Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



mercredi 26 octobre 2011

Grand Tasting 2011, demandez le programme

Des champagnes mythiques, des grands bordeaux, des bourgognes immenses, le programme du Grand Tasting s’étoffe peu à peu. Il y a encore trois cases à remplir dans les Master Class. Et les réjouissances des Ateliers Gourmets ne sont pas encore bien calées.
Voilà déjà quelques bonnes raisons de venir au Grand T.



Les Master Class du vendredi 2 décembre

13h00, Champagne Krug présenté par Olivier Krug
Krug, deux tirages différents de Grande Cuvée
Krug, vintage 1998
Krug, mystère n°1
Krug, mystère n°2

15h00, Champagne Philipponnat, le Clos des Goisses
présenté par Charles Philipponnat
Clos des Goisses, blanc 1996
Clos des Goisses, blanc 1997
Clos des Goisses, blanc 2001
Clos des Goisses, blanc 2002

18h00, Château Doisy-Daëne, Clos Floridene
présenté par Denis Dubourdieu
Clos Floridène, rouge 2005
Clos Floridène, blanc 2009
Clos Floridène, blanc 2001
Château Doisy-Daëne, blanc 1945

19h00, les 2009 de Cantemerle (haut-médoc), Marquis de Terme (margaux), Talbot (saint-julien), Rouget (pomerol) et Soutard (saint-émilion)
présenté par : Julia Sénéclauze (Château Marquis de Terme), Edouard Labruyère (Rouget), Aymone Fabre (Soutard)
Château Cantemerle, rouge 2009
Château Marquis de Terme, rouge 2009
Château Talbot, rouge 2009
Château Rouget, rouge 2009
Château Soutard, rouge 2009

Les Master Class du samedi 3 décembre 2011

13h00, Champagne Taittinger Brut Millésimé
présenté par Pierre-Emmanuel Taittinger et Damien Le Sueur
Brut Millésimé, blanc 1989
Brut Millésimé, blanc 1990
Brut Millésimé, blanc 1995
Brut Millésimé, blanc 1996

14h00, les grands crus classés de Saint-Émilion 2001, dix ans après
présenté par François Despagne
Château Grand Corbin-Despagne, rouge 2001
Château Corbin, rouge 2001
Château Balestard la Tonnelle, rouge 2001
Château La Serre, rouge 2001
Château L'Arrosée, rouge 2001

15h00, la "Cave Privée" des champagnes Veuve Clicquot
présenté par Cyril Brun
Cave Privée, blanc 1990
Cave Privée Rosé, rosé 1989
Cave Privée, blanc 1980
Cave Privée Rosé, rosé 1978

16h00, Laroche, la verticale de la cuvée La Réserve de l’Obédience issue du grand cru Blanchot présenté par Grégory Viennois
Chablis grand cru Blanchot Réserve de l'Obédience 1997
Chablis grand cru Blanchot Réserve de l'Obédience 2002
Chablis grand cru Blanchot Réserve de l'Obédience 2004
Chablis grand cru Blanchot Réserve de l'Obédience 2008
Chablis grand cru Blanchot Réserve de l'Obédience, blanc 2009

Le dernier Master Class (17h à 18h) de cette sixième édition du Grand T devrait présenter un super-toscan (non, pas Sassicaia). Plus d’info très vite.

Les Master Class Prestige du vendredi 2 décembre 2011

12h00, le génie du Corton
présenté parJean-Charles le Bault de la Morinière (Bonneau du Martray), Vincent Rapet (Rapet Père et Fils) et Boris Champy (Louis Latour)
Corton Charlemagne, blanc 2007
Corton, rouge 2002
Corton Charlemagne, blanc 1992
Corton Grand Cru, Château Corton Grancey, rouge 2009
Corton Grand Cru, Corton "Clos de la Vigne au Saint", rouge 2009

14h00, le génie du Riesling
présenté par Nik Weis (Weingut Sankt Urbans Hof), Georg Mosbacher (Weingut Mosbacher, Edwige Brundlmayer (Bruendlmeyer), Léonard Humbrecht (Zind-Humbrecht), Marc Hugel (Hugel et Fils)
Riesling Auslese, Ockfener Bockstein, blanc 2009 (Allemagne)
Forster Ungeheuer Riesling Grosses Gewachs, blanc 2009 (Allemagne)
Heiligenstein, Riesling Lyra, jaune doré 2003 (Autriche)
Alsace Grand Cru Brand, Riesling, blanc 1990
Vendange Tardive, Riesling "HUGEL", blanc 2001

16h00, le génie du Pauillac
Château Pichon-Longueville Baron, rouge 2001
Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande, rouge 1996
Château Grand Puy Lacoste, rouge 1998
Château Pontet Canet, rouge 2001
Château Lynch-Bages, rouge 2000

17h00, la force du terroir
Alsace Grand Cru, Altenberg de Bergheim, blanc 2005
Condrieu, Coteau du vernon, blanc 2009
Bellet, Baron G., blanc 2007
Palette, Château Simone, blanc 2001

Les programmes des Master Class Prestige "le génie européen" du vendredi à 11 heures et "le génie du vin" du samedi à 11 heures ne sont pas encore déterminés.

Pour s’inscrire, c'est ici

mardi 25 octobre 2011

Dom-pérignon 2003, première dégustation en exclusivité


Richard Geoffroy est arrivé les bras chargés de bouteilles à la bonne température. Un dom-pérignon 02 pour fixer le cadre de la comparaison ; un dom-pérignon 03, c’est le nouveau tirage de la maison, et un dom-pérignon
« Œnothèque » 96, pour finir la dégustation sur une note apaisée. Michel Bettane l’attendait, l’œil gourmand, le verre à la main. Tous les deux, ils avaient déjà goûté le 03 à plusieurs reprises au cours de son élevage, dégorgé à la volée et non dosé, mais en bouteille commercialisable, c’était la première fois. Une grande discussion s’engage sur les particularités du millésime. Non pas la sécheresse, on le savait déjà, mais les maturités particulières des raisins cette année-là et ce qu’il fallait en faire.
Bettane commence : « Un champagne avec des reflets verts une année de sécheresse, ça montre qu’on a compris le millésime atypique, le cycle végétatif très spécial, il fallait aimer le raisin, même s’il avait une drôle de tête. »
Geoffroy précise : « Sur 2003, plus tu soufres, plus tu oxydes, donc on n’a touché à rien. Il ne fallait ni acidifier, ni sulfiter et là, tu as un vin d’une grande stabilité. Il est parti pour durer longtemps. »
Bettane décrit: « la clarté de la robe, l’absence de lourdeur, une bulle très fine, un peu plus de vinosité en raison d’une plus forte proportion de pinot noir qu’en 2002, une finale saline étonnante pour un 2003. » Moi, je l’ai trouvé tendu comme une corde à piano, cette sorte de champagne qui joue la définition très précise. Pas de flou, là-dedans et c’est ça qu’on aime. Avec un détail étonnant : 12, 5° pour un millésime de soleil.
Michel conclura en goûtant le 96, « un grand millésime, mais 2002 et 2003 vont plus loin. » Et je n’ai pas suivi la fin de la conversation entre ces deux complices de longue date, il y était question de millésimes, 2004 ou 2005, sans doute. C’est leur côté passionné-passionnant, ils n’arrêtent jamais.

La photo : le millésime 2003 de Dom Pérignon ne sera pas en vente avant quelques semaines.
Plus sur Richard Geoffroy, ici

dimanche 23 octobre 2011

Hier, j’avais VinoCamp


Au bistrot, la terrasse sottement chauffée accueille ceux pour qui ce dimanche ressemble aux autres. À l’intérieur, c’est autre chose. Des sportifs encouragent leurs champions, un verre de bière à la main. « Cours », crie l’un à l’adresse de celui qui a le ballon là-bas, en New-Zee. Il n’ajoute pas « feignant », mais le cœur y est. Et puis, tout s’arrête. Dans la rue, le silence se fait. Les sportifs français font un peu la gueule. « On » a perdu, la défaite est amplement partagée, c’est aimable. Hier, c’était mieux que ça.
Le VinoCamp se tenait dans un beau bâtiment 1930 des hauts de Ménilmontant. Comme c’était à Paris, il y avait du monde. 150 participants selon les organisateurs (la police ne s’est pas exprimée). Le Figaro était venu en force, Bernard Burtschy devant et son équipe en back-up. Selon le format en vigueur, quelques-uns ont proposé des thèmes de débat. Et la petite foule de se répartir selon ses goûts autour d’un thème ou d’un autre. Moi, j’ai choisi d’aller débattre du « réveil du blogueur, il doit profiter de son indépendance », proposé par Antonin @Vindicateur.fr, fameux blogueur radical, provocateur très drôle avec son t-shirt New-Zealand une veille de finale, l’idéologue du goulot, le dogmatique du sans-soufre, un type sympathique et brillant avec qui je ne suis à peu près jamais d’accord. Mais là, nous nous sommes entendus et, loin des empoignades attendues, les choses se sont passées en douceur. Du coup, il devait s’ennuyer un peu, il a twit-photographié les plus jolies campeuses. Il n’a pas été au bout de l’idée, il fallait faire voter, élire Miss Camping. Ci-dessous quelques-unes des candidates ; des impétrantes, comme dirait Montebourg.







Je sais bien pour qui j'aurais voté, mais nous n’étions pas là pour ça. Il fallait continuer à discuter, à entendre des bêtises « plus les experts sont experts, plus ils s’éloignent du goût du public », le genre d’assertion qui fait plaisir au plus grand nombre, bien sûr, c’est le principe de la démagogie. Ou des choses qui mériteraient d’être approfondies, mais pas le temps, « le vin doit être
politique », d’Antonin, qui d’autre ? Plus tard, Fabrice Vin sur Vin et Michel Bettane sont arrivés d'ailleurs, une autre dégustation. Ils ont fait, l'un et l'autre, l'évènement.
Comme chaque fois, ceux qui venaient écouter des conférences sont repartis déçus. Ceux qui voulaient des vrais débats, aussi. On ne les reverra pas, c’est dommage, et on peut se demander s’il n’est pas temps de rassembler quelques énergies pour y réfléchir et refondre le format du VinoCamp.

Les photos: de haut en bas, quelques-unes des campeuses-blogueuses photographiées par Antonin : Lost in Wine, Le bout de ma langue, J’aime ton wine, Le vin parfait, Wine in Paris et Miss Vicky Wine, l'organisatrice des VinoCamps. Et Miss Glou Glou, Antonin, t’as gardé la photo pour toi ? Heureusement que l'ami Armand Borlant est un partageux. C'est lui, la photo de Miss Glou Glou, en haut.

vendredi 21 octobre 2011

Demain, j’ai VinoCamp


Après Carcassonne, Porto, Bordeaux, l’Allemagne et Brescia, c’est le tour de Paris. Très cool de retrouver ses débats agités, ses vignerons connectés, ses blogueurs concentrés. J’ai complètement oublié de me faire un t-shirt aux couleurs de mon blog, je serai pas dans le coup, mais tant pis. Comme on est à Paris, il va y avoir un tas de gens en train de se demander ce qu’ils foutent là. Beaucoup se sont inscrits pour faire genre, ils prévoient de passer le matin ou l’après-midi, ils ne savent pas encore, on ne les verra presque pas, ceux-là. Ils repartiront bien vite, je vais pas gâcher mon samedi. La semaine prochaine, on les entendra se plaindre sur les blogs, on poussera des soupirs puisqu’on le sait déjà. Je préviens juste les débutants qu’un VinoCamp, c’est pas la FIAC, ni le Grand Tasting. Qu’on me permette de m’auto-citer : « Au VinoCamp, qui est une idée bienveillante et paisible, si on arrive les mains et la tête vides, on peut s’ennuyer un peu voire se sentir de trop. » J’avais écrit ça après le VinoCamp de Bordeaux, c’est toujours vrai. Pour les détails, voir ici et . Vous y apprendrez ce que c’est qu’un VinoCamp.

La photo : le VinoCamp est organisé par un garçon et une fille. J'ai pas la photo du garçon.

jeudi 20 octobre 2011

Krug le prend de haut


C’est la saison des petites folies parisiennes. Le champagne Krug, jamais en retard d’un machin bien décalé, convie le monde à goûter ses derniers tirages dans un endroit inhabituel. Le sommet d’un immeuble en construction, on met un casque de chantier spécialement conçu pour faire rire votre partenaire (et pas vous : il y a un miroir dans l’ascenseur). Tout là-haut, une grande boîte aux parois de verre, une vue dingue sur Paris à 360°, sept tables pour deux = quatorze personnes pas plus, une semaine d’existence pas plus, le cuisinier rémois et étoilé Arnaud Lallement en cuisine. Ça, c’est un plus. Surtout avec un menu pareil (Homard bleu et boeuf de Coutancie wasabi, bar de ligne breton et chou-fleur coriandre, gnocchis crémeux-syphon vin jaune, poire carambar, gelée, croquant, sorbet, un café et l'addition).

Pour l'addition, deux formules, une moins chère (150 euros par personne avec Krug Grande Cuvée et Krug Rosé) et l’autre à 300 euros, pas chère (pour ce que c’est). Intéressons-nous à celle-ci. L’idée est de permettre à un petit nombre de gens de goûter en avant-première les nouvelles sorties de Krug, l'extraordinaire clos-du-mesnil 2000, vintage 2000 et Grande Cuvée. Dans cet ordre et en accord avec les plats de Lallement. Les vins ne seront disponibles qu’au milieu du printemps prochain.
Question : ça vaut le coup, cette histoire ?
Réponse : oui, vraiment.

Ça se passe du 28 novembre au 5 décembre 2011 au sommet de l’immeuble du 32, rue Blanche à Paris (d'où la photo a été prise par mes soins malhabiles) et ça se réserve ici : www.krugencapitale.fr

mardi 18 octobre 2011

Que boire avec… J’ai appris plein de trucs


C’est une vieille rengaine. Les accords mets-vins. Parfois, c’est illisible, convenu, ennuyeux. Parfois, c’est vif, drôle, déconnant, on est ravi. Parfois, c’est une très simple vision qui met tout le monde d’accord, justement. Passons sur les ennuyeux. Pour les drôles, faites un tour chez l’amie GlouGlou, vous n’y perdrez pas votre temps, elle vous aidera à vous souvenir que le vin, c’est joyeux. Et si vous faites partie des gens qui considèrent que rien de sérieux ne se fait en rigolant, si vous voulez du simple et du facile à dupliquer, achetez vite fait le dernier bouquin d’Enrico Bernardo et Alain Sarraute, modestement intitulé
« Que boire avec… »
Les deux complices, qui sévissent sur le même thème depuis quelques années au Figaro grâce à l’ami Daniel Benharros, ont compilé un certain nombre de recettes possibles et, pour chacune, trois vins. Enrico : « Vive la simplicité. Il ne faut pas chercher à empiler des saveurs, sinon on fait une usine à gaz gustative. Trois saveurs pour le plat, trois saveurs en réponse, pour le vin. L’acidité face au gras, le tanin face à l’onctuosité, l’alcool face à la mache, à la texture. » Avec ça, vous êtes heureux, vous n’avez pas mal à la tête et vous vous régalez. Essayez sans vous faire peur. Qu’il est bon, parfois, de ne plus être obligé de faire le champion en tout.

Pour mémoire, Enrico Bernardo est le meilleur sommelier du monde 2004 et le plus jeune dans le rôle. Alain Sarraute est un journaliste gastronomique spécialisé dans le vin. Leur bouquin (9,90 euros) est édité par « l’avis du vin », le nouveau site dédié du Figaro.

La photo : un joli noir & blanc d'Enrico Bernardo signé Mathieu Garçon

samedi 15 octobre 2011

Deux vins « nature », âmes sensibles s’abstenir


« Les détracteurs des vins natures aiment les mots compliqués pour exprimer leur désaccord. On te cause déviance, réduction ou, plus explicite face à ton regard d’huître, vinaigre rance et œuf pourri. Sûr qu’avec la vinif à la naturiste, tu peux te retrouver au 7e ciel comme en plein cœur d’un film d’horreur (…) Ce soir là, je dîne avec un aventurier du goût. Un mec à qui rien ne fait peur, même pas les vins d’éboueur. Alors on se concentre, on se prépare au séisme olfactif, on ouvre Préface. Un vin d’Arbois qui te laisse les bras en croix. T’aimes pas les mots vulgaires, mais là, faut s’y résoudre.
Ça pue la merde.
Comme le nez ne fait pas tout, tu le sais depuis que tu as lu Cyrano, tu trempes courageusement tes lèvres dans le breuvage aux relents de compost. Et là, surprise, tu ne te retrouves pas avec un corps putréfié dans la bouche, juste des arômes puissants de fruits rouges. Une fois que Préface a pris l’air, le maroilles décomposé qui semblait le hanter laisse place à un camembert bien à point, nettement plus supportable. En bouche, il s’arrondit et devient presque gourmand. Une expérience à vivre, peut être pas deux fois dans la même vie.
»
Ceci est extrait d’un post sur un blog que j’aime beaucoup, Le bout de ma langue, une belle écriture qui va vite et qui parle, très différente de ce qu’on trouve sur les blogs de gastronomie, beaucoup plus enthousiasmante et drôle, surtout.
En lisant ça, je me suis dit que, pour n’être pas une foodista comme l’auteure de ce blog, j’avais aussi quelques retenues de même nature, c’est le cas de le dire. Mais que ce qu’elle considérait d’un œil placide, ce qu’elle vivait comme une expérience gastronomique me paraissait inconcevable de bêtise. On ne parle plus de goût, on parle de dogme ou, pire, de mode, d’une rébellion de bac à sable.
J’ai vécu quelque chose d’identique il y a deux jours. Nous déjeunions en tout petit comité à l’étage-bistro d’un ex-étoilé parisien. L’idée était de goûter à table les vins d’un petit domaine bourguignon, le Clos du Moulin aux moines, mené par un jeune homme intelligent, en passe de devenir un vigneron sensible. Il n’est pas sur le coup depuis bien longtemps, mais déjà il fait bon, dans le bon sens, bio à la vigne, nickel au chai. Il a, à trente ans, un sens aigu de la longueur de temps indispensable, il ne bla-blate pas à tort et à travers, il dit des choses qu’on peut entendre sans bailler, et nous nous sommes régalés de ses auxey-duresses, l’un blanc et l’autre, un rouge aux très beaux arômes, à la bouche précise. Il avait aussi apporté un pommard magnifique et trop jeune et un bourgogne générique, un rouge épatant dans sa gamme de prix, prêt à boire. Il s’était aussi muni d’une autre de ses productions, un vin « nature », c’est-à-dire sans soufre ajouté. L’étiquette en rupture de Bourgogne a été créée par Balthazar Dürrbach, le frère d’Éloi (Trévallon), c’est chic, bien décalé, contemporain, artistique, ça plaira à ce public-là, pas d’erreur. Sauf que. Je vois d’ici, dans un de ces bistrots qui ouvrent en rafale dans le Paris du moment, la jeune et jolie branchée plonger son petit nez mutin dans son verre pour faire comme elle l’a vu. Le mec assis en face d’elle, la mèche en désordre choisi et le discours qui va avec, risque de passer pour une quiche, ce n’est pas du tout un vin pour une première fois, les gars, attention.
Le premier nez déroule une palette aromatique dominée outrageusement par les matières fécales, oui, ça pue la merde, la vraie, c’est sauvage, dans le registre retour de la barbarie, une horreur à défaut d’être une surprise. Et, comme la petite blogueuse, je le goûte, c’est aussi un métier, on n’est pas là que pour rigoler. La bouche est beaucoup plus avenante, encore heureux, mais on perçoit comme une sorte de voile qui rend flous les contours de ce vin dans la bouche. C’est un vin léger, 12°, un vin de soif, un vin de sandwich jambon-gruyère des jours où il ne fait pas trop chaud (sinon, ce vin repart en fermentation, déjà qu’il est un peu gazeux). Quand le sommelier passe pour enlever la première volée de verres, je conserve soigneusement celui qui contient ce vin « nature ». L’idée est d’y replonger le nez toutes les dix minutes pour constater l’évolution, quelle abnégation, un métier, vous dis-je. On attendra la fin du repas pour y trouver un nez qui ressemble à du fruit. Soit 90 minutes de repas, plus deux heures, sans carafage, avant de passer à table, nous a promis le sommelier. Soit trois heures et demi d’ouverture en bouteille. Qui a le temps ?
Vous, cher lecteur, sûrement, pour certaines belles ou très belles bouteilles. Mais, le plus souvent, vous ouvrez une bouteille vers vingt heures en revenant du bureau et vous passez à table vers 21 heures et voilà. Au restaurant, on débouche une bouteille et dix minutes après, au mieux, hop. Aucune chance, en fait, de se régaler avec ce genre de jaja.
Par quelle perversion se trouve-t-il des prescripteurs pour les défendre et les conseiller ? C’est une mauvaise blague faite aux gens, une recommandation assez tordue, il faut détester le public pour lui servir des trucs pareils.
Le jeune producteur de ce vin répond que c’est très intéressant de faire du vin sans soufre ajouté pour ce que ça représente de difficultés au chai, de précision, d’attentions, qu’il y a appris beaucoup.
On le croit volontiers et, au fond, c’est une bonne idée puisque ses vins bien faits, c’est-à-dire avec un tout petit peu de soufre ajouté, sont très bons. Jeunes encore, ils explosent de fruit, l’ampleur et la longueur, la finesse des tanins, un bonheur de dégustation, bravo.

La photo : l’auxey-duresses rouge 2008 du Clos du Moulin aux moines.

jeudi 13 octobre 2011

Vin & autorités, les vents mauvais


Deux affaires dans lesquelles les autorités en charge de l’administration des vins français ne sortent pas grandies. Ça craque de partout. La première est lourde de conséquences. Cette longue histoire met aux prises cinq viticulteurs bordelais et le CIVB (Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux). En cause, des cotisations que les uns ne veulent plus payer à l’autre au motif qu’ils ne se sentent pas soutenus par l’inter-profession en question et qu’ils assimilent cette cotisation à un impôt, tout en ne reconnaissant pas au CIVB de légitimité à lever un impôt. Ils parlent d’un « problème de gouvernance » et s’estiment en position de « légitime défense ». Il faut dire que payer des cotisations « volontaires obligatoires » peut en laisser plus d’un perplexe, et la justice aussi. Le CAVB (Comité d’action des vignerons de Bordeaux) vient de remporter une belle victoire juridique. Le tribunal de Libourne a reconnu la Question prioritaire de constitutionnalité et renvoyé l’affaire devant la Cour de cassation. L’idée étant que cette cour saisisse le Conseil constitutionnel. La rancœur est lourde pour ces vignerons bordelais. Ils dénoncent un « système historiquement clos » et une « confiscation du pouvoir par quelques-uns » ainsi qu'une « absence de transparence des comptes » du CIVB. D’après Dominique Techer, président du CAVB, le CIVB est « l'interprofession la plus riche de France ». Il ajoute que « si les adhésions étaient libres, seuls 3% des vignerons paieraient leurs cotisations (…) qui sont une très grosse charge et un impôt inéquitable ». Son interview sur France 3.

La seconde affaire est grotesque. Il s’agit du vigneron Olivier Cousin, frappé au porte-monnaie pour avoir fait de l’humour avec son AOC de référence, dont il s’est exclu de lui-même et qui lui en veut, semble-t-il, beaucoup. Certes, la loi n’est pas faite pour rigoler, mais la sanction est disproportionnée. Il fait du vin en Anjou, s’appelle Olivier Cousin, les trois initiales forment AOC, il les a portées sur les cartons d’expédition de ses vins. C’est assez spirituel, mais tout le monde n’a pas envie de rire en Anjou et le voilà devant le tribunal, menacé d’une amende exorbitante, plusieurs dizaines de milliers d’euros et/ou deux ans de prison au motif qu’il n’a pas le droit d’indiquer de provenance des raisins en raison de son classement en « vin de table » ou « de France », on ne sait plus bien, c’est une usine à gaz, cette administration. Là, on touche le fond du kafkaïen. Et il serait vivement souhaitable que les instances fassent le nécessaire pour que la sanction, et le problème, se règlent à l’amiable. Faute de quoi, les tenants de l’AOC Anjou pourraient se retrouver avec un sérieux problème d’image. La blogosphère s’est enflammée pour le cas Olivier Cousin et l’on sait les ravages que cela peut provoquer. C’est Sylvie Augereau sur son blog Glougueule qui a lancé l’affaire. Le monde entier s’en est emparé. Jusqu’au magazine Decanter en Angleterre et Mike Steinberger sur son blog The wine diarist. C’est en anglais, mais le contenu vaut le détour. On s’intéressera bien sûr au texte plein de bon sens de Mike (encore un Anglo-Saxon qui saisit le premier prétexte pour se foutre de la gueule des Français, mais bon, on n'a qu'à pas) et aussi aux commentaires de l’importatrice d’Oliver Cousin aux USA et la réponse que lui fait Michel Bettane.
On ne perd pas de vue que l’AOC « officielle » autorise l’aromatisation des vins avec des copeaux de bois, mais n’autorise pas qu’on rigole. On marche sur la tête, là.

La photo : découverte sur le site TumblR de l’excellent blog A girl called Georges

mardi 11 octobre 2011

Le déclin d'une winery californienne, le film le plus drôle de l'année

C'est formidable, l'internet. On y trouve des trucs dingues. Dont ce film, le plus drôle de l'année. Il vaut mieux savoir lire l'anglais que comprendre l'allemand. Regardez-ça toutes affaires cessantes et diffusez-le auprès de vos amis.

lundi 10 octobre 2011

Les vieux millésimes en devoir de mémoire


L’amateur de vin est toujours un peu fébrile à l’idée de goûter de vieux et de très vieux millésimes. Je fais partie de cette catégorie, non sans une certaine méfiance bien légitime. Un vieux millésime, c’est comme un vieux copain, un ami d'enfance qu’on n’a pas vu depuis longtemps, qu’est-ce qu’il est devenu ? J’ai accepté, donc, l’aimable invitation de François Audouze à participer à l’un de ses dîners, désormais fameux et assez décriés. François Audouze fait débat dans le monde magique du vin. Il est volontiers accusé de convoquer les amateurs à déguster des vins morts. On arrête ça tout de suite. Les douze vins que nous avons goûtés n’étaient pas morts. Les millésimes s’étageaient de 1918 à 1998, pas dans l’ordre chronologique. Si certains étaient difficiles, tous étaient bien là et méritaient qu’on les goûte.


Le dom-pérignon 92, d'une robe encore très pâle, n’avait pas grand intérêt. Le charles-heidsieck Royal 69, presque orange de robe, 23 ans de plus que le dom-pérignon, avait perdu la force de la bulle, mais conservaient une vraie pétillance et des arômes merveilleux de miel liquide (les deux, côte à côte, Charles à gauche, Dom-P à droite, photo du haut). Le corton-charlemagne 59 était au bout de ses âges, exténué, pas passionnant.


Vint ensuite ce qui fût pour moi le héros d'un soir, un château-calon, montagne-saint-émilion 61 d’une incroyable fraîcheur, un nez à la palette aromatique très élégante, une belle matière encore, un joli fruit, même, grande finesse et longueur inattendue. Petit terroir, petit château, grand millésime et, probablement, des conditions de conservation optimales. Alors que le suivant, un pavie-decesse, saint-émilion 45, autre grand millésime, était difficile d’approche, un peu sur-cuit, je n’ai pas marché.
Autour de la table, chacun écoute religieusement François Audouze qui distille commentaires et anecdotes, très à son affaire. C’est clair, il adore ça. Les vieux vins et la compagnie. Au-delà du business de ses Wine-Dinners, il est évident que l’homme est un partageux. Il veut convaincre sur la validité de ses nombreuses thèses sur les vieux millésimes, il veut faire comprendre ce qui le passionne. Je ne suis pas sûr que ce soit le goût des vieux vins. Lui, il est plus intéressé, me semble-t-il, par l’émotion que procure l’idée d’ouvrir une bouteille de 1918 ou du XIXe siècle. Les convives, au nombre de onze, se partageront douze bouteilles. La plupart d’entre eux sont des habitués. Il y a là des avocats, un éditeur, un capital-risqueur, un auteur dramatique. Une journaliste japonaise et parisienne, un chroniqueur du Figaro et Nicolas de Rabaudy, figure de la critique gastronomique dit d’Audouze qu’il est « le Pic de La Mirandole de l’œnologie », ce qui fait rire tout le monde. L’encyclopédiste des vieux machins accepte le compliment de bonne grâce et le défilé des vieux vins peut continuer.
Un château-pontet, saint-émilion 55, se tient un peu mieux que le pavie-decesse, mais à peine, pas très avenant, on revient au verre de calon 61, juste pour le plaisir.


Arrive un très grand millésime, 1929, d’un médoc amusant, le « carruades près lafite-rothschild ». Maintenant, il est encore plus près. Ce vin raconte des histoires de poudre de riz, de rose fanée, c’est amusant de retrouver sa grand-mère au fond d’un verre.
Audouze explique son anti-méthode : « je compose une liste de vins en m’inventant toutes sortes de raisons qui justifient mes choix » et là, on comprend tout. En fait, Audouze est un enfant qui s’amuse beaucoup. Réellement émerveillé par ce qu’il propose, et ce qu’il boit, il se gargarise aussi de ses performances, genre records du monde. « J’ai bu tous les millésimes de Salon depuis 1959 » et aussi « j’ai bu tous les millésimes de haut-brion depuis 1880 », il tape des scores, il aurait pu être champion de vidéo-game, il a préféré les vieux millésimes, une chance. Il cite volontiers Bernard Pivot quand celui-ci le traite de « Bossuet des flacons », il est fier, il est content de ce qu’il réalise, de cette notoriété que son métier d'avant ne lui avait sans doute pas apporté. À chaque vin qui passe, il pousse des oh, des ah. Parfois, c’est justifié ; d’autres fois, moins. Mais il est toujours extatique. Audouze est, comme beaucoup de passionnés authentiques, un assemblage changeant de sincérité épatée et de mauvaise foi jésuitique, n’hésitant jamais devant une énormité du genre « toute personne qui n’a jamais bu de sauternes d’avant 1945 n’a jamais bu de sauternes », rien de grave, tous ses pairs sont comme lui et la plupart des grands dégustateurs aussi, mais pas tous.
Vint le tour du grand chambertin Sosthène de Grésigny 1918. Une arête de poisson, plus rien à sucer, des arômes épuisés, mais ce vin bouge encore. Un peu.


Comme Audouze est joueur, il nous emmène dans un grand bond spatio-temporel, voilà deux 98, un romanée-saint-vivant du Domaine de la Romanée-Conti et un côte-rotie la-landonne de chez Guigal. 80 ans d’un coup d’un seul pour retrouver le goût du vin quand il est fin ou puissant, ni l'un ni l'autre n'étaient des parangons de leurs styles supposés, mais excellents et au-delà dans les deux cas.


Le dîner s’achèvera en beauté avec deux vins comme je les aime. Un château-guiraud, sauternes 59, de l’or mâtiné d'acajou light, des merveilles de complexité, des arômes emmêlés, ce sauternes donne une leçon de liquoreux. Pour finir un vin d’une très grande rareté, un massandra white-muscat de 1936. Un vin communiste, élaboré en Crimée, sous les ordres de Staline, une histoire de fous comme l’ex-URSS en regorge.
Que retenir de ce genre d’expérience ?
D’abord, évidemment, c’est assez magique de rencontrer des vins pareils, quel que soit leur niveau, pour ce que ça trimballe de mémoire, d’évocations ou, parfois, de souvenirs et peu importe si certains ont passé leur date limite de consommation, comme on dit dans les yaourts.
Ensuite, quelque chose de plutôt étrange où il apparaît que les vins, passé un certain âge, se rassemblent dans une sorte de grande famille aux contours flous, presque un même goût, qu’il n’y a pas de différence majeure entre la famille chambertin 1918 et la famille pauillac 1929. Comme si l’âge prenait le pas sur le terroir, comme si le temps passé gommait tout et réunissait le cabernet et le pinot dans une même chapelle. Constat bizarre et difficile à formuler, déjà entrevu lors d’un dîner avec Laurent Vialette, fameux spécialiste des vieux millésimes, et quelques autres jeunes gens où de vieux blancs perdaient toute capacité à donner une indication géographique notable.
Aussi, on peut se demander dans quelle mesure un très grand millésime ne l’emporte pas sur une très belle origine pour jouer les prolongations.
Enfin, après cette plongée dans le siècle, je trouve que si le vieillissement est important pour donner toutes ses chances à un vin, ce qu’on appelle l’apogée, il y a un moment où la redescente n’est pas forcément très flatteuse. C'est vrai de toutes les activités humaines, non ?

Les photos : quelques-unes, pas toutes, des bouteilles goûtées ce soir-là sur la cuisine de Christian Le Squer, chez Ledoyen.

dimanche 9 octobre 2011

Le Grand Tasting est ouvert


Le plus bel événement du Paris du vin ouvrira ses portes pour la sixième fois les vendredi 2 et samedi 3 décembre. Cette année, 350 vignerons de toutes les régions de France présenteront leurs plus belles cuvées à un public d’amateurs qui n’en manquera pas une goutte. Il y aura aussi quelques étrangers, Italiens et Espagnols. Les vedettes seront là, Jacky Blot, Bizeul, Richaud, Deiss, Thunevin, Chapoutier et consorts. Les grands domaines, les plus beaux châteaux, les meilleures maisons, le Grand Tasting fidèle à lui-même, la belle promesse.

Une nouveauté, le Club 2.0 qui recevra les blogueurs, en partenariat avec iDealWine.
Petit rappel pour ceux qui arrivent : le Grand Tasting, imaginé par Bettane+Desseauve est un grand salon aussi confortable et luxueux pour les visiteurs que pour les exposants, très couru par les amateurs de beaux vins. Il se tient chaque année au Carrousel du Louvre. En plus des dégustations chez chaque producteur, il y a des Master Class sur les grands vins (Krug, Taittinger, etc.) et des ateliers gourmets pour comprendre le fonctionnement des accords mets-vins.
Important : seuls les vins jugés bons par le comité de dégustation du Guide Bettane+Desseauve ont le droit d'exposer au Grand T. Pour le visiteur, c'est une garantie de qualité.

Pour réserver sa place dans les Master Class ou juste l’entrée, taper www.grandtasting.com
Sur ce blog, retrouvez les dernières infos et les programmes complets, dès qu’ils seront disponibles.

vendredi 7 octobre 2011

Le classement Wikio d’octobre, retour dans le Top Ten


Le classement Wikio des meilleurs blogs Vins a un petit côté « les derniers seront les premiers ». Je ne compte pas Bourgogne Live, premier depuis l’invention de l’informatique. Mais le premier des non-BL change tout le temps. Ce mois-ci, c’est Berthomeau qui s’empare de la sous-tête. Delmas, Olif ou Web-Caviste reculent. Eva et son Œnos font un podium. Miss Glou-Glou joue au yoyo (elle est joueuse, faut dire) et moi je réintègre le TopTen à la huitième place. TopTen qui voit s’y faufiler WinePaper, excellent dans le sérieux.
Aussi, j’ai entendu que Wikio changeait de nom, peu à peu. Il semble que leur nouvelle enseigne soit « e-buzzing », ça sent le marketing à plein nez, tellement moins sympa. En tous cas, deux jours de retard pour annoncer le classement d’octobre, pas d’avant-première, on a frisé la crise de nerfs. Moi, en tous cas. J’ai l’impression que le reste du monde des blogs s’en fout fort. Pourtant, pas si mal d’avoir un classement. Que je sache, c’est le seul.
Pour info, ce classement d’octobre est calculé sur les performances du mois de septembre.

Clémentine au Pantruche

Clem is back. Un certain nombre d’évènements dans la vie de Clémentine de Lacombe l’ont tenue éloignée de mon blog depuis le début de l’été, à mon grand regret évidemment. Tout s’organise et revoilà la petite insolente, drôle et percutante. Je bats des mains, vous aussi, j’en suis sûr. Non, pas toi, ni toi, mais toi et toi, là, je sais que vous êtes contents avec cet esprit ricaneur qui vous caractérise. Cette fois, Clémentine a été au Pantruche, un restaurant fatigant dans un bout de rue assez sinistre pour ne m’avoir jamais donné envie d’y aller. Mais, bon, j’irai pas plus maintenant. Écoutez ça, vous comprendrez.

« Je me dois de suivre les tendances, question de standing. Je parle pas de celles du CAC40, sinon je me serais déjà ouvert les veines, mais de celles des places-to-be de Paris, c’est plus funky. J’aime les cafés où tu peux croiser Beigbeder, les restos où les chefs ont des abdos, les boîtes de nuit où sans carte de membre à 1000 euros l’année tu peux pas mettre les pieds, et les bars à vins où tu poireautes sur le trottoir parce que ça prend pas de résa et que ya que six tables.
En ce moment, je me prends trop pour François-Régis Gaudry. Quand je vais au restaurant, je fais tout plein de photos avec mon iPhone. Généralement, elles sont moches, on voit rien, mais je m’en fous. C’est juste pour faire celle qui s’y connait et que le serveur soit sympa avec moi des fois que je sois une blogueuse VIP.
Dans le SoPi (le quartier IN du South Pigalle pour ceux qui lisent même pas L’Express-Styles et sont en passe de rater leur vie), il y a le Pantruche. Le nom est naze, je sais, et si t’es pas plus prof d’étymologie que moi, tu te demandes où est ce qu’ils ont bien pu aller le choper. J’ai googlisé Pantruche pour toi, et pour ma mère qui me pose tout le temps des questions pièges qui me font sentir bête, et le wiktionnaire dit que c’est pas une ruche dans laquelle tu fais sécher tes pantalons, mais de l’argot pour dire Paris.
Quand tu y rentres, tu te dis que les tendances, elles ont prit un sacré coup de vieux. Ici, c’est le style PMU en propre, les chiottes sont pas à la turque. Ya un grand comptoir en zinc un brin poisseux, des miroirs partout pour minettes égocentriques et une banquette en skaï esprit scotch chatterton, ça colle.
Ambiance coude à coude, tu manges quasi dans l’assiette de ton voisin, mais les bobos sont comme ça, c’est revival des 70’S, tout le monde y s’aime et y se parle, on est tous potes.
D’ailleurs, tu parles pas dans ce bistrot, tu hurles. C’est super, comme ça tu affirmes ta personnalité. Déjeuner là, c’est un exercice bien plus balèze qu’une présentation marketing à ton N+1. Tu dois hausser ta voix de six tons et articuler comme quand tu causes à un nouveau-né, voire même apprendre le langage des signes pour te faire comprendre.
Heureusement dans l’assiette, ça balance. D’habitude, tu trouves tout ce qui est qualifié de bistronomique pathétique, synonyme d’addition astronomique pour une bouffe de bistrot ascétique. Mais là y’a presque du gastronomique et ta voisine trouve ça orgasmique. Elle roule des yeux et râle de plaisir. Quand le jeune chef pointe le bout de son nez, elle déboutonne son décolleté. Dommage pour lui, cheveux peroxydés et Converse aux pieds, la Arielle Dombasle locale est tout aussi âgée, mais moins bien conservée.
L’agneau que tu as commandé est divin, quasi pascal. T’oublies complètement le bébé mouton tout blanc aux petites oreilles rose qu’il était avant de finir dans ton assiette. Parce qu’une viande qui glougloute comme un vin, c’est rare. Et chez Pantruche, l’agneau glisse dans ton gosier comme un snowboard dans la poudreuse. Tu dévales la piste et slalomes entre quelques touches de curry et une aubergine moelleuse comme un duvet en plume.


Avec ça, on boit un corbières, tannique et voluptueux comme un cigare cubain, pas fait pour les cœurs tendres et romantiques. De grosses volutes de cuir et une couleur de sang noir comme un encrier d’écolier. Le garçon en face de moi, il pense que je peux pas l’aimer ce vin-là, que c’est pas pour les jeunes filles en fleur et que ça va tout râper ma gorge délicate. Mais moi, désolée, j’adore. Ça sent le mâle viril, ça m’émoustille, je suis pas loin de déboutonner mon chemisier et d’aller voir en backstage ce que le cuistot a dans le frigo.
Pantruche, c’est bruyant comme une ruche, mais quand t’es une jeune fille en fleur qui aime butiner, c’est le lieu rêvé pour chasser, tous les bobos du quartier viennent squatter. »
Clémentine de Lacombe

La photo : un clos d’espinous, corbières 2010 du domaine Jalliet. Première fois que je vois cette bouteille. Photo Clémentine de Lacombe.

Au lecteur : François-Régis Gaudry, cité plus haut, est le critique gastronomique de L’Express. Une idole, à l’évidence. Son blog, ici.

jeudi 6 octobre 2011

J’ai perdu mon Jobs


Moi, j’ai commencé avec un Apple 2 et je suis Mac à fond depuis toujours, iPhone et tout ça. Tout ce que Steve Jobs a inventé était destiné à faciliter la vie des gens. L’idée même de « people’s friendly » vient de lui. Il a prouvé au monde sidéré qu’on pouvait claquer une réussite ébouriffante en t-shirt et baggy pants. Il a aligné dans son sillage les tristes et les sévères de l’informatique, il a ridiculisé les killers du management aux méthodes éprouvantes.
Sa contribution au plaisir du travail est à peu près sans équivalent. On fait comment, maintenant ?

mercredi 5 octobre 2011

Un domaine à Bordeaux ? Servez-vous, c’est gratuit


Quelle merveille, le Bordelais. À force de se considérer au-dessus de tout, les grands domaines se font piller allègrement tout ce qui constitue leur force, leur image et leur marque au travers de ce qu’on appelle des domaines, c’est-à-dire la marque transformée en site internet.
Dans la vaste foire d’empoigne qu’abrite la Toile, toute une bande de malins déposent sans coup férir, des haut-brion.de, des chateaulafite.com, des margaux.ru (en cyrillique), etc. Pas un ou deux, non, des centaines (Haut-Brion ou Margaux), des milliers (Mouton ou Latour). Ces grandes marques du luxe mondial sont pillées et leur image, détournée. Ces malversations ne sont pas l’apanage de Chinois, non, les bandits sont mondialisés maintenant. Ça vient de partout, d’Europe de l’Est, d’Amérique du Sud, de tout le sous-continent asiatique. Pourquoi ces marques majeures, les plus belles du mondovino, sont-elles aussi mal protégées ? Ça me rappelle l’affaire de pomerol.com, tranquillement déposée par l’un des plus petits propriétaires de l’appellation (en surface, moins d’un hectare) au motif que le syndicat d’appellation n’y avait pas pensé avant. Ou, c’est tout chaud, l’usage désolant qui est fait du magnifique 1855. Il est urgentissime de faire quelque chose, messieurs-dames.

La photo : le château Lafite. Au premier plan, le potager (photo DR)

lundi 3 octobre 2011

Le déclassement de 1855


Dans la Revue du Vin de France d’octobre, en Une, « Achats en ligne, les sites les plus fiables, nos meilleurs plans », ce langage inimitable. Vite, on va voir à l’intérieur, ça va être super, on se régale, dégaine ta Platinum, on se met à baver comme un vieux teckel. En page 28, rubrique Pratique-Banc d’essai, « acheter son vin en un clic, nos meilleurs plans sur internet ». Où l’on apprend qu’il s’agit d’un palmarès. Six seulement font partie du « palmarès ». Les meilleurs, sûrement. Dans l’ordre : iDealWine (j’adore), wineandco (j’aime), le Savour Club (connais pas vraiment), Nicolas (propriété du grand groupe Castel), Chateauonline (propriété de 1855.com) et en sixième position : 1855.com. Là, grosse lassitude, les épaules se voûtent, on soupire d'exaspération. Quand il y a tant de Millesima, de Vinothèque de Bordeaux, de Jean Merlaut, de Lavinia, de Legrand, tous professionnels de grande réputation, installés depuis longtemps, fiables et sérieux, honnêtes et, en plus, adossés à des structures puissantes, la RVF nous sélectionne deux sites du « groupe » 1855, mieux connu pour ses nombreux manquements aux règles les plus élémentaires du commerce. Deux sites sur six retenus… Pourquoi une telle complaisance ?
Le fonctionnement de la société dans laquelle nous vivons repose sur une règle la plus simple : la confiance. On envoie son argent à un commerçant dont on attend en retour l’exécution de sa part du contrat, c’est-à-dire la livraison des marchandises commandées et payées. Si celui qui reçoit l’argent n’honore pas la commande de son client, le système s’écroule, on n’achète plus que ce qu’on a en main. Retour au commerce de proximité de base, mort du e-commerce.
C’est exactement ce qu’il se passe avec 1855. Ils reçoivent des commandes assorties de paiements, encaissent l’argent des malheureux pigeons et s’assoient sur les commandes le plus longtemps possible. Ce qui peut durer des années. Les témoignages de clients floués par 1855 sont légion. La RVF en a d’ailleurs publiés beaucoup et souvent, prenant fait et cause pour ces amateurs de vin désespérés. Ce qui rend leur triste « enquête » et l’exposition avantageuse qu’ils offrent dans leurs colonnes à 1855 d’autant moins compréhensible, même si elle est complétée de commentaires du genre « problèmes de livraison » (on ne pouvait pas faire moins).
Aujourd’hui, les témoignages les plus édifiants sont publiés sur des sites anglais comme Wine Review et Jim Budd, sur son site Jim’s Loire qui fait un travail formidable et tient une rubrique hélas très régulière sur les clients abusés par 1855. Ce qu’on lit ici, ici et est terrifiant. On a l’impression qu’une bande de voyous opèrent au grand jour sans être jamais inquiétés. C’est le cas. Pour une ou deux actions en justice qui ont trouvé leur légitime issue, combien de clients exaspérés abandonnent tout espoir de revoir jamais ni leur argent, ni leur vin. Il existe pourtant dans les préfectures des services spécialisés dans ce qu’ils appellent eux-mêmes « la protection du public ». Justement. L’irremplaçable forum La passion du vin en a déniché un, un inspecteur de la DGCCRF qui s’est présenté sur le site avec son nom, l’adresse du service et ses coordonnées complètes. On dirait qu’il est en train de constituer un dossier le plus complet possible avant de tenter de mettre un terme aux agissements de ces aigrefins, étrangement appuyés par le gendre de Liliane Bettencourt, M. Meyers qui renfloue régulièrement les caisses de 1855, ce tonneau des Danaïdes.
Trois lignes pour faire plaisir à mon avocat :
Et si tous ces témoignages n’étaient que de faux-témoignages publiés dans le but avéré de nuire aux gentils garçons de 1855 ? Et si Jim Budd et la RVF qui les publient n’étaient que les agents des concurrents de 1855 ? Hein, hein ? Et bien, 1855 porterait plainte. Ils ne l’ont pas fait. Lucidité ou timidité ?
Excusez-moi, fallait.

L'image banc-titrée de Scarlett Johansson pas très contente (cliente de 1855, peut-être ?) : trouvée sur le site Tumblr du magnifique blog A girl called Georges

Si vous aussi, vous avez des soucis avec 1855, voici le nom et les coordonnées de l'inspecteur de la DGCCRF, découvert sur LPV :
L'Inspecteur Technique Interrégional
Christian BROCHETON
Brigade Interrégionale d'Enquêtes Vins
DGCCRF
tél : 01 40 27 16 43
fax : 01 42 71 09 77

samedi 1 octobre 2011

Bettane et Desseauve ont fait un petit


Un tout petiot, même. Un mini-guide de poche trop mignon, totalement adorable. Mais ça, c’est une considération d’amoureux des belles éditions.
C’en est une, à coup sûr. D’un très petit format, à peine plus gros que sur la photo, c’est l’ami du voyageur infatigable, celui dont le plaisir est de parcourir le vignoble à ses moments perdus, quelqu’un comme vous ou moi qui roule dans une auto dotée d’un gros coffre avec une trappe qui donne sur l’habitacle, non pas pour attraper une bouteille en conduisant, mais pour climatiser le coffre. Il y a l’adresse des meilleurs vignerons de France, leur téléphone, la mention de leurs meilleures cuvées, celles qui ont de belles notes dans le « vrai » guide,
le gros, dont il est un parfait complément
Ce petit objet imprimé sur papier bible, tout le monde et François Mauss le réclamaient, Bettane et Desseauve l’ont fait.

Mini-guide Bettane+Desseauve, 12 euros dans les meilleures librairies