Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



mardi 23 juin 2015

C’est l’histoire d’un petit garçon de six ans…

 


C’est l’histoire d’un petit garçon de six ans, hélas orphelin, seul propriétaire d’un beau domaine d’une quarantaine d’hectares à Bandol, le château Salettes (où l’on entreposait le sel au Moyen-Âge). Ce petit garçon représente la dix-neuvième génération d’une famille de vignerons installée là depuis 1604. Un terroir épatant qui regarde vers le sud et l’est, vers La Ciotat, juste en dessous de La Bégude, à la Cadière d’Azur.

Le grand-père du petit garçon, en accord avec le juge de tutelle, a nommé il y a quatre ans le jeune Alexandre Le Corguillé, œnologue passionné, pour diriger cette propriété. Deux heures de conversation dans le confort parfait du Laurent nous ont montré à quel point il est content. Non, pas de lui. Mais de tout ce qui a déjà été réalisé, de ce qui vient maintenant aussi. Alexandre, avec un bon sens remarquable, a expliqué au juge de tutelle qu’il serait bon d’investir dans ce domaine afin que le petit garçon, quand il sera grand, dispose d’un bel outil en parfait état de marche et mieux, même, si c’est possible, au lieu de garder l’argent dans un compte en banque tristement rémunéré. Bien vu, le juge est d’accord et tout commence, tout recommence.
Plantations, complantations, replantations, nouveau chai de stockage, nouveau cuvier, Alexandre remet la propriété en ordre de marche et, comme souvent, les vins suivent. Alors que Salettes vendait 2 % de sa production à l’export, ce sont aujourd’hui 20 % qui partent à l’assaut du monde. Salettes produisait exclusivement un rosé de plage sans grand intérêt. Aujourd’hui, ce ne sont plus que 45 % de la production. Le reste en rouge et en blanc, de beaux vins, en progrès constants. Ces restanques de cailloux et de calcaire sont désormais traitées en biodynamie. Et si les volumes ont nettement baissé, la qualité n’a plus de commune mesure avec ce qui se faisait avant.

La cuvée pointue de la propriété provient d’une parcelle compliquée et, donc, baptisée « Cayenne » par ceux qui, à la pioche, travaillaient là. C’est un beau mourvèdre complet et soyeux qui porte en lui de belles promesses d’avenir. Une autre gamme, produite dans le bas de la propriété, s’appelle Verdarail, « vert vallon », c’est un vin plus simple d’approche, dans les trois couleurs, pas un bandol, mais un IGP Mont-Caume.
Il ne reste plus maintenant qu’à ranger les grands rouges, blancs et rosés du domaine à fond de cave et à attendre. Entre six et dix ans pour les blancs et rosés, entre dix et quinze ans pour les rouges. À Bandol, comme à Alba ou à Tain-L’Hermitage, à Saint-Rémy-de-Provence ou à Saint-Émilion, c’est le tarif pour boire au mieux. Le petit garçon aura vingt ans. Parfait.



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