Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



lundi 9 février 2009

Méo & Alleno


Pour déjeuner au Dali, il faut de l'abnégation et pardonner la touche d’ail dans le hamburger, nette faute de goût quand on nourrit des gens qui dégustent des vins fins (vrai sabotage, en fait). Passer sur les ravioles aux langoustines, caoutchouteuses. Et oublier que les canapés trop profonds et les tables trop basses n’arrangent rien. En plus, la personne assise en face de vous sur un fauteuil culmine trente centimètres plus haut, c’est bizarre, on ne voit pas bien l'intention. Les décorateurs ne sont pas souvent les amis des bons vivants. Nous étions chez Alleno pour goûter quatre des vins de Méo-Camuzet, belle marque de Bourgogne, en compagnie de Jean-Nicolas Méo, jeune type affable et plutôt sympathique. Il a appris son métier (de vigneron) avec Henri Jayer alors métayer du domaine Méo-Camuzet, il y a pire comme prof. Etrangement, Jean-Nicolas n’en parle pas volontiers, comme s’il fallait gommer ce passé prestigieux pour se concentrer sur ses réalisations à lui. Le fils tuerait le père, comme souvent. Et, au fond, c’est assez normal, tuons les pères.
Histoire d'engager la conversation sur une note badine, un de mes confrères tout empêtré dans la crise lui dit : "alors, vous passez plein de coups de fil pour vendre du vin en ce moment ?" La réponse, détendue : "pas encore, mais j'ai prévu de le faire dans les deux mois qui viennent. Un ou deux pour être tranquille." C'est clair, il n'a rien à vendre, ou très peu. Son vin, il n'y en a pas beaucoup et tout le monde en veut. D'ailleurs, chacun de nous était prêt à lui en prendre deux caisses.
Nous avons goûté quelques 2007, parmi lesquels les remarquables grand cru clos-de-vougeot et premier cru vosne-romanée Aux Brûlées. Si le premier est soyeux et le second, puissant, ils affichent tous les deux une complexité qui donne la réplique à une bouche pleine, vive. Nous sommes là devant deux très grands vins, de ceux qu’on oublie pour des siècles (quinze ans) à fond de cave et qu’on retrouve le cœur palpitant d’émotion. De ceux qu’on réserve au premier cercle de ses amis les meilleurs. Les vins qui ont accompagné le déjeuner après cette dégustation, les mêmes en 2001 pour le clos-de-vougeot et 1996 pour le vosne-brûlées, ont confirmé cette aptitude magnifique à se révéler avec le temps. Même là, ils étaient encore trop jeunes, dotés d’une belle acidité et d’une fraîcheur inattendue. Mais quel plaisir, déjà. Ces vins de longue garde sont issus d’une toute petite production, quelques milliers de bouteilles, et les prix dépassent largement les 100 euros le col. C'est un prix élevé mais il faut savoir ce qu'on veut.

Pour info : le domaine Méo-Camuzet, comme la plupart de ses pairs, commercialise des vins issus des vignes du domaine et d'autres élaborés avec des raisins achetés ou des vignes louées, ce qu'on appelle le négoce. Ainsi, les vins marqués Domaine Méo-Camuzet sont ceux de la propriété et ceux marqués Méo-Camuzet Frére & Sœurs sont des vins de négoce. Ne pas en conclure qu'il s'agit de vins "moins", mais le distingo est important quand même.

La photo : Jean-Nicolas Méo dans son cuvier à Vosne-Romanée,
photographié par Mathieu Garçon

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