Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



samedi 9 août 2025

Mes magnums (234) Un vin avec une histoire unique, c'est rare

 

 


 

 

Château de Parnay, La Coulée du Méridien, saumur-champigny 2017

 

Pourquoi lui

C’est la propriété historique d’Antoine Cristal, l’inventeur génial du Clos d’Entre-les-murs, aujourd’hui géré par d’autres. Ce Clos a fait la gloire de ce monsieur Cristal dans les années 1890. L’idée était de monter des murs sur une parcelle, autant de murs que de rangs de vignes, de manière à ce que les pieds de vignes poussent à l’ombre quand le feuillage et les grappes s’épanouissent au soleil. Il n’y a pas d’autres exemples de cette technique. Unique, donc. Nous l’avons bien connu en rouge, c’est aujourd’hui un blanc de chenin.

 

Avec qui, avec quoi

La Coulée du Méridien est une cuvée de cabernet franc mené en biodynamie, un vin solide et droit comme la Loire sait les élaborer. Un vin de belle table, un vin de viandes grillées. Et expliquez l’histoire du Clos à vos convives, vous allez les épater pour longtemps. Le vin est une culture, des gens, des histoires merveilleuses.

 

Combien et combien

180 euros le magnum.
100 magnums.

 

Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve
Du raffinement et un fruit délicat pour ce cabernet droit et précis. Sa structure tannique profite d’une belle maturité et affiche de la gourmandise en finale.
93




La photo est signée Charlotte Enfer.
Ce sujet a été publié sous une forme différente dans
EnMagnum39.

Le numéro 40, dix ans déjà, est en vente chez votre marchand de journaux. 
Voilà à quoi il ressemble :




lundi 4 août 2025

Rosé comme été (ma sélection)

 

L’été en remet une couche. C’est le moment de tout dire sur mes rosés de l’année.

Trois vins tranquilles dans une gamme colorielle croissante, du plus pâle au plus dark. Et un champagne.

 

 

Le plus tendre, c’est le rosé du Clos du Caillou, fin producteur de splendides châteauneuf-du-pape. Un vin épatant, à l’image du reste de la production maison, la bouteille de 75 cl est trop petite, il faut le magnum.

 

Un poil plus dense en couleur, voilà le rosé Rosumarinu du domaine Sant Armettu à Sartène, Corse. Lui, cest un vin joyeux, joli fruit, de la complexité assez, bonne longueur. On peut aussi sintéresser aux deux autres rosés de sant Armettu, Mino (entrée de gamme) et Myrtus (haut de gamme).

 

Enfin, tout sévère dans son rose profond, sombre, très claret, c’est Lezèr, un vin du Trentin Haut-Adige dans le nord de l’Italie, à la frontière autrichienne, une merveille produite par la star des Dolomites, Elisabetta Foradori. C’est le plus nouveau pour moi. Je connais cette étiquette depuis longtemps, jamais trouvé à Paris, jamais bu auparavant, il a fallu que je me téléporte chez un traiteur italien d’une zone commerciale de Vannes pour voir cette bouteille trôner dans les étagères. 22 euros, mettez m’en six. C’est un vin sans excès d’alcool, d’une couleur enthousiasmante, un vin profond, aromatique, d’une présence étonnante, il m’a fait penser à quelques grands clairets de bordeaux, à l’époque où on en produisait encore. En tous cas, mon préféré et gros carton chez les zamis du quartier, tous tombés dingues avec le commentaire obligé : « C’est de la grenadine pour adultes ». Pas tout à fait, mais bon.



Le quatrième vin est un effervescent, un champagne rosé haut de gamme dans toutes les acceptions du terme, c’est la Cuvée Autolyse Rosée de Le Brun de Neuville, la coop créative du Sézannais.

 

Et il y a les autres, ceux que j’aime toujours, que j’aime encore :

-       Le rosé de Marcel Richaud à Cairanne, si j'en trouve,

-       Le Fontenille rosé, un vin du Lubéron,

-       La cuvée La Chapelle du château Sainte-Roseline en Provence,

-       La cuvée Grand Deffand, lubéron 2017, du château La Verrerie,

-       Les Amandiers de Stéphane Usseglio, 

        L’un ou l’autre des rosés de Peyrassol, toujours avec plaisir,

        Le champagne rosé brut nature de Drappier,

-      D’autres encore, mais peu.

mardi 29 juillet 2025

Caroline Frey se retire dans ses montagnes

  

 

Caroline Frey jette l’éponge. Elle quitte les domaines familiaux à effet immédiat. Elle en était l’œnologue depuis 2004.

Pour quelles raisons ? Je n’en sais rien, aucune importance et ça ne regarde qu’elle.
Nous garderons le souvenir d’une personne très concentrée sur la qualité de ses vins, éloignée des joutes du mondovino, droite comme un i. Et capable de mener avec la même aisance trois grands domaines. Château La Lagune, cru classé en haut-médoc ; Paul Jaboulet Aîné, grande maison du Rhône ; La Chapelle, hermitage ; Château Corton C. en Bourgogne.
On attend dans des délais rapprochés la nomination de l’œnologue qui lui succèdera.
Elle a choisi de se concentrer sur son domaine personnel dans les montagnes du Valais (voir ici clic).

Le communiqué de Caroline :

« Avec beaucoup d’émotion une page de ma vie se tourne. Merci à tous ceux qui m’ont accompagnée ces vingt dernières années. Chaque millésime de La Lagune, La Chapelle, Jaboulet et Corton est une immense fierté et porte haut les couleurs de chaque terroir.
Mon histoire avec chacun de ces vins se prolongera maintenant avec vous, lorsque vous ouvrirez ces bouteilles. Je ne peux que souhaiter que chacune vous apporte toute l’émotion et le bonheur que j’ai eu à les élaborer avec mes équipes.
La suite s’écrira dans le même esprit, portée avec la même exigence par mon père et ma sœur Delphine.
Ils annonceront prochainement la personne qui reprendra la direction de la viticulture et de l’œnologie – une relève pensée dans un véritable esprit de continuité, respectueuse de tout ce qui a été bâti, et tournée vers l’avenir.

De mon côté, comme beaucoup d’entre vous s’en doutent déjà, c’est en Suisse que je vais continuer ma passion avec un nouveau projet, dans les vignes plus que jamais. »

C’est peu de dire que je regrette sa décision. Cette belle personne nous manquera.



Photo Mathieu Garçon

Pour lire tout ce que j'ai pu écrire sur Caroline et ses vins, tapez son nom dans la barre de recherche, en haut à droite de cette page et cliquez.



dimanche 20 juillet 2025

Je n’oublierai jamais Gérard Perse

 



 

Le brillant propriétaire des châteaux Pavie et Monbousquet, crus classés de Saint-Émilion, est mort après des années et des années de lutte contre la maladie. 

Sa disparition me touche profondément. J’avais pour cet homme le plus grand des respects. Il était un spécialiste confirmé du succès. Dans une première vie, d’abord, avec son extraordinaire réussite dans la grande distribution. Dans le vin ensuite, avec la reprise de Monbousquet en 1993, puis plus tard avec Pavie, récemment classé A. Prouvant deux fois que faire des grands vins est affaire de travail et d’implication, deux qualités qu’il avait chevillées au cœur. 

Fort de cette nouvelle réussite, il avait entrepris de rendre à Saint-Émilion ses lettres de noblesse. Il a sorti du sommeil un hôtel de luxe puis, par son intervention bienvenue, sauvé de la faillite un restaurant à la mode. Tout ce qu’il touchait se transformait sans délai en autant de succès éclatants.

Gérard Perse, lirremplaçable, manquera à Saint-Émilion et au mondovino.

À Chantal, sa femme, son infatigable complice, à sa fille Angélique qui prend sa suite et à Henrique, son gendre que tout le monde aime, je présente mes condoléances très émues.

 

 

En savoir plus sur Gérard Perse clic

La photo est signée Mathieu Garçon

 

mardi 15 juillet 2025

Mes magnums (233)
La pointe du Pic, mais en magnum

 


 

Domaine d’Aigues Belles, L’Épique, pic saint-loup 2022

 

Pourquoi lui
Vingt hectares dans le Gard menés de la belle manière par Gilles Palatan, un vigneron aussi discret qu’il est sympathique. Sa production a le don de déclencher des cris de joie chez les dégustateurs de Bettane+Desseauve. Notamment cette cuvée L’Épique (on est au Pic Saint-Loup), assemblage classique de syrah et de mourvèdre, dont nos dégustateurs disent qu’elle donne le la aux productions locales. C’est un beau compliment pour ce domaine qui nous arrive de la deuxième moitié du XIXe siècle.

 

Avec qui, avec quoi

D’abord, ne pas croire que ce vin est juste un languedoc de plus et composer sa table avec des curieux, des amateurs, des amoureux des « autres » vins. Ensuite, préparer une gastronomie en rapport, quelque chose d’aussi puissant que fin. Enfin, se réjouir que des vins de ce (petit) prix se retrouvent à pareille fête. 

 

Combien et combien

44 euros.

600 magnums.

 

Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve
Assemblage à base de syrah et de mourvèdre pour un pic saint-loup de référence, racé et fin.
94

 

 

La belle photo est signée Charlotte Enfer.
Ce sujet a été publié sous une forme différente dans
EnMagnum39.

Le numéro 40 est en vente chez votre marchand de journaux.
Voici à quoi il ressemble :



jeudi 3 juillet 2025

Mes magnums (232)
Ce magnum, ce vin déjà, est une légende de la belle Provence

 


Château Revelette, Le Grand Rouge, IGP méditerranée 2020

 

Pourquoi lui

Porté par un propriétaire visionnaire et ultra-sympathique, ce château Revelette est devenu une légende de Provence. Un domaine que chacun considère d’un œil gourmand en se demandant comment ce Peter Fischer, un Allemand posé là depuis 1985, a pu connaître pareille réussite. Le Provençal sait être jaloux, parfois. C’est comme ça, certains ont plus de talent que d’autres. Toujours est-il que Revelette se classe parmi les domaines majeurs de la Provence avec Trévallon, Hauvette, Vignelaure et les grands de Bandol et de Bellet.

 

Avec qui, avec quoi

Le Grand Rouge est un assemblage cabernet-sauvignon et syrah, classique de la région quand elle regarde le vaste monde qui en fait autant ; le tout amusé de grenache, de carignan et d’une pointe de pinot noir, histoire d’être complet. Autant dire que c’est un jus ambitieux (complexe) et qui tient ses promesses. Réunissez les plus intransigeants de vos amis, les vrais amateurs, ceux à qui on ne la fait pas. Pas d’urgence, cela dit. La patience, etc.

 

Combien et combien

 75 euros.

 600 magnums.

 

Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve

La famille Fischer a tout compris sur ce millésime 2020 avec ce rouge de grande allonge, tendre dans son tannin et magnifiquement suave. Formidable finale épicée. 96

 


La belle photo est signée Charlotte Enfer.
Ce sujet a été publié sous une forme différente dans EnMagnum39.

mardi 24 juin 2025

Caroline Frey en grande taille dans le Valais

Japprends, au détour d'une conversation sur Facebook, que Caroline Frey vient dacquérir un joli domaine dans le Valais, celui de Benoît Dorsaz, bio-dynamiste convaincu et pratiquant depuis des années.
Bien que je ne dispose d
aucune information, je pense que cette acquisition est une initiative personnelle de Caroline et pas un investissement de la famille Frey.
J
ai trouvé confirmation de cette histoire sur le site de monsieur Dorsaz, un communiqué en allemand et pas en français lors même que ce site est intégralement francophone. Bon, rien de grave.
Ceci contredit aussi une vague rumeur qui court et qui donnerait Caroline en rupture totale de vigne, de vins, de vinif, etc. En fait, la passion est toujours plus forte.
Cela dit, je ne sais pas quand cette acquisition a eu lieu.

Ci-dessous, le communiqué en allemand. Vous avez sûrement une appli de traduction ou une épouse polyglotte.

Liebe Kunden und Freunde

Für uns geht ein Kapitel zu Ende, das Abenteuer auf unserem Weingut geht jedoch weiter.

Im Alter von fast 60 Jahren haben wir uns auf die Suche nach einem Nachfolger gemacht, der unseren Rebberg und unser Weingut übernimmt.

Heute teilen wir euch mit grosser Freude mit, dass Caroline Frey unser Weingut übernehmen wird.

Caroline ist erfahrene Önologin und erfüllt alle unsere Kriterien: Sie hat das gleiche Interesse an präzisen Weinen, das gleiche Engagement für den biodynamischen Weinbau und die gleiche Leidenschaft für Petite Arvine.

Die Übergabe läuft ab diesem Frühjahr reibungslos. Unsere Mitarbeiter bleiben an Bord, wir begleiten den Übergang und sind je nach Bedarf weiterhin auf dem Weingut aktiv.

Ein Teil der Weine wird noch in diesem Jahr unter unserem Label verkauft. Die Liste findet ihr im Anhang.

Caroline Frey wird die Weine dann unter ihrem eigenen Namen vermarkten. Wir halten euch im Herbst auf dem Laufenden. Unsere Weine leben durch Caroline weiter und wir bitten euch, sie zu unterstützen.

 

Sur ce même site, jai trouvé cette jolie photo. Tout sexplique.



 

lundi 16 juin 2025

La mort brutale de Frédéric Panaïotis

 


 

Mon cher Frédéric, brillant chef de caves des champagnes Ruinart, s’est noyé ce dimanche au cours d’une plongée en apnée, quelque part en Belgique. Grand sportif de lextrême et adepte des défis les plus fous, la mort ne lui a pas laissé une seconde chance. Il avait 60 ans.
J’aimais beaucoup ce garçon assez fantasque qui avait su mener Ruinart au sommet de la célébrité, il en avait fait une marque à la mode, une championne des classements en tous genres. De nos nombreux échanges, il reste sur ce blog la transcription d’une interview qu’il m’avait accordée quand il a annoncé ne pas millésimer sa cuvée-phare Dom Ruinart en 2008 (clic). À contresens de toute la Champagne, dans un pas de côté qui était bien dans sa manière. Il jugeait simplement que malgré la qualité reconnue du millésime, ses chardonnays n
étaient pas au niveau de sa grande cuvée.

Frédéric manquera à tous ceux qui l’ont aimé. Il manquera à Ruinart, déjà.

Et ce soir en discret hommage à ce garçon volontiers rieur, nous ouvrirons un précieux flacon de dom-ruinart dans un millésime amorti.

 

 

La photo est évidemment signée Mathieu Garçon
Bien sûr, et comme souvent c'est Sophie Claeys qui a sorti l'info la première.

samedi 14 juin 2025

Mes magnums (231)
Un vin parfait avec un barbecue puissant (vachement transgressif, non ?)


 

Château de la Gardine, Cuvée des Générations Gaston Philippe,
châteauneuf-du-pape 2022

 

Pourquoi lui

En soi, la forme étrange et historique de la bouteille mérite toutes les curiosités. Ce flacon fait vite penser à celui de Klein Constantia, ce fameux vin de Constance qui nous vient de la région de Cap en Afrique du Sud. C’est un assemblage par tiers grenache, syrah, mourvèdre, classique de Châteauneuf-du-Pape. Nous sommes là devant un vin puissant, un vrai châteauneuf qui exige un peu de temps pour s’affiner.

 

Avec qui, avec quoi

Pour un vin de tradition, évitez les convives « je sais tout », ils vous gâcheraient la fête avec leurs envies d’infusions, de mono-cépage voire peut-être de vin nature. Posez ce vin sur une gastronomie de la même eau, du goûteux, du mijoté, du plat de ménage ou même un beau barbecue comme on les aime. Ou comme on les aimait. Au fond, vous êtes un résistant.

 

Combien et combien

161 euros le magnum.
320
magnums.

 

Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve
Beaucoup d’équilibre pour cette cuvée spéciale d’une grande profondeur et aux notes de fruits noirs très mûrs. On aime cette pointe épicée en finale, la qualité de l’élevage et son grand potentiel.
95


La photo est signée Charlotte Enfer
Ce sujet a été publié sous une forme différente dans EnMagnum39

samedi 7 juin 2025

Mes magnums (230)
Les Masques et la Sainte-Victoire.
Déjà, on en rêve

 


Domaine des Masques, Exception (syrah) 2021, IGP Méditerannée

 

 

Pourquoi lui

Ici, on est à la fois au creux des plus anciens vignobles et au pied de la Montagne Sainte-Victoire, sur un plateau d’altitude, au milieu de nulle part, presque un désert et, pourtant, au cœur de la Provence la plus désirable. Le Domaine des Masques a survécu par la grâce d’un couple tombé amoureux de ce lieu fort à la beauté sublime. Les vins sont, pour l’essentiel, l’œuvre de Yannick Burles, un vigneron dont la famille est là depuis des générations. La direction choisie est le tout parcellaire, à la vigne comme au chai.

 

Avec qui, avec quoi

Cette cuvée sobrement baptisée Exception est issue d’une paire de vignes de syrah menées en bio, comme le reste des vingt hectares du domaine. Un vin complexe et droit, un vin du Sud sans exagération solaire, un vin qui sait préserver une belle fraîcheur, un vin qui exige toutefois un peu de patience, mère de tous les plaisirs.

 

Combien et combien

 39 euros le magnum.

 204 magnums.

 

Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve

Une syrah marquée par une belle fraîcheur, sans excès de richesse, savoureuse et puissante en bouche. La finale tonique redonne de l’énergie à l’ensemble.
94



La photo est signée Charlotte Enfer
Ce sujet a été publié sous une forme différente dans EnMagnum39

lundi 2 juin 2025

Mes magnums (229) Irancy, ça se confirme

 

Maison de La Chapelle, Les Beaux Monts, irancy 2022

 

Pourquoi lui

Après une grosse carrière « grands groupes » (M.Chapoutier, puis Laroche@Advini), Grégory Viennois et sa femme Delphine ont créé un petit domaine au pied du grand amphithéâtre de vignes d’Irancy, l’appellation « rouge » de Chablis. Et comme Grégory est un fin talent, le succès s’est dépêché d’accourir. Et d’y revenir puisque le vin est bon. Il embouteille quatre cuvées de pinot noir, une d’aligoté et un chablis. Et pour encombrer un peu plus son agenda, ce Bourguignon est aussi consultant. Quand la passion est épaulée par une grande expérience, c’est mieux.

Avec qui, avec quoi

Avec moi, déjà. J’en ai acheté quelques cols dont je me régale doucement, histoire de laisser au vin le temps de se faire. Si vous préférez vos amis à vous, faites étalage de vos connaissances, parlez du pinot noir assemblé à du césar, un cépage fragile grandi à l’ombre du précédent. Beaucoup n’assemble pas les deux. Et Grégory ? Non plus, il préfère travailler les finesses du pinot noir en solo.

 

Combien et combien

 68,60 euros.

 20 magnums.

 

Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve

Beaucoup de matière et de densité, tannin gras, supplément de chair
et corps bien équilibré dans ce millésime où le raisin était parfaitement mûr.

93

 

 

La photo est signée Charlotte Enfer
Ce sujet a été publié sous une forme différente dans EnMagnum39,
encore en vente chez votre marchand de journaux jusqu'au 7 juin.

lundi 26 mai 2025

Mes magnums (228) La Provence d'un grand de Bordeaux (et du fromage)

 

Château La Mascaronne, côtes-de-provence 2019





Pourquoi lui

Après une vie réussie dans l’industrie agro-alimentaire, Michel Reybier a cédé à ses passions, le vin, le grand vin. Il a commencé par acquérir l’admirable Cos d’Estournel à Saint-Estèphe. Le voilà en Provence. Un cirque de vignes en restanques (terrasses), une bastide sublime bordée par l’antique via romana, un partenariat avec Tony Parker, le basketteur, pour une notoriété accélérée, une exigence qualitative frénétique dans les trois couleurs, des résultats. Ce magnum de rouge, déjà. Qui nous a épaté.

 

Avec qui, avec quoi

Cet assemblage très classique en Provence (syrah, cabernet sauvignon) révèlera son à-propos avec un plat de gibier, par exemple. Du goût et de la puissance pour faire pièce aux mêmes qualités de ce vin, le bonheur est à portée de main. Et surtout, ne confondez pas La Mascaronne avec le mascarpone. On est en Provence, pas en Lombardie.

 

Combien et combien

63,80 euros le magnum.

960 magnums.


Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve
Fruité noir puissant (balsamique, sauce soja, réglisse). La bouche développe le même registre aromatique, en puissance, avec encore une certaine fermeté dans le tannin qui réclame un peu d’aération avant le service.
91/100


vendredi 23 mai 2025

Mes magnums (227)
Un plein magnum de célébrités

 

Château d’Estoublon, baux-de-provence 2019

 


Pourquoi lui
Estoublon, grand domaine viti-oléicole à Fontvieille, a fait des progrès considérables depuis la reprise par Stéphane Courbit et ses associés, Nicolas Sarkozy et Carla Bruni, puis, il y a peu, Jean-Guillaume Prats, grand homme du vin dont la famille s’est séparée du célèbre Cos d’Estournel à Saint-Estèphe. Nouvelles cuvées, créativité, précision, moyens, production limitée sur 18 hectares de vignes seulement, tout est en place pour faire bien et ce magnum de rouge en est l’un des plus vibrants (et des plus récents) témoignages.

Avec qui, avec quoi
L’évidence impose une gastronomie provençale. C’est un peu court. Moi, j’éviterais de corrompre la palette aromatique de cet assemblage classique (syrah, mourvèdre, cabernet sauvignon) avec de l’ail qui ne peut lui faire que du mal. Une belle côte de bœuf dans sa simplicité puissante fera l’affaire.

Combien et combien
70, 50 euros le magnum.
1 190 magnums.

Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve
Large fruit, intense au nez, puissant en bouche, notes d’herbes de Provence, on aime son toucher de bouche, à la fois ferme et soyeux en milieu de bouche. Finale pleine de nuances.
93/100

 

Ce sujet a été publié dans EnMagnum #35

lundi 19 mai 2025

La boîte à superlatifs est ouverte 👏👏👏

 

 

S’il m’arrive d’être enthousiaste à propos de tel ou tel vin, très peu me conduisent à ouvrir la boîte à superlatifs. Qu’on ne confondra pas aveec ces mauvais communiqués de presse qui brandissent l’exagération faute d’avoir des idées ou même des choses à dire pour de vrai.
Moi, ce sont les pinots noirs de la maison Valentin Zusslin en Alsace que je tiens pour les meilleurs de l’appellation (et pas seulement). Et là, j’ouvre la boîte.
J’ai très vite compris que Marie Zusslin et Jean-Paul (son frère) étaient des sorciers et déjà, des gens faciles, de ceux qui portent leur talent avec la grâce de l’évidence. Du trio terroir – cépage – climat (la zone la plus sèche de France), ils produisent le mieux. La première cuvée rencontrée était Ophrys, des vignes de pied de coteau dont les jus sont passés sur les presses des grands pinots qui font leurs autres cuvées de la colline du Bollenberg, Neuberg et Luft. Ceci relevé d’une pointe de pinot gris (ou blanc, je ne sais plus). J’ai compris à quel point Jean-Paul Zusslin est, à mes yeux, le créatif le plus doué de sa génération. Et cette cuvée sublime est juste l’entrée de gamme du domaine. Alors, vite, on va voir les autres.
Celle de la photo est le parcellaire Neuberg dans le millésime 2016, un vin limpide, profond. Une fois de plus, je suis tombé de ma chaise devant une telle exécution dans un univers pourtant très disputé, le pinot noir de grand terroir. Chez Zusslin, une simple bouteille de 75 cl est désespérante, il faut le magnum, il le faut. Ce vin vaut mieux que la plupart des bourgognes, même de belle origine et notoriété. Mieux que la plupart des pinots noirs de la Loire et, pourtant, il y en a de très grands. Évidemment, les pinots noirs exotiques de l’Oregon ou de New-Z s’alignent dans le sillage. Voilà.

Depuis, j’empile les bouteilles vidées avec mes amis et avec une belle constance. Et infiniment de plaisirs renouvelés sans jamais la moindre déception. Très peu de vins me laissent cette sensation. Et l’enthousiasme, c’est mieux quand il est mérité. Cest aussi de la gourmandise, je le confesse.
 

👏👏👏


Pour en savoir plus sur Jean-Paul et Marie Zusslin, clic

 

 

lundi 12 mai 2025

La boîte à gifles est ouverte

 

Chaque petit bout de génération y va de son détournement sémantique. On avait commencé avec « nature » (importants, les guillemets) pour désigner des vins sans soufre ajouté. Ajouté parce que le vin contient naturellement des sulfites. Une volonté de la jouer non-interventionniste pour dire, au moins, la pureté de l’âme du vigneron que l’on ne confondra pas avec la pureté de son pinard, souvent déviant. Son absence de pureté veux-je dire. Et puis, le mot « nature » a commencé à lasser le consommateur (on ne peut pas parler d’amateur). De bouteilles daubées en bouteilles pourries, le marché s’épuisait.

Pour remédier au désastre, on a inventé le mot « vivant ». Comme si c’était plus avenant ou plus tentateur. Là, quelques grandes voix se sont élevées pour dire que les vins sulfités, même légèrement, n’étaient pas des vins morts pour autant. À peine sorti, le mot « vivant » avait du plomb dans l’aile. On appela alors à la rescousse le mot « libre » en se disant qu’on allait voir ce qu’on allait voir. J’ai découvert ça sur une carte des vins d’un restaurant en pleine éclosion. J’ai ri, évidemment. L’inflation des superlatifs me fait toujours marrer. Me fait toujours penser à ces « vignerons authentiques qui font des vins sincères » (à moins que ce soit le contraire), cette supercherie. Ces détournements sont sans objet et très exagérés. Nature, comme si les autres étaient chimiques. Vivants, comme si les autres étaient morts. Libres maintenant, comme si les autres étaient prisonniers ou, au moins, contraints.

Quel est le prochain hold-up sémantique auquel nous allons assister ? L’égalité ou la fraternité ? Foutaises.

Tout cela dit, j’ai pleine conscience qu’il existe de grands faiseurs de très bons vins nature, euh… non, vivants. Non, libres. Bref, sans soufre ajouté. On les connaît, il paraît même qu’ils gagnent une cote d’enfer sur le marché secondaire des ventes aux enchères. Très bien, que les bons continuent et que la toute petite foule des malhabiles change de métier. On peut aussi en vouloir un peu à cette jeune troupe de sommeliers qui entretiennent cette fausse mode, cette tendance irrépressible à projeter dans le vin leur idéologie, mais baste.

 

Voilà le vin qualifié de "libre"
sur la carte dudit restaurant


Et sur la contre-étiquette, l'aveu qui tue :
"Canon avec une pointe de gaz"
😂



Soyons honnête. Je me moque de l'habillage de ce beaujolais, du discours de rebelle en carton, mais ce n'était pas un mauvais vin. C'était même très buvable. Je l'ai bu sans déplaisir, donc.

 

lundi 5 mai 2025

Mes magnums (226). La Coste est un vaste musée d’art contemporain à ciel ouvert. Et le vin ?

 

Château La Coste, Grand vin,
coteaux-d’aix-en-provence 2019


Pourquoi lui
Depuis le temps que chacun s’émerveille sur la collection d’art contemporain du propriétaire de La Coste disposée dans le parc du château, c’était le moment d’aller voir un peu si le vin est bon. Il l’est. Ce qui explique sa présence dans nos colonnes.
Un assemblage provençal (syrah, grenache, cabernet-sauvignon) issu d’un domaine qui coche toutes les cases.
Agro-écologie, certifications en bio (2008) et biodynamie (2022), pastoralisme, travail au cheval, il ne manque rien à la panoplie de la bien-pensance viticole moderne. Que le vin soit bon semble donc normal.

Avec qui, avec quoi
Au domaine, il y a cinq restaurants, dont un gastronomique signé Hélène Darroze. On peut penser que les finesses du vin s’accordent bien à une assiette raffinée. Prévoir des convives du même tonneau.

Combien et combien
80,45 euros le magnum.
Nombre de magnums non communiqué.

Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve
Parfums de fruits noirs mûrs et frais, senteurs de tapenade et d’écorce de pin.
Bouche droite où les tannins encore jeunes laissent place à une belle longueur, dans un registre minéral qui épaule la puissance naturelle du millésime.
92