C’est sur Bruno Quenioux que c’est tombé. Le débat provoqué par l’émergence du vin « nature » dans le monde du vin et sa – relative – montée en puissance chez une génération de cavistes et de bars à vins qui mélangent allègrement écologie et vinification sans soufre ajouté pour suivre la « mode » m’a donné envie de demander leur avis à certaines fortes têtes du mondovino. L’occasion ? Une dégustation de verres organisée pour le lancement de la nouvelle gamme Château de Baccarat. Enfin des verres œnologiques chez Baccarat. Pour la faire courte, retenons que les Baccarat privilégient la finesse des vins et les autres, l’intensité. Les autres, ce sont les tenants du marché, Riedel en particulier. La différence est frappante (la différence de prix aussi, oui), nous y reviendrons ici.
Pour l’instant, voici en quelques minutes de vidéo un Bruno Quenioux en live. Il y en aura d’autres, choisis parmi ceux qui font autorité, les incontestables, les honnêtes, les bons. Il ne s’agit pas ici de stigmatiser tel ou tel, de dresser les villages gaulois les uns contre les autres. Non, voici simplement une contribution au débat.
Vous ne connaissez pas forcément Bruno Quenioux. Son portrait, ici.
C'est intéressant de rapprocher ces propos de ceux tenus par Aubert de Villaine au fil précédent lorsqu'il a évoqué, effleuré, la notion de "limites" (qu'on imagine aussi bien territoriales que climatiques, expérimentales, culturelles, phénoménologiques ...) dans sa relation à l'élaboration de "grands vins"
RépondreSupprimerIl y a une communauté de pensée chez les grands du vin. On souhaiterait la voir mieux partagée...
SupprimerEnfin des paroles réfléchies. J'aime l'idée qui consiste à dire que l'on vend aujourd'hui des expériences avant de vendre des vins : le consommateur n'est pas là pour assurer les risques de vinifications expérimentales ! Merci et bon boulot.
SupprimerNicolas,
RépondreSupprimerVous écrivez: "Les Baccarat privilégient la finesse des vins et les autres, l'intensité"... Pourriez-vous expliciter, et en particulier s'agissant de la forme des verres - le cas échéant?...
Merci de votre réponse,
Bien à vous - Bernard Grandchamp
Je vais répondre à votre question via un billet sur ce blog dans les délais les plus brefs (j'espère).
SupprimerBon il a un peu modifié son discours l'ami Quenioux ! J'ai découvert les vins de Claude Courtois grâce au Lafayette Gourmet il y a plus d'une dizaine d'années. Bruno était amoureux de ces vins "sincères et généreux loin des stéréotypes bordelais". Et maintenant, ces mêmes vignerons ont perdu la tête et produisent des vins marqués par l'oxydation. J'ai du mal à comprendre mais il n y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.....
RépondreSupprimerUn Irlandais amoureux de la France !
Courtois entre certainement dans la catégorie décrite par Quenioux, parfois une bouteille est très bien. Il se peut que ce soit celle de Courtois, non ?
SupprimerLes autres, qui ne faites pas autorité, contestables, malhonnêtes, mauvais, ne vous sentez pas stigmatisés ; c'est juste une contribution au débat.
RépondreSupprimerLes derniers millésimes que j'ai goûtés en blanc chez Courtois n'étaient pas oxydatifs, et désormais les fûts sont ouillés...
RépondreSupprimerAh les "ouillages paresseux" de funeste mémoire; dénoncer ou convertir, il faut choisir de vendre ... la parole est libre, les écrits restent
SupprimerOlivier D:
RépondreSupprimerLes verres Baccarat fait par B. Quenioux vs The First par E. Bernardo haha sorry ma référence c'est pas Riedel!
Hum on est a combien en moyenne le verre pour Baccarat?
75 euros et 280 euros la carafe
SupprimerOlivier D:
RépondreSupprimerLa beauté n'est pas raisonnable....
Sur pas un verre à nettoyer en sifflotant Faust ou Carmen!!!
Et dans les choix de verre sobre, trois quatre types de verre ou façon Riedel une armoire à verre?
Pas sûr que ce soit très beau au sens le plus classique, mais c'est très efficace, le "Château" de Baccarat. Encore une fois, dans un registre finesse vs. intensité. C'est exactement la modernité de l'intention.
Supprimeret un vin sans soufre qui pue l'écurie, c'est meilleur dans les verres Baccarat????
RépondreSupprimerFinalement c'est pas si cher 3 verres+1 carafe = 1 smic grec!!!
Calcul idiot. 10 verres et deux carafes = 1 smic français. Et alors ?
Supprimer"Alors il faut dépenser sans compter les fissures"
SupprimerCarglass
Merci pour le idiot....Mais c'est juste pour la notion de prix "raisonnable"...Il faut savoir choisir ses mots !
SupprimerRevu la vidéo en intégralité, pas mal d'imprécisions dans la bouche de Bruno quand il essaie de parler "technique" : odeur de fumier, acétone, structure d'acétate... Tout cela me semble assez flou. Ca brouille son message, enfin la lecture que j'en ai.
RépondreSupprimerNicolas, mettons que l'imprécision tient à la volonté d'être accessible par des non-spécialistes. À tes oreilles, cela sonne très "général,", bien sûr.
SupprimerOui, sauf qu'il y a des trucs qui au final ne veulent rien dire (dans le cadre du vin) : "acétone, structure d'acétate", mais qui au final peuvent facilement "effrayer" un quidam non initié qui verrait la vidéo.
RépondreSupprimerLe mec en rentrant chez lui le soir : "chérie t'arrêtes tes conneries avec les vins sans soufre que te fourgue ton caviste, l'écoute plus, paraît qu'ils fouttent de l'acétone dedans" !
(j'ai mis des guillemets là où il fallait, au cas où)
En tout cas, avis super intéressant pour moi. Plein de logique avec les pieds sur terre. Tout ce que j'aime.
SupprimerQuant aux verres Baccarat j'attends le prochain billet pour y voir plus clair...
Quelques poncifs, quelques phrases pour choquer, bonne idée que cet entretien. Mais franchement, dire qu"aucun grand vigneron ne fait de vins sans soufre" ou encore que " les vins sans soufre masquent les terroirs" , ce sont vraiment des arguments de cour d'ècole, pas loin du ridicule tout de même...
RépondreSupprimerPar cont ce Monsieur sait très bien faire ce qu'il reproche aux vin nature, c'est faire sa pub...
J'avoue que j'ai du mal avec certains passages :
RépondreSupprimer- "Moi, j'ai toujours refusé d'afficher le BIO au client. Ça devait être un discours entre l'acheteur et le vigneron"
Le consommateur est si débile pour ne pas comprendre OU le boulot du caviste/vendeur n'est-il pas de jouer la transparence envers l'acheteur ?
- "Des fois, ils (les vins nature) ne sont pas nature du tout car, à l'intérieur d'eux, on a mis des fois de la carbo-glace pour figer les matières. On a mis des fois de l'acide ascorbique. Enfin, c'est pas obligatoirement nature"
Il devrait préciser que le "Des fois" sont des exceptions et non une généralité comme il le sous-entend. Les vins sans soufre n'ont pas 300 ans et la qualité des vins évolue depuis quelques années. Comme il le dit plus loin, des expériences doivent encore être effectuées pour encore améliorer la qualité => A quoi cela sert-il de laisser mourir la poule dans l'oeuf alors qu'il dit que lui-même effectue des expériences ?
- "Le sans soufre, c'est comme l'hyper-technologie, c'est-à-dire qu'on veut corriger par la technologie, ce qu'on n'a pas su corriger dans les vignes". Avec des vignes pourries, il est impossible d'obtenir du vin sans soufre, à moins de tuer toutes les matières vivantes et là, on tombe dans les déviances de la technologie mais ces cas sont TRÈS particuliers et anecdotiques par rapport à ce qui se passe réellement dans ce nouveau mouvement !
- "Les vins sans soufre tuent toute cette expression (de terroir), les vins se ressemblent tous". Le Saint-Véran de Clos Molière ressemble donc à son Pouilly-Fuissé ou à d'autres Chardonnay du monde ? Allons allons ...
- "C'est vraiment dommage car quand on voit des grands vignerons qui savent faire des grands vins et qui tombent là-dedans pour faire des vins médiocres ...".
Ces grands vignerons sont libres de vendre ces "vins médiocres" ou de les boire eux-mêmes et s'ils sont grands, c'est qu'ils savent ce qu'ils font. Pourquoi ne pas dire que ce n'est pas son goût au lieu de dire que c'est médiocre voire pas bon ?
- "J'ai un vigneron récemment qui m'amène un vin de Muscadet. Moi, je goûte sa cuvée que je trouve superbe. Il me dit Ben non, c'est pas celle-là qui se vend le plus, c'est l'autre. Il me la fait goûter, elle est beaucoup moins bonne. Il me dit Ben, celle-là, elle se vend mieux parce que chez les cavistes et bars à vins parce que c'est sans soufre et ils ne veulent que celle-là. Ça veut dire qu'aujourd'hui, on en est arrivé à boire ce qu'on croit et plus croire ce qu'on boit"
Il y a une différence cruciale entre "Ce n'est pas bon" et "Je n'aime pas". Une personne de ce niveau devrait l'apprendre car elle influence toute un nombre considérable de consommateurs.
Attention, je ne fais de l'extrémisme sans-soufre et je réfléchis quand je suis devant un vin sans soufre => Je carafe, je laisse reposer, je recherche des émotions que je ne trouverai pas dans des JP Chenet et autres Grands Crus Classés qui sont, parait-il, produits par de Grands Vignerons !
Très bonne réflexions et commentaires de Vinodis (que je crois reconnaitre du groupe des cavistes alternatifs non ?? ;) )
RépondreSupprimerÀ deux ou trois amalgames près, quand même…
RépondreSupprimerLesquels Nicolas ?
RépondreSupprimerÇa :
Supprimer"Pourquoi ne pas dire que ce n'est pas son goût au lieu de dire que c'est médiocre voire pas bon ?"
ou ça :
"je recherche des émotions que je ne trouverai pas dans des JP Chenet et autres Grands Crus Classés qui sont, parait-il, produits par de Grands Vignerons !"
par exemple.
Je ne pense pas qu'une personne ait le pouvoir de dire à une autre personne "Tes goûts en vin, c'est de la merde". En effet, chaque personne a le droit d'aimer le vin qu'il veut car on boit du vin différemment dans un restaurant gastronomique que dans un drink d'anniversaire d'un pote.
SupprimerEt encore moins quand cette personne a une influence sur d'autres personnes de par son métier !
C'est quoi la définition d'un Grand Vigneron ? Est-elle la même pour une personne au budget de 20€ qui recherchera son bonheur chez un producteur qui l'aura accueilli avec le sourire, aura passé la soirée à discuter avec lui autour d'un repas OU pour une personne No-Limit, qui paiera 150€ pour visiter une cave luxueuse d'un de ces Grands Châteaux bordelais ou bourguignons ?
Pour moi (et ça reste un avis personnel), un Grand Vigneron est une personne qui ose certaines choses ... et qui les réussit, qui prend des risques, qui transmet de l'émotion dans ses vins, qui le chouchoute comme son bébé et non la personne qui permettent qu'on spécule sur ces vins comme une marchandise qu'on transmet de mains en mains sans jamais y goûter ...
Ce qui m'exaspère en tant que caviste, c'est le sans soufre comme étendard , genre c'est sans soufre donc c'est bien et c'est tout! Sans soufre ne doit pas vouloir dire tout est permis et acceptable. Non un vin trouble n'est pas agréable à regarder, oui on peut quand meme le filtrer (en tous cas pour les grosses particules)c'est plus sympa pour l'oeil, non ce n'est pas normal qu'il sente l'écurie ou la serpiellere, non cet arriere goût de vinaigre n'est pas du au terroir. Bref, quand le sans soufre ne servira plus d'excuse à tout et n'importe quoi, le débat sur la qualité et l'interet de ce genre de vin pourra vraiment commençer.
RépondreSupprimerD'accord avec vous. Tout le problème est précisément là.
Supprimer