La France du vin, frileuse, se réchauffe. La Commission européenne a mis fin à son intention d’assouplir les droits de plantation à l’intérieur des vignobles de la communauté. Le puissant lobbying de gribouilles passéistes a triomphé et croit même avoir sauvé le vin français et, avec lui, les autres. Et il n’a pas manqué de gribouilles italiens, espagnols et même luxembourgeois pour l’aider.
Quiconque essaie d’avoir une vision à long terme ne peut que pleurer devant autant d’idiotie. Comment qualifier autrement la mécanique de raisonnement absurde qui s’est mis en branle à la suite des propositions intelligentes d’assouplir le règlement actuel concernant les vins de type « protégé » et de le libéraliser complètement pour les vins de table ?
Les mêmes qui ont laissé passer la loi Evin naguère (ils s’en mordent aujourd’hui les doigts) sous le prétexte fallacieux que toute censure sur la communication toucherait davantage les gros que les petits et les priveraient d’un avantage redouté, s’interdisent tout développement actif futur pour les vins de qualité, dans un marché demandeur, par peur que l’industrie ne les devance. Avec à la clé, l’impossibilité de créer de la richesse et de l’emploi supplémentaire et, pour l’état, de la fiscalité. Cela n’a pas gêné nos politiques, même les plus libéraux d’entre eux qui pensent à leurs électeurs, et encore moins le syndicalisme agricole qui adore diviser pour régner sur une clientèle d’insatisfaits permanents. On comprend mieux dans ces conditions pourquoi des groupes aussi dynamiques que Pernod-Ricard n’ont jamais voulu construire une grande marque de vin française que tous auraient combattu au nom de la même logique.
Chapeau les artistes et bienvenue aux pleurs de tous les artisans vignerons inadaptés au monde moderne qui vont faire faillite dans les cinq ans avec la conviction de ne pas avoir trahi la France.
Michel Bettane
La photo : des vignes, le Rhône. De la colline de l'Hermitage ou de Condrieu ? J'ai trouvé cette photo sur le mur Facebook de Caroline Frey
Je voudrais quand même en savoir un peu plus sur l'argumentation du raisonnement de Michel Bettane. En, effet, je suis a priori un peu surpris qu'un chantre - et pas des moindres - des vins d'exception, puisse en même temps devenir le défenseur du vin industriel… C'est un peu comme si Alain Ducasse venait au secours de McDonald's…
RépondreSupprimerPhilippe Barret
Toujours la même argumentation des gribouilles, accuser d'intentions imaginaires lorsqu'on ne connait rien aux dossiers et qu'on imagine le réel au lieu de travailler dessus. Il y a des milliers d'hectares à planter dans les zones d'appellation dites protégées (et donc absolument pas dans un contexte de vin industriel) capables en des mains expertes de faire des vins de qualité, avec les quantités que demande le développement des nouveaux marchés et à la clé de la richesse et de l'emploi supplémentaire. Et on se refuse à les planter parce que des vins sans style ni marché, fragmentés en quantités dérisoires liées à la propriété artisanale mais protégés par le clientélisme habituel de l'agriculture se sentent menacés. Etre viticulteur n'est pas une profession obligatoire et le vin n'est pas une boisson obligatoire.Et il n'est pas obligatoire pour la presse de les défendre. Quant à l'épouvantail des vins macdonaldiens c'est trop facile. C'est justement ce type de vin qui se développera si on ne fournit pas les vins de qualité qu'on nous réclame en Asie ou ailleurs. Consultez les statistiques internationales, la surproduction mondiale en matière de vin est très minoritaire et elle concerne justement ces vins industriels que d'autres continents sont trop heureux de produire! Michel Bettane
RépondreSupprimerOù voyez vous ces milliers d'hectares à planter et les débouchés de leurs productions ?
RépondreSupprimerUn entrepreneur patenté
Toutes proportions gardées, on est un peu dans la discussion habituelle "protectionnisme et libéralisme".
RépondreSupprimerToutes proportions gardées, lorsque les propriétaires sur la côte de Pavie seront tous convaincus qu'il leur faut arracher leurs vieux merlots pour y planter du chardonnay, le rire des dieux du vin résonnera à l'infinitif pour les siècles des siècles ...
RépondreSupprimerLes milliers d'hectares concernent l'ensemble des zones d'appellation ou d'origine géographique protégées du territoire français (différentiel entre leur surface légale et les surfaces plantées, différentiel bloqué par trente ans de politique malthusienne qui vient de triompher à nouveau.....). On sourira donc devant l'inquiétude concernant la côte Pavie au sujet de l'éventualité de plantation d'un immense hectare en cépages blancs et pourquoi pas le meilleur d'entre eux sur le meilleur sol naturel pour blanc sec de tout Bordeaux, et sans doute si l'intention aboutit et le vin ne trahit pas les espoirs liés au terroir, une initiative qui fera des petits...... Et puis laissons donc les dieux tranquilles : faisons confiance aux intuitions et au talent de nos propriétaires viticulteurs de progrès. Michel Bettane.
RépondreSupprimerSi le dieu Progrès pouvait nous lâcher un peu, quelquefois...
RépondreSupprimerPréférez vous le Dieu régression ou mortification ou tout autre?.....Au fait perfectibilité reste la qualité par excellence de l'humanité par rapport au reste du monde vivant de cette planète mais ce n'est pas moi qui l'ai dit en premier mais un certain Rousseau Jean Jacques, patron revendiqué des régressionnistes au nom du curieux "moins c'est mieux". Donnons donc espoir aux smicards. Michel Bettane
RépondreSupprimerSi l'on croise les plans que fournit googleearth, on devrait en effet pouvoir planter de vignes le potager de Lafite et l'emplacement du Château du Clos de Vougeot - après l'avoir rasé, bien sûr ; cela peut sembler dérisoire mais aucune tentative n'est à négliger pour restaurer la croissance, rembourser les dettes de la Nation et nous conduire au plein emploi.
RépondreSupprimerJ'ai quelques exemples en tête d'extensions de droits de plantation dans le passé, sur des sols bien entendu classés alors en AOC dans plusieurs appellations, et on ne peut pas dire que cela ait contribué à faire grandir la qualité de ces appellations. Je pense à Chablis, à Saint-Joseph et à Côte Rôtie, par exemple. Mais ce n'est sans doute qu'un simple "gribouillage" de ma part… Et je ne comprends toujours pas comment la "libéralisation" de Pernod-Ricard et des autres fera progresser la qualité de la viticulture française. Je comprends que ça puisse avoir bien d'autres intérêts, mais pas celui-là en tout cas ! Philippe Barret
RépondreSupprimerSi je vous disais quel est mon patronyme
SupprimerMais si vous ne le dites pas, vous êtes juste ridicule
SupprimerAux débouchés
SupprimerEntre un sujet quasi incompréhensible, la violence de Michel Bettane et la menace anonyme du dernier post ... Il faut avouer que cette année de lecture de votre blog fut autrement plus jouissive que cette dernière publi. Un sincère merci et surtout .... Bon courage pour cette année à venir !!!!
RépondreSupprimerMatthieu D.
Merci du compliment, mais convenons que les sujets ne sont pas tous de l'eau claire
SupprimerCes extensions ont été bénéfiques pour les trois appellations puisqu'elles ont permis
RépondreSupprimer1 de hiérarchiser les terroirs avec augmentations substantielle des prix des meilleurs
2 donner les volumes nécessaires au rayonnement de l'appellation comme marque,
3 avec le vieillissement des vignes seuls les viticulteurs médiocres font mauvais sur ces agrandissements et ils font aussi mauvais au coeur des meilleurs terroirs,
4 certains beaux terroirs de coteau ne sont pas encore plantés.
5 quant à des dizaines d'autres appellations on est encore loin des surfaces en production vers 1900! Michel Bettane
1 - Si étendre une appellation à des terroirs médiocres est le seul moyen de faire prendre conscience que les autres terroirs sont supérieurs, c'est un peu pauvre comme démonstration…
RépondreSupprimer2 - Je parle qualité, vous parlez volume, tout est dit…
3 - Il n' y a aucun viticulteur de qualité qui ait acquis des parcelles sur les médiocres extensions de Chablis, de Saint-Joseph ou de Côte Rôtie. C'est un signe, non ?
4 - Je vous concède qu'il existe effectivement quelques rares coteaux de qualité non plantés sur certaines appellations, mais pas sur celles que j'ai citées.
5 - En 1900, on faisait beaucoup de vin en Ile de France et tout le département ou presque de l'Yonne était planté de vignes. Mes gencives sont bien contentes qu'on ne se base plus sur les surfaces plantées en 1900 pour produire du vin aujourd'hui ! Philippe Barret
Philippe, il ne me semble pas que tu aies bien lu ce que dit Michel
SupprimerPhilippe je suis en complet désaccord avec la façon cavalière dont tu juges les extensions sur des appellations que tu ne connais pas assez : il y a de superbes chablis ou petits chablis sur les terroirs rajoutés, de très bons cote rôtie sur Saint Cyr, Verenay ou ailleurs pratiquement jusqu'aux limites du plateau. Saint Joseph c'est plus compliqué car ici c'est plutôt des styles différents que des qualités médiocres. Je rappelle surtout que même dans le coeur des bons terroirs (dans ton imaginaire) plus de 60 % des vins, vinifiés par des artisans indifférents, ou pire incompétents sont moins bons que les bons vins de ces extensions! L'homme a plus d'importance que le terroir en matière de qualité (mais évidemment pas en matière de typicité). Michel Bettane
RépondreSupprimerMichel, ton goût pour la polémique te rendra sans doute relativement indulgent pour le mien ! Il est évident que mes propos étaient parfois un peu "poussés" et d'une (légère) mauvaise foi. Et je ne suis pas très éloigné du point de vue que tu exprimes dans ce dernier message : il y a effectivement beaucoup de vignerons qui réussissent à massacrer un beau terroir. Mais il y en a beaucoup moins qui parviennent à produire de grands vins sur des terres à blé ! Mon intervention ici - un peu fleur au fusil, je le concède - visait avant tout à indiquer que tout n'était pas aussi simple que ce que tu présentais dans ton message de départ… Philippe Barret
RépondreSupprimerMais où ai-je parlé de terres à blé? Bon dieu il faut suivre le terrain du débat et pas le fantasmer! Les aires d'appellation n'ont pas toujours été délimitées au hasard même si forcément certains terroirs sont meilleurs que d'autres. Alors laissons aux hommes prendre leur responsabilité. S'ils plantent sur des terroirs de troisième ordre c'est qu'ils ne sont pas très doués et tant pis pour eux. Mais il y assez de terres de qualité non encore plantées pour produire du bon vin, sauf si on le leur interdit comme hélas un lobbying assez stupide vient de l'obtenir. Michel Bettane
RépondreSupprimerBravo Michel. Je suis exactement sur la même longueur d'onde sur cette question. Je ne comprends pas l'attitude des défenseurs de ces droits (privilèges ?) d'une autre époque, et qui défendent leur position en dépit du bon sens et de l'intérêt général.
RépondreSupprimerCher Michel,
RépondreSupprimersur ce sujet, je ne vous comprends pas.
C'est dans les "Grandes" Appellations qu'il y aurait intérêt à planter librement pour bénéficier de la notoriété collective.
Il faudra bien un contrôle et une limite ! Sans quoi nous aurons du "Champagne" de Bouzy et du Mesnil jusqu'à Chaumont et Sens, et du "Bourgogne" de Gevrey et de Meursault à Grey et à Dôle !
Quid alors de la qualité ? Quid de la valorisation indispensable à cette dernière, face à la surabondance et à la surproduction ?
Plantons, mais en révisant les aires viticoles en fonction de leurs qualités de terroirs, et à un rythme contenu !
Si cela vous rappelle certaine région que bien connue de votre modeste contradicteur, vous avez déjà compris cette position, dont le bien fondé est partagé par 99% des viticulteurs et négociants locaux...
Bien amicalement,
Charles Philipponnat
Cher David, les vibrations de votre Ducati (si ma mémoire est bonne) troublent quelque peu votre vision ! :-)) Trop facile de stigmatiser comme défenseurs de privilèges féodaux des vignerons qui défendent tout simplement une certaine idée de rigueur qui est consubstantielle à celle d'une AOP (même si certains manquent peut-être de sincérité, c'est inévitable). Cherchons ceux qui se réjouiraient d'une telle libéralisation : ce sont les grosses maisons "industrielles", pour employer un raccourci un peu facile, mais assez réel. Et ça ne vous "interpelle" pas qu'il n'y ait qu'eux pour aller dans ce sens ? Je ne pense pas que vous soyez aussi naïf… Philippe Barret.
RépondreSupprimerPhilippe, je ne suis pas sûr qu'il n'y ait que les industriels, Cobbold et Bettane pour s'élever là contre…
SupprimerMais la Champagne cher Charles a agi intelligemment en révisant son cadastre village par village.Et si des extensions en Bourgogne générique se font ce ne sont pas des extensions de Chambertin. Pour provoquer un peu je parie que l'on peut faire des champagnes blancs de blancs plus racés dans le tonnerrois ou le secteur de Vezelay, si on y avait droit que dans bien des secteurs autorisés! Mais je pense surtout à la Vallée du Rhône, au Languedoc, à Chablis,au Jura et dans quelques autres appellations sous-plantées dans des terres de qualité et trop plantées dans des zones où un privilège féodal permet de les conserver......Michel Bettane
RépondreSupprimerOui-da, cher Michel, que ne fait-on de même dans les autres régions ! Mais pour cela, il nous faut cette reglementation afin de choisir les terroirs au plus précis du cadastre, et réguler le rythme d'entrée en production !
RépondreSupprimerCharles
Un domaine encore où la France est rétrograde ! Quant au Pierrevert, il est de plus en plus cher.
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