Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



mardi 19 avril 2016

Les prix du 2015 en primeur,
ça va se passer comment ?

Les lilas et les primeurs fleurissent en même temps


Comme chaque année, il faut se demander qui va en vouloir.
Les Américains semblent tenir la corde sur le 2015. Grand marché d’amateurs curieux, les USA se positionnent déjà via quelques gros marchands de la côte Ouest (ils donnent le ton) et de la côte Est (ils font les volumes).
Londres, comme toujours, explique qu’il va falloir être très light sur les augmentations. Comme la livre ne se tient pas très bien face à l’euro, si le vote du 23 juin sur le Brexit ne se passe pas comme il faudrait, le plongeon risque d’être sévère.
On nous serine en boucle que la Chine serait atone, ce que nous ne croyons pas. Le repli des grands premiers crus dans les ventes aux enchères n’a aucun impact sur les ventes en primeur.

Bref, on peut se dire deux ou trois choses.
Un, les petits volumes de la Rive droite sont plus faciles à vendre vite et, la plupart des commentateurs s’accordent sur l’excellence des saint-émilion, pomerols et satellites.
Deux, la restauration haut de gamme du monde entier a grand besoin d’un millésime prestigieux sur des marques de même acabit, après quatre années de vaches maigres.
Trois, le « prestige » de Bordeaux n’est entamé que dans quelques caboulots du XIe arrondissement de Paris. Le reste du monde a du goût pour les crus classés.

Nous pensons que, comme chaque année, les propriétaires bordelais soucieux du statut de leur cru afficheront des prétentions dispendieuses qu’ils estiment positionnantes. Nous croyons que ceux qui sont toujours attentifs aux marchés (Bernard Magrez, domaine de Chevalier et tous ceux qui se placent autour des vingt euros hors taxes par bouteille) connaîtront le succès qu’ils méritent. Quelques étiquettes (les vedettes de la Rive droite, évidemment) s’envoleront avec bonheur. Et d’autres qui auront poussé le bouchon un peu loin construiront en urgence des chais à bouteilles.

Quoiqu’il se passe, n’oublions pas que le vin est globalement très bon et que rien ne pousse les propriétaires, qui sont aussi des chefs d’entreprise, à limiter le développement de leurs marques quand ils tiennent enfin un grand millésime après quatre années plates. Et que l’éternel pipeau romantique (partage, convivialité, tout ça) sur le vin n’empêche pas qu’il faut verser des salaires tous les mois et une collection de taxes et impôts de toutes natures et provenances qui n’a d’équivalent nulle part ailleurs. Tout ceci ne prêche pas pour une campagne au rabais. Et je ne parle pas des tarifs de la nouvelle gamme BM-Audi-Benz.

Il va de soi que nous guettons les sorties et que nous les commenterons. Surtout celles de nos chouchous.

(À peine le temps de me demander comment illustrer ce petit texte et vlan, voilà la première sortie. C’est le château Lanessan qui inaugure la série avec un modeste 10,30 euros HT la bouteille chez Chateauprimeur.com. Pour un vin très joliment fait par Paz Espejo, la remarquable maître de chai espagnole, c’est quasi donné.)


Le chai de Château Pavie, signé Alberto Pinto, où grandit le 2015

3 commentaires:

  1. L'analyse est juste et pleine de bon sens.

    Tout va un peu dépendre comment les critiques vont parler des vins lorsqu'ils seront cotés et disponibles.

    Il y a deux façons de voir les choses :

    - soit le critique ne considère que la qualité du vin, sans pondérer sa note par son prix
    - soit le critique inclue dans sa note la notion de RQP et là, les choses deviennent plus délicates car fatalement, les hiérarchies de la première méthode peuvent être sensiblement chahutées par la seconde.

    Mais il est évident qu'à partir d'un certain prix, la notion RQP n'a pas de sens : je parle là des vins à plus de € 100.

    Ton commentaire, Nicolas, est bien dans l'évidence de cette notion RQP en disant tout le bien de Lanessan sur ce plan.

    S'il est vrai qu'il y a une catégorie d'acheteurs, surtout hors France, pour laquelle le prix n'intervient pas en force dans la décision d'achat, on ne peut pas ne pas prendre en compte le besoin pour beaucoup d'amateurs d'avoir, de la part des critiques, un avis sur le RQP.

    Simplement, va falloir rester cool et ne pas hurler avec les loups sur le refus purement théorique que le prix du vin n'est pas le rapport - plus ou moins visqueux, certes - de l'offre et de la demande.

    Ne jamais oublier que l'équilibre des choses en la matière est la propriété des acheteurs et non des vendeurs.

    Là, comme tu dis, je vais me faire des amis …

    :-)

    RépondreSupprimer
  2. Ce RQP, en effet, jusqu'à 100 euros, c'est l'idée fondatrice de notre liste des 101 super bordeaux.
    À découvrir dans En Magnum (et nulle part ailleurs) le 29 avril, chez les bons marchands de journaux.

    RépondreSupprimer
  3. Et bien voilà !!!

    On est en phase :-)

    RépondreSupprimer