Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



samedi 30 mars 2013

Pendant que j'y pense (8)

Petites histoires de ces jours-ci. Où il est question de cambrioles, de petits millésimes, de cognac et toutes ces choses qui égaient le quotidien.


1 On a cambriolé Anselme Selosse. Des malfrats ont emporté 3 700 bouteilles, c’est grave pour l’entreprise Selosse. Ils ont emporté également
12 000 collerettes et 16 000 étiquettes, c’est grave pour les consommateurs qui se laisseront berner et qui paieront au prix du selosse des vins sur lattes des plus ordinaires. Seulement voilà, la parade existe. Le champagne dit « sur lattes » est conditionné dans la bouteille champenoise classique, le verre est de couleur verte. Les vins de Selosse sont embouteillés dans des flacons de verre noir. C’est très facile de faire la différence à l’œil nu.






2 Les petits millésimes des grandes maisons, c’est comment ? J’ai tiré les bouchons d’un magnum de mouton 84 et d’une bouteille de latour 92 pour un même dîner. Dans le genre petits millésimes, on ne pouvait pas trouver mieux, ou alors un 77 peut-être, mais je n’en ai plus depuis longtemps. Le mouton ayant bénéficié d’un magnum n’était pas trop mal, mais on sentait bien qu’il était passé de l’autre côté du miroir (si tant est qu’il ait jamais été au top). Le vin était court et plutôt mince. En revanche, le latour en bouteille était d’une finesse, d’une élégance et d’une fraîcheur étonnantes. Un vin d’une grande classe, un des plaisirs raffinés comme le vin en offre parfois, un bordeaux à son meilleur. Un 92, pourtant. Faut-il en conclure qu’un petit millésime d’un grand château, c’est bien ? Évidemment, mais je me souviens d’un sous-gourou du vin qui disait avec ce qu’il faut de cynisme qu’il faut toujours privilégier les grands millésimes des grands châteaux. Nous avions ri poliment en trouvant la boursouflure ridicule. Nous avions raison.



3 Le Château Angélus a décidé de revoir sa distribution et, comme c’est l’usage, a prévenu un certain nombre de négociants de son désir de ne plus travailler avec eux. Une péripétie ordinaire dans le commerce. S’agissant de Bordeaux, les choses prennent une ampleur qu’on ne voit que là, déclarations aigres, sentimentalisme hors de propos, etc. Pourtant, on peut comprendre qu’un producteur s’inquiète de la pérennité de son domaine et cherche à mettre le plus de chances de son côté. Comme à Latour, on cherche ici à bénéficier le plus possible de l’image du château en organisant une diffusion des vins à son profit. Pas de quoi appeler sa mère devant la démarche normale d’un chef d’entreprise conscient et responsable.



4 Vingt-quatre heures chrono à Cognac chez Camus, maison familiale depuis 1863. J’aurai l’occasion d’en reparler en détail ici, mais je ne pouvais pas remettre à plus tard l’envie de raconter la bonne idée de ces gens-là. Au public qui visite la maison, on propose de découvrir les mystères du cognac en réalisant soi-même une coupe, c’est-à-dire un assemblage. Il s’agit d’un XO, un cognac dont les eaux-de-vie qui le compose ont au moins cinq ans. Avant de se lancer, on goûte quatre qualités très différentes, un fins-bois, un borderies, une petite-champagne et une grande-champagne. Après avoir longtemps humé et brièvement goûté chacun, j’ai composé ma propre coupe à partir de 70 % de borderies pour les arômes, de 10 % de petite-champagne pour le corps et de 20 % de grande-champagne pour la profondeur. Dit comme ça, c’est assez obscur, mais bon chacun est reparti avec sa bouteille et la dégustation dans trois mois minimum dira qui a bon et qui a tout faux. Et comme Miss GlouGlou fait pareil dans quinze jours, on fera une battle avant l’été et on verra bien. En, tous cas, voilà une idée pédagogique et drôle, ce n’est pas si fréquent dans le monde lisse des spiritueux de luxe.



5 Mon blanc préféré du moment provient d’une toute petite parcelle de chardonnays cultivée et vinifiée par François d’Allaines, j’ai souvent évoqué ce bourgogne sous-la-velle sur ce blog. Une fois de plus, il a démontré ses qualités aromatiques, sa fraîcheur et son équilibre à l’occasion d’un déjeuner. Et, une fois de plus, je me suis énervé avec ce capsulage à la cire. On peut s’y prendre avec d’infinies précautions, on en fout partout quand même, y compris une fine poudre qui tombe dans la bouteille. J’ai parlé de cet emmerdement massue avec toutes sortes de professionnels. Il y a unanimité, c’est sans solution. François, fais quelque chose, please.



6 On a cambriolé la cave de mon restaurant favori. Des voyous ont emporté 3 800 bouteilles, essentiellement de vieux millésimes de la vallée du Rhône, mais aussi de vénérables bourgognes des meilleures provenances. La propriétaire de ce restaurant en a été très choquée et nous, bien tristes. Elle aimait beaucoup cette collection de vieux millésimes dont elle agrémentait l’une des plus belles cartes de vins de Paris. Et comme c’est une personne de qualité, elle avait le bon goût de proposer ces vins à des tarifs enchanteurs, toujours très (très-très même) en-dessous du prix du marché. C’est ainsi que je me suis appesanti pendant des mois sur une verticale épatante de trévallons. Aujourd’hui il n’en reste qu’une bouteille, un 99, que nous avons décidé de boire ensemble. Après, on attendra dix ans que les millésimes plus récents se fassent. Et les tarifs ne seront plus les mêmes. Fuck the bandits.

4 commentaires:

  1. "Et, une fois de plus, je me suis énervé avec ce capsulage à la cire. On peut s’y prendre avec d’infinies précautions, on en fout partout quand même, y compris une fine poudre qui tombe dans la bouteille. J’ai parlé de cet emmerdement massue avec toutes sortes de professionnels. Il y a unanimité, c’est sans solution. François, fais quelque chose, please."

    Montre lui simplement une bouteille d'Abi Duhr, le Clos du Paradis. Ce qu'il emploie pour couvrir le bouchon n'est pas une cire classique et n'a pas ce défaut de partir en poussière. A Luxembourg, on n'a pas que des banques : on a aussi des viticulteurs intelligents et compréhensifs :-)

    Selosse et restaurateur. Cela devient chronique ! Robuchon aussi, je crois, s'est fait cambriolé une de ses caves. D'où l'impérieuse nécessité de ne pas garder les vins en caisses d'origine : trop facile à déplacer.

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    1. Mauss a raison (comme souvent). Ne jamais garder les bouteilles dans les caisses ou les cartons d'origine.

      Et pour le capsulage à la cire, fine poussière ou éclats dans toute la cuisine, la punition est la même. Qu'on y ajoute la prétention du procédé genre "t'as vu ma bouteille historique" et la coupe est pleine. Encore heureux que le vin soit bon…

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  2. encore un article qui donne soif :)
    merci pour vos posts tjs aussi intéressants !

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