Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



mercredi 16 octobre 2013

Des grands vins, les vrais prix



Voilà trois grands vins dans différents millésimes. Tous produits par l’iconique Henri Jayer, longtemps métayer du domaine Méo-Camuzet. Un type excellent, un maître de la Bourgogne.
Ce sont des prix de marché, pas d’épouvantables lubies de commerçants mus par un esprit de lucre hautement condamnable. Ce sont des prix de caviste, quoi. Haut de gamme, certes, mais caviste.

Il s’agit de bouteilles de 75 centilitres.
Les prix indiqués s’entendent hors taxes.
Ceux qui en veulent peuvent envoyer un mail de candidature à : rja@crus.fr

Vosne cros-parantoux 1979, 11 bouteilles, 4 850 euros
Vosne cros-parantoux 1978, 3 bouteilles, 6 750 euros
Richebourg 1980, 3 bouteilles, 5 850 euros
Richebourg 1971, 1 bouteille, 1 850 euros
Vosne-romanée 1959, 1 bouteille, 7 950 euros

Cette très basique et très  « quotidienne » information devrait permettre à certains de revoir à la baisse leurs incompréhensibles crisettes immatures chaque fois qu'un domaine de Bordeaux augment ses prix de cent euros, ah, ah, ah.
La vérité des prix, elle est là et nulle part ailleurs. Je parle de grands vins, bien sûr.
Et qu'on ne vienne pas m'opposer la rareté, l'argument ne tient pas puisque la consommation est proportionnelle, sans doute, à la mise en marché.


La photo : elle est signée de mon excellent ami Armand Borlant, elle a été prise dans le chai de Millesima, négociant bordelais. Elle revêt soudain un sens nouveau.




19 commentaires:

  1. Ouhlala, le prix du vin, vaste sujet !
    S'il est évident que certains vins français appartiennent désormais à l'univers du luxe, avec la demande et les prix qui vont avec, il faut se méfier de formules aussi définitives et lapidaires que "La vérité des prix, elle est là et nulle part ailleurs".

    Il y aurait beaucoup à dire sur les mécanismes de formation des prix et sur les errances des marchés. Ca me fait penser au documentaire "La ruée vers l'art "qui vient de sortir et qui montre bien la déconnexion qu'il peut y avoir entre les prix et les œuvres, et surtout la portée de celles-ci.
    A un moment, le "village mondial" s'emballe pour un truc jusqu'à faire monter ses prix au-delà du raisonnable. Et comme les riches sont de plus en plus riches, "the sky is the limit".

    Mais un prix de vente n'est qu'un prix de vente. Encore faut-il trouver acheteur. Et encore faudrait-il trouver un acheteur intéressé par le produit lui-même et pas seulement par l'idée d'aller le refourguer plus cher ailleurs, comme on le voit (trop) souvent.
    Mais quoi qu'il arrive, à un moment, plus personne n'achète.

    Et si une hirondelle ne fait pas le printemps, Hong-Kong ne fait pas le marché mondial du vin. Car si jusqu'à maintenant quelques milliers de Chinois étaient près à acheter n'importe quoi à n'importe quel prix (est-ce encore vrai ?), les caisses s'accumulent chez les revendeurs d'Europe et des USA.
    Pas les caisses de vin d'Henri Jayer, évidemment. Mais par exemple les caisses de ces Bordeaux qui ne vous semblent pas assez chers mais que les consommateurs ne sont plus près à payer X centaines d'Euros alors qu'ils en valaient 10 fois moins il y a 15 ans.

    Enfin bref, que vous soyez libéral et ayez une confiance aveugle dans le dieu du marché, c'est votre affaire.
    Mais n'oubliez pas que votre croyance n'est pas universelle. Et que le dieu du marché est capricieux, sa "vérité des prix" étant fluctuante.
    N'oubliez pas non plus que le vin, le consommateur le paie puis le boit (contrairement au critique qui le boit sans le payer et au spéculateur qui le paye sans le boire)...

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    1. Vous croyez quoi, vous ? Qu'on n'achète pas de vin ? Grosse erreur, nous en achetons beaucoup et souvent.
      Voyez le commentaire de Michel Bettane, plus bas dans cette colonne

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    2. Amusé de voir que ma formule finale a retenu toute votre attention, même si ça n'est pas là le cœur du sujet.
      Je crois que quand on est journaliste spécialisé dans le vin on a accès à tous les vins dans le cadre de son activité (enfin j'espère pour vous).
      Et quand il s'agit d'en acheter, je pense qu'on est bien placé pour avoir des "prix d'amis" (car jamais je n'irais imaginer qu'on vous offre des bouteilles, quelle horreur).

      Reste que le sens de ma formule était que, quand on a facilement accès aux vins, surtout aux grands, on tend à oublier qu'ils ont un prix. Ça devient plus facile de qualifier d'" incompréhensibles crisettes immatures" la réaction de ceux qui s'offusquent qu'une bouteille puisse monter de 100 Euros. Après tout, c'est quoi 100 Euros ? Un pourboire ? Le prix d'un ticket de métro ? Rien...
      Mais je pense surtout que votre réaction est à contre-courant de la tendance, notamment en Asie ou à force de faire n'importe quoi sur les prix les stocks s'accumulent. On verra si l'avenir me donne raison, et si le consommateur, même aisé, finit lui aussi par faire d'incompréhensibles crisettes immatures. Certaines grenouilles qui veulent se faire aussi grosses que le bœuf risquent d'en faire les frais...

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    3. Cette haine de l'excellence au juste prix me dépasse totalement, monsieur Danny.

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    4. Aucune haine. Encore moins de l'excellence.
      Quant au Juste Prix, je ne regarde pas la télévision.

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  2. Bien aimé le Parantoux 1978 de Jayer en mai 2004, encore très jeune (conservé dans une cave particulièrement froide).
    Pas grand et au prix demandé il vaut mieux se le faire offrir (merci à BlG).
    :-)

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  3. Nicolas,
    Je fais partie de ces gens qui achètent de temps en temps (plutôt souvent) des bouteilles emblématiques, parce que cela s'inscrit dans ma démarche. Alors, en tant que consommateur de ces vins, j'influence le marché si j’accepte de payer un prix fou. C'est vrai.
    Après, de bonnes âmes peuvent penser qu'aucun vin ne justifie le prix que je paie. C'est leur problème, pas le mien.
    Si quelqu'un paie une porcelaine Ming 6 millions d'euros, il fait un acte libre.

    Mais il y a une phrase que je ne comprends pas : "Et qu'on ne vienne pas m'opposer la rareté, l'argument ne tient pas puisque la consommation est proportionnelle, sans doute, à la mise en marché."

    Les prix des vins d'Henri Jayer ont explosé à sa mort, puisqu'on savait que plus aucun vin ne porterait son nom. Il y a eu un saut considérable. Et si ses vins sont chers, c'est parce qu'ils sont rares. Ta phrase est donc incompréhensible pour moi.
    Je ne suis pas prêt à payer un Yquem récent à 500 €, alors que je suis prêt à mettre quelques milliers d'euros sur une autre bouteille.
    J'ai réussi à dénicher La Tâche 1962, l'année de la plus belle réussite de La Tâche. Je vais l'ouvrir demain. Et je l'ai payée très très largement plus qu'un Yquem récent.
    Et c'est ma liberté.
    Je me lamente que les prix augmentent de façon folle et je le subis. Et quand je participe à ce mouvement par mes achats, je me dis que c'est : "tu veux ou tu veux pas". Et donc je subis.

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    1. Je pense que les vins les moins rares à leur mise en marché sont bus en bien plus grand nombre que les vins plus rares et que, au bout de deux ou trois décennies, les quantités dispo sur le marché sont peu ou prou les mêmes Ce post est juste là pour rappeler que les prix très élevés ne concernent pas les bordeaux à deux ou trois étiquettes près.

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    2. Et à une virgule près, on a un prix de reviens-pas.

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  4. Prix pas en rapport avec la qualite'. Mais si je n'avais rien a faire de 4000euros ce ne me derangerait pas d'acheter. Pour l'heure je trouve mon bonheur dans des bouteilles entre 40 et 200 euros a` peu pres. A ce prix la on est moins decu quand le vin s'avere moyen.

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  5. Deux petites informations, l'une pour Buck Danny, qui visiblement ne sait pas que certains critiques dépensent de leurs propres deniers plus d'argent que lui pour boire bon en achetant les vins qu'ils aiment, et l'autre sur les prix des vins d'Henri Jayer, assez monstrueux mais liés à la disparition de l'artiste! Une consolation, leur qualité est loin de valoir leur prix pour les millésimes dits "moyens", mais ceux qui les achètent les boivent peu, ils les revendent encore plus cher deux ans plus tard.......Michel Bettane.

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    1. A ce compte, 1971 doit être un bon millésime sous tous rapports.

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  6. Une grande dame anglaise du vin, Jancis Robinson, nous a confié un jour qu'au delà de 50€ on ne paye paye plus le vin mais l'égo du producteur ou celui du consommateur...

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    1. Jancis adore les bons mots "controversials". Il y a une autre raison de payer certains vins très chers : les avoir. Et contre ça, hein…

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  7. Tout à fait. Et de désir de "les avoir" tient essentiellement à l'égo du consommateur.

    Tiens, en parlant de ça, je tombe à l'instant sur cette interview de Kermit Lynch, un autre grand personnage du monde du vin :

    Q: Is there no reliable difference between, say, a great $100 bottle and a great $1,000 bottle?

    A: Demand, that’s the only difference. Some wines are in, some are out. It’s not quality.

    http://www.nytimes.com/2013/10/20/magazine/kermit-lynch-terroirist.html?smid=tw-share&_r=0

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    1. Arnaud, pourquoi l'ego ? La passion est également un bon moteur quand elle convenablement soutenue par l'argent. Et les propos de Lynch sont d'une grande banalité. Tout le monde connaît les conséquences de la loi de l'offre et de la demande.

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  8. Effectivement, on peut débattre de ce qui motive la passion, et je te rejoins, l'égo n'est pas - et de loin - la seule composante. Ceci étant précisé, je pense (sans toutefois disposer de données fiables pour le soutenir) que la grande majorité des vins de la catégorie de Cros-Parantoux, Romanée-Conti, Petrus ou Screaming Eagle sont acheté pour assouvir l'égo de leurs propriétaires (au même titre que les Picasso ou Hirst).

    La "pure" passion me semble plus rare, à ce niveau.

    Les propos de Lynch sont effectivement communs, mais il est toujours bon de rappeler une vérité simple : au delà d'un certain prix, on ne paye plus la qualité intrinsèque (si tant est que cela existe), mais d'autres éléments "intangibles" tels que la rareté, le prestige, la passion, etc...

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  9. Je rejoins Arnaud sur son dernier blog. Pour en connaitre quelques uns je pense que les acheteurs de DRC et autre Jayer ne sont generalement pas des grands connaisseurs de vin. Ils pensent acheter les "meilleurs vins du monde" (?!) simplement parce que ce sont les plus chers.
    On peut quand meme sourire quant `a la personnalite' type de ces acheteurs: des hommes & generalement une question d'ego. On ne va pas refaire le monde, ils existent...

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  10. Tiens j'ai un client qui dit avoir bu un BGO Jayer 93, selon lui c'est mieux qu'un Richebourg DRC. Un passionne' qui boit bon!

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