Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



vendredi 30 août 2013

« Le millésime 2013 est pourri, laisse tomber »



Comme on peut le lire et l’entendre sous la plume et dans la bouche de journalistes de second rideau, le millésime 2013, pas vendangé avant des semaines, serait un millésime de merde.

À ces oiseaux de malheur qui se lèchent les babines à l’idée que le mondovino en prenne plein la gueule et on se demande bien pourquoi,
à tous ces crétins au front bas qui pensent que pour faire de l’audience, il faut encore et encore annoncer des catastrophes quand il est urgentissime de faire pile le contraire,
à ces persifleurs sinistres et incompétents tellement pressés d’enterrer l’année de travail de dizaines de milliers de gens juste pour se tortiller et faire les malins,
à ces irresponsables qui tentent de déstabiliser l'un des très rares secteurs économiques qui marchent encore en France,

je dédie cette photo.

Le ciel leur envoie un signe, c’est aussi un message que je leur adresse à titre
personnel.


On peut aussi lire ce que j'avais pensé de Robert Parker quand, d'un tweet assassin, il avait exécuté sans le goûter le millésime 2011. C'est ici.

Et je lève mon verre de 2013 au photographe inconnu qui a réalisé ce cliché épatant.


jeudi 29 août 2013

Le Top 50 des vins à moins de 8 euros
dans le nouveau Bettane & Desseauve

Avec le Top 50 ci-dessous, plus rien ne vous arrête


Pour fêter la sortie du Guide Bettane & Desseauve 2014 (en librairie depuis ce matin même), voici l'un des palmarès du guide. Là, il s'agit des meilleurs vins à moins de 8 euros. À tous, bravo.


Domaine Agathe Bursin
Alsace L’As de B, blanc 2011

Domaine Meyer-Fonné
Alsace pinot blanc Vieilles Vignes, blanc 2012

Cave de Ribeauvillé
Alsace pinot blanc Vieilles Vignes, blanc 2012

Domaine Hubert Lapierre
Chénas Vieilles Vignes, rouge 2011

Domaine Métrat et Fils
Fleurie La Roilette, rouge 2011

Domaine Les Roches Bleues
Côte de Brouilly, rouge 2011

Clos de la Roilette
Fleurie, rouge 2011

Château Godard-Bellevue
Francs Côtes de Bordeaux Arbo Malbec, rouge 2011

Château Maréchaux
Bordeaux Supérieur, rouge 2010

Château Belle-Garde
Bordeaux rosé, rosé 2012

Château Champ des Treilles
Sainte-Foy-Bordeaux Vin Passion, blanc 2012

Domaine de Courteillac
Bordeaux Supérieur Château de Brondeau, rouge 2010

Dourthe
Bordeaux La Grande Cuvée, blanc 2012

Château Rollan de By
Bordeaux rosé Rollan de By, rosé 2012

Château Landereau
Bordeaux Supérieur, rouge 2010

Château Lauduc
Bordeaux clairet, rosé 2012

Château Moulin des Graves
Côtes de Bourg cuvée Particulière, blanc 2011

Château Penin
Bordeaux clairet, rosé 2012

Domaine Guilhem et Jean-Hugues Goisot
Saint-Bris Exogyra Virgula, blanc 2011

Antonin Rodet
Mâcon-Igé en Thuzot, blanc 2011

Caves Bailly Lapierre
Crémant de Bourgogne Réserve, blanc

Domaine Giacometti
Patrimonio Cru des Agriates, blanc 2012

Domaine de la Borde
Arbois chardonnay Sous la Roche, blanc 2010

Domaine des Marnes Blanches
Crémant du Jura, blanc Domaine La Grange Léon Saint-Chinian L’Insolent, rouge 2012

Domaine de Bridau
Picpoul de Pinet, blanc 2010

Château Guéry
IGP d’Oc Serre de Guéry La Force Chardonnay, blanc 2012

Gérard Bertrand
Corbières-Boutenac Domaine de Villemajou, rouge 2011

Clos Canos
Corbières, rosé 2012

Domaine Mirabel
Coteaux du Languedoc - Pic Saint-Loup Le Dessert du Loup, rosé 2012

Château de Vaugelas
Corbières Le Prieuré, rouge 2011

Château Combel la Serre
Cahors, rouge 2011

La Cave d’Irouléguy
Irouleguy Andere d’Ansa, blanc 2012

Domaine Mauro Guicheney
Côtes de Duras Sainte-Frivole, blanc 2011

Confrérie du Jurançon
Jurançon Séduction d’automne, blanc 2012

Domaines Joseph Landron
Muscadet Sèvre-et-Maine Les Houx, blanc 2010

Domaine Angélique Léon
Chinon, rouge 2011

Domaine de Bois Mozé
Coteaux de l’Aubance Élégance, blanc 2011

Domaine des Bouquerries
Chinon cuvée Royale, rouge 2011

Cave Bruneau-Dupuy
Saint-Nicolas-de-Bourgueil Vieilles Vignes, rouge 2012

Château du Cléray
Muscadet Sèvre-et-Maine Cardinal Richard, blanc 2012

Domaine Pierre-Jacques Druet
Bourgueil Cent Boisselées, rouge 2009

Les Berrycuriens
Quincy La Loge de Vigne, blanc 2012

Domaine Alain et Matthieu Mabillot
Reuilly, rosé 2012

Domaine Bertrand et Vincent Marchesseau
Chinon Le Pommier Rond, rouge 2012

Domaine Jean-Luc Viaud
Muscadet Sèvre-et-Maine Fleur du Panloup, blanc 2009

Domaine des Corbillières
Touraine Les Demoiselles, rouge 2010

Tardieu-Laurent
Côtes-du-Rhône, Becs Fins, blanc 2010

Château de Ruth
Côtes-du-Rhône, rouge 2012

Château Beaubois
Costières de Nîmes Les Duos de Beaubois, rouge 2012


 
Osez le vin à moins de 8 euros

mardi 27 août 2013

Les meilleurs vins bio du Bettane & Desseauve



Pour faire plaisir à quelques-uns des lecteurs de ce blog et pour répondre aux pressions venues de toutes parts, voici en exclusivité mondiale un extrait du Guide à paraître le 29 août :


Les meilleurs vins issus de domaines
cultivés en agriculture biologique


Domaine Albert Mann
Alsace grand cru Furstentum pinot gris Le Tri, blanc 2011

Domaine Barmès-Buecher
Alsace grand cru Hengst cuvée François, blanc 2011

Domaine Bott-Geyl
Alsace grand cru Sonnenglanz gewurztraminer, Sélection de Grains Nobles, blanc 2007

Domaine Marc Tempé
Alsace grand cru Mambourg riesling, blanc 2008

Domaine Marcel Deiss
Alsace grand cru Altenberg de Bergheim, blanc 2011

Domaine Ostertag
Alsace Fronholz gewurztraminer Vendanges Tardives, blanc 2010

Domaine Valentin Zusslin
Alsace Bollenberg gewurztraminer Sélection de Grains Nobles, blanc 2009

Domaine Weinbach - Colette, Catherine et Laurence Faller
Alsace grand cru Mambourg gewurztraminer Vendanges Tardives, blanc 2010

Domaine Zind-Humbrecht
Alsace grand cru Rangen pinot gris, blanc 2011

Hugel et Fils
Alsace riesling Sélection de Grains Nobles, blanc 2011

Muré
Alsace grand cru Vorbourg Clos Saint-Landelin riesling, blanc 2010

Château Guiraud
Sauternes 2011

Château Pontet-Canet
Pauillac 2011

Château des Rontets
Pouilly-Fuissé Les Birbettes, blanc 2010

Domaine d’Auvenay
Chevalier-montrachet grand cru 2011

Domaine de la Vougeraie
Musigny grand cru 2011

Domaine de Montille
Vosne-romanée premier cru Malconsorts cuvée Christiane, rouge 2011

Domaine des Comtes Lafon
Volnay premier cru Santenots du Milieu 2011

Domaine Drouhin-Vaudon
Chablis grand cru Les Clos 2011

Domaine du Comte Liger-Belair
La Romanée grand cru 2011

Domaine Jean Trapet Père et Fils
Chambertin grand cru 2011

Domaine Leroy
Musigny grand cru 2011

Domaine Rossignol-Trapet
Chambertin grand cru 2011

Domaine Vincent Dauvissat
Chablis grand cru Les Clos 2011

Joseph Drouhin
Vosne-romanée premier cru, Petits Monts 2011

Louis Latour
Chevalier-montrachet grand cru, Les Demoiselles 2011

Domaine Antoine Arena
Patrimonio, Carco, blanc 2011

Domaine André et MireilleTissot - Stéphane Tissot
Arbois, chardonnay Clos de La Tour de Curon 2010

Domaine Ganevat
Côtes du Jura, chardonnay Les Grands Teppes «Vieilles Vignes 1919» 2011

Clos Marie
Coteaux du Languedoc – Pic Saint-Loup, Simon, rouge 2011

Domaine Peyre Rose
Coteaux du Languedoc, Clos des Cistes, rouge 2002

Mas Jullien
Coteaux du Languedoc, rouge 2010

Domaine Le Conte des Floris
Coteaux du Languedoc, Lune Blanche, blanc 2012

Château de Bellet
Bellet, rouge 2011

Clos Saint-Vincent
Bellet, Vino di Gio, rouge 2011

Domaine de Rancy
Rivesaltes, ambré 1973

Château Tirecul-La-Gravière
Monbazillac, Madame 2001

Domaine de la Cotelleraie
Saint-Nicolas-de-Bourgueil, L’Envolée 2010

Domaine Huet
Vouvray, cuvée Constance 2003

Clos du Caillou
Châteauneuf-du-Pape, Les Quartz, rouge 2010

Domaine Giraud
Châteauneuf-du-Pape, Grenache de Pierre, rouge 2011

Domaine Les Bruyères-David Reynaud
Cornas, Le Rebelle 2011

M. Chapoutier
Ermitage L’Ermite, blanc 2011


Nul doute que cette impressionnante liste ne laissera pas insensibles les plus qualifiés des lecteurs de ce blog qui, j’en suis sûr, auront à cœur de commenter et d’enrichir ce choix.



La photo : est signée Amélie Couture (depuis le temps que j'ai envie de la sortir, cette image) (voilà qu'elle tombe très bien) (ça fait bio, nan ?)

mercredi 21 août 2013

Le nouveau Guide Bettane & Desseauve
(il sort le 29 août)


D’abord, l’info passionnera ceux qui vont annonçant la mort du Guide Bettane & Desseauve. Les voilà pris en flagrant délit de sottise. Ensuite, l’info passionnera ceux qui sont dedans. Après avoir dégusté près de 50 000 vins, nous en avons retenu un sur six. Sévère, mais juste. Et ça fait quand même près de 8 500 bouteilles commentées et notées. Oui, le Bettane & Desseauve est un gros livre.

Parmi les élus, quatre acteurs de la filière ont été spécialement distingués. Ils sont nos stars, nos people à nous. Bravo, les gars.
- L’homme de l’année : Michel Chapoutier
- La révélation de l’année : Domaine Valentin Zusslin, en Alsace
- L’appellation de l’année : Margaux
- Le vin de l’année : Domaine Ganevat, Chalasse Vieilles Vignes de 1902, côtes-du-jura blanc 2011
On le voit, la viticulture propre est particulièrement à l’honneur. Ce choix est celui de Michel Bettane et Thierry Desseauve.

Ce guide présente de nombreux autres classements et palmarès, histoire de triturer cette riche matière dans tous les sens pour voir ce qui en sort.
Les voilà, les sept palmarès de l’année :
- Les plus belles progressions de l’année (les châteaux Angélus, Pavie et Tertre-Rotebœuf, Pol Roger, Tardieu-Laurent et le domaine des Comtes Lafon)
- Les meilleurs vins de l’année (ils sont vingt, ces vins)
- Le top 50 des vins de garde
- Le top 50 des vins à moins de 8 €
- Le top 50 des vins qui donnent du bonheur tout de suite
- Les meilleurs vins issus de domaines cultivés en agriculture biologique
- Le Prix des Lecteurs Bettane+Desseauve (là, c’est le public qui goûte et qui décide)

Comme tous les classements, ceux-là aussi sont discutables et je suis le premier à le faire. Le vin est un univers passionnant et nul doute qu’il se trouvera des passionnés pour les remettre en cause.
On n’a pas fini d’en parler, c’est ça qui est bien.

mardi 20 août 2013

Le site 1855 change de nom. Et quoi encore ?



Ce qui ne changera sans doute rien. Ils vont s’appeler Héraclès, semble-t-il.
Ils vont soumettre l’idée (oui, le mot est fort) à l’assemblée générale des actionnaires de leurs sociétés. Ils en profitent pour annoncer qu’ils
« internalisent » la logistique de livraison. Faut-il en déduire que les retards de livraison délirants sont le fait d’une société prestataire ? Que ce n'est donc pas de leur faute ? Faut-il tenter une fois de plus de nous prendre pour des quiches ?

Plus sur cette bouffonnerie, ici, ici et . Et ne ratez pas les commentaires de chacun de ces billets, c’est édifiant. 

Suivez la progression du débat sur LPV, ici.


La photo : Elle vient d'un TumblR dont j'ai oublié le nom, mais que j'ai trouvé en passant par

mardi 6 août 2013

Les dix commandements pour réussir
dans le faux et l’usage de faux



Le vin connaît un tel engouement qu’il paraît normal qu’une population d’aigrefins s’engouffre dans la brèche pour tenter d’en tirer profit. Oui, mais. N’est pas faussaire qui veut. Pour réussir une belle carrière d’escroc, suivez nos recommandations.

1 Tout commence par un sourire. Un bon faussaire est un grand séducteur avant toute autre considération. Se rendre sympathique est le B-A-BA du métier. Intéressez-vous à votre victime, rendez service, soyez indispensable, généreux voire vertueux. Servez à boire, invitez à dîner, ne draguez pas exagérément sa femme. Soyez charmant, pas pesant.

2 Faites état de vos relations. Vous n'êtes pas tombé de la dernière pluie, vous connaissez aussi bien Robert Parker que Michel Bettane. Vous ne risquez pas d’être contredit, ils connaissent tellement de monde qu’ils ne savent plus depuis longtemps qui est qui. Ayez des anecdotes à leurs propos, c’est facile, elles sont dans tous les bouquins sur le vin.

3 Il faut tout connaître, tout savoir. Avoir tout lu. Le vin est une culture, cultivez-vous un minimum. Un maximum, en fait. Ne tombez pas pour des vétilles. Yquem n’a pas millésimé 1992, n’en proposez pas. Soyez incollable sur la carte des climats de Bourgogne. Impressionnez vos victimes par l’étendue de votre science, ayez un avis tranché (mais mainstream) sur la blogosphère. Vous êtes un professionnel, pas un leader d'opinion, ne philosophez pas.

4 La carambouille est un commerce comme un autre. Soyez incollable sur les frais de transport, les taux de change, les niveaux de TVA. Évoquez vos chais de stockage, les aléas des marchés. Ayez des photos dans votre smart-phone. Des jolies photos de bouteilles. Le vin, c’est d’abord un objet de désir en forme de bouteille.

5 Faites comme Churchill, ne vous intéressez qu’au meilleur. Les petits vignerons des appellations les moins connues ont l’avantage d’une production à bon marché, mais ce n’est pas votre propos, vous ne tenez pas un hyper-marché. Préférez les plus grands crus possibles. Si les bouteilles pèsent quasiment le même poids, le profit est sans commune mesure. En plus, votre clientèle-cible connaît les étiquettes prestigieuses, mais beaucoup moins les grandes signatures en côtes-de-thongue ou même en brunello-di-montalcino.

6 Ne faites pas déguster. Ça ne sert à rien d’autre qu’à éveiller de légitimes soupçons. Vous n’allez pas faire goûter un lafite 1928, même si vous en avez plein. De même, un vin rare se vend à l’unité, pas en palette. Le chiffre d’affaire sera réalisé plus lentement, mais plus sûrement.

7 Conviez vos futures victimes à des dîners d’amateurs. À leurs frais. Un dîner organisé par François Audouze est d’un accès facile, l’Académie des vins anciens est un moulin. Pendant le dîner-dégustation, glissez à votre « invité » que vous êtes sur la piste de quelques millésimes beaucoup plus intéressants et en bien meilleure forme. Normalement, à ce stade, il bave comme un vieux teckel et l’affaire est dans le sac.

8 Gardez la tête froide. L’ivresse des grands vins n’est pas pour vous et votre succès ne doit pas vous aveugler. Soyez sur vos gardes, un tas de gens vous cherchent. Ne vous laissez pas piéger par la force de l’habitude, comme Tapie dans l’affaire OM-VA. Si vous croisez le producteur bourguignon Laurent Ponsot dans une vente aux enchères, revenez un autre jour. C’est lui qui a eu la peau de Rudy Kurniawan, le gars est rude.

9 Soyez attentif aux étiquettes. Un « château » n’est pas un « châtelet » et si la baronne Philippine de Rothschild a bien deux fils, son vin ne s’appelle pas
« Mouton & Fils ». Même si la tentation est grande de mettre toutes les chances de votre côté, un blanc sec de la Romanée-Conti ne saurait voir les cinq flèches du logo de Lafite sur son étiquette.

10 Enfin, et c’est le plus important, soyez très bon. La pertinence de vos commentaires de dégustation endormira les plus soupçonneux. Vous n’y comprenez rien ? Aucune importance, apprenez par cœur les notules des meilleurs, personne n’y verra que du feu, la plupart des commentateurs ne font pas autre chose. Avec le Guide Bettane & Desseauve qui sort dans quinze jours, vous devriez être au point. Faites juste un peu attention à la couleur des vins au moment de parler.

Voilà, en suivant nos recommandations, vous avez quelques chances de succès. Sinon, si tout ceci vous semble trop compliqué, ouvrez un site internet.


L'image : trouvée sur l'excellent tumblr A girl called Georges



lundi 5 août 2013

Un, deux, trois verres à Saint-Jean-de-Luz



Un week-end au Pays basque chez les amis mondiaux, sous un ciel basque, chargé, changeant. De canicule, il n’a pas été question. Ni sous les cyprès, ni dans les conversations. La météo n’est pas un sujet, il n’y a que la télé et tes collègues de bureau pour croire le contraire. Le vin, oui. Le beau sujet, on a beaucoup goûté et bu autant qu’on en a parlé. En cultivant la belle ivresse, on devient plus intelligent, plus aimant quand on s’aime bien. Nous ne nous sommes privés de rien. L’œil rond de la génération qui suit et qui ne comprend pas bien ce qu’on trouve à toutes ces bouteilles ne nous a pas empêché, « c’est que du vin, non ? » Non. On s’est fendu de quelques explications, faire comprendre est un sacerdoce assez doux en cette matière, le grand bout de civilisation, le plaisir, la culture.

Dans l’ordre d’apparition, assez chaotique :
- Un merveilleux magnum de Gosset grand millésime 2004 blanc. Un grand champagne qui m’a fait penser à quelques flacons de Charles Heidsieck dans une exécution plus fraîche, Charles n'a pas encore sorti son 04. Magnum fini le lendemain soir, de l’exubérance en moins, de la finesse en plus. Faites pareil, le champagne est meilleur le lendemain, quand il est bon le premier jour.
- Un magnum de sainte-roseline, cuvée La Chapelle blanc 2010, un rolle 100 % assez extraordinaire, la Provence dans la beauté de ses arômes et aucun de ses excès habituels, c’est un vin frais, pas un jus de soleil. Finement sulfité, il n’a fait mal à personne.
- Un puech-haut rosé 2012, agréable et bien fait, litchis et roses et sucre, je l’aurais bien attendu un an ou deux, histoire de faire tomber un peu de sa vigueur et de lui rendre de la couleur. Il est si pâle qu’on se croirait à Saint-Tropez. Je suis sûr que ce n’est pas l’idée.
- Un saint-joseph 2008, Reflets, de François Villard, l’un des grands hommes du Rhône-nord. Un saint-jo produit par un bon fait forcément un très joli vin. Jeune, mais dans un millésime souple, ceci compense cela. Très bon, trop jeune, un avenir radieux.
- Un vin-mystère, l’Incognito, côtes-du-rhône 2008. Un grand H sur l’étiquette. Sur la contre-étiquette, il y a écrit Paul Jaboulet Aîné en tout petit. Il s’agit d’une mini-production issue de certaines des parcelles de La Chapelle, sur la colline de l’Hermitage, le H, qui n’ont pas été millésimées en 2008 pour cause d’absence d’excellence. Caroline Frey est très exigeante et les vins destinés à La Chapelle ont fini dans la cuvée Petite Chapelle, en appellation hermitage et dans ce H, un côtes-du-rhône dont j’ignorais jusqu’à l’existence. Caroline Frey est très secrète. Je savais pour la Petite Chapelle, mais pas pour le H. Quand le caviste de Saint-Jean m’a expliqué ça, j’étais vexé comme un pou, ma position auto-proclamée d’exégète en prend un vieux coup. Le vin est très, très jeune, la syrah dans ses poivres, limite éternuement, c’est très bon, ce n’est pas ce que je préfère. Là encore, trois à cinq ans de garde seront les bienvenus.
- Héloïse 2007, Chêne bleu. On connaît cette propriété épatante, je connaissais moins ses vins. Les efforts pour faire bien sont réels et renvoient bon nombre de vins du sud à leurs chères études. On est en présence d’un jus très consensuel, fait pour plaire à chacun, un vin « international » a lâché notre hôte. Il a raison et c’est bien dommage ce manque de personnalité, d’aspérité, de différence. Il reste que c’est du beau boulot.
- Finir sur un beaucastel, châteaunef-du-pape 2003, un très beau vin qui méritait d’être encore attendu, il aurait gagné en finesse. Elle est là, perceptible, mais pas encore affirmée. Ça aussi, c’est assez vexant, mais je le savais déjà. C’était le grand vin de la soirée, tu voudrais convoquer tous tes amours pour leur faire goûter.

Le Pays basque, Saint-Jean-de-Luz, ses foules d’août, l’envahissement, les terrasses si mal tenues. Le Suisse est un bar à terrasse qui appartient, dit-on, à Camdeborde, le chef parisien tellement connu ( "dans connu, il y a nu" ). Je n’ai jamais dîné au Relais de l’Odéon, mais si c’est au niveau du café immonde bu au Suisse après quinze minutes d’attente, je n’irais pas. Pour se consoler, on a fait comme tout le monde, on a été en face, à la Baleine, des gens exquis pour un café très moyen, mais c’est déjà ça et retour bureau, le lendemain au point du jour.

Les photos des bouteilles :