement parfaites. Lorsqu’on est un amateur de vins exigeant, on apprécie vraiment d’utiliser de tels outils de dégustation… car ce sont de véritables outils. Merci infiniment Riedel de produire de telles merveilles ! Mais comme beaucoup, je suis surpris et triste d’apprendre que la grande maison que j’aime tant se soit associé à une marque de soda industrielle pour concevoir un verre sensé révéler les arômes soit disant subtils de cette boisson chimique. Je constate d’ailleurs que vous n’en parlez pas dans ce billet. Comment concevoir d’associer cette maison de tradition, son savoir-faire artisanal, son prestige, son histoire, à cette firme industrielle ? Comment chez Riedel peut-on prétendre que cette boisson produite par des gens dont les valeurs sont à l’extrême opposé de ce que les défenseurs du goût, des bons produits, de la nature et de l’homme, soit une boisson « extraordinaire » au goût « subtil et complexe » ?! Que Riedel produise un verre élégant inspiré par la forme de la bouteille de ce soda, pour satisfaire une certaine clientèle d’américains amateurs de ce type de boisson passe encore… Mais que Riedel essaie de nous faire croire que la forme du verre a été définie - à l’instar d’un Grand Bourgogne Sommeliers - pour révéler le meilleur de la boisson… Autant dire que Riedel perd toute crédibilité aux yeux des amateurs de vins qui se poserait la question de savoir dans quels types de verres investir. J’aime la maison Riedel, et quand on aime quelqu’un, il faut aussi savoir lui dire quand quelque chose ne va pas… Merci en tout cas pour votre billet qui m’en aura donné l’occasion.

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  2. Deja la pub pour Noel???

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    1. C'est pas de la pub, évidemment. Mais bon, il faut tout dire et redire sans cesse.
      Et c'est pas pour Noël. Un grand verre à vin, c'est un usage quotidien.

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    2. Ok je vais me les faire offir a` la fete des peres. C'est vrai qu'ils sont pas mals ces Riedel. Mais c'est pas donne' et quand on les casse on pleure

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  3. S'il est incontestable que ce sont de très beaux verres, avec une multiplication savante de modèles, il n'en demeure pas moins qu'en dégustation aveugle, cad les yeux bandés, avec d'autres beaux verres (et il y en a !) on aurait certainement de belles surprises.
    A tout prendre, j'aurai plus de plaisir avec ces carafes complètement dingues, et surtout voir comment on les tient :-)
    On a le droit de dire - si mon info est exacte - que Riedel est aussi propriétaire ou co-propriétaire de Schott et Spiegelau ?

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    1. Je ne sais pas si on a le droit de le dire et je m'en fous, mais oui, je crois bien que Riedel est propriétaire de Schott et Spiegelau. Mais je peux aussi me tromper, tu sais comme le blogueur est approximatif…
      ;-)

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  4. C'est très drôle, car je viens de fermer la page de www.citywinery.com sur laquelle figure une publicité riedel. Un petit tour sur ton site et hop Riedel. Un petit moment de flottement dans mon cerveau...où suis-je?
    A une prochaine fois, à l'Etage?

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    1. Trop drôle. Pour la pub, voir ma réponse au commentaire ci-dessus.
      Pour L'Étage, volontiers, oui.

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  5. Olivier:
    Riedel a racheter Spiegelau en 2004, c'est sur le site de ce dernier mais pour Schott Zwiesel rien, quand a t il été racheté?

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    1. Je n'en sais rien. Appelez donc Alexandre Lazareff, le publiciste de riedel en France. Son bouclard s'appelle Pain Vin et Compagnie.

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  6. pour moi le verre Syrah, les impeccables flûtes Champagne et bien entendu le Chianti Classico ou zifandel...

    Riedel, un must ! J'aime

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