dimanche 23 décembre 2012

Un grand vin est né



C’est un garçon que j’avais connu il y a longtemps et que j’ai retrouvé hier soir avec le plus grand plaisir. À ses multiples talents, il a ajouté vigneron. Oh, il est très modeste sur le sujet, avoue son incurie, explique qu’il apprend. Et qu’il doit tout à quelques-uns qui ont su l’entourer avec autant d’affection que de compétence.
C’est un artiste. Il s’exprime largement sur le métier de merde, l’attente du succès, l’ego malmené. Du succès, il en a eu, pourtant. Il s’appelle Régis Franc et, il y a déjà un moment, le monde ébahi a découvert sa première BD finement intitulée Le café de la plage. Un gros badaboum dans l’univers de la BD, le voilà publié en strips dans les hebdomadaires, ses albums s’arrachent, il est connu. Le spleen élégant et pervers de ses personnages trouve un écho considérable dans la société française d’alors. Un détour par le cinéma, quelques romans dont London Prisoner, le dernier en date.
Un beau jour qu’il zonait sur la terre qui l’a vu naître, le garçon de Lézignan tombe sur une petite maison dans les vignes, quelque chose d’adorable, il la veut, il l’a. Avec la maison, quelques hectares de vignes qu’un copain le dissuade d’arracher pour planter des oliviers, son projet. Il aime le vin, n’y connaît rien.




Peu à peu, il se laisse convaincre, il fait du vin, achète une cuve, l’installe chez un voisin. Premier millésime 2010. Il baptise la cuvée Chante-Cocotte. Drôle de nom, mais il a une histoire, les coqs de la campagne qui braillent tous en même temps pour l’empêcher de dormir, Chante Cocotte, ça lui ressemble, tout va bien.

Régis Franc et son fils, par Jean-Loup Sieff

Il se trouve que ce chante-cocotte 2010, 100% merlot, est une tuerie. Une merveille de soyeux et d’équilibre, l’alcool bien tenu par l’acidité, la bouche intelligente, la longueur. Aux innocents, les mains pleines. Et cette réussite l’enchante comme un môme qui a bien fait et que tout le monde félicite. Il faut voir son regard quand il fait goûter et qu’il observe les réactions. Pour un peu, il rougirait. Un môme.



Moi, je suis très content de faire partie du tout petit nombre de gens qui pourront dire « j’ai bu du chante-cocotte 2010. » De ce millésime, il n’a produit que 875 bouteilles. Il en reste 874 ou moins.

8 commentaires:

  1. Tu m'en commandes 12 topettes.

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  2. Il ne reste plus qu'à le comparer avec Chantecoucou!

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    1. Chantecoucou, je ne connais pas. Le blogueur est approximatif, chacun le sait

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  3. Le vin d'Elian Da Rose en Côtes du Marmandais...
    Un joli vigneron !

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  4. Sans oublier la pie Colette (Mouthes de Bihan à Duras)

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  5. Elian Da Ros Patrick, pose la muleta quand tu geek!!!!

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  6. C'est la partie "Garbure" de Patrick qui s'exprime

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