Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



dimanche 7 octobre 2012

Les vins qui chantent dans la nuit blanche

C’est un de ces dîners en ville comme on les aime. De ceux qu’on ne raterait pour rien au monde, pas même une pluie tenace qui vous laisse trempé à l’adresse indiquée. Mais nous ne sommes pas en sucre et l’endroit est confortable ; la compagnie, fine. Des gens de verres et de fourchettes, des bons vivants drôles et raffinés, la maîtresse de maison est l’une des meilleures cuisinières qui se puissent trouver, rien ne remplace les filles bien élevées.
L’affaire a commencé par une paire de Grande Année de Bollinger, 2004 puis 2000. Le 04 est jeune encore pour avoir trouvé sa place dans l’univers de la marque, plus tendu que vineux, quand le 00 est tout le contraire, le champagne est un monde merveilleux.

Au menu, une théorie de grands vins qui laisse rêveur.
Dans l’ordre :

- un nuits-saint-georges clos-des-corvées 99 de chez Prieuré-Roch. Comme toujours avec cette maison, c’est à pile ou face. Nous ne sommes pas bien tombés, le vin est serré, bien trop pour son millésime et son âge. Avec ce qui suivait, il n’est pas bien tombé non plus, vite oublié.


- un charmes-chambertin 99, Dugat-Py et là, nous sommes tous montés dans la fusée, le ciel et ses étoiles était notre terrain de jeu, le silence se fait. Fallait-il une preuve que le grand vin est un miracle et un cadeau ?


- un châteauneuf-du-pape, Hommage à Jacques Perrin 03, Château de Beaucastel, un vin puissant et massif, bu trop jeune, sans doute, il ne dévoilait pas tout. Cette cuvée composée à peu près exclusivement de mourvèdre nous a rappelé que les beaux mourvèdres, c’est dix ans minimum, comme nous le faisons avec nos grands bandols. Le sentiment d’avoir raté un train.


- un vosne-romanée village les-genaivrières 01, Lalou Bize-Leroy nous a renvoyé illico chevaucher la comète dans une béatitude faite de délicatesse et de soyeux et comme dirait Bettane, on a touché du bout de la langue la différence entre le très bon et le grand.


- Un côtes-du-jura vin-jaune 85, Château d’Arlay. Comme notre hôte est joueur, il a sorti ce grand vin jaune pour aller avec le fromage. Une vraie rupture. Pour un certain nombre de raisons et de rencontres, j’adore les juras depuis longtemps, celui-là a confirmé mon goût pour ses vins de grâce et de pureté. Qui ne se boivent pas froids, rappelons-le.


- Un sauternes 73, Château d’Yquem. Ce qu’il y a de bien avec les très grands vins, c’est que la qualité du millésime s’efface au bout d'un moment devant le gigantisme du cru. Bien sûr que chacun aura goûté de meilleurs yquems, mais baste. Celui-là avait bien mangé son sucre, il était épatant de complexité, il faisait un point d’orgue parfait à cette soirée. Et il a permis, si l’on peut dire, d’oublier complètement que le cognac existe.

En nous séparant, ravis, sur le seuil d'une nuit froide, blanche et humide, je me souvenais des mots de Jacques Lardière, le grand homme de la maison Jadot, rencontré plus tôt dans la semaine à Beaune :
« Et peu à peu on s’aperçoit qu’on passe d’un champ d’éventualités à un champ vibratoire, les molécules du vin s’expriment, elles chantent. On croit que c’est de l’ivresse alcoolique, mais pas du tout. C’est très différent. » Comme il a raison. Et comme ce doit être compliqué d’expliquer ça au monsieur en uniforme qui vous tend un ballon en vous demandant de souffler dedans. Dieu merci, les policiers, à la différence des escargots, ne sortent pas par temps de pluie.


Les photos : sont lamentables. Pardon à mes lecteurs, à mes hôtes d'un soir pourtant si généreux, aux producteurs de ces vins. Il faut que je fasse quelque chose dans ce registre, je vais tâcher de m'y coller.

10 commentaires:

  1. De récentes très belles rencontres avec les vins de Prieuré-Roch, pour ma part, en haut de gamme du moins :
    Hautes Maizières 1999
    Corvées 1998, 1999
    Clos de Bèze 2004
    Clos Goillotte 1998 (grand à la Villa Mas)
    Clos de Bèze 2007 (au domaine - grand)

    Hâte de retrouver des vins de Dugat-Py, jeunes ou moins jeunes, pour voir ...

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    1. Laurentg, vous avez sans doute eu de la chance, j'ai lu ici et là des horreurs sur ces vins. Et moi, je ne suis jamais bien tombé. Alors, voilà, c'est une maison qui ne suit pas très bien sa production.

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  2. Nicolas,

    Vous savez que je commente aussi bien ce que j'aime que ce que je n'aime pas.

    Je ne suis pas fan du début de gamme, avec pour moi des goûts répétitifs, un peu blets ...

    Mais sur un Clos de Bèze 2007 (au domaine), je suis monté aux nues (ainsi que sur le Goillotte 98, bu au restaurant, donc sur une bouteille ayant voyagé).
    Vin "nature", vendange entière ... au summum.

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  3. Vin "nature" ca veut rien dire, parlons plutot dans ce cas de maceration carbonique comme en beaujolais pour ne pas souffrer.
    A ne pas faire a` mon avis pour des grands bourgognes.

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  4. Anonyme,

    Vous avez noté mes guillemets.
    Soufre n'a qu'un "f".

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    1. Laurentg, que ferait-on sans vous ?

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    2. Tout cela sans même savoir d'où parle cet anonyme ...
      :-)

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    3. Internet est un grand isoloir de la démocratie participative

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  5. Du Japon, cher Laurentg...

    Moi aussi j'ai eu ma periode vin "nature" - A` l'epoque ils appelaient ca "sans soufre". Mais les aromes fermentaires de la maceration carbonique -- que beaucoup prennent a` tort pour des aromes de vins "nature" -- on s'en lasse finalement vite... Remarquez comme tous ces vins se ressemblent avec ce meme "fruit" artificiel!

    J'ai compris ca une fois apres avoir deguste un NSG, un Clos de Beze, un Pommard & un Jura... Tous le meme gout!!!!

    Ces vins n'evoluent pas bien non plus. Ils ne developpent pas de bouquet et ont avec l'age une facheuse tendance a se dissocier (acidite/eau/tannins). Ils n'evoluent pas tres bien a` l'oxygene non plus. Generalement un nez tres type a` l'ouverture (acetate d'amyle), une bouche generalement assez courte et foireuse et apres ils tournent a` l'oxydation. Laissez les ouverts une journee...

    Donc tout ca c'est bien pour des vins sans terroir. On fait du fruite artificiel. Mais pitie pas pour des grands terroirs.

    Goutez un Grand cru de 10-15 ans d'age vinifie correctement...
    Vous devriez vous faire plaisir!

    Maintenant vin "nature" ca veut dire quoi? Perso, j'aime les vinifs plutot non-interventionnistes mais je pense que les termes "nature"/"naturels" sont utilises a` des fins mercantiles et ne reflete pas vraiment un process "naturel".
    (Pour insister lourdement: des macerations carboniques longues a` 4-5 degres voire moins, c'est "techno", interventionniste et contrarie les levures)

    Bien a` vous, et merci de me relire pour les coquilles.

    Note: peut-etre chez PR un retour a` des choses + classiques depuis 05? Je connais bien de 96 a` 05.

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    1. Vincent,

      Je ne suis pas un zélateur des vins sans soufre et j'ai quelques bouteilles de Morgon farcies d'acétate.

      Je tenais quand même à dire que certains vins "peu protégés" peuvent me séduire.
      Et que les vins de Prieuré-Roch en font partie.

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