Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



vendredi 10 mai 2013

Robert Parker à la retraite ? Mais non



L’estimé Bob a lancé une sorte de grande enquête sous forme de provocations tweetées (il adore tweeter) et publiées sur le forum du Wine Advocate. Histoire de rappeler à chacun qu’il est là et bien là. Je publie en anglais, parce que bon, mes lecteurs sont des gens de qualité. Toutefois, j’ai traduit deux mots, l’un plus argotique ; l’autre, technique. Certaines des dix avancées ci-dessous relèvent du marché en général, d’autres sont plus des avis personnels, tout ceci est très américain. Allons-y.

« What does everyone think about today's wine market? A few of my thoughts follow: 

1. For wines in excess of $25, it remains sluggish. (sluggish : mou)

2. The proliferation of very good wine values from many places, but primarily, South America, Spain, southern France, southern Italy, eastern Europe (look-out for Bulgaria), southern Australia, South Africa has been gaining more and more traction. 

3. The power involving the sale and distribution of wine remains in the wine trade, especially the wholesalers who continue to have excessive influence over our legislators. (wholesalers : grossistes) 

4. Wines ratings and scores still matter as much as ever, but only from a few select sources as the ocean of numbers, etc. has caused a tone deafness from consumers as well as ratings' fatigue. 

5. Bordeaux futures, and so-called pre-arrival sales/prices are largely moribund until the next great vintage and even that seems like a "non-event" given the world economy in 2013. 

6. The cellaring of wine for long-term enjoyment, aging, appreciation and speculation is an endangered species as taste is changing favoring efficiency, fruity, front-end loaded wines with immediate appeal as well as accessible, easy-going styles. 

7. The jihadist movements of non-sulphured wines, green, under-ripe wines, low alcohol, insipid stuff promoted by the anti-pleasure police and neo-anti-alcohol proponents has run its course as another extreme and useless movement few care about. 

8. The continued centralization of wine power in the hands of a few is more dangerous now than ever.

9. Wine, fine and fragile wine, is still abused in shipping, storage and the distribution centers as the large multi-state enterprises rarely can justify the extra cost of refrigerated warehouses and delivery trucks. 

10. The younger generations are moving toward craft beers, boutique alcohols, and concluding wine is not worth the learning curve and cost that is required to appreciate it. 

OK.....there are some controversial observations that I would love to hear feedback about....thanks in advance... » 

Vous avez toujours le droit de commenter, évidemment. 


20 commentaires:

  1. S'en suivent des pages et des pages de commentaires vraiment intéressants. Comme quoi, les bouées qu'il lance ainsi de temps en temps sont porteuses d'idées que devraient consulter tout producteur exportant ou voulant exporter aux USA.

    Mais combien sont-ils, à Bordeaux, à fréquenter le site de Parker ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, combien ?
      Je ne sais pas, mais convenons qu'il y a des choses dans cette déclaration que nous ne prendrons pas pour argent comptant.
      En tous cas, merci François de m'avoir transmis ce texte.

      Supprimer
  2. Sûr : notamment sa vision des jeunes et le vin.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Notamment. Et nous vérifions un peu plus chaque année au Grand Tasting combien la classe d'âge 25-35 ans est branchée intelligemment sur le vin. Prétendre le contraire est un vieux cliché catastrophiste à la sauce "paresse intellectuelle".

      Supprimer
  3. Bon alors déjà, merci pour "Je publie en anglais, parce que bon, mes lecteurs sont des gens de qualité." : ça fait bien plèze. <3 rien que ça.

    Ensuite, évidemment, je ne peux pas te laisser dire ça mon Bobinours: "The jihadist movements of non-sulphured wines, green, under-ripe wines, low alcohol, insipid stuff promoted by the anti-pleasure police and neo-anti-alcohol proponents has run its course as another extreme and useless movement few care about."
    Tant d’agressivité! Tu m'as l'air bien sûr de toi en plus et tu nous jettes ces mots lourds que tu balances telle une grenouille dont on vient d'arracher les pattes arrières mais qui est encore bien vivante, dans une mare d'information que tu as en partie aidé à creuser. Non mais WTF quoi.

    BonVivant sait que je ne suis pas une puriste, mais là je ne comprends vraiment pas l'intérêt de Bobby le Redneck de la Côte Est de taper aussi gratuitement sur ce groupuscule de gens qui en effet n'influent pas vraiment sur le marché, euhm, disons, traditionnel.
    Et quand bien même, je trouve un peu tristounet de refuser à tel point une remise en question.
    Car, ne pourrions-nous pas également évoquer une Gestapo du vin chimique? Je sais pas moi, je demande.
    Non?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hey Jude, il n'y a pas de vin "chimique". Tous les vignerons que nous pratiquons travaillent le plus propre possible en fonction de sa région climatologique et de ses contraintes perso.
      En revanche, il y a des expériences de vinif qui feraient bien de ne pas sortir du labo. Je n'hésite pas dans leurs cas à parler de tromperie à l'égard du consommateur.
      Et quand on voit ce que nous ont légué les années "productivistes" (60 et 70) et comment sont certains vins de l'époque qu'on peut boire avec une grande émotion aujourd'hui, on se dit que tout ceci n'est pas très grave. Ces vins produits à 100 hl/ha et à force de pesticides en tous genres font des bouteilles magiques 40 ans après.

      Supprimer
    2. I know, je suis d'accord avec toi, obvi.
      Sauf que quand même il y en a qui ne jurent que par le phyto, et que ce n'est pas joli-joli.
      En ce qui concerne le consommateur, nous sommes nombreux à consommer de la même façon que "nos" vigneron(ne)s produisent: de façon intelligente si possible avec discernement. Toutefois, tu ne peux nier que l'extrémisme existe d'un côté comme de l'autre. Donc, si on dit ts-ts-ts à ceux qui laissent leur vigne dépérir par manque de soins ou font du vin piqué (ah la nouvelle mode de la volatile!!), on doit en faire de même à ceux qui assassinent la terre par trop-plein de soins. Que leurs vins soient exquis après 40 piges ou non.
      Disclaimer: Bien évidemment je ne sais pas de quoi je parle, je suis assise derrière un PC dans un arrondissement du Nord de Paris. Je n'ai jamais eu à m'occuper d'une vigne, ni à faire du vin.

      Pour ce qui est de l'émotion, je n'ai pas encore eu la chance d'être exposée à des Bdx de plus de 15 ans... Je ne peux donc pas m'exprimer à ce sujet. Mon palais est quasi-vierge de ce côté-là. Aussi, j'ai dégusté avec grand intérêt aux Primeurs de cette année. Mais il me faudra y revenir un certain nombre de fois avant de pouvoir réellement développer un avis. Pour l'instant, j'essaie d'apprendre.

      Supprimer
  4. Croyez bien, Madame Judith, que Parker a gentiment reçu une lancée de bois vert sur son site Squires au sujet de ces affirmations intempestives. Votre courroux est d'une délicatesse exquises à côté de ce qui lui a été dit vertement !

    Comme quoi, de l'autre côté de l'atlantique, il y a des raisonnables aussi :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce n'est pas vraiment un courroux, plutôt une incompréhension face à cette réaction que je trouve vraiment très excessive lorsque l'on compare le poids (pun not intended) du Bob et celui des vignerons nudistes. Mais merci pour l'exquis. Suis preneuse.

      Supprimer
    2. François, tu as raison, Jude est exquise ;-)
      Les vins qu'elle défend à cette occasion, un peu moins…

      Supprimer
  5. Une analyse de marché avec 0 chiffres, 0 justification … soit. Pour l'exercice intellectuel on peut s'amuser à remplacer chaque affirmation par son contraire. Est-ce que ça sonnerait beaucoup plus faux pour autant ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. ok, cher inutile, si je vous dis que le marché des vins naturels représente moins de 2% du marché de vins français, vous êtes content?
      Par ailleurs, je n'ai nullement présenté mon commentaire comme une analyse de marché, en revanche, je trouve votre réaction (pardonnez-moi) bien creuse.

      Supprimer
    2. Ce n'est pas une analyse de marché, c'est un lancer de débats. Parker parle pas en l'air, en général. Il a d'autres défauts, mais pas celui-là.

      Supprimer
    3. Que je sois bien claire, BonVivant, je ne voulais lancer aucun débat. Vous savez autant que moi que le débat pro et anti SO2 commence à être poussiéreux.
      C'est justement parce que je ne pense pas que RP parle en l'air (ce n'est pas moi qui ai écrit, "ta gueule, Robert, ta gueule") que j'ai été vraiment étonnée de voir ce point dans la liste. J'ai trouvé ça étrange car je pensais qu'il aurait d'autres chats à fouetter.
      Bref, apparemment je me suis très mal exprimée. Vous ne m'y reprendrez plus.

      Supprimer
    4. Je parlais surtout du point de vue du public, il a sans doute des raisons d'affirmer tout cela, mais moi comment je fais la différence entre : «Les jeunes préfèrent la bière artisanale» et «Les jeunes sont à fond de le vin naturel de bobo/hipster» ?
      C'est pas le tout de dire des choses justes, encore faut-il que l'auditoire puisse savoir que ça l'est… mais bon.

      Supprimer
    5. @Jude, lance tous les débats que tu veux, c'est très bien de le faire et on ne le fera jamais assez.

      @inutileparmmm, Parker parle de deux tendances parallèles. Le vin, c'est comme la mode, de multiples tendances cohabitent. Dans les deux cas qui nous occupent, il s'agit aussi de postures à caractère idéologiques

      Supprimer
    6. OK BonVivant, alors je tiens à lancer un débat sur la chaussette:

      Dépareillée ou assortie?

      Supprimer
  6. Le tweet sur les vins à 25 euros et plus me fait un peu sourire. C'est lui qui a lancé la course et l'entretien aux coûts de production illimités afin d'obtenir des notes au delà de 95, seules garante du fait que ces vins se vendent. De coup, les CC ont fait des investissements colossaux (cuves, matos, etc) et les frais d'exploitation ne le sont pas moins. Le tout sur des vignobles dont le prix ne cesse de flamber. Sur ces terroirs là, des vins à moins de 25 euros prix public n'ont aucun sens et, de plus, sont impossible à produire bons chaque année. Les producteurs sont piégés... Et c'est lui qui a organisé le piège, sans doute sans volonté de nuire. Amusant

    RépondreSupprimer