Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



dimanche 26 février 2017

Verny, pour les chanceux

Verny, au début, je pensais à Gallimard, à Françoise, je trouvais ça littéraire, rive gauche, chic. Non. Déjà, ce n’est pas un patronyme, mais un prénom, celui du saint patron des vignerons de Bourgogne, d’Auvergne et du Jura. Ceci, avant d’être remplacé par Saint-Vincent, dont on connaît le succès, chaque hiver dans presque tous les villages du vignoble. Même chez les saints patrons, la concurrence est rude.

Verny, aujourd’hui, c’est un caviste en chambre, au deuxième étage d’un immeuble de la rue Saint-Honoré, vers l’église Saint-Roch, au milieu des belles adresses de la mode, Colette, des maroquiniers, etc. Dans l’entrée de l'immeuble, grande sobriété, le mot "vin" n’est même pas mentionné. Le créateur de cet endroit s’appelle Olivier Madinier, on l’avait connu au Verger de la Madeleine, avant que le pâté de maison soit acquis par un fond moyen-oriental et que cette affaire de vin (pouah) soit gentille d’aller se faire pendre ailleurs.

Chez Verny, on reçoit sur rendez-vous. Pour une bouteille à quinze euros ou pour un magnum à 50 000, comme ce petrus 1947 en provenance de la cave de madame Loubat, ancienne propriétaire du cru. Et puisqu’on en parle, Jean-François Moueix (actuel propriétaire de Petrus) fait partie des treize associés qui ont présidé à la naissance de Verny. Du lourd. On comprend soudain que cette jeune société, lancée en mai 2016, bénéficie de quelques allocations chez les meilleurs vignerons français. « Ils jouent le jeu » dit Olivier Madinier. Comprendre que, non contents d’ouvrir leurs caves, ils viennent aussi animer des dégustations rue Saint-Honoré.

Qu’on parle prix et Madinier répond avec une grande simplicité : « Dans l’univers ultra concurrentiel qui est le nôtre, il est impossible d’être plus cher. Il nous appartient de bien acheter, d’avoir des allocations que d’autres n’ont pas, de bien vendre à un bon prix de marché. Quand tel ou tel de mes confrères se met à casser les prix sur une étiquette, j’attends qu’il se lasse. Je n’attends jamais longtemps. » 

Verny dispose d’un stock de 10 000 bouteilles, beaucoup de magnums et grands contenants, et rend à peu près tous les services des grands cavistes historiques de Paris : audit et/ou constitution de cave, recherche, animation de dégustation privée, etc. Avec 200 clients fortement actifs, le « club » Verny a pris un bon départ.

Un vieux tirage de chez Selosse, un brut qui assemble
les millésimes 1985, 1987 et 1989, dégorgé fin 1992.
Cette rare bouteille est en vente chez Verny autour de 200 euros.
C'est moins cher qu'un récent millésimé du même.

Pour en savoir plus, appelez Olivier Madinier au 01 45 08 09 88. Je suppose qu’il est ouvert aux heures où vous l’êtes.

lundi 20 février 2017

Des grands crus sur une note légère

Carte sur table 2017. L'événement se tiendra tous les jours de mars, du 1er au 31, dans une fine sélection des meilleurs restaurants de France. Tous n'y sont pas, certes, mais ne commencez pas à discuter. Vous connaissez le principe : une quinzaine de grands à très grands bordeaux à prix coûtant dans une sélection de belles à très belles tables de France.
Réservez vite, il va y avoir quelques vins qui risquent de s'arracher. Commençons, si vous le voulez bien, par la carte des vins qui vaut tous les détours. Naturellement, chacun la jaugera à l'aune de ses moyens ou de son goût pour les (petites) folies. Moi, à part climens et guiraud (et haut-brion 07 que j'ai goûté et qui est un vin prodigieux) (et, surtout, mouton 04 qui emporte tous les suffrages loin devant sa compétition), j'hésite. Une belle tombée de pape-clément blanc peut faire un bon début. Après, je ne sais plus… Canon 08 ? Pourquoi pas.
Ah, la dream team des experts Bettane + Desseauve a tout goûté, ça peut vous aider. Moi, je ne reproduis qu'une petite partie, mes préférés.

Un très bon début suivi d'une fin admirable. C'est Carte sur table.


Les vins
Château Pape Clément 2013, blanc, cru classé de Pessac-Léognan,
130 euros
Le commentaire de dégustation Bettane + Desseauve
"Pape-clément est à son meilleur depuis le milieu des années 1980, époque de la reprise par Bernard Magrez. C'est avant tout un cru qui donne une définition claire de son terroir et les blancs partagent la même finesse et la même sophistication que les rouges. Nez superbe, génialement fruité et minéral, notes de pêche blanche, agrumes, miel et tilleul, bouche dans le même style aromatique, dense et opulent. L'étonnement vient de la persistance de bouche, impressionnante." 17,5/20


Château Canon 2008, saint-émilion grand-cru, premier cru classé B,
90 euros
Le commentaire de dégustation Bettane + Desseauve :

"Ce cru tient son rang de premier cru classé B avec constance. Sobre, noblement aromatique, un rien austère dans ses deux premières années, Canon commence à prendre toute sa dimension de grand vin après cinq ou six années supplémentaires. 2008 incarne le classicisme bordelais typique de ce millésime. Racé, long, délicatement épicé, de grande finesse." 18/20
Château Gazin 2012, pomerol,
90 euros
Château Haut-Bailly 2008, cru classé de Pessac-Léognan,
110 euros
Château Haut-Brion 2007, premier cru classé de Pessac-Léognan,
490 euros
Château Palmer 2007, troisième cru classé de Margaux,
230 euros
Château Rauzan-Ségla 2002, deuxième cru classé de Margaux,
90 euros
Château Talbot 2003, quatrième cru classé de Saint-Julien,
95 euros
Château Grand-Puy-Lacoste 2005, cinquième cru classé de Pauillac,
140 euros
Château Pontet-Canet 2008, cinquième cru classé de Pauillac,
110 euros
Château Mouton-Rothschild 2004, premier cru classé de Pauillac,
490 euros
Le commentaire de dégustation Bettane + Desseauve :
"Bien qu'il était en brillante compagnie, ce 2004 dominait toute la dégustation organisée par Duclot. Ce millésime moins réputé, on se demande bien pourquoi à la dégustation de ce vin, ne démentira pas l’intensité harmonieuse de Mouton qui résume tout ce que l’on peut attendre du plus grand pauillac, l’ampleur de texture, le grain inimitable du cabernet-sauvignon et un équilibre souverain de tous les composants difficile à prendre en défaut.  Tout aussi délicat que plein, grande texture aristocratique, un des sommets incontestables du millésime."
19/20

 
Château Lafite-Rothschild 2002, premier cru classé de Pauillac,
520 euros
Château Montrose 2008, deuxième cru classé de Saint-Estèphe,
110 euros


Château Guiraud 1997, premier cru classé de Sauternes,
35 euros (50 cl.)


Château Climens 1996, premier cru classé de Barsac,
100 euros

Le commentaire de dégustation Bettane + Desseauve :

"De l’avis unanime, climens est le premier des vins de Barsac : la nature de son sol sur socle calcaire lui donne un supplément d’acidité qui équilibre à merveille sa richesse en liqueur. Il reste quelque chose de mystérieux dans l’extraordinaire voire transcendante complexité de ses parfums. Le 1996 développe des arômes envoutants de mandarine et d'orange confites. Avec moins de liqueur que le phénoménal 1997, dans un registre plus délicat, très équilibré."
19/20


-->Des notes de dégustation, je n’ai reproduit que celles des vraies bombes. Vous auriez fait pareil.

Les restaurants
Paris et alentours
·      Sur Mesure par Thierry Marx,
Mandarin Oriental, 251 rue Saint-Honoré, 75001 Paris
·      Les Tablettes Jean-Louis Nomicos,
16 avenue Bugeaud, 75016 Paris
·      La Maison de l'Aubrac,
37 rue Marbeuf, 75008 Paris
·      Le Chiberta,
3 rue Arsène-Houssaye, 75008 Paris
·      Restaurant Pierre Gagnaire,
6 rue Balzac, 75008 Paris
·      Gordon Ramsay au Trianon,
Trianon Palace, 1 boulevard de la Reine, 78000 Versailles
·      Restaurant Sylvestre,
Hôtel Thoumieux, 79 rue Saint-Dominique, 75007 Paris
·      Brasserie de l’Hôtel Thoumieux,
79 rue Saint-Dominique, 75007 Paris
·      Benoit,
20 rue Saint-Martin, 75004 Paris
·      Allard,
41 rue Saint-André-des-Arts, 75006 Paris
·      Le Relais Plaza,
Hôtel Plaza Athénée, 21 avenue Montaigne, 75008 Paris
·      Biondi,
118 rue Amelot, 75011 Paris
·      Le Grand Restaurant,
7 rue d'Aguesseau, 75008 Paris
·      The Beef Club,
58 rue Jean-Jacques-Rousseau, 75001 Paris
·      Pierre Sang,
6 rue Gambey, 75011 Paris
·      Restaurant Loulou,
107 rue de Rivoli, 75001 Paris
·      La Régalade 14e,
49 avenue Jean-Moulin, 75014 Paris
·      Monsieur Bleu,
20 avenue de New-York, 75016 Paris
Sud-Ouest
·      La Grand'Vigne,
Sources de Caudalie, Smith-Haut-Lafitte, 33650 Martillac
·      La Table du Lavoir,
Sources de Caudalie, Smith-Haut-Lafitte, 33650 Martillac
·      La Grande Maison,
10 rue Labottière, 33000 Bordeaux
·      Le Pressoir d’Argent,
Grand Hôtel de Bordeaux, place de la Comédie, 33000 Bordeaux
·      Le Bordeaux,
Grand Hôtel de Bordeaux, place de la Comédie, 33000 Bordeaux
·      Le Saint-James,
3 place Camille-Hostein, 33270 Bouliac
·      Le Relais de la Poste,
24 avenue de Maremne, 40140 Magescq
Sud-Est
·      Flocons de sel,
1775 route du Leutaz, 74120 Megève
·      L'Oustalet,
place du Village, 84190 Gigondas
·      La Table de Patrick Raingeard,
Cap Estel, 1312 avenue Raymond-Poincaré, bord de mer, 06360 Eze


     Plus de détails sur cartesurtable.fr
     L'intégrale des notes de dégustation des quinze vins proposés par Duclot-La Vinicole dans le cadre de l'opération Carte sur Table, ici (clic)



mercredi 8 février 2017

Le témoignage de Caroline Frey
sur l’affaire des ZNT

Pour faire une suite à mon post de dimanche sur l’abandon des zones de non-traitement (ZNT) à proximité des habitations, quelques vignerons m’ont adressé leur avis. Deux d’entre eux, en appellation saint-émilion et bordeaux-supérieur, s’apprêtent à faire la coûteuse acquisition de pulvérisateurs à panneaux récupérateurs, une technologie nouvelle, plutôt lente à les en croire et pas encore très au point. Un autre préconise l’obligation d’être en bio dans les zones concernées. Un autre encore se demande s’il faut arracher, je pense qu’il plaisante, mais ce n’est pas sûr. Enfin, Caroline Frey m’a adressé une copie du courrier qu’elle a envoyé aux instances et que je publie dans son intégralité. Bref, les vignerons responsables et conscients des enjeux de leur métier ne sont pas du tout d’accord pour jouer à ce mauvais jeu qu’on voudrait leur imposer. Au nom de quoi, d’ailleurs ?

La lettre de Caroline Frey :

À l’attention de Mr le Président de la CNAOC
Copie à : 
Syndicat Viticole de Meursault
Syndicat Viticole des Côtes du Rhône
Syndicat Viticole de Bordeaux
OBJET : Nouvel arrêté phyto


Monsieur le Président,
Une consultation publique est en ce moment ouverte dans le cadre du nouvel arrêté phyto. Le texte en cours d’écriture par les ministères de la santé, de l’environnement et de l’agriculture, prévoit l’abandon des Zones Non Traitées le long des habitations et des jardins.
La CNAOC, par l’intermédiaire des Syndicats Viticoles de Côtes du Rhône, de Bordeaux et de Meursault, nous a recommandé d’envoyer une lettre type qui approuve le retrait de ces Zones Non Traitées.
En voici un extrait :
« J’exprime ma satisfaction d’avoir vu retirer le projet d’instauration d’une zone de non traitement à proximité des lieux d’habitation par voie réglementaire qui n’aurait fait qu’exacerber les relations de voisinage. Les autorisations de mise en marché prennent en compte le risque riverain. Je respecte les conditions d’application prévue dans ces autorisations et je mets en oeuvre des bonnes pratiques. Je tiens compte des contraintes de voisinage comme celles relatives à l’environnement »
 

À l’heure où la toxicité de nombreux produits phytosanitaires comme les CMR, ayant pourtant reçu une autorisation de mise en marché, est scientifiquement démontrée, comment la CNAOC peut-elle prendre une position si tranchée en faveur de l’utilisation de ces traitements aux abords des habitations et des jardins ? Comment la CNAOC peut-elle aujourd’hui affirmer qu’utiliser ces produits selon les notices d’application suffit à éviter l’exposition des riverains à des molécules dangereuses pour la santé ?
Et quand bien même la CNAOC aurait des arguments pour défendre cette position, il est très étonnant d’orienter ainsi le choix des viticulteurs en leur recommandant une réponse unique.
Cultivant des vignes à proximité d’habitations, nous avons engagé des démarches de protection à leurs égards depuis plusieurs années. Par exemple : la viticulture biologique sur nos 3 vignobles, soit presque 300 ha, la mise en place de haies naturelles, la protection de la biodiversité. Je vous assure que les relations de voisinage n’en sont que meilleures.


Monsieur le Président, la viticulture n’a d’avenir que si elle prend en compte les enjeux de santé et d’environnement. L’abandon de la mise en place des ZNT aux abords des jardins et des habitations ne peut raisonnablement pas être une solution dont on doit se satisfaire sous prétexte que les produits phytosanitaires sont homologués et accompagnés de notice d’utilisation.
Écarter ainsi cette disposition sans même proposer de solutions alternatives de protection des riverains ne me semble pas en phase avec les enjeux de la filière.


Veuillez agréer, Monsieur le Président, mes salutations distinguées,


Caroline Frey 



Ci-dessous un fac-similé du courrier de Caroline Frey






On le voit, les questions sont multiples et primordiales et, jusqu’à présent, pas de réponse.

lundi 6 février 2017

Un effervescent à base de nebbiolo, c'est rare



C’est un vigneron de Serralunga d’Alba, au cœur du Piémont le plus désirable. Il s’appelle Rivetto. Jusqu’ici, je connaissais Giorgio Rivetti à l’enseigne de La Spinetta, de très jolis vins. Là, c’est Rivetto. Il s’avance précédé d’une grosse réputation, mais d’une notoriété toute petite. Un petit tour sur internet m’apprend qu’il se prénomme Enrico. Comme tous les viticulteurs qui cultivent du nebbiolo, à un moment donné, il coupe le bas de la grappe pour concentrer les baies du haut. C’est comme ça que le nebbiolo se porte le mieux, paraît-il. Sûrement puisque c’est le haut de la grappe qui fait le barolo.


Ce petit logo apposé au bas de l’étiquette explique
qu’il s’agit des raisins du bas des grappes. 

Un beau matin, il s’est dit que ces queues de grappe étaient à un point de maturité idéal pour faire un effervescent, spumante en italien. J’adore cette idée qu’on ne laisse pas perdre, que tout est bon dans le cochon, tout ça. Son effervescent tout neuf, il l’appelle Kaskal, c’est donc un raisin noir vinifié en blanc, comme ailleurs les pinots, et c’est dégorgé en extra-brut, c’est-à-dire sans beaucoup de sucre ajouté. Et vous savez quoi ? C’est bon comme tout, d’une finesse certaine, avec des arômes de figues, de camomille, des choses italiennes, l’austérité légère, mais de la générosité. Un internaute m’a appris que ce « champagne du Piémont » est une tradition qui remonte au XIXe siècle, ce que j’ignorais. Renseignements pris, ce n’est pas si clair. L’effervescent piémontais ainsi qualifié était issu de raisins blancs et était très doux, il devait s’apparenter au frizzante, moins effervescent que le spumante. Ce qui ne ressemble en rien à cet extra-brut joliment élaboré à la champenoise qui nous occupe ici.

C’est le caviste Soif d’ailleurs, rue Pastourelle dans le Marais qui m’a recommandé ça, il m’a aussi vendu un pinot noir du Palatinat en roulant des yeux extatiques, nous verrons cela un autre jour. Ce monsieur est spécialisé dans les vins étrangers que tu connais pas et moi non plus, il a des trucs dingues jamais croisés avant, c’est pas super bon marché, mais c’est là et il y a des vins à presque tous les prix quand même.
Paris est une fête.

dimanche 5 février 2017

Les lobbyistes de Bayer-Monsanto se marrent

Dans le monde de cinglés dans lequel nous nous débattons, il y a deux, trois sujets qui méritent qu’on torture le clavier pour nous indigner. L’agacement du jour, c’est cette idée largement colportée par les syndicats d’appellation et, au-dessus d’eux, j’imagine, par les autorités nationales, qui consiste à refuser les zones de non traitement (ZNT) à proximité des habitations et à se féliciter que les projets de réglementation ne tiennent aucun compte des riverains. C’est une histoire de fou qui montre à quel point les lobbyistes de Bayer-Monsanto travaillent bien et à quel point nos « responsables » sont faibles. C’est éprouvant.

Voilà le texte de la circulaire reçue par les vignerons. On me l’a transmis pour mon édification et, éventuellement, celle de mes lecteurs.

« Madame, Monsieur,
La règlementation sur les phytosanitaires est en cours de réforme :
- Au niveau national, les conditions générales d’utilisation sont en cours de révision.
- Au niveau départemental, des mesures de protection des personnes vulnérables sont mises en œuvre (processus encore en cours pour PACA).
- Au niveau européen, des débats pourraient être relancés sur les conditions d’autorisation des produits.
Actuellement, l’Arrêté national phyto est soumis à consultation publique.
Afin de confirmer notre opposition à la mise en place de ZNT habitations, chaque vigneron est invité à envoyer le mail ci-dessous avant le vendredi 3 février 2017.
En vous remerciant,
Le Président du Syndicat général des vignerons de etc. » 


Et voilà le mail-type qu’il demande aux vignerons d’envoyer :

« Mail à envoyer avant le vendredi 3 février 2017 à : consultations-public.bib.dgal@agriculture.gouv.fr
Objet : 

Projet d’arrêté relatif à l’utilisation des produits phytosanitaires
Mail : 

J’exprime ma satisfaction d’avoir vu retirer le projet d’instauration d’une zone de non traitement à proximité des lieux d’habitation par voie réglementaire qui n’aurait fait qu’exacerber les relations de voisinage. Les autorisations de mise en marché prennent en compte le risque riverain. Je respecte les conditions d’application prévues dans ces autorisations et je mets en œuvre des bonnes pratiques. Je tiens compte des contraintes de voisinage comme celles relatives à l’environnement. 
Je souhaite que l’on puisse, en cas de nécessité, traiter par un vent allant jusqu’à 4 beaufort, en utilisant un matériel performant permettant d’éviter la dérive à l’extérieur de la parcelle traitée et lorsqu’il est agréé à cette fin par le ministère de l’agriculture.
Par ailleurs, je demande aux pouvoirs publics de ne pas délivrer ou renouveler d’autorisation de mise en marché à des produits qui seraient si nocifs pour les vignerons, leurs personnels et leurs familles qu’il faudrait porter des équipements individuels de protection au-delà des délais de rentrée, voire jusqu’à la récolte. 
Signature : NOM Prénom, viticulteur à Commune (n° du département) »

Cette démarche qui, dans ce courrier, concerne le Rhône semble être largement relayée dans toutes les régions viticoles françaises, j’ai également reçu une copie d’une circulaire semblable à destination des vignerons de Bourgogne. Un bon ami de Castillon m’a également réexpédié le mail qu’il a reçu, le ton n’est pas le même, mais l’esprit est là.
Non, tous ces professionnels ne sont pas « satisfaits d’avoir vu retirer le projet d’instauration d’une zone de non traitement à proximité des lieux d’habitation ». Ces vignerons ont conscience des dangers des pesticides, mais ils se sentent bien seuls, tout d’un coup.

Bref, nous voilà face à une bande qui s’acharne contre les efforts entrepris par le vignoble en matière de santé publique, cette belle évidence. Les autorités de gestion du vignoble français, suivant en cela Donald Trump et tous les climato-sceptiques plus ou moins honteux, se foutent pas mal des conséquences des pesticides sur la santé des riverains alors que plus d’un vigneron s’est lancé dans des investissements pour les protéger, certains allant jusqu’à organiser des journées de rencontre pour expliquer à une population justement ravie ce qu’ils faisaient pour éviter de balancer des pesticides dans les maisons et les cours de récré des écoles qui sont en bordure des parcelles.
J’ai du mal à comprendre ce qui guide les représentants du vignoble.
Là, ce n’est même pas l’argent, semble-t-il.
En tous cas, les lobbyistes de Bayer-Monsanto se marrent.


La photo : elle a été publiée sur le site du quotidien Ouest-France en septembre 2015