Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



lundi 26 mai 2025

Mes magnums (228) La Provence d'un grand de Bordeaux (et du fromage)

 

Château La Mascaronne, côtes-de-provence 2019





Pourquoi lui

Après une vie réussie dans l’industrie agro-alimentaire, Michel Reybier a cédé à ses passions, le vin, le grand vin. Il a commencé par acquérir l’admirable Cos d’Estournel à Saint-Estèphe. Le voilà en Provence. Un cirque de vignes en restanques (terrasses), une bastide sublime bordée par l’antique via romana, un partenariat avec Tony Parker, le basketteur, pour une notoriété accélérée, une exigence qualitative frénétique dans les trois couleurs, des résultats. Ce magnum de rouge, déjà. Qui nous a épaté.

 

Avec qui, avec quoi

Cet assemblage très classique en Provence (syrah, cabernet sauvignon) révèlera son à-propos avec un plat de gibier, par exemple. Du goût et de la puissance pour faire pièce aux mêmes qualités de ce vin, le bonheur est à portée de main. Et surtout, ne confondez pas La Mascaronne avec le mascarpone. On est en Provence, pas en Lombardie.

 

Combien et combien

63,80 euros le magnum.

960 magnums.


Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve
Fruité noir puissant (balsamique, sauce soja, réglisse). La bouche développe le même registre aromatique, en puissance, avec encore une certaine fermeté dans le tannin qui réclame un peu d’aération avant le service.
91/100


vendredi 23 mai 2025

Mes magnums (227)
Un plein magnum de célébrités

 

Château d’Estoublon, baux-de-provence 2019

 


Pourquoi lui
Estoublon, grand domaine viti-oléicole à Fontvieille, a fait des progrès considérables depuis la reprise par Stéphane Courbit et ses associés, Nicolas Sarkozy et Carla Bruni, puis, il y a peu, Jean-Guillaume Prats, grand homme du vin dont la famille s’est séparée du célèbre Cos d’Estournel à Saint-Estèphe. Nouvelles cuvées, créativité, précision, moyens, production limitée sur 18 hectares de vignes seulement, tout est en place pour faire bien et ce magnum de rouge en est l’un des plus vibrants (et des plus récents) témoignages.

Avec qui, avec quoi
L’évidence impose une gastronomie provençale. C’est un peu court. Moi, j’éviterais de corrompre la palette aromatique de cet assemblage classique (syrah, mourvèdre, cabernet sauvignon) avec de l’ail qui ne peut lui faire que du mal. Une belle côte de bœuf dans sa simplicité puissante fera l’affaire.

Combien et combien
70, 50 euros le magnum.
1 190 magnums.

Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve
Large fruit, intense au nez, puissant en bouche, notes d’herbes de Provence, on aime son toucher de bouche, à la fois ferme et soyeux en milieu de bouche. Finale pleine de nuances.
93/100

 

Ce sujet a été publié dans EnMagnum #35

lundi 19 mai 2025

La boîte à superlatifs est ouverte 👏👏👏

 

 

S’il m’arrive d’être enthousiaste à propos de tel ou tel vin, très peu me conduisent à ouvrir la boîte à superlatifs. Qu’on ne confondra pas aveec ces mauvais communiqués de presse qui brandissent l’exagération faute d’avoir des idées ou même des choses à dire pour de vrai.
Moi, ce sont les pinots noirs de la maison Valentin Zusslin en Alsace que je tiens pour les meilleurs de l’appellation (et pas seulement). Et là, j’ouvre la boîte.
J’ai très vite compris que Marie Zusslin et Jean-Paul (son frère) étaient des sorciers et déjà, des gens faciles, de ceux qui portent leur talent avec la grâce de l’évidence. Du trio terroir – cépage – climat (la zone la plus sèche de France), ils produisent le mieux. La première cuvée rencontrée était Ophrys, des vignes de pied de coteau dont les jus sont passés sur les presses des grands pinots qui font leurs autres cuvées de la colline du Bollenberg, Neuberg et Luft. Ceci relevé d’une pointe de pinot gris (ou blanc, je ne sais plus). J’ai compris à quel point Jean-Paul Zusslin est, à mes yeux, le créatif le plus doué de sa génération. Et cette cuvée sublime est juste l’entrée de gamme du domaine. Alors, vite, on va voir les autres.
Celle de la photo est le parcellaire Neuberg dans le millésime 2016, un vin limpide, profond. Une fois de plus, je suis tombé de ma chaise devant une telle exécution dans un univers pourtant très disputé, le pinot noir de grand terroir. Chez Zusslin, une simple bouteille de 75 cl est désespérante, il faut le magnum, il le faut. Ce vin vaut mieux que la plupart des bourgognes, même de belle origine et notoriété. Mieux que la plupart des pinots noirs de la Loire et, pourtant, il y en a de très grands. Évidemment, les pinots noirs exotiques de l’Oregon ou de New-Z s’alignent dans le sillage. Voilà.

Depuis, j’empile les bouteilles vidées avec mes amis et avec une belle constance. Et infiniment de plaisirs renouvelés sans jamais la moindre déception. Très peu de vins me laissent cette sensation. Et l’enthousiasme, c’est mieux quand il est mérité. Cest aussi de la gourmandise, je le confesse.
 

👏👏👏


Pour en savoir plus sur Jean-Paul et Marie Zusslin, clic

 

 

lundi 12 mai 2025

La boîte à gifles est ouverte

 

Chaque petit bout de génération y va de son détournement sémantique. On avait commencé avec « nature » (importants, les guillemets) pour désigner des vins sans soufre ajouté. Ajouté parce que le vin contient naturellement des sulfites. Une volonté de la jouer non-interventionniste pour dire, au moins, la pureté de l’âme du vigneron que l’on ne confondra pas avec la pureté de son pinard, souvent déviant. Son absence de pureté veux-je dire. Et puis, le mot « nature » a commencé à lasser le consommateur (on ne peut pas parler d’amateur). De bouteilles daubées en bouteilles pourries, le marché s’épuisait.

Pour remédier au désastre, on a inventé le mot « vivant ». Comme si c’était plus avenant ou plus tentateur. Là, quelques grandes voix se sont élevées pour dire que les vins sulfités, même légèrement, n’étaient pas des vins morts pour autant. À peine sorti, le mot « vivant » avait du plomb dans l’aile. On appela alors à la rescousse le mot « libre » en se disant qu’on allait voir ce qu’on allait voir. J’ai découvert ça sur une carte des vins d’un restaurant en pleine éclosion. J’ai ri, évidemment. L’inflation des superlatifs me fait toujours marrer. Me fait toujours penser à ces « vignerons authentiques qui font des vins sincères » (à moins que ce soit le contraire), cette supercherie. Ces détournements sont sans objet et très exagérés. Nature, comme si les autres étaient chimiques. Vivants, comme si les autres étaient morts. Libres maintenant, comme si les autres étaient prisonniers ou, au moins, contraints.

Quel est le prochain hold-up sémantique auquel nous allons assister ? L’égalité ou la fraternité ? Foutaises.

Tout cela dit, j’ai pleine conscience qu’il existe de grands faiseurs de très bons vins nature, euh… non, vivants. Non, libres. Bref, sans soufre ajouté. On les connaît, il paraît même qu’ils gagnent une cote d’enfer sur le marché secondaire des ventes aux enchères. Très bien, que les bons continuent et que la toute petite foule des malhabiles change de métier. On peut aussi en vouloir un peu à cette jeune troupe de sommeliers qui entretiennent cette fausse mode, cette tendance irrépressible à projeter dans le vin leur idéologie, mais baste.

 

Voilà le vin qualifié de "libre"
sur la carte dudit restaurant


Et sur la contre-étiquette, l'aveu qui tue :
"Canon avec une pointe de gaz"
😂



Soyons honnête. Je me moque de l'habillage de ce beaujolais, du discours de rebelle en carton, mais ce n'était pas un mauvais vin. C'était même très buvable. Je l'ai bu sans déplaisir, donc.

 

lundi 5 mai 2025

Mes magnums (226). La Coste est un vaste musée d’art contemporain à ciel ouvert. Et le vin ?

 

Château La Coste, Grand vin,
coteaux-d’aix-en-provence 2019


Pourquoi lui
Depuis le temps que chacun s’émerveille sur la collection d’art contemporain du propriétaire de La Coste disposée dans le parc du château, c’était le moment d’aller voir un peu si le vin est bon. Il l’est. Ce qui explique sa présence dans nos colonnes.
Un assemblage provençal (syrah, grenache, cabernet-sauvignon) issu d’un domaine qui coche toutes les cases.
Agro-écologie, certifications en bio (2008) et biodynamie (2022), pastoralisme, travail au cheval, il ne manque rien à la panoplie de la bien-pensance viticole moderne. Que le vin soit bon semble donc normal.

Avec qui, avec quoi
Au domaine, il y a cinq restaurants, dont un gastronomique signé Hélène Darroze. On peut penser que les finesses du vin s’accordent bien à une assiette raffinée. Prévoir des convives du même tonneau.

Combien et combien
80,45 euros le magnum.
Nombre de magnums non communiqué.

Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve
Parfums de fruits noirs mûrs et frais, senteurs de tapenade et d’écorce de pin.
Bouche droite où les tannins encore jeunes laissent place à une belle longueur, dans un registre minéral qui épaule la puissance naturelle du millésime.
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