Aujourd’hui, 29 janvier 2009, jour de grande grève, Paris est paisible comme autrefois au mois d’août. Chez Ledoyen, une cinquantaine de journalistes sont réunis pour déguster les bordeaux et bordeaux supérieurs 2006. L’organisation professionnelle en charge en profite pour décerner un prix au journaliste qui a le mieux parlé du vin. Cette année, il est double, Denis Saverot et Benoist Simmat pour « In vino satanas », excellent bouquin qui décortique les raisons de la lente descente aux enfers du vin dans notre pays. Dans son petit discours de remerciements, Saverot rappelle notamment que la France a troqué sa place de premier pays consommateur de vin pour celle de premier pays consommateur d’anti-dépresseurs et conclut drôlement en disant que « chaque fois qu’un bistrot ferme, une pharmacie ouvre ». Dans le livre, il explique aussi qu’il faut être aveugle pour ne pas y voir la patte des lobbies de l’industrie pharmaceutique. Lisez-le.
Mais cela ne serait qu’une énième petite colère entre nous si le ministre Darcos n’avait pas été là. Le discours de Saverot s’adressait, en priorité, à lui. Le patron de l’Education nationale a repris le micro sans se faire prier et après quelques développements sur le ton patelin de l’élu en campagne permanente, il déclara : « c’est notre devoir de transmettre la culture du vin ». De vous à moi, c’est une banalité de plus. Mais dans l’environnement paranoïaque qu’ont créé les lobbies hygiénistes, cette phrase déclencha un tonnerre d’applaudissements. D’autant qu’ayant pris soin de déclarer qu’il ne parlait pas en son nom personnel mais es-fonctions, chacun y alla de son compliment, louant son courage. Pour vous et moi, bien sûr, il n’a fait que son travail, celui pour lequel il est nommé. Mais bon, c’est déjà ça de pris. Et les bordeaux sup ? Ah oui, the winner is la Ronde des Ormes, il vaut 9 euros. Moi je l’avais classé troisième, nobody’s perfect. Mon voisin de table, un très jeune vigneron qui fait un bon petit bordeaux à 4,60 euros port compris (Château Majoureau à Caudrot), m’a dit qu’il n’aimait pas Sarkozy. Et pourquoi, s'il vous plaît ? « Il n’est pas assez rural »…
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