Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



samedi 7 mars 2015

Du Perrier dans mon sauternes. Pardon ?

Le drame de la communication, c’est qu’avec un accès internet n’importe qui vient polluer ta boîte mail avec la première idée stupide qui lui passe par la tête. C’est éprouvant.
La dernière « idée » qui a atterri sur mon écran, c’est le lancement d’une nouvelle manière de consommer du sauternes : mettre du Perrier dedans.

On le sait, le sauternes vit des années sombres. Ce vin d’or est mal compris (comme on dit dans les agences de pub) et se vend peu et pas cher. Ce vin si difficile à élaborer, ce miracle issu d’une nature fragile, ce bel ami voluptueux ne correspondrait plus aux canons du monde en marche. À cause du sucre pour l’essentiel. Cette société fainéante qui campe depuis si longtemps sur des positions obsolètes n’a toujours pas compris que les sauternes contemporains n’ont plus rien à voir avec leurs glorieux aînés. Que la tension, la fraîcheur, la palette aromatique ont pris largement le pas sur le caractère sucrailleux qu’un public sourcilleux refuse désormais (tout en faisant du burger le plat le plus consommé des Français avec la pizza, mais bon).

Je pense à tous ceux que j’aime dans ce vignoble extraordinaire. Tous ceux qui, à force d’investissements, de travail, d’abnégation, ont radicalement transformé leurs pratiques et leurs vins.
Je pense d’abord à Xavier Planty (Château Guiraud) qui a tant fait pour l’amélioration de la viticulture, à Denis Dubourdieu qui, depuis son château Doisy-Daëne, a réinventé la vinification de ces nectars prodigieux.
Je pense à ceux qui viennent d’investir lourdement à Sauternes (Magrez à Clos Haut-Peyraguey, Denz à Lafaurie-Peyraguey) avec des stratégies fines pour sortir ce vignoble de l’ornière.
Je pense à ceux qui bataillent pour conserver leurs propriétés familiales (Paul-Henry de Bournazel au Château de Malle, Bérénice Lurton à Climens, Alexandre de Lur-Saluces à Fargues).
Je pense à ceux dont l’exigence fait briller l’image du sauternes (Pierre Lurton à Yquem ou, à l’autre bout de l’éventail, à Alain Déjean et son merveilleux rousset-peyraguey). Et tous ceux qui portent d’un bout de l’année à l’autre la bonne parole aux quatre coins de la planète.
Je pense à ce boulot considérable et je me dis : « tout ça pour ça ».

En plus, une fois n’est pas coutume, je me sens soudain zadiste devant ces élus locaux et responsables territoriaux qui envisagent sans ciller de laisser le fragile écosystème se faire écrabouiller par une autoroute inutile.

Et, au bout des batailles, voilà une agence qui va vendre à des responsables éreintés par un marché revêche cette idée monstrueuse : mettre du Perrier dans mon sauternes.
Le grand vin de Bordeaux le plus raffiné, le plus compliqué, transformé en ingrédient de « mixologie » (encore un joli néologisme, tiens). Cette manière unique de toujours prendre le consommateur pour un demeuré.
Je suis sûr qu’en plus, il y en a pour trouver ça « festif ».


Pour se donner de la douceur, voici un gilette 75.
Désolé, je n'ai pas de Perrier à mettre dedans.
On n'est pas obligé de tomber dans tous les panneaux, non plus.



41 commentaires:

  1. Nicolas, Merci à vous d'être un rempart contre la barbarie et le manque de civilisation et de culture. Il est vrai que les vins de Sauternes et de Barsac souffrent alors que la qualité des vins est à des sommets et que les sous nécessaires pour générer et récolter la fameuse pourriture grise est importante. Les rendements les bonnes années sont entre 16 et 25 hl/ha contre une 55/65 pour des vins de Bordeaux classiques. Donc propriétaires cardiaques s'abstenir… Tout cela pour dire que ces vins sont de toute beauté et uniques. On me dit bonne cuisinière et je fais partie de ces gens qui achètent des vins de Sauternes et de Barsac. Je les bois souvent! Alors le dimanche matin quand je me mets en cuisine vers 11h00, j'ouvre une bouteille de Sauternes et les amis alléchés par les fumets rendent visite à la cuisinière, sont surpris de voir un tel flacon ouvert, se servent et adorent. Il faut servir ces vins avec du salé et non du sucré-salé qui alourdit tout (vous, le plat, le vin). D'où mon habitude servir des Sauternes de bout en bout au cours d'un repas; Aujourd'hui j'ai servi une soupe de potiron bien poivrée, un poulet bien grillé et des pommes sautées, une fourme d'Ambert et pas de dessert. Vive Yquem 1999 et Haut Péraguey 2005 qui m'ont permis de briller. Et vive les vins de Sauternes sans Perrier! Alexandra de Vazeilles

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    1. Vous êtes donc une bienfaitrice de l'humanité.
      Dieu vous ait en Sa sainte garde, chère amie.

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  2. Florence Cathiard9 mars 2015 à 12:39

    Ce n’est pas parce qu’on a une bonne plume qu’on peut se permettre de flinguer sans s’informer ni gouter. Bien sûr c’est apparemment iconoclaste de réunir dans un même verre une eau fortement pétillante et un assemblage de jeunes vignes de grands noms du Sauternais, mais c’est mûrement réfléchi, voulu, pensé, testé depuis juillet 2014. Certainement pas auprès des amateurs du Sauternes statutaire presque aussi mûrs que le noble botrytis et qui ne le dégustent plus qu’en de trop rares occasions mais auprès d’une population de trentenaires et de quadras jeunes et ouverts à la nouveauté, buveurs de cocktails et d’apéritifs conviviaux, auprès des sommeliers, barmen, bartenders, lady bartenders et mixologistes qui n’en peuvent plus de se voir refuser le précieux élixir en début ou en fin de repas.
    Ne faudrait-il pas s’inspirer des succès de nos voisins, tels que le Cognac qui parce que notamment servi sur glace a vu son avenir réassuré ? La créativité intelligente et respectueuse de l’appellation peut être une voix nouvelle vers la prospérité. Les adeptes du mode de consommation unique ne peuvent prétendre défendre l’appellation en lui niant cette voix au nom de canons nostalgiques de dégustation.
    Et rien de tout cela n’est vraiment révolutionnaire, nous ne faisons que réinventer intelligemment le passé puisqu’au 19ème siècle le Sauternes était déjà associé à l’eau...
    C’est ainsi qu’après avoir testé maints et maints assemblages, après avoir réuni une vraie communauté de jeunes aficionados, que l’assemblage final a été choisi : la fraîcheur et le fruit des jeunes vignes de Sauternes et la pétillance et la fine salinité de l’eau de Perrier.
    En clair, les avantages de ce nouveau cocktail apéritif sont multiples et servent le grand Sauternes, bien plus que l’acte barbare réprouvé par Alexandre de Lur-Saluces qui consiste à arracher des vignes de Sauternes ou à les reconvertir en Bordeaux banc sec sur un terroir plus ou moins adapté avec un cépage plus ou moins adapté et avec un prix de vente certainement pas adapté au prix de revient. Puis la chose est entendue bien au-delà des frontières de cette belle région : produire un vin exclusivement avec les jeunes vignes permet de conserver les vignes plus anciennes pour le grand vin et d’en accroître le potentiel.
    Nous ne savons pas si nous sommes barbares, mais l’exigence de notre époque 2.0 est de goûter avant de condamner. Nous vous attendons donc avec plaisir le 19 mars au Perchoir !
    A votre disposition cher Nicolas et à très vite.

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    1. Chère Florence,
      Je ne sais pas très bien si je suis aussi "mûr" que le noble botrytis, mais je vais poser la question autour de moi et je ne manquerais pas de vous tenir informée. Permettez-moi, toutefois, de douter que la rigueur et le respect de la belle œuvre soient l'apanage d'une classe d'âge.
      Pour ce qui me concerne, je bois du sauternes d'un bout à l'autre de l'année. Depuis sa création, ce blog est empli de commentaires à ce sujet dont je vous conseille la lecture. Vous y découvrirez quel ardent défenseur de l'appellation je suis et depuis longtemps.

      Je suis certain que les tenants de l'appellation ont multiplié les tests avant de s'engager sur une voie aussi iconoclaste, c'est-à-dire à la mode.
      Toutefois, je vois aux jeunes vignes d'autres destinations. Ce que font les châteaux Guiraud, Suduiraut ou Climens, par exemple et il y en a d'autres. Des deuxièmes vins, plus nerveux et aux vertus autrement pédagogiques, ce sont des sauternes qui font aimer le sauternes à ceux qui ne le connaissent pas.

      Je ne crois pas que l'exemple du cognac puisse s'appliquer au sauternes. Votre grand-mère et la mienne ajoutaient de l'eau (même en glaçon) pour casser la chaleur de l'alcool, on disait alors "fine à l'eau". C'est inutile avec un sauternesévidemment
      Je ne crois pas non plus que la référence au XIXe siècle soit valide. Une fine vinificatrice de l'appellation, notre amie Anne Le Naour à Rayne-Vigneau, a publié sur Facebook ce matin une recette où il est indiqué d'ajouter au sauternes une cuiller à café de sucre. Étonnant, non ? Disons que les sauternes du XIXe n'étaient pas les mêmes que ceux du XXIe.
      Enfin, puisque vous me le demandez au nom des exigences de l'époque, je vais goûter. J'ai un petit-guiraud au frais qui ne s'y attend sans doute pas, mais qui fera l'affaire, au moins pour un verre. Et je vais acheter du Perrier pour vous complaire.

      À très vite, chère Florence, pour la suite.

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    2. Ce qui me chagrine dans cette nouvelle idée qui pue le marketing de bas étage, c'est la "mimologie" imaginée entre une AOP et une vulgaire marque de flotte dans laquelle on a rajouté du gaz. Bon, pour ma part, je retourne à ma fine à l'eau...

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  3. Florence Cathiard9 mars 2015 à 16:22

    Cher Nicolas,
    S’il vous plait, n’incitez pas à faire des mix spontanés et pas forcément adaptés avec le Sauternes. Ce serait trop facile de démolir une initiative intéressante qui a au moins l’avantage de réunir des grands noms autour d’une appellation qui n’est pas sans difficultés, vous le savez mieux que personne.
    So n’est pas un Sauternes classique, c’est un assemblage de jeunes vignes qui a dûment été testé pour aller avec Perrier selon un dosage expliqué sur la contre-étiquette.
    Donc venez le 19 mars avec votre palais et votre plume, tous deux aiguisés.

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  4. Cher Nicolas, j'aime bien la réponse de Madame Cathiard, on se retrouve là bas le 19 ?

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    1. J'y serai, mais pas pour tenir une conférence de presse.

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    2. Merci pour cette article, très intéressant. Les commentaires de Florence Cathiard permettent de nuancer les propos et donnent un angle de perception différent.
      Tout d'abord surpris par cette initiative j'avais du mal à comprendre ce positionnement qui me paraissait saugrenu (malgré le fait qu'il semble que j'appartienne à la cible). Gustativement le mélange Perrier-Sauternes m'étonne (la faute a mes goûts "tradi").
      Mais d'un point de vue business et stratégie je comprends cette décision de vouloir créer un produit nouveau capable d'attirer de nouveaux consommateurs. Sauternes n'est pas dans les top charts des vins à la mode, donc les personnes au goût plus "tradi' et moi on continue à faire des maigres ventes, pas suffisantes pour que l'appellation fasse entendre sa voix. Je ne pense pas qu'il y ait un risque d'entacher l'image des grands sauternes, mais il se peut que la cassure entre les "grands sauternes" et les "sauternes à Perrier" se fassent d'une manière nette, entraînant aujourd'hui les vins "premium" (entre 15€ et 40€) à devoir choisir son camp. Or il est peu probable qu'ils atteignent le positionnement des ultra-premium, et la crainte est qu'ils se relocalisent dans le segment en dessous, entraînant une dévalorisation de leurs biens. Ce risque a peut-être été mesuré et en tant que fan de liquoreux, j'espère que l'impact sera faible.
      En tout cas cette histoire a éveillé mes papilles, faut que je descende dans la cave voir s'il me reste un grand blanc...

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  5. Vous avez créé un Sauternes pour servir de sirop au Perrier ? J'hallucine !
    Joséphine

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  6. le seul "grand nom" dans cette affaire est celui de Sauternes qui dispose encore de quelques protections juridiques vis à vis d'usurpateurs patentés

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    1. J'ai l'impression qu'il y a consensus sur cette affaire à Sauternes

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    2. vos impressions sont ce qu'elles sont. mais remplacez Sauternes par "vin blanc doux" et accolez y la marque Perrier ; on verra si le chiffre d'affaire est au rendez-vous. pendant qu'on y est, pourquoi ne pas imaginer de valoriser les pessac-léognan blancs en y adjoignant du Vichy ? Pessac-Léognan, quelqu'un connaît ?

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  7. À tous :
    un sauternes est un vin de Sauternes. Minuscule s'il s'agit du vin et majuscule s'il s'agit du lieu. Et, comme le disait aujourd'hui Vincent Pousson sur son blog, "si la typographie intéresse encore quelqu'un".
    Ce que j'espère, parce qu'on a pas trouvé mieux pour être précis.

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  8. Il y aura toujours des amateurs de sauternes pour ne pas donner d'importance à un tel assemblage comme il y aura toujours d'autres esprits pour lesquels il n'y a pas vraiment d'ukase en la matière et gageant que certains de ces derniers voudront probablement un jour connaître le sauternes pur.
    Où est le drame en la matière ?

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  9. Perrier, c'est fou ! Oui, ils sont devenus fous...

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  10. Peut-être qu'il y a bien un problème d'image concernant les sauternes.

    Mais c'est sûrement pas perrier qui va y remédier.

    Dommage de ne pas savoir se respecter et essayer de remonter la pente d'une manière plus élégante ... et logique...
    (m'enfin il parait que ce ne sont pas des paysans mais des businessmen en Bordelais. Cqfd. Je continuerai à boire autre chose).

    Michel

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    1. Vous devriez plutôt apporter votre pierre à l'édifice des grands sauternes et continuer à en boire.

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  11. La meilleure solution à la vente difficile du Sauternes actuel est bien de revenir aux pratiques du XIX siècle et la production de grands vins secs (qui seraient aisément les meilleurs et les plus originaux du bordelais) avec une tolérance de quelques grammes de sucre résiduel (disons 10 grammes) en raison du caractère spécifique et de la richesse en sucre des cépages locaux lorsqu'ils sont murs. Pour le moment ils n'on droit qu'à l'appellation Bordeaux alors qu'ils sont porteurs de toute la noblesse du terroir de l'appellation Sauternes (et Barsac évidemment). On aura du mal à le croire, les principales oppositions à la création d'une appellation Sauternes sec (ou plutôt un retour à de vieux usages), que quelques producteurs courageux revendiquent, se trouvent à l'intérieur même de l'appellation et au plus haut niveau.Et pour certains parmi les mêmes qui pleurent sur la crise actuelle ou sur le côté indécent de l'expérience sauternes-perrier qui ne fera de mal qu'à Perrier......Michel Bettane.

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    1. De 1936, date de création des premières AOC, jusqu'à 2009, année d'institution des ODG en lieu et place des syndicats viticoles, le critère de production d'un Sauternes s'établissait à l'équilibre minimal suivant: 13 degrés d'alcool potentiel naturel dont 12,5 degrés d'alcool acquis. Il a donc été possible pendant près de trois quarts de siècle de produire du Sauternes répondant au critère Michel Bettane appelle de ses voeux, soit un sauternes "sec" contenant 0,5 degré de sucres résiduels ou 8,5 grammes / litres. Depuis son immense expérience et culture gustative, Michel Bettane pourrait-il décrire le goût de tels vins, nous expliquer la cause de leur trop rare existence jusque-là ou ce qu'il en imagine ?

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  12. Lu sur le site de l'INAO, garant des AOP :

    "L'identité d'un produit AOC ou IGP repose sur un nom géographique dont le respect doit être assuré en France, en Europe et partout ailleurs à l'étranger.
    La protection du nom revient à protéger tout l'édifice des dénominations géographiques dont les composantes sont de nature tant sociale et culturelle qu'économique.
    Le droit des appellations d'origine est reconnu en tant qu'élément de la propriété intellectuelle au plan européen, au même titre que le droit des marques et brevets.

    Au plan mondial, cette protection se met en place, notamment dans le cadre des négociations OMC, (Organisation Mondiale du Commerce)
    L'accord créant l'OMC en 1995, est complété par 4 annexes dont l'une inclut l'Accord sur les Aspects des Droits de Propriétés Intellectuelles qui touchent au Commerce (ADPIC ou TRIPS)
    Cet accord introduit les indications géographiques, pour la première fois, à un échelon multilatéral aussi important. En liaison avec le ministère de l'agriculture, l'INAO se montre très attentif aux négociations menées au sein de l'ADPIC.
    Mettant à profit les progrès accomplis au plan européen et international en matière de droit des appellations d'origine, l'INAO poursuit son activité contentieuse à l'étranger avec le concours des postes diplomatiques français et de plusieurs dizaines d'avocats.
    L'INAO s'efforce d'exercer une vigilance constante sur tous les continents.
    Chaque pays possède en effet sa propre législation et, sauf conventions internationales prévoyant une protection dans les termes de la loi française, chaque dossier est traité en fonction du droit applicable aux appellations d'origine dans le pays concerné."

    Lu sur le site de jurisvin, la distinction entre marques domaniales vinicoles et marques commerciales :

    "Marques domaniales / marque commerciales
    Il existe en matière viticole une distinction entre la marque domaniale (ou « marque de château »), qui correspond
    au nom d’une exploitation viticole, et la marque commerciale, qui elle identifie un distributeur.
    La marque commerciale est régie par le droit commun des marques, tandis qu’on appliquera des règles spécifiques
    à la marque domaniale.
    La principale spécificité de la marque domaniale réside dans le fait qu’on ne peut la céder séparément de
    l’exploitation viticole qu’elle désigne, contrairement à la marque commerciale, qui elle, peut être cédée
    indépendamment de la propriété.
    La marque domaniale est donc indétachable de l’exploitation, ainsi qu’en avait jugé la Cour de Cassation dans un
    arrêt « Cassevert » (V. Cass. Com., 18 janvier 1955), considérant que le nom de l’exploitation viticole, porté à la
    matrice cadastrale, ne pouvait servir à désigner des vins autres que ceux en provenance de ce lieu. Plus
    récemment, la Cour de Cassation précise qu’une marque qui désigne un vin sous le nom d’une exploitation ne
    peut, sans tromperie, être déposée que par une personne qui garantit la récolte et la vinification en ce lieu (V.
    Cass. Com., 30 mai 2007)."

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    1. Ma lecture de ces textes, surement naïve, me laisse penser que l'usage du nom de Sauternes et même celui de tel ou tel domaine ou château pour désigner cette boisson est totalement abusif.

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    2. J'ai sans doute été un peu elliptique. Il ne s'agit pas d'une boisson et pas plus d'un premix.
      Il s'agit d'une recette (50 % eau pétillante et 50 % de sauternes) qu'on peut réaliser soi-même et qui n'existe pas en bouteille, canette, etc.

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    3. Ce n'est bien évidemment pas une boisson, c'est une "sublimation" dont on peut se demander dans quelle "collection" elle s'inscrira ... http://www.perrier.com/fr/mixologybyperrier.html

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    4. Il n'y a pas de quoi en faire un drame, en effet.
      Tous les grands groupes de distribution de vins, spiritueux et bières prennent position sur le marché de la "mixologie".
      Notamment le groupe Castel si l'on se réfère à un article publié par Bettane et Desseauve ; on peut parfaitement faire la promotion de vins aromatisés et celle de crus classés en 1855 sur de "nobles" appellation (ici Margaux) :
      Castel en Allemagne

      Par A. Couture | le 12 mars 2015 | 0 commentaire Actu+ News
      Capture d’écran 2015-03-12 à 17.17.05
      C’est avec des nouveautés et une présentation de sa stratégie sur les marchés européens à fort potentiel que l’entreprise Castel sera présente au salon Prowein de Düsseldorf qui se tiendra du 15 au 17 mars. Dès dimanche, le stand Castel (Hall 11 Allée E) s’animera sur le thème de la mixologie autour de la nouvelle marque de vins aromatisés « VeRy Fizz’ » lancée début 2015 en même temps que trois vins effervescents Famille Castel, exemple typique du genre d’offres très ciblées avec lesquelles Castel aborde ses marchés à l’international, et notamment l’Europe qui représente 65 % de son activité export.

      Assurer « une qualité vitivinicole à la portée de tous » en mettant les consommateurs au cœur de son développement, cela restera la stratégie de l’entreprise en 2015 et pour les années à venir. En association avec Wine Intelligence, Castel a en effet lancé des « études-portraits en Allemagne, aux Pays-Bas, en Angleterre, aux Etats-Unis, en Chine, au Japon et en Russie » dont l’objectif est de mieux cerner chacun de ces pays, leurs tendances et leurs habitudes de consommation, afin de leur proposer « des réponses adaptées quels que soient les profils des consommateurs, du néophyte au plus expert, avec un plan d’action pays sur 3 à 5 ans. »

      Si les marques de négoce, notamment Famille Castel, tiennent une grande place dans cette conquête, les vingt propriétés appartenant à la famille Castel* (Châteaux & Domaines Castel) et ses douze grands crus partenaires font également partie de la politique de développement de la maison pour 2015. Celle-ci sera d’ailleurs initiée en Allemagne, pays où Castel « bénéficie d’une commercialisation historique depuis 1954 » et réalise aujourd’hui 5 % de ses activités export. Issus de quatre grandes régions productrices de France, les vins des Châteaux & Domaines Castel y satisfont plusieurs profils consommateurs, dont les « adventurous connoisseurs » (Etude Wine Intelligence).

      Considérés comme de fins connaisseurs, ces derniers consomment du vin trois
      à cinq fois par semaine et se tournent plus facilement vers des vins moyen et haut de gamme. En Allemagne, ces amateurs représentent « 43 % de la valeur du marché et 29 % des volumes vendus. » Lundi, sur le salon Prowein, des masterclass seront consacrées à Château Haut-Coulon et Château Tour Prignac (présentation du millésime 2014) ainsi qu’au grand cru classé Château Marquis de Terme, en présence de Ludovic David, son directeur général.
      Plus de renseignements ici.

      *Elles couvrent plus de 1 400 hectares de vignes en France en viticulture raisonnée dont 70 % certifiées TerraVitis, auxquels s’ajoutent 1 900 hectares de vignobles en Afrique.


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  13. Quelques internautes s'émeuvent que je ne publie pas tous les commentaires.
    Ben non.
    Je ne publie ni les grossièretés qui heurtent ma sensibilité ni les attaques ad hominem dont la chiennerie le disputent à la bêtise.
    C'est clair ?
    Vous vous croyez où, les gars ou les filles, les anonymes quoi ? Dans un blog de gauche ?

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  14. :-)

    Et Michel aurait pu ajouter que lors de l'obtention de l'AOC autant que je sache, les zeus de l'époque aurait pu obtenir un "retrait" avec des rouges, ce qu'ils ont refusé.

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    1. De Chine, ça devait pas être si facile, François !
      Plus sérieusement, oui.
      ;-)

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  15. Réponses
    1. T'es bien le seul à revenir cooriger une faute d'orthographe !
      Félicitations, cela dit.

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  16. Dans les jours qui viennent, les quelques 160 producteurs de Sauternes, qu'il s'agissent de crus classés en 1855 ou de crus artisans, qui vendent leur récolte en primeur ou en vrac, vont présenter à leurs acheteurs le millésime 2014. A votre avis, quel signal représente le lancement concomitant (le 19 mars ?) de ce produit par trois "opérateurs" de l'appellation qui tentent de s'en approprier la notoriété pour écouler leurs surplus ? Une aubaine ?

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  17. @ calin & hobbes :
    qu'il s'agisse ; celui d'une aubaine

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  18. Bon, on tient les 157 (160-3) royalistes de France, abeilles (impériales ?) qui s'appliquent à la tâche pour satisfaire les fantasmes d'on-ne-sait-plus-trop-qui : '"In most of Sauternes they are still royalists."'

    Smith Haut Lafitte and Perrier Sex Up Sauternes
    The château already has a spa, so can it give Sauternes a makeover?© Château Smith Haut Lafitte | The château already has a spa, so can it give Sauternes a makeover?
    Bordeaux producer aims to revive the famous sweet wines by dressing them up for a night on the town.
    By Adam Lechmere | Posted Thursday, 12-Mar-2015
    Château Smith Haut Lafitte has teamed up with bottled water company Perrier to release an "aperitif" Sauternes destined for the trendiest bars of Paris.

    Smith's owners Florence and Daniel Cathiard bought Château Bastor Lamontagne in Sauternes last year and – together with a group of as-yet-unnamed first growths of the region have made SO Sauternes, a light white designed to be mixed with Perrier.

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    It's a way, Florence Cathiard told Wine Searcher, of "bringing Sauternes to younger people". SO Sauternes will be launched in ultra-trendy bars like the rooftop Le Perchoir in the 11th arrondissment.

    "The kind of cocktail bars and nightclubs that I am talking about will never have seen a bottle of Sauternes," she said.

    SO Sauternes – of which 10,000 bottles have been made, sealed with screwcap – is 100-percent Sémillon from younger vines at a number of châteaux in Sauternes. "They are first growths," Cathiard confirmed, "but we are not announcing which ones yet."

    The decision to make an aperitif wine from Bordeaux's revered yet unprofitable sweet wine appellation is controversial, she admitted. "In most of Sauternes they are still royalists."

    But, she said, Sauternes is simply "not making any money", and this was a far better way of connecting with a young audience and keeping faith with Sauternes. Making dry wine – as many of her neighbors do, including Sauternes first growth Château d'Yquem and Domaine de Chevalier, which makes wines in Sauternes – is not staying true to the terroir, she suggested.

    Perrier is an integral part of the deal, Cathiard said, paying "at least half" of the advertising costs of the new venture.

    Smith Haut Lafitte is not the first producer in the sweet wine appellation to try to connect with a hip, younger audience. In recent years, wineries including grand cru property Château d'Arche and Château Saint-Marc packaged their wines in 100ml test tube-like containers and aimed the product at nightclubs and fashion parties.

    French consumption of Sauternes fell from 83,536 hectoliters in 1999-2000, to 54,477hl in 2008-09. The appellation's vineyard area has fallen from 4139 hectares (10,230 acres) to 3773 ha in the same period. The average consumer is more than 60 years old, according to CIVB research.

    Et pour écouler quoi ? 10000 (1/2?) bouteilles ?

    http://www.thecoolector.com/wp-content/uploads/2013/07/CalvinHobbes.gif

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  19. L'agence de communication qui lance ce produit semble toute acquise au groupe Nestlé : http://www.lebureaudecom.fr/references-presse.php ; si comme le dit Madame Cathiard "Perrier [marque du groupe Nestlé-pour ceux qui n'ouvriraient pas le lien] is paying "at least half" of the advertising costs of the new venture", on ne peut que souhaiter que "the other half, at last", ne soit pas à la charge des vignerons de Sauternes... (Les paradis artificiels sont en accès libres de droits)

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  20. En suivant l'idée de Florence Cathiard, je pense mettre un peu d'eau gazeuse dans mon Smith Haut Lafitte .... Ca va faire jeune cadre dynamique :)

    Mme Cathiard, concernant le cognac vous faites erreur, ce n'est pas le cocktail qui a sauvé cette appellation mais simplement les rappeurs américains.

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  21. Contribution au débat...
    1) Mixologie n'est point un néologisme. Ce terme existe depuis la fin du 19eme siecle.
    Il est revenu à la mode au cours de cette décennie. Il est plutôt utilisé par le presse (qui l'utilise en général à mauvais escient croyant que c'est un terme moderne).
    2) Le cocktail Sauternes + Perrier. N'a rien d'une grande nouveauté.
    C'est une légère adaptation du très classique Spritzer (vin blanc + eau gazeuse). Le Spritzer est un cocktail très ancien et qui était consommé en Autriche, Italie, Allemagne et USA. Il est actuellement toujours largement consommé en Allemagne.
    3) L'Usage du Sauternes en cocktail, bien qu'aujourd'hui entré en désuétude, n'a également pas grand chose de nouveau.
    Les anciens ouvrages de cocktails contenaient déja des recettes de cocktails au Sauternes. C'est nottament le cas du plus ancien, publié par le barman Jerry Thomas en 1862.
    4) Au 19ème siècle le vignoble bordelais avait une véritable tradition de produire du vin destiné à être consommé en cocktail.
    Le Sauterne était certes utilisé dans quelques cocktails mais ce n'était pas le principal. On retrouve surtout énormément de cocktails à base de "Clarets" (= vins de bordeaux) dans les anciens ouvrages de cocktails.
    5) Enfin...après ces quatre premiers points uniquements factuels : une opinion personnelle.
    Vous avez bien compris que je ne partage nullement l'indignation ici générale, comme quoi il serait un sacrilège de mélanger le vin avec de l'eau (ou tout autre ingrédient).
    C'est un peu comme si on disait à un cuisinier que sa viande ou son poisson est excellent et qu'il ne devrait donc point la cuisiner car ce serait la gâcher.
    Le métier de barman consister à marier les ingrédients, à les accorder, pour créer de nouvelles saveurs. Tout exactement comme le font les cuisiniers.
    D'ailleurs tout comme les cuisiniers, les mariages et accords peuvent être réussis ou pas. Mais là n'est pas la question.
    Ce rejet absolu, cette manière de considérer comme hérétique le fait de mélanger du vin, sous entend que celui-ci ne s'accorderait avec rien.
    Soit... c'est peut être vrai. Et vous avez peut être raison.
    Mais dans ce cas pourquoi personne de dirige ses fourches vers ceux qui font celà à longueur de journée ?
    Vous rendez vous compte ? Certains accompagnent vins et fromages, d'autres dégustent un grand cru avec un volaille en sauce, j'en ai même vu un qui suggérait que les arômes du vins s'accordaient avec les fruits de mers...
    Ce n'est pas scandaleux ça ? CQFD

    Guillaume FERRONI

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    1. De ce point de vue, on connait le cheminement naturel et l'aboutissement ultime de ce que beaucoup font sinon à longueur de journée, disons régulièrement.

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    2. "...Et rien de tout cela n’est vraiment révolutionnaire, nous ne faisons que réinventer intelligemment le passé puisqu’au 19ème siècle le Sauternes était déjà associé à l’eau... ..."

      "...L'Usage du Sauternes en cocktail, bien qu'aujourd'hui entré en désuétude, n'a également pas grand chose de nouveau.
      Les anciens ouvrages de cocktails contenaient déja des recettes de cocktails au Sauternes. C'est nottament le cas du plus ancien, publié par le barman Jerry Thomas en 1862. ..."



      Pour parler cash : à raisonnement de merde , goût de chiotte. On refait pas l'histoire.

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    3. Difficultés techniques avec ce courrier (qu'est-ce qu'un nom d'hôte ?). J'utilise à contrecœur l'appellation "anonyme". Alain Leygnier. alain.leygnier@wanadoo.fr
      Quelqu'un a-t-il goûté cette boisson ? Moi, oui. Voici, toute immodestie bue, la conclusion d'un texte que j'ai consacré à cette histoire, dans levindesautres.com.
      "L’idée (le mélange Perrier/Sauternes) révulse nombre d’ amateurs de vin. Mais la réclame et le marketing commandent. On (les nouveaux propriétaires de Bastor-Lamontagne) mobilise donc le monde pittoresque des sommelières et sommeliers, des « bartenders » (barmen), des « mixologues » (spécialistes des cocktails et du shaker). Objectif : faire du sauternes à bulles une puissante arme de reconquête de la clientèle. En bouche, SoSauternes, ça ressemble à quoi ? Ça sent les fruits blancs et les zestes d’agrumes, c’est léger, dilué, frais, légèrement pétillant, agréable, mais anodin. Ça ne ressemble à rien. Fusil d’assaut ou pistolet à eau ?
      Alain Leygnier.

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