Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



jeudi 6 mars 2014

Vino business, complément d’informations

On m’a beaucoup reproché mon billet d’hier qui était jugé « malpoli » ou « à la limite de l’insulte » ou « machiste » voire « paternaliste » à l’endroit de Madame Saporta, maladroite auteur de Vino business, un petit livre inutile. J’ai ri.
Pour m’amender, je propose ci-dessous ce texte très argumenté. Je l’ai reçu hier, par mail et de manière anonyme et il apparaît que son auteur signe d’un pseudonyme. Ainsi l’information des lecteurs de ce blog sera complète. Je le publie tel que je l’ai reçu, fautes d’orthographe et de typo incluses, sans rien en modifier.
Sur le même sujet, je renvoie également à la lecture de L’Express de ce jour dans lequel mon ami Philippe Bidalon signe une autre critique, excellente aussi, en page 30 de l’hebdo.
Se souvenir aussi que l’essentiel des « informations inédites » contenues dans cet ouvrage ont été publiées il y a un moment déjà sur le blog de Vincent Pousson.




Autopsie d'un brûlot : 
« Vino Business », de mademoiselle Isabelle Saporta 
Par Benoît Brunel

Autant le dire d'emblée, nous nous situons là moins dans le registre du journalisme d'investigation, malgré le fait que cet ouvrage soit présenté comme une "enquête inédite" (on savourera d'autant plus le terme inédit qu'il n'est rien qu’aborde cet opuscule qui ne soit déjà public, des « révélations » aux calomnies complaisamment relayées), que dans le registre d'un espèce de voyeurisme à la mode qui s'autorise tous les excès susceptibles d'appâter le chaland, dans un style manichéen et outrancier que ne renieraient pas des monuments de la presse tabloïd tels que Closer ou le regretté News of the World de l'inénarrable Rupert Murdoch. La violence de la charge ainsi que les nombreuses approximations, inexactitudes et calomnies qui en constituent la trame, font que se dégage de l'ensemble un caractère excessif qui disqualifie l'ensemble du propos. L'avantage de ce roman-enquête façon littérature de supermarché pour la ménagère de moins de 50 ans est qu'il ne créera guère d'effroi chez les futurs lauréats du prix Pulitzer.

Si de prime abord le titre attire le lecteur qui éprouve un intérêt pour le monde du vin, le contenu laisse perplexe tant il occulte la réalité de ce monde pour ne traiter que de l’épiphénomène des grands crus, lesquels ne représentent pas 5% du tissu viticole français. Partant de là ce qui suit est un peu hors-sujet, mais passons pour en venir à l'essentiel. L'auteur aborde son sujet en maniant très allègrement le dénigrement, la désinformation et la manipulation oratoire, exercices dans lesquels elle paraît exceller et qu'elle enveloppe dans un style néo-populiste qui frise l'indigence mais qui ravira l'amateur de formules chocs.

Une recherche rapide sur l'auteur qui a commis ce pamphlet nous apprend que son principal fait d'armes est d'avoir co-publié un ouvrage (Le livre noir de l'agriculture), lui ayant déjà valu la mise en cause d'une des personnes qu'elle a interrogées, qui dénonce une mise en scène malhonnête et manipulatoire* amenant l’auteur à déformer et à travestir les propos de son interlocuteur afin de les rendre compatibles avec les a priori de la conception qu'elle se fait de son sujet. Avec, là encore, un manichéisme confondant. Nous voilà avertis sur les méthodes et l'idée que se fait du journalisme l'ancienne pigiste de Marianne qui écrit sur commande (pas vraiment le profil du grand reporter, on en conviendra aisément).

Entrons à présent dans le vif du sujet en nous livrant à une analyse superficielle. Ce que l'auteur elle-même nous pardonnera d'autant plus aisément que c'est précisément dans ce registre qu'elle a mené son "enquête inédite", qui livre au lecteur "pour la première fois" une somme d'informations réchauffées, déjà publiées dans la presse et sur de nombreux blogs. Là où Vino business se distingue, c'est en partageant avec le lecteur des rumeurs dont l'ouvrage se fait ici l'écho et le relais, sans produire d'ailleurs quoi que ce soit pour étayer ces délations anonymes (pratiques nauséabondes qui nous rappellent « les heures sombres de notre histoire » selon la formule consacrée par certains confrères de mademoiselle Saporta évoluant, eux aussi, quelque part entre le trottoir et le caniveau).

En dehors d’informations qui ne sont pas complètement dépourvues d'intérêt (présentation du tissu socio-économique viticole bordelais, des problèmes d'emploi des pesticides, du marché chinois) l'auteur y attaque en vrac l'INAO et les autorités (sur cet air tristement connu de « « tous pourris » chanté sur un refrain poujadiste, comme il se doit quand on cherche à stimuler l’émotionnel au détriment du rationnel), le système de vente en primeurs du Bordelais, des vignerons parmi les plus emblématiques du Bordelais (à qui Bordeaux doit en grande part les impressionnants progrès qualitatifs de ces trois dernières décennies), le critique Robert Parker qui, par ses incontestables qualités de dégustateurs, a su désacraliser les grands vins auprès d'un public planétaire qui lui en paraît reconnaissant, le dernier classement de Saint-Emilion (lequel, bien qu'avalisé par un ministre peu susceptible de sympathie spontanée envers un milieu privilégié de producteurs de grands crus, serait selon l'auteur le fruit de tricheries et de manipulations). Mademoiselle Saporta pratique abondamment ce qu'il est convenu d'appeler une "diffamation par personne anonyme interposée", le procédé lui évitant d'avoir à étayer les diffamations dont elle truffe son ouvrage. On est tenté de penser qu'à un tel degré de bassesse ce genre de procédés douteux ne rencontrera d'écho qu'auprès d'un public acquis d'avance à la cause d'une médiocrité qui déteste d'instinct ce qui présente le moindre signe de succès.

La bête noire de Mademoiselle Saporta est ici incarnée en la personne d'Hubert de Boüard de Laforest, œnologue de grande renommée qui est consultant pour une cinquantaine de domaines viticoles de par le monde et qui est également connu pour posséder l'illustre Château Angélus, un des crûs les plus réputés du monde que le dernier classement de Saint-Emilion consacre au sommet de la viticulture saint-emilionnaise. Il est apparemment de bon ton chez les plumitifs besogneux de s'attaquer aux icônes dans l'espoir de capter quelques miettes de leur notoriété. L'auteur dans un de ces élans de mesure et d'objectivité qui semblent la caractériser le présente comme un « parvenu », savoureux qualificatif pour désigner le fils d'un aristocrate qui naît héritier d'un important domaine de l'appellation, appartenant à sa famille depuis la fin du 18ème siècle, et dont il fera à force de travail et d'ambition l'un des domaines viticoles les plus prisés au monde au bout de 30 ans d'efforts ininterrompus. Dire qu'il eût suffit d'un dictionnaire pour éviter un aussi grossier abus de langage...

L'auteur de la diatribe suggère insidieusement qu'Hubert de Boüard a structuré ce classement en fonction de ses seuls intérêts. Renseignements pris pour évaluer la fiabilité de « l’information » on s’étonne qu'elle n’ait pas jugé utile de mentionner, pour donner de la perspective à son accusation, que lors du précédent classement (en 2006), alors que ses fonctions lui donnaient plus de latitude encore, son Angélus ne fût pas retenu au rang qu'il estimait mériter. Elle omet également le fait qu'en 1996 Angélus avait été promu premier grand crû classé, ce qui était un fait sans précédent dans l'histoire de ce classement et témoignait déjà de l'excellence des vins qui y étaient produits. Elle ne mentionnera pas davantage le fait que son Château Bellevue n'a pas changé de rang en 2012 alors qu'il aurait aisément pu prétendre, lui aussi, au rang de premier grand cru classé, tant est notoire la grandeur de son terroir comme celle de la qualité de ses vins. Ainsi, tout ce qui peut contredire le propos partisan, réducteur et caricatural de mademoiselle Saporta est soigneusement passé sous silence, dans le souci de servir une propagande qui ne résisterait pas à un examen scrupuleux des faits mais dont elle a fait sa ligne de conduite idéologique : elle fantasme des maux odieux pour tenter d'exister en les dénonçant. Elle insinue ensuite que les propriétés dont Hubert de Boüard est consultant sont les premières bénéficiaires de ce classement, ce qui ravira les nombreux propriétaires de Saint-Emilion qui ont recours à ses services et que le dernier classement n'a pas élevés. A moins qu'elle n'ait voulu désigner par là les autres grands gagnants du classement qu'elle dénonce, les Châteaux Pavie, Valandraud, Canon La Gaffelière, La Mondotte et autres Larcis-Ducasse. Le point commun de ces différents vignobles, outre la très grande qualité de leurs vins, est qu'ils n'ont aucun lien avec Hubert de Boüard, mais cela ne semble pas empêcher notre Fouquier-Tinville en jupon de vouloir en faire le responsable d'une forfanterie illusoire. On en rirait presque si on ne voyait poindre derrière ces grotesques accusations une entreprise de manipulation et de désinformation parfaitement détestable, qui vire à la chasse à l'homme accompli.

On conclut cette lecture avec un vague sentiment nauséeux, en songeant que ce petit ouvrage est un condensé d'accusations essentiellement mensongères et naturellement invérifiables (« Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose » disait le philosophe Francis Bacon) et que l'auteur s'y vautre dans l'amalgame, le manichéisme, la calomnie, l'insulte, le dénigrement, qu'elle y rapporte des ragots et des commérages, et qu'elle se fait enfin le champion de la médiocrité ordinaire dans un style populiste qui ne pourra que flatter les aigris qui se repaissent de ce genre infamant d'attaques sordides, dès lors qu'elles visent des gens qui les dépassent de si loin. C'est l'illustration d'un mal typiquement hexagonal, qui suscite et encourage une espèce de haine irrationnelle de la réussite d'autrui.

Ainsi on peut supposer que ce que nous répugnerions à qualifier d'analyse pour lui préférer le terme plus adapté de pamphlet ne fera pas date, mais qu'à défaut il fera un temps durant les gorges chaudes auprès des mesquins et des frustrés que la souillure excite. Ces procédés nous ramènent cependant à ce qui sommeille en nous de vil et d'abject, cette part sombre que l'auteur a ici pris le parti de laisser s'exprimer sans retenue, espérant satisfaire l'appétit morbide d'êtres frustes. « La médiocrité refuse toujours d'admirer et souvent d'approuver » nous avait prévenu Joseph de Maistre, il y a déjà deux siècles.

Mise à jour : j'ai viré les deux dernières lignes de ce texte, elles avaient le don d'exciter les esprits simples et le tort de détourner l'intérêt du lecteur du fond de ce texte qui est, lui, excellent.


* http://alerte-environnement.fr/2011/02/21lderapage-disabelle-saporta-le-temoignage-dun-arboriculteur/

18 commentaires:

  1. Je suis jaloux d'un tel billet ! A la niche, le Père Mauss !

    Bravo pour cette mise en ligne, fan de zou !

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    1. Il faut dire que c'est bien envoyé

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    2. Benoit Lafarge7 mars 2014 à 22:40

      Je ne sais pas si il y a des mensonges (j'espere que oui) dans ce livre et j'imagine que monsieur De Bouard ne manquera pas de porter plainte en diffamation!

      Par contre chose intéressante, Il semblerait que madame Saporta ait filmé avec une équipe TV toute ses interviews, j'imagine certainement pour ce protéger de toute atteinte en diffamation...

      par contre le livre est certe pas bien ecrit et je reste diplomate... et il est vrai que quand on est du milieu on y apprend pas grand chose.


      Monsieur Brunel, vous vous trompez sur le fait que monsieur de Bouard malgres sont pouvoir ais pu monté en 1er grand cru classé A en 2006 car il y avait un numerus clausus de deux 1er grand cru classé A et je ne vois pas comment il aurait pu détrôner Ausone ou Cheval Blanc, ne serais ce que au niveau des prix.

      Donc le fait que le classement 2006 ai été cassé a plutôt été interessant pour monsieur De Bouard et autre car le numerus clausus a été enlevé ( par contre de fait beaucoup moins pour Cheval Blanc et Ausone).

      pour le reste monsieur Brunel, votre francais, votre prose sont un regal, c'etait un plaisir de vous lire.

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    3. Il faut savoir que Norbert avait bien sur réalisé que 2006 n'était pas arrangeant. Devant tout le monde ils ont bien sur porter parti civil contre l'annulation. Mais sans dire mots, discrètement, ils ont annulé ce parti civile, laissant donc le chemin libre à l'annulation et surtout à un nouveau classement. Je me demande s'ils vont opter pour la même politique aujourd'hui.....

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    4. L'anonyme de 22:18 a certainement un avis définitif, mais qu'on y comprenne quelque chose. De grâce. Là, on est dans le schwartz, hein.

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  2. C'est ce qu'on appelle ne pas y aller avec le dos de la cuillère! Voilà cette pauvre Saporta habillée pour l'hiver, mais c'est sans doute ce à quoi on s'expose quand on vit par le fiel et par le sensationnalisme racoleur ...

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  3. Vous avez raison de multiplier les articles et la critique cela tourne et retourne sur le net. Que du bonheur. De plus, vu la haine de votre article je me dis que vous avez du vous sentir très concernés sur la critique du soit disant journaliste que vous êtes. Il parait que lorsqu'on déguste chez celui là on reçoit un petit cadeau comme par exemple une montre de grande marque... Bien sûr, je sais que si on vous avez fait ce coup là, à vous le maître de l'intégrité, vous auriez refusé immédiatement. Merci de votre bonté et n'oubliez pas cela ne fait que commencer...

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    1. Ah, ah, ah, les fantasmes (la montre ? Jamais vue, moi) et les menaces. De la part d'un anonyme qui n'a même pas les guts de signer sa mauvaise prose, je me marre.

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  4. Et c'est toi qui serais "méchant" ? Enfant de chœur, oui ;o) Les gens manquent d'imagination. Il est bien connu que les critiques qui viennent à Bordeaux repartent immanquablement avec une voiture de luxe de marque italienne. Voyons. Deux, même. Lire de telles choses m'en explique d'autres, à un niveau pluuuus...national.

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  5. Merci, CC. D'amers commentateurs aussi rustiques que prévisibles se rêvent soudain dans une dignité qui ne leur va pas du tout et m'accusent de tous les maux.
    On voit bien qu'ils n'ont pas lu cet affreux petit livre, ils seraient plus mesurés autrement.
    Ils ne le seront jamais, c'est le principe.
    En tous cas, merci de ce soutien.

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  6. ...et tu as commandé quoi pour ta venue aux primeurs ? Tu repars en Lamborghini ? :)

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  7. Non, le coffre est beaucoup trop petit pour y loger toutes les caisses de grands crus qu'on va me donner, tu sais. (Oui, tu sais).

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  8. Intéressant comme ce livre fait parler de lui. Mais le débat qu'il suscite est finalement assez fidèle à l'époque. Il y a les pour. Il y a les contre. On s'invective et on s'insulte. Et finalement de débat il n'y a pas.

    Car quoi que l'on pense du livre, évidemment incomplet et partisan, il a le mérite de soulever des questions intéressantes. On peut considérer qu'il vaudrait mieux ne pas les soulever. Ou ne pas apprécier la façon dont elles le sont, Isabelle Sapora se faisant plus procureur que questionneur. Mais ces questions ne sont pas inintéressantes pour autant.

    - Peut-on être juge et parti ? Dans une époque qui reproche quotidiennement à ses élites politiques le conflit d'intérêt et le mélange des genres, il serait curieux que certaines corporations fassent exception. Est-il judicieux que les gens intéressés par une procédure siègent aussi dans les instances chargées de la mettre en place et de l'instruire ? Comme si au tribunal on pouvait à la fois être prévenu, avocat, procureur et juge. Est-ce que ça ne pose pas au minimum des questions éthiques ? Car il est illusoire de penser qu'un homme qui concentrerait trop de pouvoirs, dans quel que domaine que ce soit, puisse longtemps se préserver de ses propres tentations et faire totalement abstraction de ses intérêts.

    - Qu'est qu'un grand cru ? Pour les Premiers Grands Crus Classés de Saint-Emilion la note de dégustation ne représente que 30% de l'appréciation (et 50% pour les GCC). On peut donc en déduire qu'une fois dans le club, si on investit suffisamment pour remplir les autres critères, la qualité du vin n'est plus qu'accessoire. Mais c'est quoi un grand cru ? Un vin supérieur aux autres ? Ou juste un vin produit par une personnalité ou une institutions suffisamment riche pour investir dans les à-côtés ? Alors, évidemment, quiconque critique ce choix est un rêveur hargneux qui hait les riches et romantise l'image du brave petit paysan. Reste que le brave petit paysan, même s'il produit le meilleur vin du monde, pourra regretter d'être sur une appellation qui ne valorise pas tant la qualité de son produit que les investissements qu'il a ou aurait du réaliser. Moi je trouve ce choix discutable, dans le sens "qui peut être discuté". Quand je bois du vin, ce qui m'intéresse ce sont les 75cl contenus dans la bouteille, pas de savoir si le domaine qui l'a produit, ou je ne mettrais sans doute jamais les pieds, a des poignées de porte en or...
    Finalement, à Saint-Emilion, on ne juge plus tant la qualité des vins que la qualité des domaines, avec des critères marketing (qualité de la marque, notoriété, réputation) et hôteliers (capacité d’accueil, installations). Pourquoi pas ! Mais est-ce le meilleur choix ? On devrait pouvoir poser la question calmement.

    Finalement, le tort de Melle Sapora est de n'apporter que des réponses négatives aux questions qu'elles soulèvent. Mais reproche-t-on à ceux qui ne voient que du positif leur partialité ? Et finalement, ce qui est le plus dommage, c'est cet antagonisme que le livre crée. Il faut prendre parti, et ne plus réfléchir. Choisi ton camp camarade, prend une arme et vient combattre. Le nouveau classement de Saint-Emilion ne doit pas être questionné, il doit être défendu ou combattu. Dommage ! L'époque est binaire et hostile, c'est comme ça...

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    1. Spectateur avisé12 mars 2014 à 10:17

      Votre billet est intéressant et tout à fait pertinent. Je partage votre regret face au progrès regrettables de la pensée binaire délibérément provocatrice, dont la Saporta a décidé de faire son fonds de commerce douteux.

      En revanche s'agissant du classement de St-Emilion je suis plus circonspect: il résulte d'un consensus visant à classer des marques commerciales, et est le fruit de longues arguties juridiques autant que techniques et commerciales. Plusieurs éléments me poussent à le trouver intelligent, quoique par nature, comme toute chose en ce bas-monde, perfectible. Voici des arguments que j'espère suffisamment développés pour ne pas demeurer dans le simplisme réducteur:

      1- C'est le seul classement de ce genre automatiquement remis en jeu tous les 10 ans, avec les possibilités de promotion comme de déclassement. Le genre de chose qui créé une émulation véritable qui se vérifie verre en main, millésime après millésime. La chose en soi est louable et salutaire.

      2. Il paraît logique et sensé de prendre en compte (même symboliquement étant donné le faible coefficient pondérateur accordé à ces critères) les aspects réceptifs, dans la mesure où les vignobles de St-Emilion reçoivent ensemble des centaines de milliers de visiteurs chaque année. On a beaucoup glosé sur le côté "parking" et "hôtesses" (en réalité personnes qui reçoivent les visiteurs, le physique ou la tenue n'ayant heureusement aucun impact, tandis que la pratique de langues étrangères et un point positif à cet égard), mais ce sont des facteurs qu'il ne me paraît pas incongru de prendre en compte quand il s'agit de classer des vignobles qui ont malgré tout une petite vocation touristique. Gardons à l'esprit que si ces éléments sont pris en compte, ils ne pèsent que symboliquement dans la note globale.

      3- Beaucoup s'indignent des coefficients données aux notes de dégustation. Moi pas. 30% de la note totale accordé à la dégustation pour les 1ers crus et 50% aux crus classés, ça n'a rien de choquant si l'on considère qu'il s'applique à un groupe déjà porteur en soi d'excellence. Nous sommes au sommet de l'appellation, et ne parlons que du premier décile de l'appellation. Il me paraît sage de pondérer à la baisse une note sanctionnant le résultat d'un groupe qui se démarque à ce point du reste de l'appellation sur le plan de la qualité.

      Selon ce que j'ai lu et compris à ce sujet, l'essentiel de la note permettant le maintien ou la promotion au sein de ce classement se fait en fonction du couple qualité des sols/qualité du vin dégusté sur 10 à 15 millésimes consécutifs/notoriété et prix (c'est à dire le positionnement validé par le marché international). Le reste ne compte pas pour grand chose et peut être vu comme une sorte de possibilité de rattrapage pour ceux qui ont failli de peu à satisfaire aux principaux critères.

      Les résultats de ce classement n'ont pas surpris grand monde, tant les gagnants étaient pronostiqués comme tels depuis des années pas nombre de journalistes, dégustateurs, consommateurs, distributeurs etc. Angélus et Pavie était même supposés accéder au rang suprême en 2006, tandis que Canon-La-Gaffelière ou Pavie-Macquin étaient attendu au rang de 1er "B" depuis 1996. Qui pourra décemment estimer par ailleurs que La Mondotte ou Valandraud n'étaient pas déjà supérieurs à la majorité des 1er B et que leur accession au nouveau rang qui est le leur est imméritée? Quant aux propriétés déclassées, il suffit de goûter leurs vins sur plusieurs millésimes récents pour comprendre qu'elles n'avaient plus leur place parmi l'élite de l'appellation. J'en suis navré pour leurs propriétaires, et espère qu'ils réagiront comme d'autres avant eux, en se remettant en cause et en travaillant d'arrache-pied. Ca a réussi à d'autres propriétés déclassées qui ont pu ainsi regagner leur rang et s'y maintenir.

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  9. Ce soir, un client m'a dit qu'il était finalement bien content que l'auteure ait oublié de revenir vers lui alors qu'elle avait prévu de passer du temps avec lui pendant les vinifications, soit disant pour "comprendre les choses de l'intérieur (sic)". Après avoir vu le résultat, il est soulagé d'avoir été épargné. C'est quand même dommage de préférer ne pas être un sujet pour un "journaliste", c'est quand même la preuve de sa médiocrité, non ? En général, quand je suis contacté pour un sujet (oui, bon, ça va, Nicolas ! J'ai fait ce que je pouvais, hein ? Et avec enthousiasme, en plus. Il y a des limites au-delà desquelles je ne peux m'aventurer... ;o), je fais mon possible pour y répondre. favorablement. Jdcjdr

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    1. Ah, ah, ah !
      Mais je comprends le soulagement de ton client. Il l'a échappé belle. Et, en plus, elle se déguise en martyre.
      Aïe, aïe, aïe.

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    2. L'auto-victimisation permet de s'attacher à moindre frais la sympathie des imbéciles.

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