Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



vendredi 7 octobre 2011

Clémentine au Pantruche

Clem is back. Un certain nombre d’évènements dans la vie de Clémentine de Lacombe l’ont tenue éloignée de mon blog depuis le début de l’été, à mon grand regret évidemment. Tout s’organise et revoilà la petite insolente, drôle et percutante. Je bats des mains, vous aussi, j’en suis sûr. Non, pas toi, ni toi, mais toi et toi, là, je sais que vous êtes contents avec cet esprit ricaneur qui vous caractérise. Cette fois, Clémentine a été au Pantruche, un restaurant fatigant dans un bout de rue assez sinistre pour ne m’avoir jamais donné envie d’y aller. Mais, bon, j’irai pas plus maintenant. Écoutez ça, vous comprendrez.

« Je me dois de suivre les tendances, question de standing. Je parle pas de celles du CAC40, sinon je me serais déjà ouvert les veines, mais de celles des places-to-be de Paris, c’est plus funky. J’aime les cafés où tu peux croiser Beigbeder, les restos où les chefs ont des abdos, les boîtes de nuit où sans carte de membre à 1000 euros l’année tu peux pas mettre les pieds, et les bars à vins où tu poireautes sur le trottoir parce que ça prend pas de résa et que ya que six tables.
En ce moment, je me prends trop pour François-Régis Gaudry. Quand je vais au restaurant, je fais tout plein de photos avec mon iPhone. Généralement, elles sont moches, on voit rien, mais je m’en fous. C’est juste pour faire celle qui s’y connait et que le serveur soit sympa avec moi des fois que je sois une blogueuse VIP.
Dans le SoPi (le quartier IN du South Pigalle pour ceux qui lisent même pas L’Express-Styles et sont en passe de rater leur vie), il y a le Pantruche. Le nom est naze, je sais, et si t’es pas plus prof d’étymologie que moi, tu te demandes où est ce qu’ils ont bien pu aller le choper. J’ai googlisé Pantruche pour toi, et pour ma mère qui me pose tout le temps des questions pièges qui me font sentir bête, et le wiktionnaire dit que c’est pas une ruche dans laquelle tu fais sécher tes pantalons, mais de l’argot pour dire Paris.
Quand tu y rentres, tu te dis que les tendances, elles ont prit un sacré coup de vieux. Ici, c’est le style PMU en propre, les chiottes sont pas à la turque. Ya un grand comptoir en zinc un brin poisseux, des miroirs partout pour minettes égocentriques et une banquette en skaï esprit scotch chatterton, ça colle.
Ambiance coude à coude, tu manges quasi dans l’assiette de ton voisin, mais les bobos sont comme ça, c’est revival des 70’S, tout le monde y s’aime et y se parle, on est tous potes.
D’ailleurs, tu parles pas dans ce bistrot, tu hurles. C’est super, comme ça tu affirmes ta personnalité. Déjeuner là, c’est un exercice bien plus balèze qu’une présentation marketing à ton N+1. Tu dois hausser ta voix de six tons et articuler comme quand tu causes à un nouveau-né, voire même apprendre le langage des signes pour te faire comprendre.
Heureusement dans l’assiette, ça balance. D’habitude, tu trouves tout ce qui est qualifié de bistronomique pathétique, synonyme d’addition astronomique pour une bouffe de bistrot ascétique. Mais là y’a presque du gastronomique et ta voisine trouve ça orgasmique. Elle roule des yeux et râle de plaisir. Quand le jeune chef pointe le bout de son nez, elle déboutonne son décolleté. Dommage pour lui, cheveux peroxydés et Converse aux pieds, la Arielle Dombasle locale est tout aussi âgée, mais moins bien conservée.
L’agneau que tu as commandé est divin, quasi pascal. T’oublies complètement le bébé mouton tout blanc aux petites oreilles rose qu’il était avant de finir dans ton assiette. Parce qu’une viande qui glougloute comme un vin, c’est rare. Et chez Pantruche, l’agneau glisse dans ton gosier comme un snowboard dans la poudreuse. Tu dévales la piste et slalomes entre quelques touches de curry et une aubergine moelleuse comme un duvet en plume.


Avec ça, on boit un corbières, tannique et voluptueux comme un cigare cubain, pas fait pour les cœurs tendres et romantiques. De grosses volutes de cuir et une couleur de sang noir comme un encrier d’écolier. Le garçon en face de moi, il pense que je peux pas l’aimer ce vin-là, que c’est pas pour les jeunes filles en fleur et que ça va tout râper ma gorge délicate. Mais moi, désolée, j’adore. Ça sent le mâle viril, ça m’émoustille, je suis pas loin de déboutonner mon chemisier et d’aller voir en backstage ce que le cuistot a dans le frigo.
Pantruche, c’est bruyant comme une ruche, mais quand t’es une jeune fille en fleur qui aime butiner, c’est le lieu rêvé pour chasser, tous les bobos du quartier viennent squatter. »
Clémentine de Lacombe

La photo : un clos d’espinous, corbières 2010 du domaine Jalliet. Première fois que je vois cette bouteille. Photo Clémentine de Lacombe.

Au lecteur : François-Régis Gaudry, cité plus haut, est le critique gastronomique de L’Express. Une idole, à l’évidence. Son blog, ici.

8 commentaires:

  1. le prochain Clémentine sera en alexandrins!

    "D’habitude, tu trouves tout ce qui est qualifié de bistronomique
    pathétique,
    synonyme d’addition astronomique
    pour une bouffe de bistrot ascétique.
    Mais là y’a presque du gastronomique
    et ta voisine trouve ça orgasmique.
    Elle roule des yeux et râle en plaisir quand le jeune chef pointe le bout de son nez,
    elle déboutonne son décolleté.
    Dommage pour lui, cheveux peroxydés
    et Converse aux pieds,
    la Arielle Dombasle
    locale
    est tout aussi âgée,
    mais moins bien conservée."

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  2. Je vais lui demander d'y travailler

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  3. Qu'attend t'elle, cette douce damoiselle, pour aller enfin apprendre le français et son écriture à nos futurs costumes trois pièces qui se frottent les miches sur les bancs de normal sup ou l'X ?

    Moi, quand je la lis, j'en simplement envie de fermer mon blog. Bon, à ceux que ça ferait plaisir, la amuvaise nouvelle est que cette envie, ça passera !

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  4. @Clémentine : un vin qui sent le "mâle viril", c'est pas terrible, si ?

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  5. Ce ne serait du Brett?

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  6. Ou un délicieux mélange poireau-pomme de terre ?

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  7. Arrêtez tout les garçons,
    Vous savez ce que sent une fille dans un vin dont elle dit qu'il sent le mâle viril?
    Non bien sûr. Alors pourquoi vous tirer dans le pied... de mâle viril j'espère.

    Une fille.

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