Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



lundi 3 février 2020

Michael Huang, d'après lui

Il a 47 ans. Il est Chinois, de Pékin. Il a acquis le Château Bonnange, à Blaye, pour sa retraite. Mais c'était un vignoble et la vigne n'attend pas. Que dit-il ? 


Le château Bonnange, à Blaye

« J'ai acheté ce château, il y a quatre ans. J'ai commencé à boire du vin vers l'âge de 30 ans. Ce qui me plaisait bien. Rien de comparable avec la passion qui m'anime maintenant. Au début, je venais un peu l'été, un peu l'hiver, en vacances. J'ai fini par comprendre qu'un vignoble exigeait un engagement énorme. Je me suis impliqué à la chinoise, c'est-à-dire à toute vitesse. Je voulais redresser ce vignoble en deux ans. Mais la vigne ne l'entend pas de cette oreille. C'est ce qui est beau. Mais ce n'est pas facile de devenir un propriétaire responsable. Michel Bettane m'avait prévenu. J'ai suivi le conseil »


« Je me suis mis à apprendre le vin en assistant à de multiples dégustations. J'ai commencé à définir mon goût, à comprendre des choses sur le vin. C'est long, c'est passionnant, c'est indispensable. Je commence à avoir une vision plus précise et du plaisir à faire le vin. Mes objectifs du début ont évolué. Avec Paul-Emmanuel Boulmé, notre maître de chai, nous expérimentons. Nous avons planté du pinot noir, pour voir. Nous cherchons à nous différencier, à apporter aux amateurs une expérience nouvelle. Et puis, il y a ici, à Bonnange, quelque chose d'un peu mystique qui me va bien, une qualité qui flotte dans l'air. Bien sûr, Blaye est une appellation sous-estimée, mais je vois son potentiel dans des vins d'artiste, pas des vins économiques. Dans cette esprit, je veux pousser le malbec, un cépage historique de la région. Et faire du rosé. On a commencé avec un vin nommé "rosé de province". C'était drôle, ce nom. Hélas, ça n'a pas plu du tout aux Provençaux et j'ai été obligé d'arrêter. L'humour, vous savez. »

Michael Huang

« Nos vins sont riches et puissants, concentrés et aromatiques. Ils sont bons tout de suite et pour longtemps. 20 ans, 30 ans, selon les millésimes. Tous nos vins, les malbecs comme les merlots, les blancs comme les rosés, ont une couleur soutenue. Ils ont une certaine consistance, cohérente avec le goût. Et quand nous aurons notre pinot noir, dans trois ans, il partagera le caractère de nos autres vins. À la différence des pinots noirs classiques. » 

« J'aime l'idée du contrepied. Je ne veux pas suivre une voie toute tracée, une mode, je veux faire des vins que j'ai envie de boire. Mais je ne suis pas vigneron, je suis un entrepreneur, je réfléchis beaucoup à l'avenir de mon entreprise. Même si j'aime beaucoup ce que monsieur Bonnange a fait ici, il faut mériter le lieu. L'argent ne suffit pas. »



« Nous avons décidé d'appeler cette cuvée Clos de Bonnange en discret hommage à Claude Bonnange, l'homme qui m'a vendu son château. Hélas, d'obscures raisons administratives m'ont contraint à abandonner ce nom. »

Le domaine s'appelait Clos des Roberts.
Claude Bonnange a préféré lui donner son nom. Ce qui peut se comprendre


Photos Mathieu Garçon


Cette chronique a été publiée dans EnMagnum #17 sous une forme différente.
Le numéro 18 est en vente chez votre marchand de journaux
jusqu'en mars.
Voilà la couverture de ce numéro 18, une vision
inattendue de la saison.

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