Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



dimanche 21 novembre 2010

Aimons Luchini plus


Tout commence chaque fois par un dîner chez Bouchard Père & Fils. Avant, nous suivrons la dégustation commentée des vins de l’année précédente. 2009. Les rouges sont mieux que les blancs, mais tout de même, les chevalier-montrachets, quelle finesse. Les montrachets, eux, avaient embouché leurs trompettes et klaxonnaient joyeusement aux portes du palais, tel le supporter un soir de victoire de l’équipe supportée. Au dîner, les vins étaient magnifiques, la conversation joyeuse et polyglotte, une belle soirée dans l’une des plus belles maisons de Beaune. D’ailleurs, on dit château Bouchard.
Le lendemain, déjeuner chez François d’Allaines, négociant de petite notoriété, mais bon faiseur comme l’a dit un jour Jean-François Coche-Dury (« si c’est un vin de chez d’Allaines, vous pouvez y aller en confiance ») et comme me le confirmait quelques moments plus tard Jean-Luc Aegerter (« il fait de belles choses »). François d’Allaines, c’est le seul au monde qui vous reçoit avec d’autres vins que les siens, un blanc de chez Coche-Dury, justement. Un puligny, je crois ou était-ce un meursault ? C’est pure gourmandise de sa part et c’est bien ça qui est joyeux, détendu, élégant. Bravo, François, et merci pour le déjeuner divin. Googlisez François d’Allaines, commandez-lui du vin, si la France du vin était tenue par des mecs pareils et uniquement, on serait encore plus fier.
On se retrouve dans la cave de Jean-Luc Aegerter à goûter un sublime bâtard, suivi d’un clos-de-la-roche d’exception. Belle journée. C’est bien, la Bourgogne, on ne passe jamais des heures à goûter les entrées de gamme. Et puis, en Bourgogne, ils ont plein d’étiquettes et il n’y a pas deux grands crus qui se ressemblent et tellement de gens qui font très bien, c’est un nid plein de bonheurs, des grands, pas des petits. Nous irons ensemble, plus tard et en grande pompe au Chapître des Trois glorieuses, au château du Clos de Vougeot, le grand dîner black-tie qui précède la vente des Hospices de Beaune. Là, dans le cellier grandiose, 550 personnes sont reçues par les membres de la Confrérie du Tastevin. Comme toujours en Bourgogne, l’humeur est à la poilade et aux bons coups à boire. L’assemblée est très globale, des amateurs du monde entier se pressent. On reconnaît un à un tous les patrons des grandes maisons, Latour, Gagey, même Christophe Navarre, pourtant super-discret, limite incognito. On chante des chansons en battant des mains et ce qui, ailleurs, pourrait être un peu lourdingue devient vite un moment d’une grande simplicité et chaleur. Des filles ravissantes chantent « Je suis fier d’être Bourguignon » sans réaliser que les décolletés de leurs robes du soir sont calculés au plus juste. Tout le monde s’en fout, on n’est pas à la Voile Rouge. Les discours succèdent aux chansons. On intronise dans la Confrérie des amis d’amis et le président de la vente du lendemain, le délicieux Fabrice Luchini. Après avoir fait allégeance en hurlant « Juro » pour dire qu'il est d'accord, il a lâché mezzo voce un « Erecto » très dans sa manière (et dans la nôtre, bien sûr, nous adorons tous ces petites blagues cultivées, rigoler en bas latin, c'est beaucoup). Puis, il s’est lancé dans un discours improvisé, du pur Luchini, un truc gigantesque, très drôle, se moquant de tout et de tous, surtout de ses confrères « de gauche, les professionnels du charitable », enchaînant les idées au petit bonheur la chance, quelle chance. Le sommet a été atteint quand il a dit à cette assemblée médusée qu’elle était « un rempart contre le marxisme ». Les étrangers ne comprenaient rien à cette logorrhée extrême, les locaux étaient d’accord, les Parisiens jubilaient, un instant rare. Il a conclu « si Dijon gagne, on est niqué », la salle en larmes, on ne lui avait jamais si bien servi la soupe. Il ne devait pas s’arrêter là. Le lendemain, devant les télés, il a recommencé, affinant le propos, « rempart contre le stalinisme », et la pièce du Président, vendue par ses soins à un public parfaitement aimanté, est partie à 400 000 euros, le double du record d'avant, historique comme on dit dans les journaux. Il est très fort, le Luchini, un bonbon, aimons-le, aimons-le plus.
Le lien pour voir le film de la vente avec Luchini au marteau, son meilleur rôle :
http://foodintelligence.blogspot.com/

La photo : Fabrice Luchini, à l'entrée des Hospices le dimanche après-midi, reportage creusot-infos.com

1 commentaire:

  1. Quel bonheur de voir la vente de Luchini aux hospices de Beaune! Je l'ai cherchée en vain et voici ses coordonnées sur votre blog, merci, bravo, c'est énoooorme, évidemment...

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