Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



mardi 21 juin 2022

Qui veut danser sous la grêle ?

 

Faisons simple.
Quand il pleuvait, ma maman me mettait un imperméable pour aller à l’école. Ce qui ne provoquait pas de débat, pas même une conversation. Et quand il faisait froid, j’étais bien avisé de mettre un pull sans discuter. Même la dame du bout de la rue mettait un petit manteau à son teckel. La vie normale, quoi. La vie équipée, standard, banale, organisée. Une vie pour garantir une suite.

Quand il gèle, il y a des vignerons qui veulent mettre un petit manteau sur leurs vignes pour les protéger. Ah non. Ce n’est pas permis. S’ils le font, ils ne seront pas battus ou emprisonnés, ils perdront l’appellation, seront déclassés. Le déclassement guette au nom des grands principes édictés par l’administration. Une bâche sur les vignes provoque une modification de l’écosystème et ce n’est pas bien du tout. Pourtant, c’est assez efficace. Pas totalement, mais déjà pas mal. Protéger ses vignes, c’est garantir une production au bout de l’année, si le reste des fondamentaux se déroule à peu près proprement tout au long de l’année. Garantir une production, c’est pérenniser une exploitation, des emplois, une vie. D’ailleurs, toutes sortes de choses sont autorisées. Des bougies, par exemple, pour réchauffer l’atmosphère entre les rangs de vignes, des bottes de paille en feu, aussi. Ou des éoliennes qui dissipent les blocs d’air glacé. Ou encore des câbles chauffants fixés aux palissages. Tout ceci avec des résultats divers. C’est comme pour la grêle. Il y a des canons qui shootent des vapeurs d’iodure d’argent dans les nuages pour transformer les grêlons en pluie, c’est mieux. Sous réserve, naturellement, que le villageois, le riverain, accepte d’être sorti du sommeil par le gros boum, une ou deux nuits par an. Ce n’est pas toujours le cas. Toutes ces solutions sont autorisées. Elles ont le même impact sur l’environnement de la plante, sur l’écosystème, qu’une simple bâche tendue sur les vignes. Elles les transforment de la même manière. Pourtant, c’est permis. Les vignerons, vous, moi, tous, nous avons le droit de ne pas comprendre.


 

Poussons le raisonnement.

Ces bâches prohibées auraient l’intense défaut de modifier le millésime que produiront peut-être les vignes protégées. Est-ce que tout le monde s’en moque ou bien ? Déjà, de plus en plus de bouteilles ne portent de millésime que sur la contre-étiquette. Est-ce pour réaliser une petite économie d’étiquettes principales ? Non, bien sûr. La plupart des restaurants considèrent le millésime comme un embarras de trop, veulent des vins prêts à boire, pas des vins à faire vieillir, des vins aussitôt achetés, aussitôt vendus. C’est dire si le millésime les passionne. Le grand public, qui ne garde pas ses vins, n’y comprend rien. Reste une poignée d’amateurs, ici et là, surtout chez les riches étrangers. On m’objectera qu’on peut protéger quelques parcelles, pas cent hectares d’un seul tenant. Sûrement. Mais sur un vignoble, tout est différemment gélif. Oui, mais ce qui n’était pas gélif le devient et le contraire marche aussi. Ok, ok, l’idée centrale est de protéger au mieux, le plus possible, à commencer par la vie du vigneron.

 

Par quelle passion triste l’administration, d’où qu’elle vienne, s’acharne sur le vigneron ? Pourquoi se jeter sur un métier pour le rendre impossible ? Pourquoi ce désir fou d’être détestable – et détesté ? Pourquoi cette administration fait-elle avec autant d’application le lit de nos concurrents internationaux qui ne s’imposent pas des handicaps pareils ? Pour les faire rire ? Pour punir tout un secteur coupable de produire de l’alcool (quelle horreur) ? Où sont les « chocs de simplification » mille fois promis par les politiques de tous bords, jamais tenus par aucun ? Pourquoi compliquer la vie du deuxième contributeur à la balance des paiements derrière l’aéronautique, devant la cosmétique ? On a trop d’exportateurs performants ? Pourquoi personne ne répond jamais à ces questions ?

 


 

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