mercredi 30 mars 2016

Les trois 2015 de Caroline Frey

Chargée de l’œnologie des vignobles de sa famille et directrice des domaines sauf en Champagne, Caroline Frey a l’opportunité unique d’intervenir à Bordeaux (Château La Lagune), dans le Rhône (Paul Jaboulet Aîné) et sur la colline des Cortons (Château Corton C, ex-Corton-André) pour une première expérience bourguignonne.
Elle a ainsi une vision élargie du millésime et nous livre rapidement quelques clés pour comprendre 2015 avant de s’échapper. Direction le Rhône supérieur, peut-être ?



La rumeur veut que le 2015 soit un grand millésime toutes régions confondues. Qu’en dites-vous ?
Toutes régions confondues, on est sur un millésime avec un profil « année sèche, chaude et particulièrement ensoleillée » donc une climatologie favorable, au moins jusqu’à la fin juillet. À partir d’août, sur les trois régions reviennent des températures fraîches avec des épisodes pluvieux qui atténuent la sensation d’un millésime très chaud, voire caniculaire, comme en 2003 et 2009. À Bordeaux, nous sommes sur un profil de grand millésime. Et, comme souvent, chacun annonce le grandissime, l’exceptionnel. Mais, d’après ce que je lis ici ou là, je crains que le profil du millésime soit déformé par certains commentateurs. J’ai l’impression qu’on attend quelque chose de très large, très volumineux et, finalement, je trouve ce millésime remarquable par son allonge et sa texture élancée. Les pluies du mois d’août sont arrivées un peu tard pour les merlots, mais elles ont été très favorables aux cabernets, qui ont une texture fantastique.

Et la colline de l’Hermitage ?
Je crois, ce qui semble partagé par les autres vignerons de l’Hermitage, que c’est là que le millésime est le plus réussi et oui, particulièrement le Rhône-Nord. Marcel Guigal compare ce millésime à un 1947 ou un 1961. Le terroir s’est exprimé et il y a une dimension inhabituelle dans les syrahs, une profondeur, une race dans le vin.

Y aura-t-il une petite-chapelle ? 
Il y en aura forcément une. La petite-chapelle est élaborée avec les parcelles à l’est de la colline où l’on a des sols plus profonds. Il y aura surtout une très belle la-chapelle.

Et sur la colline des Cortons ?
C’est notre premier millésime, on pose les fondations, on découvre, on a la chance de commencer avec un millésime qui nous a beaucoup aidé. Il y a, malgré tout, du travail dans la vigne, il faut retravailler les sols et reprendre la taille. Pour l’instant, nous avons fait 15 % de complantation et replanté 8 000 pieds. À l’approche des vendanges, nous avons essayé de garder notre sang froid, nous avions le souvenir d’épisodes de grêle et nous nous sommes donc un peu précipités pour vendanger avant les pluies de mi-septembre. Pour une première année, on peut dire qu’on a plutôt assuré et c’est une première belle expérience.

Là, vous n’achetez pas de vins ni de raisins ?
Nous allons essayer de privilégier le domaine, de rester sur les sept hectares.


La photo : est signée Mathieu Garçon 


2 commentaires:

  1. Corton Andre'? C'est chez Bejot?

    RépondreSupprimer
  2. Belle Photo Caroline ! Apres le Rhone, Bourgogne et Bordeau, la prochaine region...la Champagne...?

    RépondreSupprimer