Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



mercredi 8 février 2017

Le témoignage de Caroline Frey
sur l’affaire des ZNT

Pour faire une suite à mon post de dimanche sur l’abandon des zones de non-traitement (ZNT) à proximité des habitations, quelques vignerons m’ont adressé leur avis. Deux d’entre eux, en appellation saint-émilion et bordeaux-supérieur, s’apprêtent à faire la coûteuse acquisition de pulvérisateurs à panneaux récupérateurs, une technologie nouvelle, plutôt lente à les en croire et pas encore très au point. Un autre préconise l’obligation d’être en bio dans les zones concernées. Un autre encore se demande s’il faut arracher, je pense qu’il plaisante, mais ce n’est pas sûr. Enfin, Caroline Frey m’a adressé une copie du courrier qu’elle a envoyé aux instances et que je publie dans son intégralité. Bref, les vignerons responsables et conscients des enjeux de leur métier ne sont pas du tout d’accord pour jouer à ce mauvais jeu qu’on voudrait leur imposer. Au nom de quoi, d’ailleurs ?

La lettre de Caroline Frey :

À l’attention de Mr le Président de la CNAOC
Copie à : 
Syndicat Viticole de Meursault
Syndicat Viticole des Côtes du Rhône
Syndicat Viticole de Bordeaux
OBJET : Nouvel arrêté phyto


Monsieur le Président,
Une consultation publique est en ce moment ouverte dans le cadre du nouvel arrêté phyto. Le texte en cours d’écriture par les ministères de la santé, de l’environnement et de l’agriculture, prévoit l’abandon des Zones Non Traitées le long des habitations et des jardins.
La CNAOC, par l’intermédiaire des Syndicats Viticoles de Côtes du Rhône, de Bordeaux et de Meursault, nous a recommandé d’envoyer une lettre type qui approuve le retrait de ces Zones Non Traitées.
En voici un extrait :
« J’exprime ma satisfaction d’avoir vu retirer le projet d’instauration d’une zone de non traitement à proximité des lieux d’habitation par voie réglementaire qui n’aurait fait qu’exacerber les relations de voisinage. Les autorisations de mise en marché prennent en compte le risque riverain. Je respecte les conditions d’application prévue dans ces autorisations et je mets en oeuvre des bonnes pratiques. Je tiens compte des contraintes de voisinage comme celles relatives à l’environnement »
 

À l’heure où la toxicité de nombreux produits phytosanitaires comme les CMR, ayant pourtant reçu une autorisation de mise en marché, est scientifiquement démontrée, comment la CNAOC peut-elle prendre une position si tranchée en faveur de l’utilisation de ces traitements aux abords des habitations et des jardins ? Comment la CNAOC peut-elle aujourd’hui affirmer qu’utiliser ces produits selon les notices d’application suffit à éviter l’exposition des riverains à des molécules dangereuses pour la santé ?
Et quand bien même la CNAOC aurait des arguments pour défendre cette position, il est très étonnant d’orienter ainsi le choix des viticulteurs en leur recommandant une réponse unique.
Cultivant des vignes à proximité d’habitations, nous avons engagé des démarches de protection à leurs égards depuis plusieurs années. Par exemple : la viticulture biologique sur nos 3 vignobles, soit presque 300 ha, la mise en place de haies naturelles, la protection de la biodiversité. Je vous assure que les relations de voisinage n’en sont que meilleures.


Monsieur le Président, la viticulture n’a d’avenir que si elle prend en compte les enjeux de santé et d’environnement. L’abandon de la mise en place des ZNT aux abords des jardins et des habitations ne peut raisonnablement pas être une solution dont on doit se satisfaire sous prétexte que les produits phytosanitaires sont homologués et accompagnés de notice d’utilisation.
Écarter ainsi cette disposition sans même proposer de solutions alternatives de protection des riverains ne me semble pas en phase avec les enjeux de la filière.


Veuillez agréer, Monsieur le Président, mes salutations distinguées,


Caroline Frey 



Ci-dessous un fac-similé du courrier de Caroline Frey






On le voit, les questions sont multiples et primordiales et, jusqu’à présent, pas de réponse.

5 commentaires:

  1. Bravo à Caroline Frey pour cette transparence !

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  2. Personnellement je trouve le terme Zone de Non Traitement tout à fait inadapté.
    Nous n'avons pas besoin d'une alternative aussi binaire : oui ou non, mais d'une réglementation adaptée en fonction des circonstances locales et des types et modes de traitements.
    Et arrêtons un peu de faire peur au consommateur, le vin même non bio reste un des produits alimentaires les plus naturels et les plus purs.

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  3. Manifestement un sujet actuel et qui dépasse la seule France.
    Ce sera l'objet d'une table ronde au prochain VDEWS où les italiens, allemands et autrichiens prendront part et nous donneront l'état des lieux dans leurs pays respectifs.

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  4. Caroline Frey a le mérite de dire les choses ! c'est comme cela que les choses évolueront, même si la route est longue !

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