Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



dimanche 21 février 2016

Message personnel

Oui, mais à qui ? Et pourquoi ?




Magnifique dessin de Voutch découvert sur Pinterest



 

samedi 20 février 2016

Angélus, j’ai bu, j’ai lu




Vous connaissez Jane Anson ? C’est une journaliste anglaise installée à Bordeaux avec sa famille. De là, elle mène un blog intelligent (clic) et une collaboration de grande qualité avec le meilleur de la presse du vin britannique. Moi, j’aime beaucoup Jane Anson pour ce qu’elle est aussi discrète qu’elle est compétente. C’est une belle personne, en somme, que je croise parfois ici ou là avec plaisir.

Et voilà que la famille de Boüard, propriétaire entre autres, du château Angélus, lui a demandé ce qu’on appelle un beau livre. Soucieux sans doute de livrer leur part de vérité sur ce domaine qu’ils aiment tant, les de Boüard on fait également appel à Guillaume de Laubier, photographe fameux dans le domaine de la déco et aux Éditions de La Martinière pour le facit et la diffusion, un bel assemblage de talents pour 225 pages de bonne tenue sobrement titrées Angélus.
Seulement voilà, il s’est trouvé un gugusse et quelques traînards sur Facebook pour s’émouvoir et se demander dans un français approximatif et à voix haute si cela était « Du grand travail de journalisme ? »
Ben mec, ce n’est pas le sujet. S’agissant d’une production de commande, ce livre en assume tous les genres et pourquoi pas, après tout ? Il semble que pour une mini-frange d’internautes dont la jalousie le dispute à la courte vue, la maison de Boüard n’ait pas vraiment le droit de s’exprimer. Il va de soi que ce bonhomme n’a pas lu le livre. Moi, oui.
Ce livre est très bien écrit, je veux dire dans un français très pur et les photographies vont de intéressantes à sublimes. Il nous apprend toutes sortes de choses historiques, viti-vinicoles, architecturales, géographiques. Bref, au-delà de sa catégorie d’évidence (le beau livre), c’est une publication intéressante que tout amateur devrait avoir sur sa table basse, puis dans sa bibliothèque puisqu’il a forcément quelque chose à nous apprendre. Pour remettre un peu l’église au centre du village, déjà (c’est énorme), et pour attendre les primeurs 2015 où château-angélus devrait une nouvelle fois briller.

La photo : est une reproduction de la quatrième de couverture du livre Angélus, en librairie le 17 mars. 

lundi 15 février 2016

De Bordeaux, ce vin blanc tout neuf


L’histoire se passe dans le Médoc à Listrac, dont chacun sait que ce nom signifie la frontière
– la lisière – entre Médoc des eaux (de l’estuaire) et Médoc des arbres (des Landes).
Une région qui a produit des rouges et des blancs de toute éternité ou presque.

Là, dans le salon du château Fourcas-Hosten, réhabilité par les frères Momméja, un conseil de guerre réunit les frères propriétaires, donc,
et Caroline Artaud-Debelmas, la directrice du domaine. L’idée est de se lancer dans une production de vins blancs. Oh, pas grand’chose, deux hectares un peu plus, mais quand même, voilà du nouveau. La décision est vite prise, Caroline sait convaincre avec des arguments de bon sens. La parcelle isolée n’a jamais été traitée, excellente chose pour démarrer en bio et puis, ça nous fera un test grandeur nature pour la conversion des 47 hectares du domaine, hein, hein ? Ben oui, disent-ils à peu près.
(Mais, à ce jour, l’agriculture bio ne concerne que les nouvelles plantations. J’aime beaucoup l’idée de ne cultiver en bio que les plantiers, de ne pas passer par la conversion, ce côté plus propre que propre même si ça ne doit pas simplifier le travail à la vigne et que c'est bien long.)

Plantation de sauvignon blanc et de sauvignon gris, puis un peu plus tard, de sémillon, mais trop tard pour entrer dans ce premier millésime. J’aurais commencé avec le sémillon, moi, mais on ne m’a pas posé la question.
Pour ce 2014, les rendements sont misérables, 10 hl/ha, on dirait du sauternes. L’élevage sous bois est d’une grande discrétion et économie, 60 % en barriques d’un vin et le solde en barriques de deux vins. En tout, 1 675 bouteilles de ce fourcas-hosten blanc sont disponibles à la vente, c’est très peu, au prix de 25 euros TTC consommateur.
Ce premier millésime est amusant parce que, dès 2015, le sémillon entrera dans l’assemblage, c’est donc un vin unique qu’on ne reverra plus en l’état.

En tous cas, bravo pour ce premier jet, il est beau même s’il ne nous renseigne pas sur les prochains millésimes. J’attends avec impatience le 2015 avec du sémillon dedans qui va arrondir tout ça de la belle manière.

Il faut savoir attendre les vins qu’on aime d’avance.



lundi 8 février 2016

Le concours de blogs où je ne suis pas candidat

Le grand marchand Millesima, entreprise bordelaise historique issue d’une puissante famille de négociants, a lancé un concours mondial de blogs. Où l’on a vu affluer des candidatures de toutes provenances, Europe, USA, etc. En tous plus de cent impétrants en lice pour la reconnaissance suprême. La raison pour laquelle je n’en suis pas, c’est que Millesima m’a demandé d’être juré dans un jury composé de deux membres. L’autre est Xavier Sanchez, directeur commercial et marketing chez AXA Millésimes, un garçon sérieux posé dans cette histoire avec sa grande expérience (Bordeaux, Bourgogne, Porto, Tokaji) plus que nécessaire.
Bref, me voilà dans le très délicat rôle du juge qui juge ses pairs. Il me fallait donc adopter un bouquet de critères acceptable par chacun, mes collègues et moi. J’ai donc décidé de faire comme souvent, au feeling. Je me suis intéressé aux blogs qui délivrent une information pas trop tordue, qui ne se livrent à aucune exégèse à caractère idéologique, à ceux qui remettent les pendules à leur place, comme dirait Johnny. Je me suis passionné pour les blogs qui donnent envie de ce qu’ils racontent, quel que soit le niveau présumé du lectorat. S’agissant de blogs du monde civilisé au sens le plus large, je n’ai pas retenu le look des blogs comme critère discriminant, chacun en cette matière voyant midi à sa porte et que la police du goût, hein, très peu pour moi dans cette position de juge.
In fine, Xavier Sanchez et moi avons retenu ensemble 48 blogs pour aboutir à une sélection finale de 24 candidats. C’est cette liste de 24 que le public est appelé à juger à partir de ce mardi, chacun pouvant choisir trois blogs européens et trois américains.
Moi, dans mon Top 3, j’ai mis deux blogs français et un américain. Les blogs français sont ceux de André Fuster (clic) et François Audouze (clic) que je trouve épatants pour des raisons radicalement différentes, que j’étais ravi de découvrir dans la liste des candidats et parce que je suis pour soutenir les gens qui font bien. Le blog américain s’appelle La Dolce Vino. Déjà, c’est drôle. Un blog formidable. Et il y en a plein d’autres à découvrir d’urgence.
C’est beaucoup plus difficile de voter pour deux fois trois blogs (trois américains et trois européens) parmi 24 que d’en choisir 24 au milieu de cent. Public, cher public, bonne chance.

Pour voter, suivez Millesima sur Facebook dès le mardi 9.


mercredi 3 février 2016

Soutard 1916, un goût de souvenirs

D’un passage dans le nouveau château Soutard à Saint-Émilion, j’ai retenu quelques bonnes leçons à méditer, particulièrement sur la capacité d'un terroir à se relever de tout. Mais ce n'est pas ce qui m'amène.
Nous étions convoqué par Bertrand de Villaine, le patron de Soutard, pour goûter une verticale de 34 millésimes entre 1916 et 1986. Parmi lesquels, nous attendaient quelques très grandes bouteilles, un magnum de 1947, par exemple, et d’autres encore. Il y avait là quelques fines lames de la dégustation, dont Thierry Desseauve. Intelligemment, nous avons remonté le siècle en partant du plus ancien, 1916.



Qu’en dire ?
D’abord, que c’est encore un vin. La bouteille présentée n’avait jamais quitté la cave du château. Si le vin était mince, très mince, il avait encore un bout de structure et une petite longueur. Il portait surtout l’émotion liée à son grand âge et une dimension supplémentaire, son millésime. 1916. Il ne devait pas y avoir beaucoup d’hommes dans les vignes cet été-là. Pendant que le nord de la France souffrait le martyre et que les hommes tombaient dans l’enfer des tranchées, la campagne libournaise continuait à produire, vaille que vaille. Ce vin de femmes, d’enfants et de vieillards est arrivé jusqu’à nous sans se ridiculiser, grâce soit rendue à toutes ces courageuses. Avaient-elles vraiment le choix ? Quand j’ai posté cette photo sur les réseaux sociaux, un malin m’a demandé avec quoi il se mariait. Ben, avec rien, évidemment. Plus assez d’épaules, d’ampleur, d’épices pour en faire un vin de table.
Et quel goût a-t-il, insistait un autre. Il avait le plus joli goût possible, un goût de souvenirs.
C’est déjà très beau.

J'adore la mention "Grand 1er Cru"