Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



lundi 28 octobre 2013

La Ferme des Lices, une verticale allongée

Il y a quelques années, j’ai rencontré Laurence Berlemont. Elle venait de créer
la Ferme des Lices, le seul vignoble privé sur la commune de Saint-Tropez.
Une histoire épatante, une sorte de fédération de propriétaires de vignes,
elle avait repéré ce terroir de résidences secondaires, elle a su convaincre les vacanciers et elle fait de beaux vins bien connus sur le littoral, moins à Paris. Que font les cavistes ?
La Ferme des Lices produit du rouge, du blanc, du rosé.
Là, je me suis intéressé aux blancs dans six millésimes consécutifs. Une verticale, mais allongée dans le temps. Ces vins ont été bus à table sur une période de près de six mois, du début du printemps au début de l’automne 2013. Les voici dans l’ordre chronologique décroissant qui n’est pas celui dans lequel j'ai bu ces vins.



Ferme-des-lices 2011 
Lui, il n’a pas eu de chance. Bu au restaurant dans des verres à dents. Un restaurant où tu dois apporter ton vin, le patron est musulman, il ne sert pas de vin, il n’a pas de verres, il ne sait pas, on ne peut même pas le lui reprocher. Pour le nez de ce 2011, on verra un autre jour, une autre bouteille. En bouche, on est dans le Sud, immédiatement. Un très jeune Sud, le vin n’est pas encore en place. « Il est fuyant » dira l’une des convives, « il n’a pas d’âme » dira l’autre. C’est le problème de dîner avec deux filles. Il y a surenchère dans le teigneux (ici, smiley pour dire que c’est pour rire, on n’est jamais trop prudent). Les verres à dent ne l’aident pas, mais on sent du potentiel au fur et à mesure que la température du vin s’élève. À revoir.

Ferme-des-lices 2010 
Une attaque d’agrumes qui se transforme en quelque chose de plus chaud, de plus ample. Un vin du sud sans la caricature, sans l’exagération. Une fin de bouche étonnante qui fait penser à un spiritueux, mais de grain, pas de raisin. En montant en température, il gagne en profondeur, en largeur.

Ferme-des-lices 2009 
Le gras, l’aromatique, la droiture, l’ampleur, la longueur inattendue dans son caractère interminable, c’est le meilleur de la série ou, du moins, celui qui est le plus en place, le plus « prêt » à boire. Un bonheur aussi avec le temps qui passe dans le verre, changeant sans cesse pour prendre ses marques. Et nous les donner. Bu avec une brouillade d’œufs, il se révèle un bon courtisan de la truffe blanche qui accompagnait ce plat, la première de la saison, arrivée dans les bagages d’un ami voyageur.

Ferme-des-lices 2008 
Un premier nez alsacien, presque pétroleux et puis, très vite, tout s’arrange, on retrouve la pinède de la presqu’île. C’est chaud et enveloppant, comme Saint-Tropez. Ce 08 marque déjà son évolution, les fleurs jaunes sont là, les jonquilles. En bouche, c’est un vin gras qui prend toute la place, une belle structure qui pousse les joues de l’intérieur. C’est une jeune fille en vichy pâle, mais avec un certain toupet, des formes, un goût de jeunesse, c’est Bardot puisque c’est Saint-Tropez. Ailleurs, on penserait à quelqu’un d’autre.

Ferme-des-lices 2007 
Une différence énorme avec le 2006. Le vin est beaucoup plus droit, plein, ferme. Des arômes de pêche et de réglisse, une pointe d'hydrocarbures à la manière d’un alsace. En bouche, un panier de cerises, une belle fraîcheur. « Ça finit en bonbon Kréma » dira une convive qui a de la mémoire.

Ferme-des-lices 2006 
Rond, chaud, parfumé, doux, suave même. Un vin qui nous parle de volupté. Un vieux blanc, déjà. Trop vieux ? Pas vraiment, mais pas question de vivacité, bien sûr. La couleur vieil or est sublime.

La prochaine fois, on fait ça avec le rouge.



La photo : six millésimes entre ces deux flacons. La différence de couleur me paraît énorme. 






6 commentaires:

  1. Nicolas parfois je vous admire. Quel calvaire boire ce truc. Vous avez du merite! Enfin vous avez quand meme mis 6 mois..

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    1. En aucun cas un "calvaire". Ces vins sont exactement semblables à la description que j'en fais (pour moi, hein) qui ne prête donc pas le flanc à une interprétation malveillante. Et globalement, il s'agit de belles et bonnes cuvées, je n'ai aucun mérite et votre "admiration" n'a pas lieu d'être. Et vous savez, je parle très rarement des vins que je n'aime pas.

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    2. Merci pour cette dégustation !

      @ Anonyme
      Si vous me donnez vos coordonnées, je serais heureuse de vous envoyer une bouteille !
      Peut être n'avez-vous pas eu de chance sur une bouteille...
      Les amateurs sont très souvent élogieux... et notre présence sur de très belles cartes me conforte dans cette direction !
      Laurence Berlemont

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  2. @Laurence B. Merci a` vous, c'est gentil. Promis je gouterai et posterai mes impressions. Si c'est bon j'aurai l'air idiot...

    Mais je suis pas tres rose', ni blanc sur le fruit. Par contre j'ai goute un AOC Cassis blanc, bio, ramasse' a` la main, vinifie' en cuve et avec au final une superbe tension. Superbe vin de restaurant (avec poisson grille') et meme plus! Je suis donc convaincu qu'on peut faire tres bon dans le sud.

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  3. @ Anonyme : Appelez moi si vous venez dans notre coin... on vous accueillera avec plaisir !

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  4. IL EXISTE UN autre vignoble "privé" à St Tropez ( si l on exclut la cave coopérative qui est aussi privée!!) le clos de Bellevue qui produit un rouge AOC excellent! Antoine Roucher

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