Qu’est-ce que c’est que cette cuvée « hors-ligne » ? Le Château de Chamirey
aurait une production cachée ? Imaginez un peu la belle histoire. Voilà un
critique de vins qui franchit un jour les grilles du château et demande à la
famille Devillard s’il lui serait possible de vinifier une parcelle de l’un ou
l’autre de ses premiers crus de mercurey. La famille, comme toutes les familles
du vignoble, a l’habitude de ces journalistes qui se répandent en conseils
définitifs sur le délicat sujet de l’élaboration des vins. Mais c’est la
première fois qu’ils doivent faire face à une telle requête. On se réunit avec
le maître de chai des domaines qui fronce les sourcils, on se demande si, on
tergiverse, on biaise. Déjà, un premier cru, non. En revanche, il y a une belle
parcelle de pied de côte en amphithéâtre, 1,15 hectare qui entre d’ordinaire
dans le grand vin. Elle fera l’affaire. Notre critique s’en contente sans
barguigner. Le maître de chai, rétif, écoute les idées de notre critique qui lui
demande 50 % de vendange entière et 30 % de chardonnay dans le pinot noir. Eh,
oh, on n’est pas en côte-rôtie. L’affaire est mal engagée, mais le maître de
chai se laisse faire en traînant vaguement les pieds. Il est sur place, pas
notre critique et le maitre de chai sait bien qu’à la fin, il fera ce qu’il
voudra. Ce qu’il fait. Il n’y aura que 30 % de vendange entière dans la cuvée et
pas plus de 10 % de chardonnay. Notre critique surveille de loin l’évolution de
l’affaire ; il passe toutes les trois semaines. Il est content, le bébé se porte
bien et les promesses qu’il dégage l’enchantent. L’élevage durera onze mois sous
bois, dont 25 % de fûts neufs, suivi d’un affinage de trois mois en cuve avant
la mise. Aujourd’hui, la famille a jugé le vin réussi, « Très bon, même » dit
Aurore Devillard. Décision a été prise de ne mettre le vin qu’en magnums, 1 336
en tout. Bertrand Devillard choisit de baptiser cette cuvée « Hors-ligne », une
référence à d’anciens classements des vins de Bourgogne mis en lumière dans
l’ouvrage du docteur Lavalle de 1855.
Au fait ? Qui est ce critique winemaker d'un jour (ou deux) ? Michel Bettane, pardi. Un vieil ami de Bertrand Devillard. Tout s'explique.
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