Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



mardi 17 février 2009

Le poème de François V.


C’est une histoire de la vallée du Rhône, le nord de la vallée. François Villard fait partie des grands vignerons de ce quartier. Il y en a d’autres, tous attentifs à faire le mieux. Pour aller vite, disons Chave, Colombo, Guigal, Chapoutier, Belle (voir ci-dessous), Combier, Jaboulet, Courbis, etc., ce n’est pas un classement, ils sont nombreux, j’en oublie bêtement. Lui, le Villard, il s’est entendu avec deux autres gros calibres (Cuilleron et Gaillard) pour créer les Vins de Vienne, cette idée de faire revivre des coteaux abandonnés à Seyssuel (oui, riez). Je ne l’ai jamais encore rencontré et je ne sais pas tout de cette histoire de Vins de Vienne mais, quand même, on voit bien les motivations. Bien sûr, chacun des trois continue d’exploiter son propre domaine et à produire sous son propre nom.
François Villard est un poète et, comme il ne connaît pas d’éditeur de poèmes, il a mis l’un des siens sur l’étiquette de son saint-joseph « Reflet » 2003 fabuleux, concentré, mûr, gras, une merveille bue trop tôt comme d'hab. D’accord, François Villard, c’est pas François Villon, il dit les choses à la louche et en grosses lettres sur l’étiquette de son vin, chacun son media. Vous voyez, la lutte continue et, ouf, elle est partout. Elle ne s’arrête jamais, en fait. Il faut toujours se bagarrer pour défendre des évidences. Et s’agissant du vin, on a l’impression de se battre contre un occupant qui voudrait nier les réalités culturelles de la France, ses goûts, ses racines, son histoire, tout ce qui est à nous et qu’on aime. C’est éprouvant. Villard et plein de producteurs, presque tous les journalistes emmenés par Bettane, Desseauve et Burtschy et l’Association de la presse du vin, vous, moi, tous, nous sommes comparables à ces résistants d’une époque qu’on croyait révolue. Nous, les bons vivants, les joyeux, gens de goûts et de plaisirs, nous voilà contraints de remonter au créneau de la militance. Ça aussi, on l’avait oublié. On n’en avait plus envie. Nous voulions rester peinards avec nos grandes bouteilles, nos verres à pied et nos potes, nos belles amies, nos truffes du Tricastin, sans embêter personne, même pas nos voisins.
Non. Pas possible. Voilà l’imbécilité et ses alibis tout faits qui viennent nous casser la planète. Un coup, c’est le logo « femme enceinte » qui salope les belles étiquettes et, la fois d’après, voilà qu’ils veulent interdire les dégustations publiques. Demain, si nous n’y prenons garde, il va falloir écrire « boire tue » sur la bouteille. Ces gens, ce sont les dirigeants des associations anti-alcooliques, ce que nous appelons les lobbies hygiénistes. Des ayatollahs avec des moyens considérables (200 millions d’euros par an !) ponctionnés sur les fonds du Ministère de la Santé et au nom de la santé publique, justement. Avec tout cet argent, ils payent des avocats pour faire des procès à tel quotidien coupable d’avoir publié un article sur le champagne, ils imposent des réglementations grotesques qui font mourir de rire les viticulteurs étrangers ravis de l’aubaine, ils mènent des « études » douteuses et tordues et ils tirent des conclusions qu’ils nous imposent à tous alors que nous n’avons rien demandé. C’est tout ? Oui, c’est tout. Vous trouvez que 200 millions pour ça, c’est cher. Oui, moi aussi. Vous avez envie de crier « rendez l’argent », moi aussi. Avec la crise, 200 millions, ça pourrait soulager un tas de gens. Pas seulement les avocats des associations. Les gros malins font un vaste amalgame entre le tabac, la vodka, l’héroïne, le vin, tout pareil. La main sur le cœur, avec des photos de petits enfants en sautoir pour amadouer la ménagère de moins de cinquante ans et le prétexte de la lutte contre l’alcoolisme en étendard, ils profitent grassement d’un système totalement dépassé. Trop de trucs à faire, on délègue. Trois sommités médicales en rupture de clientèle ou à la retraite depuis longtemps, la loi de 1901 en bandoulière, deux ou trois bonnes intentions affichées et hop, vous prendrez bien quelques millions d’euros pour lutter contre la viticulture française et promouvoir la pharmacopée anxiolityque ? Ils prennent. Ces gens sont des fauteurs de trouble, ils luttent contre la paix sociale, même pas foutus d'être efficaces contre le binge-drinking des ados. 200 millions. Par an. Ce sont eux, les ennemis de l’intérieur. Au secours, l’anti-France est de retour !

PS : si certains de mes lecteurs s’émeuvent de l’emploi du phonème « anti-France », je les renvoie aux définitions qu’en donne Wikipedia via Google. Pour les plus âgés d’entre vous, relire Gotlib et son Superdupont.

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