Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



lundi 9 septembre 2013

Les plus belles jambes de Paris

Pour les plus belles jambes de Paris, direction l’Arpège. Alain Passard s’y connaît, paraît-il. La promesse est belle, fait rêver. Elle est tenue.
Nous avons rendez-vous dans le trois-étoiles de la rue de Varenne avec Silvio Denz, propriétaire de Lalique et, entre autres vignobles en Europe, du château Faugères à Saint-Émilion. En reprenant la cristallerie créée au début des années 20 par René Lalique, Silvio réalisait un rêve d’enfants, amoureux qu’il est depuis très longtemps des créations de la marque. Mais il a grandi et, ce faisant, a développé une autre passion, le vin. Pour le vin, il faut des verres adaptés et la cristallerie Lalique n’en avait pas. Pas la moindre gamme œnologique. C’est très bizarre, je vous l’accorde, mais les grandes cristalleries françaises ont depuis longtemps abandonné ce marché (on se demande pourquoi) à leurs homologues allemands, italiens et, surtout, autrichiens, Riedel en maître du monde. Certes, Baccarat a développé une gamme Chateau récemment avec l’excellent Bruno Quenioux, mais laisse l’impression de ne pas suivre l'histoire.

Chez Lalique, Denz ne s’est pas trompé. L’œnologie et l’héritage de René Lalique convenablement assemblés, ça devait marcher. Pour lancer sa gamme dans le monde entier, il s’est assuré les services de James Suckling qui a posé sa signature sur ces verres et carafes. La collection s’appelle 100 points, c’est malin.
(À l’intention de ceux qui ne suivent pas forcément toute la conversation, rappelons que 100 points est la note suprême d’un vin, une notation inventée par les Américains, je crois, Parker en tête).

On dit « striée à côtes dépolies »

Après un premier verre qui est un modèle d’équilibre et d’esthétisme, Lalique complète avec un « bordeaux », un « bourgogne », un « champagne », deux tumblers, une carafe à eau et une carafe à vin. Le premier est ce qu’on appelle un verre universel, mais le marché voulait des verres de plus grosse contenance. Les voilà, portés par cette jambe sublime qui est la signature de la collection 100 points, la jambe « striée à côtes dépolies ». Les carafes d'inspiration classique et maritime sont d’une rare beauté où l’interprétation s'intègre bien dans la gamme.

La carafe à vin dont la forme vient des carrés d'officiers des bateaux du XIXe siècle


Bien sûr, nous avons essayé tous ces verres avec des vins notés 100 points par Suckling qui est censé s’y connaître. Bon, là, 100 points ou pas, il n’y a pas eu d’erreur.
Dom-pérignon Œnothèque 96, haut-brion blanc 09, cheval-blanc 98, barolo Le Rocche del Falletto 00 de Giacosa et yquem 01. Un festival et c’est Gaylord Robert, le sommelier de Passard, qui tirait le feu d’artifice avec le talent qu’on lui connaît. C’est peu de dire que l’extase m’a saisi. Je passe sur les deux premiers, évidemment parfaits, pas de surprise. Le barolo a damé le pion au cheval-blanc et yquem est une chance dans une vie. Dans la mienne, en tous cas. Ce dernier vin, point d’orgue à une rare suite, est à l’orée d’une carrière éblouissante dont chacun s’accorde à penser que nous n’en verrons pas le bout. Convenons aussi que le barolo est d’un niveau éblouissant, je lui aurais donné 101 points si on m’avait posé la question. Il y a quelque chose de diabolique chez ces Piémontais qui arrivent à vous donner l’éclatante fraîcheur du vin jeune en même temps que l’harmonie apaisée d’un nectar de douze ans d’âge. Le fruit et les fleurs, fromage et dessert.

Pour porter cette procession céleste, les verres en cristal Lalique ont fait le boulot. Sont-ils meilleurs ou moins bons que leurs concurrents ? C’est difficile à dire sans les comparer en live, mais ils ne masquent aucune des vérités des vins, qualités ou défauts. C'est plutôt ce qu'on leur demande. Ils sont, à mes yeux éblouis, les plus beaux du marché et, donc, incarnent une idée très moderne d’un art de vivre assez suave pour être apprécié. Ce que nous avons fait avec beaucoup d’application, nous sommes les amis des dieux.

En savoir plus sur le 100 points Lalique, ici.
En savoir plus sur le Chateau Baccarat, .
En savoir plus sur Silvio Denz, clic ou clic

4 commentaires:

  1. Rocche del Faletto 2000, tu l'as bu comme ça ?

    http://www.vin-terre-net.com/vins-du-moment/266-barolo-azienda-agricola-falletto-bruno-giacosa-rocche-del-falletto-2000

    Grand souvenir.

    Sans parler du 2007. Peut être le plus grand barolo jeune que j'ai jamais bu... mythique, davvero.

    Au contraire du verre Baccarat de Quenioux - que je trouve moche et que je n'aime pas (l'ai testé) - là, c'est très beau et ça fait envie...

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  2. On en profite pour dire aux amateurs de belles choses à quel point c'est intéressant non seulement de visiter sur place le très beau musée Lalique (à Wingen sur Moder, près de la Petite Pierre, en Lorraine) mais de visiter aussi (sur RV) l'usine où on constate à quel point ce sont de véritables artistes qui ont dans les mains un métier qui se transmets de génération en génération.
    Faut-il aussi rappeler que c'est Silvio Denz qui a littéralement sauvé cette société d'un naufrage assuré ? Trop modeste, le Monsieur…

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  3. Nicolas,

    J'ai eu la chance de goûter le Rocche del Falletto 2007 lors de Vinexpo ...
    Très grand vin (j'ai eu plus de mal avec le 1997 - ce millésime riche un peu problématique ?).

    Mais j'ai encore un peu préféré le Ca d'Morissio 2004 de Mascarello servi dans la foulée (la dégustation de vins italiens animée par Raoul Salama). Race aromatique et tactile diabolique.

    Yquem 2001 et Dom Pérignon 96 oenothèque aussi des vins hors norme.

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  4. Olivier:
    Oui le verre est superbe, en particulier la jambe mais hélas très fragile au niveau de la cheville(j'en ai déjà cassé un et a ce niveau de prix cela fait un peu les pieds!).
    Pour contempler la robe c'est ce qui se fait de mieux je pense :) en particulier pour les liquoreux(un aszu 6p 2002 de Disznoko par exemple).
    Au gout pour avoir fait des comparaisons(Lalique, Baccarat, The First, Riedel jouant a part, il est dans le parcellaire je dirais), Lalique fait ressortir l'opulence et la générosité, Baccarat l'élégance et la finesse, The First est un bon compromis entre les deux. Et de manière générale, le Lalique est en majorité le plus apprécié.
    Reste une question: l'agréable sensation tactile de prise en main du verre influence t elle favorablement la dégustation?

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