L’odeur des pins trempés sature l’air humide. Les amis se sont envolés ce matin vers les régates de Cascais, ceux qui sont restés se terrent. La mer et le ciel jouent la même partition désolante, ce n’est pas une surprise. En Bretagne, comme dirait le distingué Kersauzon, gros donneur de leçons, il ne pleut que sur les cons. Et un petit peu sur moi, aussi. Le liège n’a pas la même consistance sous la pointe du tire-bouchon. On en vient à craindre quelque effet secondaire, le blanc ne serait-il pas un poil dilué par ces excès de zèle d’une météo qu’on croirait en phase avec le grand krach annoncé par le JDD ce matin ? Tout concourt à vous encombrer le fond des chaussettes. Tout, sauf que. Il y a une poche de résistance. Avec une ou deux belles bouteilles, on peut affronter tout et le JDD. Ce ne sont pas trois gouttes d’une pluie même battante qui vont oxyder cette belle humeur dont on se fait volontiers une spécialité et qui porte notre réputation. Pour lui donner toutes ses chances, j’ai ouvert un bourgogne générique de mon ami François d’Allaines. Chaque millésime, il fait un peu mieux que l’année d’avant, les meilleurs de ses pairs l’affirment en un chœur touchant. Ce vin-là est issu de la toute petite parcelle qu’à force d’économies, et d’amitiés, il a pu acquérir voici deux saisons. Sous-la-velle, elle s’appelle, la parcelle. Et lui, il en fait un délicieux chardonnay, tout en tension et en arômes, un machin qui vous remet les idées en place à toute allure, un petit bonheur pour croire que l’homme est bon, finalement, un vin à géométrie variable, il raconte de nouvelles chansons au gré de l’aération et de la montée en température, les filles, c’est pareil, pour un peu on ferait un tour à Sainte-Anne d’Auray, une procession, un cierge à la main, la capuche, les bottes. Hier soir, c’était un beaune-les-reversées de Jean-Luc Aegerter, un premier-cru limpide, on touchait le ciel du doigt. À force, il a crevé, d’ailleurs. Et aussi, deux millésimes du bordeaux de Ballan-Larquette, la propriété de Régis Chaigne, le vigneron connecté rencontré au VinoCamp, un type enthousiaste. Le 94 était en retard, mais le 95, deux heures de carafe, était parfait, très bavard et pas pour dire des bêtises, c’était bien, le bordeaux comme on l’aime, une joie simple. Ce soir, un bourgogne rouge, Aegerter ou d’Allaines, j’hésite. Ou alors peut-être un vignelaure. Réfléchir. Décider. On se croirait au bureau.
dimanche 7 août 2011
Sous la velle et sous la pluie
L’odeur des pins trempés sature l’air humide. Les amis se sont envolés ce matin vers les régates de Cascais, ceux qui sont restés se terrent. La mer et le ciel jouent la même partition désolante, ce n’est pas une surprise. En Bretagne, comme dirait le distingué Kersauzon, gros donneur de leçons, il ne pleut que sur les cons. Et un petit peu sur moi, aussi. Le liège n’a pas la même consistance sous la pointe du tire-bouchon. On en vient à craindre quelque effet secondaire, le blanc ne serait-il pas un poil dilué par ces excès de zèle d’une météo qu’on croirait en phase avec le grand krach annoncé par le JDD ce matin ? Tout concourt à vous encombrer le fond des chaussettes. Tout, sauf que. Il y a une poche de résistance. Avec une ou deux belles bouteilles, on peut affronter tout et le JDD. Ce ne sont pas trois gouttes d’une pluie même battante qui vont oxyder cette belle humeur dont on se fait volontiers une spécialité et qui porte notre réputation. Pour lui donner toutes ses chances, j’ai ouvert un bourgogne générique de mon ami François d’Allaines. Chaque millésime, il fait un peu mieux que l’année d’avant, les meilleurs de ses pairs l’affirment en un chœur touchant. Ce vin-là est issu de la toute petite parcelle qu’à force d’économies, et d’amitiés, il a pu acquérir voici deux saisons. Sous-la-velle, elle s’appelle, la parcelle. Et lui, il en fait un délicieux chardonnay, tout en tension et en arômes, un machin qui vous remet les idées en place à toute allure, un petit bonheur pour croire que l’homme est bon, finalement, un vin à géométrie variable, il raconte de nouvelles chansons au gré de l’aération et de la montée en température, les filles, c’est pareil, pour un peu on ferait un tour à Sainte-Anne d’Auray, une procession, un cierge à la main, la capuche, les bottes. Hier soir, c’était un beaune-les-reversées de Jean-Luc Aegerter, un premier-cru limpide, on touchait le ciel du doigt. À force, il a crevé, d’ailleurs. Et aussi, deux millésimes du bordeaux de Ballan-Larquette, la propriété de Régis Chaigne, le vigneron connecté rencontré au VinoCamp, un type enthousiaste. Le 94 était en retard, mais le 95, deux heures de carafe, était parfait, très bavard et pas pour dire des bêtises, c’était bien, le bordeaux comme on l’aime, une joie simple. Ce soir, un bourgogne rouge, Aegerter ou d’Allaines, j’hésite. Ou alors peut-être un vignelaure. Réfléchir. Décider. On se croirait au bureau.
En effet au travail même pendant les vacances... Heureux que le 95 ait encore de la conversation. Bonnes fin de séjour breton.
RépondreSupprimerC'était plus que de la conversation, Régis. Vraiment bien, structure, arômes, fruit, tout.
RépondreSupprimerT'inquiète, Nicolas, c'est bientôt le 15 août, tu pourras le faire ton pélerinage
RépondreSupprimerBen ouf.
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