Lisez l’article ci-dessous, c’est passionnant.
On ne lit pas assez Sud-Ouest.
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L’ancien
braqueur fabriquait du faux petrus
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Un homme qui
fabriquait de faux vins dans son appartement en Lorraine a été condamné jeudi à
18 mois de prison avec sursis par le tribunal de Bordeaux. Après des années
passées derrière les barreaux, dix mentions sur son casier judiciaire, on
pensait que l’ancien braqueur Paul Oster s’était mis un peu de plomb dans la
cervelle. Au seuil de la soixantaine, il avait ouvert un bar à vins en
Lorraine. In vino veritas ! La reconversion s’annonçait prometteuse. Elle a
tourné court après le décès accidentel d’un proche. Devenu un fin connaisseur,
il a alors songé à une martingale pour améliorer sa maigre retraite et des fins
de mois qui sonnaient souvent creux.
Dans son appartement
« Petrus ça rapporte
», lâche-t-il tout de go devant la présidente Caroline Baret. Depuis 18 mois au
moins, il proposait à la vente des spécimens contrefaits du célèbre flacon de
Pomerol en organisant des enchères sur eBay. Les gendarmes de la cellule vins
du groupement de la Gironde qui l’ont interpellé en début de semaine à
Montigny-lès-Metz, ont découvert dans son appartement un petit atelier de
fabrication d’où sortaient des clones du fameux nectar. 400 bouchons, 2 000
capsules, une sertisseuse, une matrice pour dupliquer les étiquettes, de vraies
bouteilles vides de petrus achetées sur Internet… Le matériel du parfait
faussaire était réuni dans quelques m². «
C’est un véritable amoureux du vin. Il n’a pas voulu nuire à l’image de petrus
», assure son avocate Me Audrey Téani. Astucieux, Paul Oster glissait
parfois un vrai petrus parmi les fausses bouteilles. Et il arrivait qu’il les remplisse
avec des crus de bonne facture à la robe rassurante. « J’y ai mis du château
fombrauge et du château talbot. » Des particuliers mais aussi des
professionnels comme un négociant de Pomerol ont mordu à l’hameçon allant jusqu’à
débourser plusieurs milliers d’euros pour avoir le bonheur de ranger une unique
bouteille dans leur cave. Roué, Paul Oster remboursait rubis sur l’ongle ses
clients mécontents.
"Protéger un terroir"
Quelques acheteurs
suspicieux ont préféré alerter château petrus. Les flacons adressés pour expertise
au mois de juin au service de restauration des vieux millésimes du domaine ont
rapidement tombé le masque. Pose de l’étiquette, longueur du bouchon, signature
de la propriété. Rien ne collait. L’analyse du vin menée quelques jours plus
tard en laboratoire après la plainte de Petrus a confirmé la fraude. À partir
de l’adresse IP du fraudeur, celle qu’il utilisait pour se connecter sur la
Toile, les enquêteurs ont remonté sa piste, identifiant près de 150
transactions. 16 seulement dûment authentifiées ont été finalement retenues.
100 000 euros ayant transité sur ses comptes en 18 mois, sa petite entreprise
prenait visiblement de l’ampleur. Le parquet économique et financier de
Bordeaux a préféré le stopper sans délai plutôt que de lancer une enquête au
long cours. « Il fallait protéger un terroir, une marque et un savoir-faire »,
souligne le vice-procureur Bertrand Rouède dont les réquisitions ont été en grande
partie suivies. Paul Oster a été condamné à 18 mois de prison avec sursis
assortis d’une mise à l’épreuve avec obligation de rembourser les parties
civiles. Les 19 000 euros saisis sur son compte ont été confisqués. « Je ne pensais
pas que cela irait si loin », a-t-il avoué en début d’audience. On ne touche
pas impunément à Petrus.
Auteur :
Dominique Richard
Good luck
RépondreSupprimerSi seulement il etait le seul...
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